Chapitre 1

« Sélina, il est au courant de ta grossesse ? »

La voix de Romain Thibault, depuis le siège du conducteur, a interrompu les pensées de Sélina.

Sélina est revenue à elle, sa main délicate s'est posée sur son ventre plat, la tête légèrement baissée, son visage fin plongé dans l'ombre.

Elle est restée silencieuse un moment, avant de pousser un léger soupir.

Elle ne s'était pas attendue à ça, elle avait pris toutes les précautions nécessaires, et pourtant, elle était enceinte.

Alors qu'elle hésitait à appeler François pour lui annoncer la nouvelle, son téléphone a soudainement vibré et une notification s'est affichée à l'écran. Elle a ouvert le message et a découvert un post publié par un compte de ragots qu'elle suivait.

« Scandale au vernissage de la célèbre artiste Sophie Chevalier : un incident inattendu, et le magnat parisien vole à son secours avant de lui déclarer sa flamme sous les yeux de tous ! »

À la suite de ce texte, une vidéo montée a été jointe. Dans cette vidéo, on voit un homme, ses mains couvertes de sang, tenant la femme blessée dans ses bras. Alors qu'une équipe de gardes du corps les escortait, il s'éloignait rapidement du lieu de l'incident.

Cet influenceur, qui avait une large communauté de fans, était particulièrement connu pour ses révélations fréquentes sur les grands événements du milieu et la vie privée des célébrités. Les gens ordinaires, toujours friands de ce genre de potins sur les familles influentes, se laissaient souvent emporter par leur imagination, construisant des scénarios de conflits et de passions comme s'il s'agissait d'une véritable pièce de théâtre.

Cette vidéo a presque immédiatement grimpé en tête des tendances. Sélina fixait cette vidéo d'à peine une minute, observant les coins des lèvres de l'homme serrés, sa mâchoire tendue, et son visage sombre dont le froid semblait pouvoir glacer l'air autour de lui.

Bien que la vidéo ait été compressée, rendant l'image floue, l'intensité de la tension et de l'aura menaçante qui émanait de l'homme restait indéniable.

Sélina tenait fermement son téléphone, les yeux balayant sans cesse la vidéo de cet homme qui semblait débordé de compassion. Il était si familier, mais la façon dont il s'inquiétait pour Sophie en ce moment précis la rendait étrangère à ses yeux, au point de presque l'étouffer.

En effet, l'influence du premier amour est la plus forte chez les hommes. Qui aurait jamais vu François, d'habitude si déterminé et calme, perdre son contrôle à cause de quelqu'un ?

Et Sophie, elle, était précisément la seule à avoir ce pouvoir sur lui.

Romain, profitant du feu rouge devant lui, a saisi son téléphone qu'elle regardait depuis un moment. En voyant la vidéo où François portait une autre femme dans ses bras, il a laissé échapper un rire moqueur, comme si ce genre de situation ne l'étonnait plus.

Depuis trois ans, les rumeurs concernant François et Sophie faisaient régulièrement la une des tendances. Et sa sœur, cette femme légalement mariée à François en secret, était devenue une sorte de blague.

Il la regardait, se demandant comment elle pouvait supporter tant d'humiliation dans ce mariage, tout en endurant les provocations de Sophie, cette manipulatrice. Il n'arrivait vraiment pas à comprendre ce qu'elle cherchait.

« Sélina, le premier amour de François est de retour, votre contrat de mariage de trois ans arrive à son terme, et maintenant tu es enceinte de son enfant... »

Romain ne savait pas quelle décision elle allait prendre, mais une chose était certaine, il n'avait jamais vraiment accepté François comme son beau-frère.

Sélina a tourné la tête vers la fenêtre. Ses yeux, d'une beauté éclatante, se sont bordés d'un rouge léger. Un goût amer lui est monté aux lèvres, et une douleur lourde lui a serré la poitrine.

Elle voulait vraiment ce bébé, mais malheureusement... il arrivait au mauvais moment.

Avant même qu'elle ait eu le temps de dire quoi que ce soit, un bruit assourdissant a soudainement résonné sur la route qui reprenait sa circulation normale. Un camion de marchandises, en essayant d'éviter une voiture de sport rose qui surgissait soudainement sur sa trajectoire, a brusquement tourné le volant et a percuté la voie adjacente.

À cause de la vitesse, le camion a heurté plusieurs voitures en enchaînant des collisions et a fini par se renverser dans la bande plantée.

Des klaxons stridents ont retenti dans toute la zone.

La voiture de Romain se trouvait précisément à un carrefour. Lorsque le camion est arrivé à toute vitesse et a percuté leur véhicule, la voiture a roulé plusieurs fois. Par réflexe, il a instinctivement protégé Sélina, qui était assise sur le siège passager.

Le choc violent a fait que Sélina a eu l'impression que tous ses os se brisaient sous l'impact. À chaque respiration, elle ressentait l'odeur âcre du carburant, qui envahissait ses narines.

Elle était renversée sur le siège passager, luttant contre le bourdonnement assourdissant dans ses oreilles. Elle a réussi péniblement à murmurer quelques mots : « Romain… »

Ne voyant aucune réaction de sa part, et sentant que sa ceinture de sécurité était coincée, elle a tendu la main, tremblante et ensanglantée, pour attraper son téléphone qui avait été projeté contre le pare-brise. Avec une difficulté évidente, elle a composé un numéro.

Le téléphone a été décroché, et la voix d'un homme, froide et impatiente, s'est fait entendre de l'autre côté : « Je suis occupé, on en reparle plus tard ! »

Avant même que Sélina puisse dire quoi que ce soit, l'appel a été brutalement coupé.

Sélina a regardé les gouttes de sang tombant sur l'écran, une douleur sourde et intense lui a envahi le bas-ventre. Elle a fermé les yeux, le cœur serré de souffrance, et tout autour d'elle s'est plongé dans l'obscurité.

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L'accident avait provoqué un embouteillage géant. François, l'air sombre, a raccroché le téléphone.

Les blessures des deux avaient été simplement bandées. Lors de la chute du lustre, ils avaient réussi à éviter les blessures fatales, mais ils avaient été égratignés par les éclats de verre qui s'étaient projetés, et ils devaient se rendre à l'hôpital pour se faire désinfecter et bander les plaies.

Sophie a jeté un coup d'œil à l'appel entrant, recroquevillée dans les bras de François, le visage pâle et tremblant, son corps tout entier semblant encore sous le choc, et la manière dont elle paraissait à la fois désorientée et brisée rendait l'homme encore plus attendri.

« Fredo, Sélina t'appelle, elle doit avoir quelque chose d'urgent, moi ça va... »

« Une femme qui reste toute la journée chez elle à rien faire, qu'est-ce qu'elle peut avoir d'urgent ! » a répondu François d'un ton détaché, comme si tout cela n'avait aucune importance.

Sophie a baissé les yeux, son regard débordant de suffisance. Au fond du cœur de François, c'était elle, en définitive, qui comptait davantage que Sélina !

Qu'est-ce que ça change, si Sélina a épousé François ? Tout ce qu'elle a obtenu, ce n'est qu'un contrat de mariage de trois ans ! Et maintenant qu'elle est revenue, Sélina n'est qu'un simple tremplin pour elle, elle devrait bien sagement lui céder la place !

« Monsieur Robert, un accident s'est produit devant nous. Souhaitez-vous que nous prenions un autre itinéraire ? » a demandé le chauffeur en se tournant vers lui, après avoir observé les voies obstruées.

Sophie s'est redressée, et en bougeant, elle a heurté son bras blessé, ce qui l'a fait souffrir au point qu'elle n'a pu s'empêcher de laisser échapper un petit cri. Les larmes ont commencé à couler, tombant dans un silence lourd, la faisant paraître à la fois victime et fragile.

François a pris son temps pour consoler Sophie, mais dans son esprit, l'image du visage têtu de Sélina a surgi. Cette femme, même lorsqu'elle avait des blessures bien plus graves, n'avait jamais pleuré. Une agitation inexplicable a commencé à monter en lui.

Il a froncé les sourcils, d'un ton décidé : « Fais demi-tour, file vers l'hôpital le plus proche. »

Les yeux rougis, Sophie a levé la tête et s'est blottie contre lui, toute fragile. En apercevant l'inquiétude au fond de son regard, une pointe de satisfaction l'a effleurée intérieurement. « Fredo... J'ai si peur... »

« J'ai déjà prévenu Thomas Bernard. Avec lui, ta main sera entre de bonnes mains ! »

Il a refoulé son agacement et a lancé au chauffeur sur un ton d'ordre : « Plus vite ! »

Sophie a hoché la tête, ses larmes ont coulé de plus belle. « Fredo... Et si je ne pouvais plus jamais peindre... »

« Même si tu ne peux plus peindre, je suis parfaitement capable de te prendre en charge ! »

« Mais, Sélina... »

Sophie savait que leur contrat de mariage allait bientôt expirer. Maintenant qu'elle était de retour, il fallait éliminer la dernière barrière entre eux.

François est resté silencieux un instant, son visage ne trahissant aucune émotion. « Je vais demander le divorce. »

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À l'hôpital, dès que Sélina a ouvert les yeux, une douleur intense à la tête l'a fait se sentir comme si son crâne était déchiré. Comme si quelque chose lui était venu à l'esprit, elle s'est redressée brusquement. Un vertige l'a prise, et tout est devenu noir devant ses yeux. Quand sa vue s'est enfin éclaircie, elle a aperçu le dos de sa main traversé par une perfusion. C'est alors qu'une voix d'homme, froide et claire, s'est fait entendre près de son oreille.

« Le bébé dans ton ventre va bien, pourquoi tu paniques ? ! »

En entendant une voix familière, Sélina a tourné la tête vers la silhouette qui se tenait près de son lit, son regard portant encore une trace de confusion après l'accident.

« Théo... »

Théo Laurent avait voulu dire quelque chose, mais en voyant son air si misérable et pitoyable, il a avalé ses mots.

Il s'est répété intérieurement : « Elle est l'élève préférée du professeur, je ne peux pas me permettre de l'affronter, ni de lui causer des ennuis ! »

Théo a soupiré légèrement et a parlé plus lentement : « Tu as une légère commotion cérébrale et des signes de fausse couche. Heureusement, l'enfant est sauvé, mais tu dois te reposer, au moins rester en observation une journée. Toi-même étant dans le domaine médical, tu dois savoir de quoi il s'agit... »

Sélina, revenue à elle, a attrapé la blouse de Théo, son visage livide marqué par la peur. « Théo, où est mon petit frère ? Comment va-t-il ? ! »