Les résultats aux questionnaires n’avaient rien donné de concluant… sauf pour elle et Santoro. Beaucoup d’employés du Bureau 09 avait menti sur ce qu’ils prenaient comme drogue ou des choses comme ça et c’était ce qui les disculpait.En ce qui les concernait, elle et lui, ils avaient décidé d’un commun accord de laisser leurs résultats de côté, ni l’un ni l’autre ne voulant croire à la trahison de l’autre.Ils étaient juste sur-entraînés. Voilà tout.A Trish Brahms, Santoro décida de ne pas communiquer les résultats. Elle ne moufta pas mais cela se voyait qu’elle n’était pas satisfaite de cette décision.—Comment va Prax ? demanda Ida à Claude alors qu’ils se retrouvèrent par hasard à la machine à café, trois jours plus tard.—Il est costaud, il va s’en sortir. To
L’architecture de l’Amargosa Hotel « hanté » était simplissime : un couloir central de 300 mètres de long donnait accès à des chambres à droite et à gauche.Le couloir était divisé en huit sections séparées par sept portes battantes et grinçantes. Dans chaque section, il y avait quatre portes de chambres à droite, quatre portes de chambres à gauche. Total : soixante-quatre chambres.Chaque chambre possédait une porte vitrée donnant sur une coursive extérieure avec une petite table ronde et deux chaises avec vue directe et fascinante sur le désert le plus bouillant du monde.Bien que tout soit en ruine à l’intérieur, les Kroop disposaient chaque matin les tables et les chaises devant les chambres, bien rangées, pour les touristes qui commandaient des cocas géants bien frais au restaurant et venaient les boire à l’ombre de la coursive, dans l’attente éventuelle d’un grand frisson. Toutes l
—Bonjour, Madame Kross. Inspecteur Flore Dumont, d’Interpol. Je vous ai téléphoné il y a quelques heures pour vous annoncer ma venue.Hélène Kross, une petite femme dont la vie n’avait pas toujours dû être facile, aux mains usées par les tâches ménagères et les travaux du jardin, aux rides qui en disaient plus sur sa personnalité que n’importe quelle fiche biographique imprimée depuis un ordinateur, hocha la tête en terminant de s’essuyer les mains avec un chiffon rappé déjà bien humide.Ses yeux étaient gonflés et lourds de cernes à force de pleurer.—J’étais en train de couper des oignons et des échalotes, dit-elle en s’écartant pour lui laisser le passage, espérant ainsi la duper.Mais la pauvre madame Kross devait pleurer toutes les larmes de son corps nuit et jour depuis presque dix
Au Camp 1, les Nefilims avaient tendu des toiles de camouflage entre les mobil-homes dès leur retour du Camp 2, de l’Amargosa Hotel.Les cinq têtes-de-con s’étaient installées tout au fond du camp.Prisca, Annabelle et Stan avaient eux aussi tendu leur toile entre leurs deux maisons. Ils aménagèrent en dessous un petit coin bien à eux avec un vieux canapé trouvé derrière une caravane, une table bancale fabriquée avec des planches et un fût pour le feu du soir et les grillades. C’était parfait pour passer de bonnes soirées à la fraîche.La vie dans le camp 1 s’organisait.Pour l’heure, Stan, Prisca, Annabelle, Théophile et Klauss préparaient un barbecue dans le crépuscule de leur pré-carré à eux. Théophile et Klauss s’étaient invités sans prévenir. Ils faisaient cuire plusieurs T-bones-steak d’un kilo et d’énormes patates enveloppées dans du papier alu.
Antonio arrêta la voiture devant un entrepôt désaffecté à l’entrée de Bruxelles.—On ne va pas au Bureau 09 ? demanda Ida, surprise.Une trentaine de voitures immatriculées dans toute l’Europe s’alignaient en vrac le long de l’entrepôt.—J’ai reçu des instructions du Colonel Santoro. Il vous attend à l’intérieur.—Okay. A plus tard, Antonio.—Je me gare là-bas. Faites moi signe si vous avez besoin.Ida Kalda traversa le parking plein de trous et de graviers et de gros cailloux, manquant à plusieurs reprises de casser les talons de 9 cm de ses Salomés avant de franchir une grande porte coulissante entrouverte.Santoro lui lança un regard ravageur dès qu’il la v
BibiBar. La mélasse poisseuse et gluante qui formait l’atmosphère était à gerber. On ne voyait aucun des immeubles de l’autre côté de l’avenue, à travers le méandre des constructions qui reliait les deux rives urbaines.Bibi, vautré dans son gros fauteuil, buvait une bière. Il avait toujours quarante piges au bas mot et des cheveux en moins. Il était gros – ce qui le rapetissait, c’était le plus flippant.La blonde canon en mini-jupe et en résilles trouées nettoyait les tables en faisant cogner fort les talons hauts de ses cuissardes en cuir rouge sur le béton craquelé.Il flottait. Personne ne traînait dans les rues. C’étaient des pluies acides. Chaque goutte d’eau qui touchait vos mains ou votre visage creusait un trou gros comme une tête de clou.Les toiles enduites de bitume tendues au-dessus du BibiBar récupéraient la pluie radioactive pour la faire couler dans d’anciennes cana
Stan mangeait un cheese taille XXL et des frites à sept heures du matin. Delia Croop lui servit son plat en disant « toi, t’es un vrai Américain » en remuant un mini-drapeau USA qu’elle planta fièrement dans le pain du cheese. Il y avait aussi des tranches de bacon grillées, des patates bouillies, du fromage à pâte dure jaune-orange et deux œufs sur le plat dans l’assiette, couverts de Ketchup.Il crevait la dalle depuis la veille.Trois chauffeurs routiers discutaient au bar. Il était le seul de l’Entité à être là d’aussi bonne heure. Ça lui convenait très bien.Et puis Prisca entra, toute timide.Heureusement que c’était elle et pas quelqu’un d’autre.La voir le rendit joyeux. Elle l’extirpa de la torpeur dans laquelle il se trouvait depuis le Transit d’hier.La veille, il s’était enfermé dans son mobil-home san
A 7h01, Ida sortit de l’ascenseur et ne reconnut pas la salle principale du Bureau 09. Tout était changé. Son bureau se trouvait maintenant collé à celui de Santoro et de Prax.Génial ! Elle allait devoir bosser à trois mètres de son amant et l’idée ne lui disait rien qui vaille. Déjà, baiser au boulot avec un collègue, supérieur qui plus est, relevait de la plus grosse connerie de sa vie, mais se retrouver vissés ensemble à longueur de journée ressemblait à une torture assurée.Murphy Klemmerton tirait la gueule. Elle aussi avait changé de place et son bureau se retrouvait dos à la vitre polarisée du Centac d’où les techniciens avaient une vue imprenable sur l’écran de son Mac. Si elle voulait mater une photo de son mec à poil, c’était grillé de chez grillé.Une dizaine de déménageurs s’agitait dans tous les sens pour tout changer. En gros, on avait divisé le vaste open space en deux pa