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Chapitre 2

Author: Flora

Dans le bar. Julien a regardé l’heure. Il était à peu près temps de partir, alors il s’est levé.

Léon Ferrand, surpris, a lancé : « Il est à peine neuf heures, tu t’en vas déjà ? »

« Il n’y a rien d’intéressant. »

« Comment ça, rien d’intéressant ? Regarde toutes ces jolies filles, c’est quand même mieux que de passer la nuit de garde à l’hôpital, non ? »

Léon s’est levé à son tour, a passé un bras autour des épaules de Julien et a désigné les jeunes hommes et femmes qui dansaient collés-serrés sur la piste : « Regarde comme ils s’amusent ! Tu n’es même pas un peu jaloux ? »

Julien n’a même pas levé les paupières. Il a seulement jeté un regard froid à la main posée sur son épaule et a dit d’un ton glacial : « Enlève ta main. »

Le visage figé de Julien a fait frissonner Léon, mais il ne pouvait rien dire. Julien était l’ambassadeur de leur service. S’ils ne l’avaient pas traîné ici ce soir, ils n’auraient jamais pu obtenir les WhatsApp de ces filles.

Léon a immédiatement adouci son ton et l’a supplié avec un air pitoyable : « Julien, j’ai vingt-sept ans cette année. Ma mère m’a dit que si je ne ramène pas une copine à la maison cette fois, elle me reprend l’appartement où je vis actuellement. Tu ne vas pas me laisser à la rue, hein ? »

« Oui, Julien, moi aussi je commence à vieillir. Si j’ai pas encore de copine, ma mère ne me laisse même pas passer la porte ! »

« J’aimerais aussi trouver quelqu’un, Julien, reste juste un peu plus longtemps avec nous, s’il te plaît ! »

Quelques autres voix ont appuyé. Julien a froncé les sourcils.

Léon a insisté : « Julien, c’est aussi pour toi que je dis ça. T’es encore plus âgé que moi d’un an. Ta mère doit bien vouloir un petit-fils, non ? »

Léon connaissait trop bien la mentalité des parents. Pour eux, perpétuer la lignée, c’était essentiel. Ses propres parents s’étaient serré la ceinture, avaient vendu leur logement de province, et dépensé cinq cent mille euros pour lui acheter un appartement de cent mètres carrés à Norville. Ils portaient encore un crédit de deux cent mille.

Léon avait mal pour eux. Il voulait vraiment rencontrer quelqu’un, un partenaire pour se tenir compagnie, pour commencer un nouveau chapitre de vie.

« Tout ce que je veux maintenant, c’est rentrer dormir. »

Quand on est médecin, ce qui manque le plus, c’est le sommeil. Léon ne pouvait qu’être d’accord là-dessus.

Mais il a persisté, sûr de lui : « Julien, entre hommes, je ne te crois pas si tu dis que les femmes ne t’intéressent pas. T’as tout pour toi : la gueule, le statut... Je parie que tu es juste très exigeant. Il te faut une fille belle, bien fichue, mais aussi avec du charisme, c’est ça ? »

Les hommes, quand ils n’aiment pas les filles mignonnes et sexy, c’est qu’ils préfèrent celles avec de la classe. Mais ce genre-là est difficile à trouver... surtout dans un bar.

Léon a baladé son regard autour de lui, puis s’est exclamé d’un ton émerveillé : « Bordel, y a une bombe atomique là-bas ! »

Son regard ne trichait pas. Il était vraiment ébloui.

Julien a suivi la direction indiquée d’un œil distrait. Mais dès qu’il a vu, il s’est figé, les sourcils profondément froncés.

Manon ne savait plus combien de verres elle avait bus. Elle tenait mal l’alcool, pourtant sa tête restait étrangement claire. Assez claire pour repenser à chaque mot que Lucas avait prononcé tout à l’heure.

L’homme qu’elle aimait était en couple avec sa meilleure amie.

Est-ce qu’il existait plus pathétique qu’elle, ce soir ? C’était son vingt-deuxième anniversaire. Comment avaient-ils pu lui faire ça !

Plus elle y pensait, plus elle se sentait mal. Les larmes coulaient sans fin.

Sa robe attirait déjà les regards dans un endroit comme celui-là. Et une jolie femme qui pleure... ça déchaînait encore plus les désirs autour.

Dans un bar, on vient se détendre... ou chercher un coup d’un soir. Les aventures éphémères, ici, ce n’est jamais rare.

Un homme s’est approché avec de mauvaises intentions. Manon était ivre, mais elle gardait un reste d’instinct de survie. La musique assourdissante, les lumières stroboscopiques multicolores... Elle a reposé son verre, s’est appuyée au comptoir pour se lever en chancelant, décidée à partir.

Mais l’homme l’a bloquée, refusant de la laisser partir.

« T’es pressée, beauté ? Comment tu t’appelles ? On peut faire connaissance, non ? »

« Dégage ! »

« Allez, fais pas ta sauvage. Je t’ai vue pleurer depuis tout à l’heure. Un chagrin d’amour, hein ? Viens, on prend une chambre, tu me racontes tout ça, je te console comme il faut... »

Sa voix était poisseuse de sous-entendus, sa main s’est tendue vers elle pour la tirer.

Mais avant qu’il ne puisse la toucher, une main fine et forte, aux articulations marquées, a saisi son poignet avec une précision sèche.

« T’es qui, toi ? » a grogné l’homme.

Manon a regardé cette main magnifique, les veines saillantes, la montre Patek Philippe brillait à son poignet.

Elle s’est tournée... et a vu un visage familier. Chemise blanche, pantalon noir, silhouette élancée et droite. Un visage parfait, impassible comme une glace. Qui d’autre que Julien ?

« Cette fille, je l’ai repérée avant toi, premier arrivé, premier servi, tu l’avais entendu parler ? »

Face à cet homme plus grand que lui, l’harceleur a hésité, puis a appelé deux autres types. Deux gars costauds sont arrivés, les manches relevées, prêts à en découdre.

« Cette nana est à nous. Si tu veux jouer au héros, tu risques de le regretter ! »

Julien a alors relâché sa prise.

Manon a vu les trois types en face, et Julien tout seul. Leur relation n’était pas exactement chaleureuse. Elle a eu peur qu’il la laisse tomber.

Alors, elle a attrapé son bras en criant : « C’est mon oncle ! »

Un éclair a traversé le regard de Julien. Il l’a observée d’un œil glacial. Manon, pitoyable, l’a fixé sans flancher, sa main serrant encore plus fort son bras.

« La nièce de Julien Bernard... Vous avez envie de mourir ou quoi ? »

Léon a débarqué à ce moment-là avec deux autres collègues, visiblement prêts à en découdre.

Quatre contre trois, dont deux bien plus grands qu’eux. Les trois agresseurs se sont éclipsés, la queue entre les jambes.

« Julien, je savais pas que t’avais une nièce ! »

Léon venait à peine de récupérer les WhatsApp de quelques jolies filles, mais aucune n’arrivait à la cheville de celle-là. Ce corps, cette aura... putain, c’était de l’art. Plus belle qu’une actrice !

Il a vite sorti son téléphone, prêt à demander son contact. Mais Manon a lâché la main de Julien, et s’est éloignée à grandes enjambées. Julien, le visage sombre, l’a suivie.

Manon avait bel et bien trop bu. Tout lui semblait flou, les gens avaient des doubles.

Julien, qui était venu en voiture, avait proposé de la raccompagner. Elle n’avait pas refusé. Mais elle ne voulait retourner ni chez les Leroux, ni chez les Robert.

Comme elle commençait à s’agiter, Julien n’a eu d’autre choix que de l’emmener à l’hôtel. Il a pris une chambre.

Il l’a portée jusque dans la chambre. Puis il a fait couler un bain, est revenu la chercher, l’a soulevée et l’a déposée dans la baignoire pleine d’eau glacée, sans la moindre hésitation.

« Aaaaah... »

L’eau glacée lui a arraché un cri. Manon a tenté de se redresser en hurlant, ses mains s’agrippant au rebord de la baignoire. Son esprit embrumé a enfin retrouvé un brin de lucidité.

Elle a levé les yeux et fusillé du regard l’homme qui la regardait de haut, impassible, depuis le bord de la baignoire : « Julien, t’as complètement pété les plombs ou quoi ? »

« Aller te saouler dans un bar, Manon... T’as pris ton courage où, au juste ? »

Il était dos à la lumière, le visage dur, froid comme la pierre.

Manon détestait ça chez lui : cette façon de toujours se comporter comme un vieux moralisateur.

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