~ ʚĭɞ ~
Être marié était une situation à laquelle je ne m'étais pas encore habitué. Sentir sa présence dans la pièce était si gênant, et pourtant auparavant je rêvais de ses caresses sur ma peau. Le soleil s'était levé sur une nouvelle journée pleine de mystères. J'avais bien compris qu'avec moi, les journées ne se finissaient jamais bien, mais bon, j'étais un éternel malchanceux. Marco s'était réveillé avant moi et avait déjà tout préparé pour notre départ. Il avait troqué son smoking contre un jogging de grand couturier qui devait coûter cher, comme le reste de sa personne. Marco était bien plus riche que ma famille ne pouvait l'être. J'avais profité de son absence dans la pièce pour aller prendre une bonne douche avant d'enfiler des vêtements propres. Après avoir quitté la salle de bain, j'étais retourné dans la chambre où un petit déjeuner m'y attendait. Je ne voulais pas donner à Marco plus de travail avec moi, alors je mangeais tranquillement tout en rangeant le bazar que j'avais mis dans mes affaires. Un petit sourire naquit sur mes lèvres lorsque mes pupilles tombèrent sur l'échographie faite la première fois. « Que regardes-tu comme ça avec un aussi beau sourire sur les lèvres ? » demanda Marco en prenant place près de moi. Je souris en me retournant vers lui. J'étais si heureux mais je n'avais pas réalisé que ce bonheur n'était pas seulement le mien mais aussi le sien. Et il méritait d'entendre les battements de cœur de notre bébé. Marco ne comprenait pas vraiment ce que je faisais et ça se voyait dans ses yeux. « Tiens, c'est l'échographie que j'ai faite avant de venir », dis-je en lui tendant le cliché. Je ne savais pas comment décrypter ses réactions. Marco était encore une personne si mystérieuse pour moi et ça prendrait du temps avant qu'on s'habitue à la présence de l'autre. « Est-ce... est-ce que c'est lui ? » demanda Marco, ému aux larmes. « Oui, il n'est pas encore formé mais c'est bien notre bébé. — C'est incroyable. Le sentiment d'être père est si grand que je n'arrive toujours pas à y croire », dit-il le sourire aux lèvres, les yeux rivés sur le cliché. « Est-ce que je peux le garder ? — Bien sûr, tu peux l'avoir. Il y en aura d'autres de toute façon. — Je veux en faire une collection, c'est décidé. — Qu'est-ce que tu racontes encore ? C'est n'importe quoi, tu ne peux pas en faire une collection... Enfin fais ce que tu veux. — Bien sûr que tu me laisses faire. Tu ne peux pas dire non à un beau visage comme le mien. » Je souris tout en continuant à manger. Marco avait raison : c'était difficile pour moi de lui refuser quoi que ce soit, même si je savais que nous ne partagions aucun sentiment l'un pour l'autre. Marco avait demandé au bagagiste de faire descendre mes valises. Une magnifique voiture nous attendait en bas. J'étais stressé : j'allais vivre dans la même maison que Marco et toute sa famille, et je ne savais pas quel accueil sa mère avait prévu pour moi. Marco avait insisté pour qu'on fasse un petit détour par l'hôpital avant d'aller chez lui. Le docteur qui m'avait reçu m'avait crié dessus pour mon insouciance. Je savais qu'une grossesse n'était pas quelque chose à prendre à la légère mais avec tout ce que j'avais à gérer, je n'en avais pas fait une priorité. J'étais heureux lorsque le docteur avait dit que mon bébé était en bonne santé. Je ne voulais pas que quelque chose lui arrive. Je le protégerais contre tous ceux qui lui voudraient du mal. L'hôpital n'était pas très loin de là où vivait Marco et sa famille. Les environs étaient presque déserts, seules deux ou trois maisons s'y trouvaient. La voiture ralentit et s'arrêta devant un grand portail qui s'ouvrit la minute d'après. Elle continua un moment avant de s'arrêter devant l'entrée de la maison où plusieurs employés étaient postés. Le chauffeur descendit de la voiture et vint ouvrir la portière pour nous permettre de sortir. Marco fut le premier à le faire et il m'aida à sortir du véhicule. Mes valises étaient déjà entre les mains de certains domestiques qui se chargèrent de les faire entrer. Marco avait serré ma main dans la sienne, comme pour me rassurer que tant que j'étais avec lui, rien de mal ne m'arriverait. « Oh vous voilà enfin ! » s'exclama grand-mère tout en se dirigeant vers moi. « Pourquoi avez-vous été si longs ? J'étais inquiète qu'il vous soit arrivé quelque chose. — Désolé grand-mère, j'aurais dû te prévenir que j'emmènerais Luca à l'hôpital. Tu l'as dit toi-même, nous devons commencer les visites prénatales. — Je vois. Je suis rassurée d'entendre ça. Alors qu'a dit le docteur ? J'espère que tout va bien avec le bébé. — Ne vous inquiétez pas, le docteur a dit que notre petit pois était en bonne santé. Nous devons simplement bien prendre soin de Luca et l'empêcher de faire trop d'efforts. — Ne t'inquiète pas mon chéri, grand-mère est là pour s'occuper de tout », dit-elle tout en nous offrant un immense sourire. « Bien, venez. Tout le monde vous attend dans le salon. » Mon cœur battait à cent à l'heure après avoir entendu les mots de grand-mère. Que me voulaient-ils encore ? Je ne voulais pas vraiment être dans la même pièce que ma belle-mère, mais je n'avais pas le choix. J'avais suivi Marco dans cette grande maison jusqu'au salon où tout le monde nous attendait. « Vous êtes là. Nous devons parler », dit le père de Marco. Marco et moi prîmes place l'un à côté de l'autre et grand-mère fit de même. Je ne savais pas ce qui allait se dire aujourd'hui. J'avais peur. Ils ne m'en voulaient pas ? Je n'étais plus ce garçon sûr de lui, plein d'arrogance et bourré de testostérone. « De quoi veux-tu nous parler ? » demanda Marco tout en prenant ma main dans la sienne. « Notre famille va très bientôt s'agrandir, et je suis la personne la plus heureuse de cette maison. Mais je n'oublie pas que notre beau-fils n'est pas encore majeur, et c'est maintenant à nous de veiller à ce qu'il ait une bonne éducation. Je sais très bien qu'avoir un bébé n'était pas dans tes plans, Luca, et pourtant c'est arrivé. Mon fils a pris ses responsabilités en t'épousant, et maintenant c'est à nous, les adultes, de prendre des décisions concernant ta vie. Grand-mère et moi avons décidé que tu retourneras à l'école. Nous voulons que tout cela ne t'affecte pas et que tu puisses continuer tes études sans t'inquiéter du reste. » Je ne savais pas quoi dire. Reprendre l'école était tentant, mais je n'étais pas sûr d'arriver à supporter le regard des autres sur moi. Mais je faisais maintenant partie de cette famille et je me devais d'avoir la meilleure des éducations. Et puis, moi qui avais peur de ne plus avoir la chance de retourner en cours, je n'avais pas à me plaindre. Et puis Marco était là, et je voulais le rendre fier de moi. Pour ça, je devais travailler dur pour y arriver.~ ʚĭɞ ~ J'avais les larmes aux yeux. Revoir mes parents n'était pas facile pour moi. Après avoir décidé seul de ma vie sans même prendre la peine de penser à leurs sentiments, je voulais tellement donner à mon enfant une vie aux côtés de son père que je ne voyais pas le mal que je faisais autour de moi. Je baissai simplement les yeux, ne sachant pas quoi faire d'autre. « Oh mon bébé, je suis tellement désolée. Tu as dû vivre seul cette situation », pleura ma mère en s'avançant vers moi. « J'aurais dû être là pour toi. Tu aurais dû nous en parler. Peu importe ce que nous pensons de cette situation, nous sommes tes parents. Nous sommes là pour toi peu importe les circonstances. » Elle me serra fort dans ses bras. « J'avais si peur de vous décevoir », pleurai-je à mon tour en serrant fortement ma mère. « Jamais ! Tu ne nous décevras jamais. Tu es notre bébé », dit mon père en venant nous rejoindre dans ce câlin familial. « Tu es et tu seras toujours notre plus grande fierté », dit-e
~ ʚĭɞ ~ Ils veulent tous que je retourne à l'école, mais je ne savais pas vraiment si j'aurais autant de force pour affronter les regards des autres sur moi. Je ne voulais pas être la honte de cette famille. Mes parents auraient voulu que je termine mes études avant de me marier, et ce n'était pas la vie qu'ils auraient souhaitée pour moi. Mais c'était ce que j'avais choisi pour mon enfant, et je ne le regrettais pas, même si je savais que je les avais vraiment déçus. « Luca, je sais que ça ne sera pas facile pour toi de t'habituer à notre mode de vie. Nous ne t'imposons rien, nous pensons simplement à ce que tes parents voudraient pour toi. Tu as tout le temps pour y penser », dit mon beau-père tout en m'offrant un sourire chaleureux. Je ne pouvais que hocher la tête. J'avais besoin de temps. Ou peut-être était-ce simplement la peur de l'inconnu qui m'empêchait de prendre des décisions pour ma vie. Mais pour l'instant, j'avais besoin de penser à moi, à mon bébé et à rien d'autre.
~ ʚĭɞ ~ Avoir épousé Luca en soi était la meilleure décision que j'avais prise dans ma vie. Le mariage était une union sacrée de deux personnes, et je ne voulais pas m'enfermer dans un mariage sans amour pour le simple plaisir de ma mère. J'étais assez grand pour savoir prendre les bonnes décisions pour ma vie, et Luca était cette meilleure décision encore jamais prise. Je soupirai tout en accélérant le pas vers ma voiture. « Marco, où vas-tu comme ça ?! » demanda N'Alessandro tout en m'arrêtant. « Tu viens de te marier à la personne qui te plaît et maintenant tu l'abandonnes comme ça avec tes parents ? Tu sais que ta mère ne fera qu'une bouchée de lui. » Je levai les yeux au ciel, comme si j'étais même capable d'abandonner Luca. Il était la plus belle chose dans ma vie. « Je n'ai jamais dit que je l'abandonnais. Je veux simplement rectifier mon erreur en allant lui acheter une bague. Il vient de se marier et il n'en a même pas une à son doigt. — Tu me rassures. Moi qui croyais qu
~ ʚĭɞ ~ Je voulais changer de décor. J'avais besoin de ça pour me faire à l'idée que dans quelques mois, je serais obligé d'épouser une femme que mon cœur n'avait pas choisie. Ma mère avait déjà tout prévu pour moi. Elle avait choisi une fille parfaite à ses yeux, mais pour moi ce n'était pas de l'amour que je ressentais pour elle. J'avais besoin de bien plus qu'une contrainte. Je voulais découvrir l'amour, ressentir des émotions nouvelles, mais avec elle, ça ne serait jamais comme ça entre nous. J'avais besoin de tout laisser derrière moi pendant quelques jours pour pouvoir accepter ma réalité, une réalité où je n'avais pas droit à l'amour. Mes pas m'avaient emmené devant sa porte. Il était le seul ami que j'avais dans ce pays et j'avais besoin de compagnie pour me changer les idées. Je soupirai un moment avant de frapper à la porte, attendant que quelqu'un vienne m'ouvrir. Un grand bruit se fit dans la maison avant que la porte ne s'ouvre enfin, révélant mon ami. « Mais qui vois-
~ ʚĭɞ ~ Être marié était une situation à laquelle je ne m'étais pas encore habitué. Sentir sa présence dans la pièce était si gênant, et pourtant auparavant je rêvais de ses caresses sur ma peau. Le soleil s'était levé sur une nouvelle journée pleine de mystères. J'avais bien compris qu'avec moi, les journées ne se finissaient jamais bien, mais bon, j'étais un éternel malchanceux. Marco s'était réveillé avant moi et avait déjà tout préparé pour notre départ. Il avait troqué son smoking contre un jogging de grand couturier qui devait coûter cher, comme le reste de sa personne. Marco était bien plus riche que ma famille ne pouvait l'être. J'avais profité de son absence dans la pièce pour aller prendre une bonne douche avant d'enfiler des vêtements propres. Après avoir quitté la salle de bain, j'étais retourné dans la chambre où un petit déjeuner m'y attendait. Je ne voulais pas donner à Marco plus de travail avec moi, alors je mangeais tranquillement tout en rangeant le bazar que j'av
~ ʚĭɞ ~ « Ginerva Bianchi, tu avais promis à ma petite-fille que tu allais la marier à ton fils, mais regarde ce qu'il a fait ! Il s'est marié à ce jeune homme sorti de nulle part. Ma petite-fille pleure en ce moment et je ne sais pas comment la calmer. — Je ne sais pas, mais dis à Isabella que c'est elle que j'ai choisie pour être aux côtés de mon fils. Elle et seulement elle. Marco est mon fils et il va m'écouter et rectifier son erreur. — Votre famille est si prestigieuse... Nous ne sommes rien comparé à toute votre richesse. Marco a hérité de la fortune de son père, de sa grand-mère et de son grand-père. Une personne aussi formidable que lui mérite une jolie femme à ses côtés qui lui rendrait heureux, et non ce jeune homme qui n'a même pas encore terminé l'école. — Ne t'inquiète pas, je vais régler tout ça. Je tiens toujours mes promesses. » J'étais impuissant. La seule chose que je pouvais faire, c'était les entendre parler de moi. Me marier à un homme n'était pas ce que je