Chapitre 5

Lorsque l'assistante a appelé, Sélina venait tout juste de changer de vêtements. Elle s'apprêtait à se maquiller légèrement pour camoufler son teint pâle avant de se rendre à l'entreprise pour confronter François en personne.

Sinon, ce François, il fait tout selon son humeur, il la mettrait sûrement de côté pour son premier amour. Si elle devait retourner seule au Manoir Robert, Sélina aurait vraiment du mal à expliquer ça à mamie.

Dès que l'appel a été pris, une voix grave de l'autre côté du fil s'est fait entendre : « Sélina, tu as vraiment pris de l'assurance, tu m'as carrément mis sur liste noire ? »

« On est en train de divorcer, non ? Le contrat de divorce est déjà signé. Monsieur Robert, il vous suffit de faire en sorte que votre assistante me prévienne quand je pourrai venir finaliser le divorce. Après ça, on n'aura plus besoin de se contacter, pourquoi garder ton numéro ? »

« Ne plus se contacter ? » François a répondu d'un rire froid, empli de colère : « Quand tu m'as mis sur liste noire, tu as pensé à ça ? Si je ne rentre pas au Manoir Robert avec toi aujourd'hui, tu comptes comment t'expliquer à mamie ? »

Sélina : « ... »

Il semblait que Marie non seulement l'avait appelée, mais avait aussi appelé François, en éliminant d'office l'excuse de « François est occupé ».

« Alors, je vais dire la vérité à mamie ! J'ai renoncé à ma part de la fortune pour divorcer, mais nous faire passer pour un couple amoureux, ça, tu devras me payer en plus ! »

En pensant aux mots « dégoûté par le mari » inscrits dans le contrat de divorce, François en a eu la gorge serrée, incapable de digérer ni de cracher sa colère.

Le visage de François est devenu d'une pâleur extrême alors qu'il serrait les dents : « Ce contrat de divorce est illégal, je vais demander à mon avocat de rédiger un autre document ! »

En entendant qu'il voulait refaire le contrat de divorce, Sélina a instantanément ressenti une oppression dans la poitrine, sa respiration s'est bloquée.

Quel sale type !

Il piétinait son amour-propre pour ouvrir la voie à cette maîtresse. Pour la protéger, et pour éviter que mamie n'ait des ennuis avec Sophie, François était vraiment prévenant, pensant à tout !

Elle a pris une grande inspiration, retenant les larmes qui lui montaient aux yeux. Elle s'est regardée dans le miroir, voyant son visage marqué par la résignation et la souffrance, et elle a failli se donner quelques gifles.

Elle avait vraiment mauvais goût, il y avait tant d'hommes qui la courtisaient, mais c'était lui qu'elle avait choisi !

Elle a esquissé un sourire amer et a dit d'un ton glacé : « François, je pars sans rien, tu veux encore toucher à la mienne ? Tu rêves ! »

Lui mentir sur ses sentiments, ça allait. Mais vouloir lui voler de l'argent ? C'était une autre histoire !

« Tu as encore de l'argent ? » François a ricané, « Tu viens de la campagne et tu t'es mariée dans la famille Robert. Ces trois dernières années, tu n'as jamais travaillé, tout ce que tu utilises, c'est ma carte secondaire. Avec tes petites économies, tu crois vraiment que j'aurais besoin de ça ? »

Il était clair que les termes du contrat de divorce avaient profondément énervé François, et ses paroles étaient pleines de mépris et de dédain.

À ce moment-là, Sélina était tellement énervée qu'elle en avait presque envie de rire, elle n'avait même plus envie de discuter avec lui.

« Ouais, ouais ! Moi, cette personne qui ne fait rien pour avancer, je ne peux évidemment pas rivaliser avec ton premier amour, si ambitieux et brillant, tout entouré de lumière ! »

Après tout, pour François, les personnes qui ne comptaient pas, il ne daignait même pas perdre son temps avec, même pas avec elle, la prétendue Madame Robert.

Seule elle serait assez bête pour se réjouir à cause d'un simple regard ou d'un mot de sa part.

Aux yeux de François, Sélina, peu importe ses qualités, était toujours éclipsée par Sophie, son premier amour.

François a entendu l'ironie dans ses paroles, il s'est massé les tempes, une douleur lancinante lui a tiré la tête, puis il a décidé de ne pas poursuivre le sujet. D'une voix grave, il a dit : « Où es-tu ? Je viens te chercher. »

C'était vraiment rare qu'il lui parle ainsi d'une voix si calme, Sélina est même restée un instant sans réaction.

Elle s'est vite rendue compte que mamie les avait probablement appelés pour les inviter à dîner, sûrement à cause des nouvelles qui faisaient le buzz.

Après tout, Sophie avait payé pour faire monter l'actualité, il était impossible de ne pas le remarquer !

L'attitude de ce type de François a soudainement changé, c'était évident qu'il avait peur que mamie vienne lui reprocher son premier amour, alors il l'a balancée en première ligne pour encaisser à sa place !

« Monsieur Robert, je l'ai déjà dit, si tu veux que je fasse semblant d'être une épouse modèle et que je te suive au Manoir Robert, il va falloir me payer ! »

« Un million d'euros ! Je veux te voir dans le salon dans une heure ! »

Sélina n'avait plus de patience. « Tu payes d'abord, je n'ai pas confiance en toi, tu pourrais bien me faire le coup de ne pas honorer ta part ! »

François voulait poser les bases de sa relation avec Sophie sur le dos de Sélina, mais il allait devoir payer pour ça !

De toute façon, l'argent qu'il dépensait pour Sophie venait de leur patrimoine commun, alors si Sélina ne le dépensait pas, ce serait autant d'argent économisé pour un autre !

« Sélina ! » François, le souffle court, un éclat sombre traversant son regard, a ajouté d'une voix plus profonde, presque menaçante : « Retire mon numéro de la liste noire ! »

Sélina a naturellement décidé de ne pas prolonger la discussion, raccrochant rapidement et retirant François de sa liste noire. Peu de temps après, elle a reçu un virement de un million d'euros.

Nancy, qui observait la confrontation, en restait bouche bée. Elle n'en revenait pas que sa meilleure amie ait pu tenir François ainsi, comment pourrait-elle perdre contre cette manipulatrice ?

« Seli, tu es vraiment trop zen ! Si tu te donnais un peu de mal, Sophie n'aurait aucune chance contre toi ! »

Sélina a souri tristement, dissimulant ses émotions derrière un regard voilé : « J'ai déjà essayé pendant trois ans, et au final, tout ça n'a mené à rien d'autre qu'un divorce. »

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Nancy a conduit sa voiture de sport et a déposé Sélina devant la Villa Vue Montagne. Avant même qu'elles n'entrent dans la propriété, Antoine a appelé et a demandé à Nancy de partir.

La domestique, voyant Sélina revenir, s'est avancée en souriant : « Madame, monsieur n'est toujours pas descendu. Il n'a pas pris son petit déjeuner. Voulez-vous que je le monte ou que je lui demande de descendre pour manger avec vous ? »

« Il est rentré hier soir ? » Sélina a chaussé des pantoufles en fourrure, levant les yeux avec surprise.

« Monsieur n'est pas reparti après être rentré hier soir. Quand le livreur est venu apporter le colis, monsieur avait l'air vraiment de mauvaise humeur ! »

Cette domestique a été introduite par Marie, et il est probable que de la part du Manoir Robert, on lui ait donné des instructions particulières pour prendre soin de l'alimentation quotidienne de Sélina.

C'était la première fois qu'elle assistait à une scène aussi bruyante entre les deux époux, depuis qu'elle avait commencé à travailler ici.

« OK, apporte le petit déjeuner à table, je vais aller le chercher et lui dire de descendre. »

Après avoir fait un détour, Sélina a fini par apercevoir François dans le bureau. Il était appuyé contre la grande fenêtre, un livre en main. C'était Le Grand Dictionnaire des Plantes Médicinales, qu'elle avait laissé là par inadvertance.

La lumière du soleil traversait les vitres à petits carreaux, se déposant sur lui, créant un halo léger autour de sa silhouette. Il se tenait dans la lumière, son profil à la fois flou et net.

Vêtu d'une chemise noire parfaitement ajustée, ses épaules larges et sa taille fine, il dégageait une prestance élégante, toute la dignité d'un homme de pouvoir.

François était issu d'une famille aristocratique de Paris, et parmi tous les héritiers de grandes familles, il se distinguait particulièrement. Il avait un regard affûté, une poigne de fer, et son caractère était bien connu pour être difficile à supporter.

Sélina ne savait pas vraiment comment elle avait traversé ces trois années. Être une femme douce et soumise avait été un véritable défi pour elle, mais à force de tenir bon, cela était finalement devenu une sorte de routine agréable.

Mais elle avait des sentiments pour François, et face au mépris évident de ce dernier, son cœur souffrait toujours.

Entendant des pas, l'homme a tourné la tête pour la regarder, sans interrompre le mouvement de ses pages. Son regard l'a transpercée, empli de jugement :

« Madame Robert, tu ne rentres pas cette nuit, tu as vraiment pris de l'assurance ! »

« Oh, je pensais que tu étais trop occupé à veiller sur ton premier amour à l'hôpital pour rentrer à la maison. Ça tombe bien, j'en ai profité pour me détendre un peu. »

Sélina a dit cela d'un ton décontracté, comme si elle ne souhaitait pas s'étendre davantage sur le sujet.

Son attitude nonchalante a immédiatement assombri le visage de François. Il l'a fixée froidement, puis, d'un geste brusque, l'a tirée contre lui.

La lumière près de la fenêtre était vive, et à cette distance si proche, face à la lumière, le visage de Sélina, si beau, est soudainement entré dans son champ de vision.

Sous les rayons du soleil, le visage de Sélina a brillé d'une lumière éclatante, sa peau aussi blanche que la neige, ce qui l'a rendue particulièrement fascinante.

Il a observé les légers cernes sous ses yeux, puis, d'un geste, il lui a saisi le menton pour la forcer à lever la tête, son ton empreint de reproche…