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Chapitre 10

Author: Lilia
Agenouillée devant l'ordinateur, fixant les fichiers vidéo accablants, j'ai sorti mon téléphone et composé le numéro de Maître Roman.

« Père. » ai-je dit, la voix chargée de larmes non versées.

« Que se passe-t-il ? Je croyais que tu me reniais. » Sa voix était froide et surprise.

« J'ai juste une question : il y a trois ans, Victor a-t-il proposé de me discipliner ? »

Il y avait quelques secondes de silence à l'autre bout de la ligne.

« Comment l'as-tu su ? »

J'ai fermé les yeux. « Alors c'est vrai. »

« Victor m'a proposé un projet portuaire de deux cents millions d'euros en échange de la possibilité de te prendre sous son aile, » La voix de Maître Roman était impitoyablement pragmatique. « Je ne savais pas comment tu l'avais offensé, mais je me suis dit qu'un peu d'éducation ne te ferait pas de mal, alors j'ai accepté. »

J'ai raccroché.

La dernière lueur d'espoir à laquelle je ne savais même pas que je tenais a disparu.

Victor s'était rapproché de moi, avait couché avec moi, m'avait contrôlée, il avait fait tout ça pour venger Isabelle.

J'ai recommencé à rire, d'abord doucement, puis de plus en plus fort, un son hystérique remplissant la pièce stérile et secrète.

J'ai ri jusqu'à ce que les larmes coulent, jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer.

Une fois épuisée, j'ai essuyé mes yeux et je me suis levée.

Je suis allée dans la chambre principale et j'ai sorti la valise que j'avais déjà préparée.

Dans le tiroir de la table de nuit, j'ai pris mon passeport et le billet d'avion pour Marseille.

J'ai jeté un dernier coup d'œil dans la pièce, où j'avais eu la folie de croire que j'étais chez moi.

Dans le salon, j'ai pris le briquet en or massif qui se trouvait dans la boîte à cigares de Victor.

C'était le premier cadeau qu'il m'avait fait, j'avais cru qu'il représentait quelque chose de spécial.

Maintenant, je savais que ce n'était rien d'autre que la marque d'un chasseur sur sa proie.

Je l'ai allumée, la flamme a dansé dans la faible lumière.

Puis je l'ai jeté sur les lourds rideaux de soie.

Le feu s'est propagé à une vitesse terrifiante, dévorant tous les souvenirs, tous les mensonges, tous les fantômes de cette maison.

J'ai traîné ma valise jusqu'à la porte et j'ai regardé en arrière vers la pièce maintenant illuminée par les flammes grandissantes et dévorantes.

Adieu, Victor.

Adieu à la fille que j'étais.

Une demi-heure plus tard, le hurlement des camions de pompiers a envahi le quartier riche.

Je me suis assise sur ma valise, sur le trottoir d'en face, et j'ai regardé ce qui se passait.

Les flammes ont léché le ciel nocturne, le transformant en un rouge infernal.

Bientôt, une voiture noire s'est arrêtée dans un bruit sourd. Victor en est sorti, son visage est devenu blême lorsqu'il a vu l'enfer qui était sa maison.

Il a regardé autour de lui frénétiquement, ses yeux ont cherché, et ils se sont finalement posés sur moi.

« Salomé ! » a-t-il crié en courant vers moi. « Tu es blessée ? »

Je l'ai regardé, silencieuse.

« Pourquoi as-tu brûlé la maison ? Très bien, brûle-la. Est-ce que tu te sens mieux maintenant, Principessa ? » La voix de Victor était empreinte d'une exaspération lasse.

En silence, je me suis levée et j'ai commencé à m'éloigner, tirant ma valise derrière moi.

Victor m'a barré la route. « Où vas-tu ? »

« Chez moi. »

« Je te ramène au domaine Roman », a-t-il dit en sortant son téléphone, « Marc, prépare la voiture. »

« Pas la peine. » ai-je dit en le contournant.

Le téléphone de Victor a sonné, il a jeté un coup d'œil à l'identifiant de l'appelant et son expression s'est encore assombrie.

« J'ai une réunion urgente, Marc va te ramener à la maison. » m'a-t-il dit, d'un ton sec et autoritaire. « Nous en reparlerons plus tard. »

Je l'ai ignoré et me suis dirigée vers un taxi qui attendait au coin de la rue.

« Salomé. » m'a dit Victor, d'une voix tranchante.

Je l'ai regardé par-dessus mon épaule.

« Reste à la maison et attends-moi, j'ai quelque chose à te dire. » Sur ce, il est monté dans sa voiture et a démarré en trombe.

J'ai regardé ses feux arrière disparaître dans la nuit et j'ai murmuré à l'air vide,

« Nous ne nous reverrons jamais. »

Je suis montée dans le taxi et j'ai dit au chauffeur de m'emmener à l'aéroport.

En chemin, j'ai ouvert mon application bancaire mobile, j'ai calculé le montant total de l'argent de Victor que j'avais dépensé au cours des trois dernières années et je lui ai tout transféré.

Les factures médicales, les frais de subsistance, tout. Le total s'élevait à huit cent soixante-treize mille euros.

Une fois le transfert terminé, j'ai jeté mon téléphone par la fenêtre.

En le voyant se briser sur le trottoir, je ressentais un profond soulagement.

Désormais, Victor Martin ne pourrait plus jamais me contacter.

Une heure plus tard, le taxi s'est arrêté à l'aéroport CDG.

J'ai traîné ma valise jusqu'à la porte d'embarquement.

« Madame, l'embarquement pour votre vol commencera dans 30 minutes. » m'a informé un membre du personnel.

J'ai acquiescé et me suis assise dans la salle d'attente.

Par la grande fenêtre, j'ai pu voir plusieurs jets privés sur le tarmac.

L'un d'entre eux se préparait au décollage, et j'ai vu la silhouette de Victor monter les escaliers.

Il devait se rendre à Lyon pour cette réunion urgente.

« Embarquement immédiat pour Marseille. » ont annoncé les haut-parleurs.

Je me suis levée et j'ai jeté un dernier coup d'œil à son jet privé.

Notre histoire s'est terminée, Victor.

Dans l'avion, j'ai choisi un siège côté fenêtre.

Alors que l'avion roulait, j'ai vu deux avions sur la piste, pointés dans des directions opposées.

L'un se dirigeait vers Lyon, l'autre vers Marseille.

A l'image de nos vies qui prenaient des chemins différents pour ne plus jamais se croiser.

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