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Chapitre 5 — La voie sans retour

Penulis: Déesse
last update Terakhir Diperbarui: 2025-04-13 07:46:54

Graziella

Le son de la porte qui se ferme derrière moi résonne comme un dernier écho, une marque indélébile dans mon esprit. L’air de la pièce semble plus lourd, plus chargé d’une énergie électrique. Je n’avais pas imaginé que revenir ici me donnerait une telle sensation. Je pensais que le choix serait simple, que j’aurais la force de m’y rendre et de suivre la promesse d’Élias, mais la réalité est bien plus complexe que je ne l'avais imaginé.

Il est là, dans l'ombre, m’attendant. Ses yeux brillent d'une lueur que je connais bien, celle qui me rappelle que, désormais, tout est sous contrôle. Pas le mien, mais le sien. Et cela me trouble plus que je ne voudrais l’admettre. Je lève les yeux vers lui, et il ne fait rien, ne dit rien. Il se contente de me fixer, comme une statue immobile, une figure de pouvoir. Un maître, un prédateur.

— Vous êtes là, dit-il simplement, sa voix basse, sans fioritures. L’instant que vous avez choisi. La ligne entre le passé et l’avenir vient de s’effacer.

Je fais un pas en avant, presque malgré moi. Mes jambes sont comme guidées par une force invisible, une attraction qui me pousse sans que je puisse y résister. Je veux dire quelque chose, mais mes mots me manquent. Je veux le confronter, lui demander pourquoi, pourquoi maintenant, pourquoi moi, mais aucune question ne trouve sa place. À la place, il y a un silence entre nous, lourd, épais, presque tangible. Le silence qui précède tout.

Il s’avance lentement, mes yeux ne le quittant pas une seconde. Il n’a pas besoin de gestes brusques pour imposer sa présence. Il a ce pouvoir du silence, du regard, de l’attente. Je sens mon cœur battre plus fort à chaque pas qu’il fait vers moi, chaque mouvement calculé. Il s’arrête juste devant moi, à une distance parfaite. Ni trop proche, ni trop loin. Et pendant un instant, il ne dit rien, il se contente de m’observer.

Je le ressens au plus profond de moi : il sait. Il sait que je suis prête à tout pour ce rêve, qu’il est l’ultime passage, l’inévitable carrefour entre la vie que je connais et celle qu’il me promet. Mais qu’en est-il de moi, de ce que je ressens ? Est-ce vraiment un rêve, ou est-ce un piège que je m'apprête à m’enfermer moi-même ?

Enfin, il parle. Sa voix, encore plus basse qu’auparavant, pénètre dans mes pensées.

— Vous avez fait le bon choix, Graziella. Vous comprendrez bientôt que tout cela est nécessaire. Ce que vous ressentiez avant, ce poids, cette insatisfaction... C’est fini. À partir de maintenant, vous appartenez à autre chose.

Je frissonne, pas de peur, mais de cette sensation étrange d’être à la croisée des chemins. Tout en moi m’avertit que l’engagement qu’il me propose n’est pas seulement une question de réussite, mais un changement radical de ma vie. Et je sais, au fond, que c’est ce changement, cette transformation, qui me fascine autant que cela m’effraie. Je n’ai jamais été une personne docile. J’ai toujours voulu m’imposer, défier le destin. Mais aujourd’hui, je comprends que ce contrôle, cette force que je croyais posséder, n’a jamais été qu’une illusion.

Je ferme les yeux un instant, juste une fraction de seconde, pour laisser mes pensées se poser, pour essayer de comprendre ce qui se cache derrière ces mots. Mais quand je les rouvre, il est plus près, encore plus proche. Je peux sentir la chaleur de sa présence me submerger, cette chaleur qui me fait sentir à la fois faible et forte, vivante et morte. J’essaie de me concentrer, de ne pas céder à cette attirance irrésistible, mais c’est impossible. Chaque fibre de mon être semble réagir à son influence.

— Vous êtes prête à tout laisser derrière vous, à vous abandonner à ce monde que je vous offre ? À effacer tous vos doutes, toutes vos hésitations ?

Ses mots sont comme un poison doux, mais je ne peux pas m’arrêter de les absorber. Mon cœur bat plus fort. L’envie me prend de lui dire oui, de le suivre sans plus de résistance. Mais je m’arrête avant de parler. Un dernier souffle d’humanité me traverse. Je suis encore capable de me poser la question.

— Et si je changeais d’avis ? Si je décidais de partir maintenant, de tout quitter ?

Il sourit. Pas un sourire de moquerie, mais un sourire de compréhension, presque de complicité.

— Vous n’avez plus d’autre choix, Graziella. Vous avez franchi la porte. Vous ne pouvez plus revenir. Vous m’appartenez désormais.

Ses mots résonnent en moi comme une vérité que je n’avais pas entièrement saisie jusque-là. Je croyais avoir du temps, je croyais avoir le pouvoir de revenir en arrière, mais je vois maintenant que tout cela était un mirage. Une fois que j’ai franchi ce seuil, il n’y a plus de retour en arrière. Le jeu est lancé.

J’inspire profondément, essayant de garder un semblant de contrôle. Mes mains sont encore tremblantes, mais je les serre fermement. Il me regarde, ses yeux noirs emplis d’une connaissance insondable, comme s’il savait déjà ce que je suis sur le point de faire. Il sait tout.

Je prends une décision. Peut-être la pire de ma vie, mais une décision, tout de même.

— D’accord, dis-je enfin, ma voix à peine un souffle. Je vous suivrai.

Il hoche la tête lentement, comme si c’était ce qu’il attendait, ce qu’il savait déjà. Il ne semble pas surpris, juste satisfait, comme un artiste voyant son œuvre prendre forme. Mais moi, je ne suis plus celle que j’étais. Et je sens que, à partir de cet instant, rien ne sera jamais plus pareil.

Il tend la main vers moi, une invitation silencieuse. Je la prends, hésitante d’abord, puis avec une conviction qui se fait peu à peu plus forte. Je sens son emprise se renforcer, mais quelque part, au fond de moi, une partie de moi a l’impression de se perdre à tout jamais. Pourtant, je ne recule pas.

Je fais un pas dans l’inconnu, avec lui à mes côtés. Et, alors que nous avançons ensemble,

je sais qu’il n’y a plus de retour possible.

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