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Chapitre 2 : Kaito

Author: Kira
last update Last Updated: 2025-02-21 01:29:38

Ichida ne tarde pas à me rejoindre. À peine quelques minutes après mon appel, il arrive au chalet. Dehors, mes hommes patrouillent déjà la côte, scrutant les environs. L’aube blanchit l’horizon, projetant une lumière froide sur la mer agitée. Lorsqu’il atteint enfin la cabane, il entre sans difficulté.

Juliette dort profondément, inconsciente du danger qui rôde. À travers la porte-fenêtre entrouverte, l’air frais du matin s’engouffre en silence. Ichida glisse dans la pièce, son ombre se fondant dans la clarté naissante.

— Putain de merde, chef… Vous êtes dans un sale état, murmure-t-il en me repérant, le visage crispé d’inquiétude.

— Baisse d’un ton, sifflé-je en désignant Juliette d’un geste. Aide-moi à me relever. On doit partir immédiatement.

Chaque respiration ravive la douleur dans mon flanc, mais je serre les dents. Je refuse de la réveiller. Pas seulement parce qu’elle pourrait paniquer en me voyant dans cet état, mais aussi parce que je ne veux pas l’effrayer inutilement. Elle ignore tout du danger qui plane au-dessus d’elle, et tant que c’est le cas, elle a encore un semblant de paix. Ichida s’approche, son regard s’attardant un instant sur elle avant qu’il ne me tende la main.

— Il faut bouger.

Je hoche la tête, même si, au fond, tout mon corps est en alerte. Chaque seconde compte.

— Pourquoi vous avez refusé que je vienne avec d’autres hommes ? Vous êtes blessé. Avec du renfort, ça aurait été plus simple.

Il me scrute, inquiet. Il ne comprend pas pourquoi je m’obstine à limiter les effectifs, surtout dans une situation aussi critique.

Je tente de me redresser, mais une douleur aiguë me transperce le flanc droit. Mon souffle se bloque une seconde. La plaie encore fraîche brûle à chaque mouvement, un rappel cruel que je ne suis pas tiré d’affaire.

— Je le sais, lâché-je d’une voix tendue. Mais si on attire trop d’attention, elle ne sera plus en sécurité. Peut-être que ce n’est déjà plus le cas.

Je grimace en pressant mon côté. Le bandage est imbibé de sang. Chaque pas que j’ai fait pour venir ici m’a coûté, mais le vrai danger, c’est celui qui pèse sur elle. Ichida acquiesce enfin.

— Personne ne m’a vu, et je n’ai rien remarqué de suspect, murmure-t-il.

Il reste immobile, en alerte, prêt à réagir au moindre signe. Mais je ne partage pas son assurance. Je ne peux pas me permettre de relâcher ma vigilance. Il sait ce que ça signifie, cette dette de vie. Ce que ça implique pour moi, pour le clan.

Je serre la mâchoire et inspire profondément.

— On y va.

Ichida me soutient de toutes ses forces, mais même lui peine à me porter. Avec mes un mètre quatre-vingt-dix et ma carrure massive, je pèse lourd, surtout dans l'état où je suis. Même pour un homme aussi musclé qu'Ichida, chaque pas est un effort.

— Attends, murmuré-je alors que nous traversons le salon en direction de la porte-fenêtre. Va me chercher un papier et un stylo.

— Hai, répond Ichida sans discuter, avant de me guider vers un fauteuil où il m'aide à m'asseoir. Il se dirige ensuite rapidement vers la cuisine pour trouver ce que je lui ai demandé.

De ma place, mes yeux se posent sur Juliette. Elle dort toujours, paisible, ignorant ce qui se joue autour d'elle. Je l'observe en silence, réalisant la force dont elle a fait preuve en me sauvant hier. C’est loin d’être anodin. Sa peau, d’un blanc laiteux, semble si douce que, dans d'autres circonstances, je l'aurais volontiers effleurée du bout des doigts. Ses cheveux, d'un châtain clair brillant, tombent en cascade autour de son visage, aussi soyeux qu’un voile de satin. Cette délicate auréole lui donne un air angélique, une pureté qui contraste avec le chaos qui m'entoure.

Un léger bruit derrière moi me tire de mes pensées.

— Chef, dit Ichida en revenant vers moi, me sortant de ma contemplation.

Je prends le papier et le stylo qu’il me tend. D’une main encore tremblante, je griffonne quelques mots, exprimant ma reconnaissance. Ensuite, j’ôte la bague que je porte à l’annulaire et la joins à la lettre. Un gage de ma promesse, et de ma dette envers elle.

— Je te le promets, Juliette… on se reverra, murmuré-je, ma voix à peine audible, mais chargée de certitude.

Une fois arrivé à la villa, le médecin du clan m'examine en silence, son visage impassible. Il défait les bandages, inspecte la plaie avec attention, puis se remet à l’ouvrage. Il recoud la blessure proprement, désinfecte chaque point avec une précision quasi chirurgicale. Ensuite, il m’administre des analgésiques puissants et des anti-inflammatoires pour calmer la douleur et réduire le gonflement. L’effet des médicaments se fait sentir rapidement, un léger engourdissement s’installe dans mon corps, mais la brûlure au flanc reste une constante, un rappel du danger que j’ai frôlé.

— Fort heureusement, vous avez su stopper l'hémorragie à temps, sinon vous ne serrez plus là pour parler, dit-il en posant les instruments sur un plateau métallique.

— Fort heureusement, mon ange gardien m'a sauvé à temps, répliqué-je dans un souffle.

Il ne répond rien. Le médecin, fidèle à son rôle, ne pose jamais de questions. Il connaît les règles du clan. Ici, on soigne sans jamais s'immiscer. Les histoires que ces blessures portent ne le concernent pas.

— Je n’ai qu’un seul mot d’ordre à vous donner…

— Me reposer, je sais, dis-je avant même qu’il ait fini sa phrase.

Il me salue d’un léger hochement de tête avant de quitter la pièce. Je le regarde partir, mais je sens déjà une autre présence à mes côtés. Luna, mon bras droit, qui jusqu’à présent est restée silencieuse, finit par s’approcher, l’air grave. Ses yeux brillent de cette lueur impatiente que je connais bien. Elle est prête à déverser un flot de questions.

— Je t’écoute, dis-je calmement, sachant que je lui dois quelques explications.

— Que s’est-il passé, bordel ? Nous avons ratissé toute l’île à la recherche du tireur, mais aucune trace. Rien, Kaito sama. Pas le moindre indice.

Je soupire, sentant la tension monter dans sa voix.

— Je sais, Luna. Mais écoute-moi bien, tu ne vas pas aimer ma réponse, et ce n’est pas grave. Pour l’instant, tu vas devoir te contenter de ça : je veux que tout s’arrête là. Je sais exactement ce qui s’est passé, et je suis conscient que j’ai failli y laisser ma peau. Mais comme je te l’ai déjà dit, tu restes ici. Ne cherche pas à comprendre. C’est un ordre.

— Tu ne peux pas me faire ça, Kaito-sama ! J’ai envie de découper celui qui t’a fait ça ! Tu aurais pu mourir !

— Ça suffit, Luna. Maintenant tu vas suivre mes consignes à la lettre. D’abord, envoie des hommes de confiance surveiller la femme qui m’a porté secours. Ils ne doivent surtout pas se faire repérer.

— Ne t’inquiète pas, ils seront comme des ombres dans la nuit.

— Je veux tout savoir sur cette femme. Tout. Compris ?

— Hai !

Je la fixe, mon regard se durcissant.

— Si jamais il lui arrive quoi que ce soit, tu en seras personnellement responsable. Est-ce clair ?

Luna me regarde avec une expression que je n’avais encore jamais vue. Quelque chose entre la curiosité et la contrariété brille dans ses yeux.

— Oui, Kaito-sama, répond-elle d’un ton plus mesuré. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la protéger.

Je finis par sombrer dans un sommeil lourd, mais peuplé de cauchemars. Des visions sombres qui m'enserrent, suffocantes. Quand je me réveille, mon corps est trempé de sueur. Le drap, l'oreiller, tout est détrempé. Je m’assieds avec difficulté, chaque mouvement arrachant un gémissement de douleur. Mon flanc me brûle encore.

Je saisis la bouteille d’eau sur la commode et la vide d’une traite, l’eau fraîche glissant dans ma gorge comme un baume temporaire. Mais le soulagement est de courte durée. Quand je tente de me lever, mes muscles se contractent violemment. Mon corps refuse net de coopérer, comme un rappel brutal que je ne suis pas encore en état de bouger. La douleur lancinante me ramène à la réalité. Je dois me montrer raisonnable... et pour une fois, écouter les recommandations du médecin.

Je saisis mon portable et compose le numéro de Luna. Je dois savoir si Juliette est en sécurité. Mon esprit s'embrouille, incapable de chasser cette inquiétude tenace. Elle ne doit pas être mêlée à tout ça. Les rapaces rôdent, toujours prêts à frapper là où je suis le plus vulnérable. Par ma position, je suis constamment la cible de multiples tentatives d’assassinat. Mais ce qui s'est passé la veille... C'est autre chose.

Je serre le téléphone contre mon oreille, attendant impatiemment que Luna réponde. Si quelqu'un essaie de m'atteindre à travers elle...

— Donne-moi des nouvelles.

— Elle a fait le ménage dès son réveil et n’a pas quitté son chalet. Nous la surveillons de près. Nous avons installé des caméras autour de la propriété. Deux de nos hommes se sont déguisés en personnel de l’hôtel.

Je fronce les sourcils. Le ménage ? Je ne peux m’empêcher de trouver ça étrange. Après tout ce qu’elle a vécu hier, la première chose qu’elle fait est de nettoyer ? C'est comme si elle tentait de se raccrocher à une routine, à une normalité qui n’existe plus. Ou peut-être qu’elle essaie d’effacer les traces, de se convaincre que rien n'a changé.

Mais quelque chose a changé. Et elle est désormais liée à ce monde, que cela lui plaise ou non.

— Je veux des rapports réguliers, compris ? Cela doit être ta priorité absolue.

— Oui, chef.

Je raccroche sans un mot de plus, mais l’inquiétude me tenaille. Elle est en sécurité… pour l’instant. Pourtant, ce détail me perturbe. Faire le ménage ? C’est tellement... banal. Trop banal. Elle essaie probablement de reprendre le contrôle, de se convaincre que sa vie peut continuer comme avant. Mais la réalité, c'est qu’elle est déjà piégée dans quelque chose qui la dépasse.

Je serre le téléphone, Juliette n'aurait jamais dû se retrouver dans cette situation. Et maintenant, je suis bloqué entre l’envie de la protéger et le besoin de me concentrer sur mes propres faiblesses. La douleur dans mon flanc ne cesse de me rappeler que je suis blessé. Vulnérable. Je déteste cette sensation. Néanmoins pour l’instant, tout ce que je peux faire, c’est m’assurer qu’elle reste hors de danger.

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