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Chapitre 7 — Dans l’ombre des songes

Author: L'invincible
last update Huling Na-update: 2025-09-06 18:35:40

Mia

Je ferme la porte de ma chambre derrière moi, avec ce petit claquement qui résonne dans l’appartement plongé dans le silence, seul un éclat de rire de Léa s’échappe du salon où elle continue sa série, et je reste quelques secondes adossée au bois, immobile, comme si j’avais besoin de me convaincre que ce refuge familier suffit à me protéger

La pièce est plongée dans une pénombre douce, la lumière de la lune filtre à travers les rideaux légers, étend des ombres mouvantes sur les murs, et chaque contour me paraît plus dense que d’habitude, presque vivant, comme si les ténèbres elles-mêmes retenaient leur souffle autour de moi

Je m’assieds sur le lit, mes doigts serrant nerveusement la couverture froissée, et son visage revient, son regard surtout, cette intensité glacée et brûlante tout à la fois, impossible à oublier, impossible à nier, et les mots me frappent encore comme une gifle

Vampire , loups-garous , âme sœur.

Je me répète ces trois fragments en boucle, espérant qu’ils perdront de leur sens si je les use à force de les penser, mais au contraire, plus je les ressasse, plus ils se gravent profondément, comme un tatouage invisible sous ma peau

Je finis par éteindre la lampe et me glisser sous les draps, mais le sommeil ne vient pas, mon corps est épuisé, mes paupières lourdes, et pourtant mon esprit lutte, en alerte, comme si le danger pouvait franchir la porte à tout instant, ou peut-être comme si j’attendais inconsciemment qu’il vienne, lui, Dorian

Quand je ferme les yeux, les images affluent, trop nettes pour être de simples rêves, je suis à nouveau devant lui, ses mains effleurent les miennes, sa voix m’enveloppe comme une caresse glacée, et il murmure mon nom, encore et encore, mais ce n’est pas seulement un rêve, je le sais, je le sens dans chaque fibre de mon corps, c’est autre chose, une présence qui franchit mes défenses, qui traverse mes murs

Mon souffle s’accélère, je me retourne, le cœur battant trop fort, persuadée une seconde que je ne suis pas seule dans la chambre, et mes yeux se posent sur la fenêtre entrouverte, les rideaux bougent au rythme du vent nocturne, et dans l’ombre, une silhouette indistincte me semble se dessiner, haute, immobile, attentive

— Dorian…? je souffle sans même réfléchir

Aucune réponse, bien sûr, juste le silence lourd, mais ce silence lui-même semble chargé de lui, comme si son nom l’avait appelé jusque dans l’air que je respire, je ferme les yeux une seconde, et une chaleur étrange monte dans ma poitrine, une chaleur qui n’a rien à voir avec le réconfort, plutôt une brûlure sourde, une alchimie dangereuse

Je rêve peut-être, mais ses mots résonnent dans ma tête comme un écho trop clair

Je t’attendrai, Mia. Aussi longtemps qu’il le faudra.

Je m’enfonce dans le matelas, incapable de lutter plus longtemps, et le sommeil finit par m’engloutir, mais ce n’est pas un sommeil paisible, c’est une dérive entre deux mondes, chaque battement de mon cœur me transporte ailleurs

Je cours dans une forêt sombre, le sol humide glisse sous mes pas nus, les branches griffent ma peau, et pourtant je n’ai pas peur, une force me guide, un feu me pousse vers l’avant, et au loin, deux lueurs m’attendent, deux yeux d’un éclat surnaturel, plus intenses que toutes les étoiles, et je sais qu’ils m’appellent, qu’ils m’attirent inexorablement

Je veux crier, mais aucun son ne sort, je veux m’arrêter, mais mes jambes obéissent à une volonté qui n’est pas la mienne, et quand enfin il apparaît, grand, immobile, son ombre découpée dans la clarté lunaire, je comprends que tout ce que j’ai nié jusque-là n’était qu’une fuite inutile, car il est là, et rien ne pourra me séparer de lui

Je m’avance, je tends la main, je touche sa poitrine froide, et son cœur bat sous mes doigts, lent, puissant, irrégulier, mais bien vivant, et ses lèvres s’approchent, effleurent mon front, exactement comme ce soir, et je m’effondre dans cette sensation, entre peur et abandon

Je sursaute, haletante, quand mes yeux se rouvrent brusquement, la chambre est la même, la lune toujours accrochée au ciel, mais mes draps sont trempés de sueur, mon cœur bat à tout rompre, et j’ai l’impression que son odeur, sombre et métallique, persiste dans l’air, comme s’il avait vraiment été là, penché sur moi

Je me redresse, passe une main sur mon visage brûlant, et un détail me glace, là, sur ma clavicule, juste à l’endroit où sa bouche s’est approchée dans mon rêve, ma peau est rouge, marquée d’une trace à peine visible, comme une morsure trop légère pour être réelle, mais trop nette pour être un hasard

Un murmure m’échappe, à peine audible

— Mon Dieu…

Je voudrais croire à un cauchemar, mais au fond, je sais qu’il était là, d’une manière ou d’une autre, veillant, surveillant, liant son ombre à la mienne

Et plus rien, jamais, ne pourra redevenir normal

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