LOGINChapitre 32 : Les Liens du SangAnyaLe soleil du matin perce les stores, dessinant des raies de lumière sur le sol et sur le corps endormi de Dante à mes côtés. La nuit a été une parenthèse, une île de chaleur et d'oubli dans l'océan froid de notre réalité. Mais le jour est impitoyable. Il ramène avec lui le poids des décisions, l'odeur du pouvoir et le goût du danger.Je me lève sans faire de bruit, enroulée dans un drap, et marche jusqu'à la baie vitrée. La ville s'étend, étincelante et trompeuse. Notre empire. Chaque immeuble, chaque rue, représente une victoire, un compromis, une vie brisée. La trêve de la nuit s'évapore comme la rosée.Je sens le regard de Dante avant de l'entendre.— Tu es déjà en train de planifier la prochaine conquête ?Je me retourne. Il est adossé au cadre de la porte de la chambre, nu, magnifique et dangereux. Ses yeux parcourent mon corps enveloppé dans le drap, et je vois l'écho du désir de la nuit dernière. Mais derrière, il y a la froideur du stratège
Chapitre 31 : La Trêve des CorpsAnyaLa porte de notre suite penthouse se referme dans un claquement sourd, coupant net les derniers échos de la fête. Le silence qui s'ensuit est lourd, presque palpable. Les masques de pouvoir et de contrôle tombent, laissant place à une fatigue qui nous ronge jusqu'à l'os.Dante défait le nœud de sa cravate d'un geste las, le jetant sur un fauteuil. Son regard, si impénétrable toute la soirée, est maintenant nu, épuisé. Je fais de même, laissant tomber mes escarpins, sentant le froid du sol marbre sous mes pieds nus. La robe de soirée, une œuvre d'art en soie noire, me serre soudain la poitrine.Sans un mot, je me dirige vers le bar et me sers un verre de whisky, pur. Le liquide ambré brûle ma gorge, mais n'arrive pas à réchauffer le froid qui m'habite. Je sens le regard de Dante dans mon dos, pesant.— Tu as vu le visage de Henderson quand tu as annoncé la fusion ? dit-il enfin, sa voix est rauque.— Il était vert. Il pensait encore pouvoir négocie
Chapitre 30 : La Couronne d'AcierAnyaSix mois. C'est le temps qu'il nous a fallu. Six mois de nuits blanches, de plans ourdis dans l'ombre, de sang versé dans l'indifférence de la ville. Notre empire n'a pas la splendeur décadente de celui de mon père, ni la brutalité ostentatoire de celui de Lorenzo. Il est une machine discrète et efficace, un cancer qui s'est propagé silencieusement dans les veines de la ville.Nous opérons depuis un bureau anonyme au dernier étage d'un immeuble d'affaires. Pas de tapis rouges, pas de gardes menaçants. Juste du verre teinté, de l'acier et une sécurité impénétrable. Ici, je ne suis pas l'Héritière. Je suis la PDG. Dante est mon directeur des opérations. Des titres légaux pour des activités illégales. L'ironie me plaît.Ce soir, nous célébrons une victoire majeure : la prise de contrôle du réseau portuaire, la dernière pièce manquante de notre puzzle. La pièce est remplie d'hommes et de femmes en tenue de soirée. Mes hommes. Mes alliés. Leurs rires
Chapitre 29 : La CicatriceAnyaLa douleur est une lance de feu dans mon côté. Chaque respiration est un effort, chaque mouvement un rappel cuisant de la scierie. Dante, pâle mais fonctionnel, a fait de son mieux pour nettoyer et suturer la plaie avec le matériel de la trousse de secours. Ses doigts étaient fermes, mais son regard évitait le mien. Nous n'avons pas parlé pendant qu'il m'opérait. Les grognements étouffés et le grincement de l'aiguille traversant ma peau étaient le seul son entre nous.Maintenant, nous sommes assis dans la pénombre de la maison, une bouteille de whisky local entre nous. La blessure de Dante à l'épaule est bandée sommairement. Nous ressemblons à deux soldats épuisés après une bataille perdue d'avance.— Ils reviendront, dis-je en grimaçant en tendant la main vers mon verre. D'autres viendront. Les fils de Stavros. Ses alliés. La dette est une hydre. On coupe une tête, deux repoussent.Dante avale une grande gorgée de whisky.—Je sais.— On ne peut pas con
Chapitre 28 : Le Poids des ChaînesAnyaLe "loin" promis par Dante se matérialise sous la forme d'une maison de pierre isolée, adossée à une colline dans une région où la langue est étrangère et les regards, méfiants. Les semaines passent, étrangement calmes. Nous apprenons les gestes d'une vie normale : faire les courses au village voisin, entretenir le potager, allumer le feu le soir.La normalité est une peau trop étroite. Je me réveille la nuit, le goût de la poudre et du sang dans la bouche, la main cherchant une arme sous l'oreiller. Dante fait de même. Nos cauchemars s'entremêlent dans la chambre unique, un dialogue silencieux de terreurs partagées.Nous ne parlons pas de ce qui s'est passé. Nous ne parlons pas de l'avenir. Nous existons dans un présent étouffant, une cohabitation forcée où chaque geste est mesuré, chaque regard analysé. La haine couve sous la surface, mêlée à une attraction aussi violente qu'inavouable.Un après-midi, je suis dans le jardin, essayant désespéré
Chapitre 27 : L'Aube IncertaineAnyaLa fuite est un flou sanglant. Dante me guide à travers un dédale de ruelles et de passages souterrains, ses doigts fermement enlacés aux miens. Les sirènes hurlent derrière nous, s'éloignant puis se rapprochant, un jeu du chat et de la la souris dont l'enjeu est notre vie. Je ne pense pas. Je ne ressens plus. Je cours, mon corps fonctionnant sur la seule mémoire musculaire de la survie.Nous émergeons finalement dans un garage souterrain abandonné. L'air y est froid, humide, chargé de l'odeur de l'essence et de la moisissure. Une vieille camionnette banalisée nous y attend. Dante ouvre la portière passager.— Monte.Je obéis, mes membres lourds, engourdis par le choc. Il fait le tour, s'installe au volant, et démarre. Le moteur toussote avant de rugir. Nous sortons du garage par une rampe différente, nous fondant dans le flot naissant de la circulation matinale.La ville se réveille, ignorante. Des gens se rendent au travail, achètent leur café, l







