Le trente-troisième mariage

« Tu veux rompre les fiançailles ? »

Élisa, la mère de Laurent, la maîtresse des Delacroix, était choquée.

Après toutes ces années, elle savait mieux que quiconque à quel point j'aimais Laurent

« Katrina, réfléchis encore. Une fois que vous aurez conclu votre mariage, tu seras la future maîtresse de la famille Delacroix et personne ne pourra te contrarier. »

J'ai souri amèrement et j'ai cliqué silencieusement sur l'enregistrement de mon téléphone.

Le dialogue de Laurent avec son subordonné est sorti clairement, et Élisa a ravalé tous ses mots, son visage devenant instantanément pâle.

« C'est arrivé 33 fois en cinq ans. Chaque fois que nous allions à l'église familiale, il y avait un accident. Et ils ont tous été provoqués par Laurent lui-même pour me faire abandonner le mariage. »

J'ai posé calmement sur la table une pile de rapports médicaux et d'avis critiques.

« Il pense que le mariage le restreint, et je ne le forcerai pas à m'épouser. Il est préférable pour moi et pour lui de rompre les fiançailles. »

Élisa a tremblé de colère, se souvenant bien des accidents qui m'étaient arrivés lors des mariages au fil des ans.

La première fois, notre fil de voiture était tombé dans une embuscade tendue par des tireurs d'élite devant l'église, j'avais reçu quatre balles et j'avais failli mourir sur les marches de pierre froide. La deuxième fois, un camion hors de contrôle avait heurté ma voiture, écrasant l'os métacarpien de ma main droite. La troisième fois, l'hôtel que nous avions réservé avant de partir avait explosé, et j'étais coincée dans les flammes pendant trois heures...

Élisa a caressé affectueusement les cicatrices horribles sur mon bras et a finalement hoché lourdement la tête.

« Tes parents t'ont confiée à nous avant de mourir... et du coup, Laurent a fait ça à la fille de son bienfaiteur. »

« Les Delacroix sont désolés pour toi, pour la famille Mordeau. »

Je ressentais une courbature sur le bout de mon nez et j'ai étouffé un sanglot.

En franchissant le lourd portail de la propriété de la famille Delacroix, la Maybach noire de Laurent est apparue devant moi.

Les vitres de la voiture ont été baissées et son visage bien dessiné était rempli de mécontentement lorsqu'il m'a dit d'un ton moqueur :

« Tu es encore là pour te plaindre ? Puisque tu veux tant entrer dans la famille, allons à l'église maintenant pour signer et ratifier les vœux. »

Je n'ai rien dit et j'ai jeté un coup d'œil sur le siège passager.

Sophie Camela était là, les yeux rouges, comme si elle avait été lésée. Quand elle a entendu Laurent dire « signer », son corps a tremblé un peu.

Laurent est sorti de la voiture, me cachant la vue de Sophie.

Il m'a fixée en fronçant les sourcils.

« J'avoue que Sophie me plaît, mais ne t'inquiète pas, je remplirai mon devoir envers toi. »

« Tu n'as pas à t'inquiéter pour les fiançailles. »

Devoir, ce mot était comme un poignard couvert de poison qui poignardait lourdement mon cœur.

Riant froidement au fond de moi, j'ai dit doucement : « J'ai quelque chose à faire aujourd'hui, faisons-le une autre fois. De toute façon, le mariage est retardé depuis cinq ans, quelques jours de plus ne sont rien. »

Les yeux de Laurent étaient surpris.

Après tout, au cours de ces cinq années, chaque fois que je me remettais un peu de mes blessures, la première chose que je faisais était de l'inciter à se rendre à l'église.

J'ai ignoré son air perplexe et je me suis retournée, prête à partir.

Sophie est soudain sortie de la voiture et m'a pris le bras.

« Laurent est un homme très engagé et très bon, il s'est bien occupé de moi pendant toutes ces années, et j'espère que tu seras gentille avec lui une fois que vous serez mariés. »

Elle parlait d'un ton pitoyable, mais ses yeux étaient remplis de jalousie et ses ongles ont pincé durement ma chair.

Ayant mal, j'ai arraché mes mains de son emprise, mais Sophie a reculé d'un coup et s'est giflée violemment dans la foulée.

Du point de vue de Laurent, il semblait que je l'avais frappée.

Laurent l'a protégée dans ses bras, examinant nerveusement sa joue rouge et tuméfiée, et quand il m'a regardée à nouveau, ses yeux étaient pleins de colère.

« Tu dis que tu n'es pas pressée, mais tu t'en prends à une innocente ? »

Laurent s'est arrêté brusquement en emmenant Sophie, il m'a regardée de travers et m'a dit d'un ton glacial :

« Katrina, tes parents décédés seraient tellement déçus s'ils te voyaient ainsi vicieuse en ce moment. »

Mes mots d'explication ont atteint mes lèvres et je les ai ravalés.

Je suis restée figée sur place, la poussière soulevée par les roues brouillant ma vision.

Je n'ai repris mes esprits que lorsque la sonnerie de mon téléphone a retenti.

« Mlle Katrina, les résultats de votre deuxième test de CT amélioré du cerveau ont été publiés, la situation n'est pas très optimiste, veuillez vous rendre à l'hôpital dès que possible. »