MasukIsabella
Les portes de la villa se referment derrière nous avec un bruit sourd qui résonne comme un verrou qui scelle mon destin. Le son des serrures qui grincent me glace le sang. Leo, réveillé par les mouvements, se blottit contre moi, ses petits doigts agrippant mon manteau. Ses yeux, si semblables à ceux de Dario, sont écarquillés par la peur.
— Maman, on est où ?
— À la maison, mon cœur, je murmure en le serrant plus fort contre moi.
Mais cette maison n'a jamais été un foyer. C'est une cage dorée, un piège magnifique dont je n'ai jamais réussi à m'échapper.
Dario marche devant nous, son costume noir épousant parfaitement sa carrure imposante. Il ne se retourne pas, certain que nous le suivrons. Et il a raison. Ses hommes nous encadrent, silencieux, menaçants.
Nous montons le large escalier de marbre. Chaque marche me rapproche un peu plus de ma prison. Leo commence à pleurnicher, sentant la tension qui nous enveloppe.
— Chut, mon amour, tout va bien, je le rassure d'une voix que j'espère plus calme que je ne le suis.
Arrivés à l'étage, Dario se tourne enfin vers nous. Son regard passe de moi à Leo, et une étrange expression, presque tendre, traverse son visage.
— Maria va s'occuper de Leo. Toi, tu viens avec moi.
— Non ! Je ne le laisserai pas...
— Isabella, l'interrompt-il, sa voix basse mais chargée d'avertissement. Ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà.
Une jeune femme que je reconnais comme étant la nouvelle nounou s'approche et tend les bras vers Leo. Mon fils me regarde, terrifié.
— Va avec Maria, mon cœur. Je te rejoins tout à fait.
Je dépose un baiser sur son front, sachant que je mens. Quand Maria l'emporte, son petit visage marqué par la confusion et la peur me brise le cœur.
Dario me prend par le bras et m'entraîne vers notre chambre. Sa chambre. La pièce est somptueuse, avec ses hauts plafonds et ses meubles anciens, mais pour moi, elle n'a toujours été qu'une cellule.
Il referme la porte et se poste devant, me regardant comme un prédateur observerait sa proie.
— Maintenant, nous allons parler de cette folle équipée.
— Il n'y a rien à dire, Dario. Je voulais juste que Leo ait une vie normale.
— Une vie normale ? ricane-t-il en avançant vers moi. Et tu penses que la vie que je lui offre n'est pas suffisante ?
— Je pense qu'une vie où sa mère est prisonnière n'est une vie décente pour personne !
La gifle arrive si vite que je n'ai pas le temps de la voir venir. La douleur irradie sur ma joue, familière, presque attendue. Je porte la main à mon visage, les larmes aux yeux, moins à cause de la douleur physique que de l'humiliation.
— Tu m'appartiens, Isabella. Toi et Leo. Et je ne permettrai à personne, pas même à toi, de menacer ce qui est à moi.
Il se rapproche encore, son visage si près du mien que je peux sentir son souffle sur ma peau.
— Tu as essayé de me voler mon fils. Tu as essayé de me voler ce qui m'appartient. Sais-tu ce que je fais aux voleurs, Isabella ?
Je secoue la tête, incapable de parler, paralysée par la peur.
— Je les punis. Sévèrement.
Ses mains se referment sur mes épaules, et il me pousse contre le mur. Je ferme les yeux, me préparant à l'assaut, à la violence qui a toujours fait partie de notre relation.
Mais au lieu de cela, il recule d'un pas, un sourire cruel aux lèvres.
— Non, pas comme ça. Ta punition sera bien pire qu'une simple correction physique.
Il marche jusqu'au bureau et prend un document qu'il jette sur le lit.
— Signe.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Une renonciation à tous tes droits parentaux. À partir de maintenant, Leo sera sous ma garde exclusive. Tu pourras le voir, bien sûr, mais sous surveillance. Tu n'auras plus aucun droit de décision concernant son éducation, sa santé, son avenir.
Le sol se dérobe sous mes pieds. Non. Pas ça. Tout sauf ça.
— Tu ne peux pas me faire ça, sanglote-je. Je suis sa mère !
— Tu as cessé d'être sa mère quand tu as essayé de me le voler ! Maintenant, signe.
— Jamais !
— Alors tu ne le reverras plus jamais.
Ses mots me transpercent comme des lames. Je connais Dario. Il est capable de cette cruauté. Il mettrait sa menace à exécution sans la moindre hésitation.
Je m'effondre sur le lit, les larmes coulant librement sur mon visage. J'essaie de respirer, de trouver une issue, une échappatoire, mais je ne vois que des murs qui se resserrent autour de moi.
— Pourquoi ? Pourquoi fais-tu ça ?
— Parce que tu dois comprendre, une fois pour toutes, que tu m'appartiens. Ton corps, ton cœur, ton âme... et ton fils. Tout m'appartient.
Je regarde le document, puis son visage impitoyable. Je n'ai pas le choix. Pas vraiment.
Avec une main tremblante, je prends le stylo qu'il me tend. Chaque lettre de mon nom est une déchirure dans mon âme. Quand je pose enfin le stylo, je me sens vide, brisée.
— Bien, dit-il en récupérant le document. Maintenant, peut-être que tu commenceras à te comporter comme il se doit.
Il se dirige vers la porte, puis se retourne.
— Oh, et Isabella ? N'oublie jamais. Même dans tes rêves les plus fous, je serai là pour te rappeler à qui tu appartiens.
La porte se referme, et j'entends le bruit distinctif de la clé qui tourne dans la serrure. Enfermée. Encore.
Je me recroqueville sur le lit, pleurant toutes les larmes de mon corps. J'ai perdu. J'ai tout perdu.
Mais alors, au milieu de mon désespoir, une pensée émerge. Une pensée dangereuse.
Si Dario veut jouer à ce jeu, je jouerai aussi. Mais cette fois, je ne serai pas une pièce sur son échiquier. Je serai une joueuse.
Je me lève et marche jusqu'à la fenêtre. La vue s'étend sur les jardins impeccables, puis sur la mer au loin. Une mer que je ne pourrai jamais traverser.
Mais je n'ai plus besoin de fuir. Plus besoin de m'échapper.
Je vais me battre. Avec ses propres armes. Avec ses propres règles.
Dario veut une guerre ? Il en aura une.
Et je ne m'arrêterai pas avant de l'avoir détruit.
DarioLe bureau sent le cuir et le pouvoir. Assis dans mon fauteuil, je regarde les écrans de surveillance. Isabella dort enfin. Sa silhouette paisible me trompe un instant, mais je connais trop bien les tempêtes qui se cachent derrière son calme apparent.La nuit dernière m'a rappelé une vérité essentielle : elle m'appartient corps et âme. Même ses tentatives de rébellion ne sont que des épisodes passagers dans le récit immuable de notre relation.Mon téléphone vibre. Alessio. Le nom s'affiche comme une provocation.— Dario. Nous devons parler.Sa voix est trop calme, trop contrôlée. Je sens le piège à des kilomètres.— Parle.— J'ai des informations qui pourraient t'intéresser. Concernant tes activités portuaires.Un froid me parcourt l'échine. Personne ne devrait connaître ces détails.— Où veux-tu en venir, Alessio ?— Au Grand Hôtel. Ce soir. Viens seul.La ligne se coupe. Je lance le téléphone contre le mur. Il explose en morceaux. Alessio sait. Mais comment ?Mes hommes entrent
IsabellaLa nuit est tombée sur la villa, enveloppant les jardins d'un manteau d'obscurité que même les puissants projecteurs ne parviennent pas à percer. Je me tiens devant la fenêtre de ma chambre, observant les gardes qui patrouillent en contrebas. Leurs silhouettes se découpent comme des ombres menaçantes dans la pénombre.Mon cœur bat toujours la chamade depuis mon appel à Alessio. Chaque bruit, chaque pas dans le couloir me fait sursauter. Mais je dois garder mon calme. Jouer mon rôle.La porte de ma chambre s'ouvre sans qu'on ait frappé. Dario. Il s'appuie contre le chambranle, une bouteille de vin à la main, deux verres entre ses doigts. Son regard sombre me parcourt, s'attardant sur la fine soie de ma chemise de nuit.— Tu ne dormais pas ? demande-t-il en refermant la porte derrière lui.— Non. Je... je n'arrivais pas à trouver le sommeil.Il verse le vin rouge sang dans les verres, me tendant l'un d'eux. Nos doigts se frôlent, et je réprime un frisson.— Bois. Cela te détend
IsabellaTrois jours se sont écoulés depuis ma signature. Trois jours où j'ai joué le rôle de la prisonnière docile. Je me suis laissée habiller par les servantes, j'ai mangé ce qu'on m'a servi, j'ai souri quand on m'a dit de sourire. Chaque geste est calculé, chaque expression soigneusement chorégraphiée.Ce matin, comme chaque matin depuis mon retour, on m'amène Leo pour le petit-déjeuner. Maria, la nounou, reste discrètement dans un coin de la pièce, ses yeux ne nous quittant pas. Des caméras de surveillance sont braquées sur nous. Dario veut s'assurer que je respecte nos nouveaux arrangements.— Maman, tu viens jouer dans ma chambre aujourd'hui ? demande Leo en croquant dans ses céréales.Sa voix innocente me transperce le cœur. Je caresse ses cheveux, forçant un sourire tranquille.— Bien sûr, mon cœur. Mais seulement si tu finis bien ton petit-déjeuner.Je sens le regard de Maria peser sur moi. Elle rapportera chaque mot, chaque geste à Dario. Je suis devenue une actrice dans ma
IsabellaLes portes de la villa se referment derrière nous avec un bruit sourd qui résonne comme un verrou qui scelle mon destin. Le son des serrures qui grincent me glace le sang. Leo, réveillé par les mouvements, se blottit contre moi, ses petits doigts agrippant mon manteau. Ses yeux, si semblables à ceux de Dario, sont écarquillés par la peur.— Maman, on est où ?— À la maison, mon cœur, je murmure en le serrant plus fort contre moi.Mais cette maison n'a jamais été un foyer. C'est une cage dorée, un piège magnifique dont je n'ai jamais réussi à m'échapper.Dario marche devant nous, son costume noir épousant parfaitement sa carrure imposante. Il ne se retourne pas, certain que nous le suivrons. Et il a raison. Ses hommes nous encadrent, silencieux, menaçants.Nous montons le large escalier de marbre. Chaque marche me rapproche un peu plus de ma prison. Leo commence à pleurnicher, sentant la tension qui nous enveloppe.— Chut, mon amour, tout va bien, je le rassure d'une voix que
IsabellaLe moteur de la voiture tousse une dernière fois avant de se taire. Le silence qui envahit l’habitacle est plus assourdissant que n’importe quel bruit. Je serre le volant jusqu’à ce que mes jointures blanchissent, mes yeux fixant la route déserte qui serpente à travers la forêt. C’est censé être la liberté. Cette fois, c’est la bonne. Je le sens.Je me retourne pour vérifier. Leo, mon ange, dort profondément, blotti contre son doudou, inconscient du précipice sur lequel nous nous tenons. Pour lui. Tout est pour lui. Je repousse une mèche de ses cheveux, si semblables à ceux de son père, et une vague de nausée me submerge. Pas maintenant. Je ne dois pas penser à Dario maintenant.Soudain, les phares déchirent l’obscurité derrière moi. Deux yeux blancs et froids qui grandissent à une vitesse terrifiante. Mon cœur cesse de battre. Non. Pas déjà. Pas si vite.La voiture, une berline noire et luisante, me dépasse et se range en travers de la route, bloquant tout passage. Je ne peu