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Chapitre 6 — Confidences sous la lune

Author: L'invincible
last update Huling Na-update: 2025-09-06 18:34:32

Mia

Je marche vite, trop vite peut-être, mes talons claquent sur le trottoir humide, et pourtant je n’arrive pas à réchauffer ce frisson qui s’est installé sous ma peau, il est là, insistant, comme une brûlure glacée qui refuse de disparaître, un écho des mots de Dorian qui résonnent encore dans ma tête

Vampire. Loups-garous. Âme sœur.

Tout cela ne peut pas être vrai, et pourtant je n’arrive pas à le balayer d’un revers de main, pas après son regard, pas après cette intensité qui n’avait rien d’humain, et ce baiser sur mon front, si doux, si lourd de promesses, comme une marque invisible gravée au fer rouge sur ma peau

Quand j’arrive devant l’immeuble, j’ai l’impression d’avoir traversé un autre monde, la façade grise, les fenêtres étroites, le portail qui grince toujours un peu trop fort quand on le pousse, tout cela me paraît banal, rassurant presque, comme si ce retour à la normalité allait effacer ce que j’ai entendu ce soir

Mais je sais déjà que ce ne sera pas le cas

L’appartement est au troisième étage, et dès que je pousse la porte, une odeur familière de parfum bon marché et de pizza froide m’accueille, puis une voix résonne depuis le salon, vive, chantonnante, un peu trop bruyante pour l’heure tardive

— Miaaa, enfin ! J’ai cru que t’étais partie t’enfuir avec un milliardaire ténébreux !

Je lève les yeux au ciel, malgré moi un sourire me traverse, Léa est là, affalée sur le canapé, entourée de coussins, un bol de popcorn sur les genoux, une série tourne sur l’écran, mais elle ne regarde pas vraiment, ses cheveux sont en bataille, ses chaussettes dépareillées, et sa robe de chambre rose vif trône comme une armure ridicule et flamboyante

— Pas un milliardaire, non, je murmure, déposant mon sac près de la porte

Elle se redresse aussitôt, ses yeux pétillent, trop curieuse, trop vive

— Oh non… je connais ce ton ! Il y a un mec, pas vrai ?!

Je soupire, retire mes chaussures et m’avance vers la cuisine ouverte pour boire un verre d’eau, mais Léa me suit, tel un chat prêt à bondir, incapable de me laisser respirer

— Allez, raconte, il est comment ? Grand, mystérieux, ténébreux ? Ou bien du genre sportif, sourire ultra-bright ?

Je serre mon verre plus fort que nécessaire, son visage s’impose aussitôt dans mon esprit, ses yeux sombres, sa voix basse, ses mots impossibles

— Il est… différent, disons

— Différent ?! répète-t-elle avec un air théâtral, levant les bras comme si elle venait d’entendre une prophétie, différent ça veut tout dire et rien dire, Mia, sois plus précise, t’as embrassé un alien ?

Je manque de m’étouffer avec mon eau, et un rire nerveux m’échappe malgré moi

— Pas exactement

Elle plisse les yeux, puis s’assoit sur le plan de travail, croise les jambes, et me fixe avec un sérieux soudain qui contraste avec sa folie habituelle

— Attends… t’as l’air perturbée, genre vraiment, c’est pas juste un crush de bar, il s’est passé quoi ?

Je me tais, mes mains tremblent un peu, et je sens mes lèvres hésiter, partagées entre l’envie de tout déverser et la peur d’entendre mes propres mots

— Il m’a dit… il m’a dit qu’il n’était pas humain

Le silence tombe brutalement, Léa me regarde, puis éclate d’un rire tonitruant, presque hystérique, qui résonne dans toute la cuisine

— Pas humain ?! Mais c’est génial ! Quoi, genre un robot ultra-perfectionné ? Un extraterrestre sexy venu de la planète "Hotman" ?

Je secoue la tête, incapable de sourire

— Il a dit qu’il était… un vampire

Le rire de Léa se brise, elle reste figée une seconde, puis reprend avec plus de vigueur encore

— Mais c’est parfait, ma vieille ! C’est Twilight version 2025, sauf que toi tu serais Bella, mais avec plus de caractère, et lui c’est ton Edward dark et mystérieux ! Oh, dis-moi qu’il brille pas au soleil, sinon je te renie

Je la fixe, agacée, mais en même temps soulagée qu’elle ne prenne pas tout ça au sérieux, elle en fait une blague, comme si c’était juste un délire de soirée, mais moi, je sais que ce n’est pas ça, que ce n’est pas une blague

— Léa, je suis sérieuse, je chuchote, et ma voix tremble un peu, je l’ai vu, il était… il était différent, vraiment, et quand il m’a parlé, j’ai senti… quelque chose

Elle m’observe, un peu déstabilisée par le ton de ma voix, puis elle secoue la tête et reprend son sourire

— Ok, ok, admettons que tu crois à son délire, mais Mia, tu sais que les mecs bizarres sont souvent les plus dangereux, il a peut-être juste un fétiche gothique chelou, méfie-toi

Ses mots tombent comme un rappel brutal, mon cœur se serre, et une ombre passe dans mon esprit, mais je ne réponds pas, je me contente de me laisser glisser sur le canapé, près d’elle, mon regard perdu dans le vide

Elle finit par poser une main sur la mienne, son ton plus doux

— Hé… quoi qu’il en soit, t’inquiète pas, je suis là, ok ? Même si ton mec pense qu’il est Dracula, je t’abandonne pas

Je souris, malgré la tempête en moi, et je laisse ma tête retomber contre le dossier du canapé, la télévision continue de tourner, Léa mange son popcorn comme si de rien n’était, et pourtant, dans le silence entre deux répliques de série, je sens ce feu en moi, ce frisson qui refuse de s’éteindre

Et je sais que cette nuit ne me laissera pas dormir

Parce que Dorian m’attend. Parce qu’il m’attendra toujours.

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