Mag-log inMia
Je ferme la porte de ma chambre derrière moi, avec ce petit claquement qui résonne dans l’appartement plongé dans le silence, seul un éclat de rire de Léa s’échappe du salon où elle continue sa série, et je reste quelques secondes adossée au bois, immobile, comme si j’avais besoin de me convaincre que ce refuge familier suffit à me protéger
La pièce est plongée dans une pénombre douce, la lumière de la lune filtre à travers les rideaux légers, étend des ombres mouvantes sur les murs, et chaque contour me paraît plus dense que d’habitude, presque vivant, comme si les ténèbres elles-mêmes retenaient leur souffle autour de moi
Je m’assieds sur le lit, mes doigts serrant nerveusement la couverture froissée, et son visage revient, son regard surtout, cette intensité glacée et brûlante tout à la fois, impossible à oublier, impossible à nier, et les mots me frappent encore comme une gifle
Vampire , loups-garous , âme sœur.
Je me répète ces trois fragments en boucle, espérant qu’ils perdront de leur sens si je les use à force de les penser, mais au contraire, plus je les ressasse, plus ils se gravent profondément, comme un tatouage invisible sous ma peau
Je finis par éteindre la lampe et me glisser sous les draps, mais le sommeil ne vient pas, mon corps est épuisé, mes paupières lourdes, et pourtant mon esprit lutte, en alerte, comme si le danger pouvait franchir la porte à tout instant, ou peut-être comme si j’attendais inconsciemment qu’il vienne, lui, Dorian
Quand je ferme les yeux, les images affluent, trop nettes pour être de simples rêves, je suis à nouveau devant lui, ses mains effleurent les miennes, sa voix m’enveloppe comme une caresse glacée, et il murmure mon nom, encore et encore, mais ce n’est pas seulement un rêve, je le sais, je le sens dans chaque fibre de mon corps, c’est autre chose, une présence qui franchit mes défenses, qui traverse mes murs
Mon souffle s’accélère, je me retourne, le cœur battant trop fort, persuadée une seconde que je ne suis pas seule dans la chambre, et mes yeux se posent sur la fenêtre entrouverte, les rideaux bougent au rythme du vent nocturne, et dans l’ombre, une silhouette indistincte me semble se dessiner, haute, immobile, attentive
— Dorian…? je souffle sans même réfléchir
Aucune réponse, bien sûr, juste le silence lourd, mais ce silence lui-même semble chargé de lui, comme si son nom l’avait appelé jusque dans l’air que je respire, je ferme les yeux une seconde, et une chaleur étrange monte dans ma poitrine, une chaleur qui n’a rien à voir avec le réconfort, plutôt une brûlure sourde, une alchimie dangereuse
Je rêve peut-être, mais ses mots résonnent dans ma tête comme un écho trop clair
Je t’attendrai, Mia. Aussi longtemps qu’il le faudra.
Je m’enfonce dans le matelas, incapable de lutter plus longtemps, et le sommeil finit par m’engloutir, mais ce n’est pas un sommeil paisible, c’est une dérive entre deux mondes, chaque battement de mon cœur me transporte ailleurs
Je cours dans une forêt sombre, le sol humide glisse sous mes pas nus, les branches griffent ma peau, et pourtant je n’ai pas peur, une force me guide, un feu me pousse vers l’avant, et au loin, deux lueurs m’attendent, deux yeux d’un éclat surnaturel, plus intenses que toutes les étoiles, et je sais qu’ils m’appellent, qu’ils m’attirent inexorablement
Je veux crier, mais aucun son ne sort, je veux m’arrêter, mais mes jambes obéissent à une volonté qui n’est pas la mienne, et quand enfin il apparaît, grand, immobile, son ombre découpée dans la clarté lunaire, je comprends que tout ce que j’ai nié jusque-là n’était qu’une fuite inutile, car il est là, et rien ne pourra me séparer de lui
Je m’avance, je tends la main, je touche sa poitrine froide, et son cœur bat sous mes doigts, lent, puissant, irrégulier, mais bien vivant, et ses lèvres s’approchent, effleurent mon front, exactement comme ce soir, et je m’effondre dans cette sensation, entre peur et abandon
Je sursaute, haletante, quand mes yeux se rouvrent brusquement, la chambre est la même, la lune toujours accrochée au ciel, mais mes draps sont trempés de sueur, mon cœur bat à tout rompre, et j’ai l’impression que son odeur, sombre et métallique, persiste dans l’air, comme s’il avait vraiment été là, penché sur moi
Je me redresse, passe une main sur mon visage brûlant, et un détail me glace, là, sur ma clavicule, juste à l’endroit où sa bouche s’est approchée dans mon rêve, ma peau est rouge, marquée d’une trace à peine visible, comme une morsure trop légère pour être réelle, mais trop nette pour être un hasard
Un murmure m’échappe, à peine audible
— Mon Dieu…
Je voudrais croire à un cauchemar, mais au fond, je sais qu’il était là, d’une manière ou d’une autre, veillant, surveillant, liant son ombre à la mienne
Et plus rien, jamais, ne pourra redevenir normal
MiaSes mots sont une permission.Une invitation à cartographier son histoire. Je me déplace, m’asseyant à côté de lui sur la fourrure, ma main ne quittant pas son torse. Mes doigts tracent la ligne d’une autre cicatrice, plus courte, près de son nombril.— Un poignard empoisonné, dit-il avant même que je ne pose la question. Une tentative de trahison lors d’un pacte de sang. Le poison a brûlé. La trahison aussi.Je lève les yeux vers son visage. Ses yeux noirs sont maintenant posés sur moi, absorbant mes réactions. Il n’y a ni fierté ni honte dans son regard. Seulement les faits. La terrible chronique de son existence.Ma main se déplace vers son bras, vers les marques circulaires.— Ces brûlures…— Des fers. Il y a très, très longtemps. Une époque où j’étais encore assez humain pour être emprisonné.Je sens un pincement au cœur. L’image de lui, jeune, vulnérable, enchaîné, me est insupportable. Mes doigts se ferment sur son avant-bras, comme pour effacer la marque.— Ça a dû faire si
MiaLe réveil est une lente émergence d’un océan de sensations.Ma conscience revient par vagues, chacune apportant le souvenir d’une caresse, d’une morsure, d’une douleur transformée en plaisir. Je suis étendue sur les fourrures, le corps lourd, meurtri, mais d’une manière nouvelle. Comme si on avait démantelé l’ancienne structure de mon être pour en reconstruire une autre, plus solide, plus sensible.La grotte et l’eau chaude sont un rêve brûlant. La possession sur la pierre, une réalité gravée dans ma chair.Je tourne la tête. Il est là, allongé sur le dos, une main derrière la tête, les yeux ouverts, fixant le plafond voûté. La lueur du feu danse sur son profil, sculptant les pommettes hautes, la ligne sévère de la mâchoire. Il est immobile, parfaitement conscient, et pourtant il semble perdu dans des pensées si anciennes qu’elles en deviennent paisibles.C’est la première fois que je le vois ainsi. Dénué de la tension du prédateur, de l’intensité froide du maître. Juste un homme.
DorianSes doigts tremblent sous les miens. Elle touche son propre corps, explorant cette partie d’elle-même qui a toujours été synonyme de honte, de danger. Un gémissement bas, surpris, sort de ses lèvres. Ses doigts pressent, curieux, et elle se tend, un spasme de plaisir naissant la traversant.Je retire ma main, la laissant seule avec sa découverte. Elle continue, timidement d’abord, puis avec plus d’assurance, les yeux toujours fermés, perdue dans la sensation nouvelle. Je la regarde, et c’est la chose la plus érotique que j’aie jamais vue. Son initiation à elle-même.Quand son souffle devient saccadé, que son corps ondule contre le mien, je l’arrête doucement.— Pas encore, je murmure. Pas comme ça.Je la retourne pour faire face à moi. Ses yeux sont noyés, vitreux de désir. La peur a presque disparu, remplacée par une confusion avide.— Je vais te montrer, maintenant.MiaSes mots sont un avertissement et une promesse.Il me soulève, mes jambes s’enroulent instinctivement autour
MiaLe sang d’Angevin est encore tiède sur ma main.Je sens sa texture, son odeur métallique qui se mêle à la poussière de la salle du trône. La lame du poignard, rendue à Dorian, a laissé une empreinte fantôme dans ma paume. Mon cœur bat à tout rompre, mais mon esprit est d’un calme de glace. J’ai marqué un homme. J’ai infligé. Je ne suis plus seulement celle qui subit.Dorian ne dit rien. Il pose le poignard sur les accoudoirs du fauteuil noir et se lève. Son silence est plus éloquent que tous les discours. Il me prend la main, celle qui est souillée. Ses doigts se referment sur les miens, pressant le sang étranger contre notre peau. Ce n’est pas une caresse. C’est une consécration.Il me conduit hors de la salle, non vers ses appartements, mais plus loin, plus profondément dans le dédale de pierre. Nous arrivons devant une porte que je n’ai jamais vue, en bois sombre, striée de veines métalliques. Il la pousse.L’air qui en sort est chaud, humide, chargé d’une odeur de sel, de soufr
MiaLe réveil est une lente émergence des ténèbres.Une pesanteur dorée dans les membres, une conscience aiguë de chaque centimètre de ma peau, meurtrie, mordue, possédée. L'odeur de lui est partout , sur les draps, sur ma peau, au plus profond de moi. Un mélange de nuit, de sang et de cendre.Je tourne la tête. Son côté du lit est vide, froissé, mais encore tiède. Les souvenirs de la nuit déferlent, non pas en un torrent chaotique, mais en vagues lourdes et précises. La violence. La soumission. Le goût de mon propre sang dans ma bouche alors qu'il buvait à ma gorge. Et cette… cette paix monstrueuse qui a suivi.Je m'assois, les muscles endoloris protestant. La fourrure glisse le long de mon corps nu. Sur la table de chevet, à la place du verre de vin vide, se trouve un objet nouveau : un poignard. La lame est courte, effilée, d'un acier sombre qui semble absorber la lumière. Le manche, en os noirci, est ciselé de runes complexes. Il n'y a pas de note. Aucune explication. Aucune nécess
MiaLe sang sur ma joue,là où son doigt a passé, brûle comme une marque au fer rouge. Là où ses lèvres ont touché, c’est pire. C’est une brûlure de glace qui se propage dans mes veines, éteignant l’adrénaline pour la remplacer par quelque chose de plus profond, de plus dangereux.Je marche à côté de lui. La pierre froide sous mes pieds nus, le contact de sa main, grande et ferme autour de la mienne. Les ombres que je sais être ses hommes, retenant leur souffle, nous regardant passer. Je devrais être en état de choc. Je devrais hurler. Pleurer.Mais tout ce que je sens, c’est un calme étrange et terrible. Une clarté cristalline.Ils sont morts parce qu’ils t’ont touchée.La violence n’était pas un accident. C’était une démonstration. Une prière offerte à l’autel de son pouvoir. Et j’étais l’officiante.Il pousse la lourde porte de ses quartiers. Le feu crépite, projetant des ombres dansantes sur les murs de pierre. L’air est chaud, chargé de son parfum, de l’odeur de cire et de vieux l





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