LOGINLa lumière du matin filtrait à travers les stores de la chambre d’hôpital, projetant sur les murs des reflets dorés et paisibles. Maïa ouvrit lentement les yeux. Le silence de la pièce était presque sacré, seulement troublé par le souffle régulier du petit être endormi dans le berceau transparent à côté d’elle.
Elle resta immobile un instant, les paupières encore lourdes, le corps engourdi par la fatigue de l’accouchement. Puis ses yeux se posèrent sur lui. Ce minuscule être emmailloté, fragile et pourtant si vivant. Elle sentit son cœur s’emplir d’un mélange d’incrédulité et d’amour si pur qu’il en devenait presque douloureux.
Lucas dormait à moitié assis sur le fauteuil, le visage penché vers elle, les traits tirés par l’émotion et l&r
Lucas fixait la table, les mains crispées. Le mot « audit » résonnait encore dans sa tête comme une gifle inattendue. Tout s’effondrait autour de lui. Ce n’était plus une enquête discrète, mais une situation où les projecteurs étaient braqués sur lui, et sur lui seul.Maïa restait debout, le visage tendu, les yeux rivés sur Victor, qui affichait un calme presque inquiétant. Son regard n’était ni accusateur ni inquiet. Il observait, analysait, comme si chaque geste de Lucas et de Maïa faisait partie d’un scénario qu’il avait écrit depuis longtemps.— C’est absurde… lâcha Lucas d’une voix étranglée. Je n’ai rien fait de mal.Victor s’avança lentement, le ton mesuré, presque doux :— Peut-être. Mais les données parlent d’elles-mêmes. Le service juridique a relevé des anomalies sérieuses.Il posa le dossier sur la table avec une précision glaciale. À l’intérieur, des relevés bancaires, des captures d’écran et des transferts soigneusement enregistrés. Tout semblait authentique. Tout p
Depuis quelques jours, Lucas avait ce sentiment étrange que quelque chose échappait à son contrôle. Il dirigeait son entreprise avec assurance, entouré d’une équipe soudée, mais une ombre planait. Dans les couloirs, tout paraissait normal : les employés riaient, les ordinateurs ronronnaient, les réunions s’enchaînaient. Et pourtant, derrière cette apparente routine, une tension silencieuse se faisait sentir.Et au centre de cette tension, il y avait Victor.Toujours irréprochable, toujours présent avant tout le monde. Costume parfait, regard calme, gestes précis. Il parlait peu, mais juste assez pour donner confiance. Il félicitait ses collègues, faisait preuve de zèle, aidait même Maïa à quelques reprises. Rien ne trahissait l’homme qu’ils soupçonnaient.Et c’est bien cela qui inquiétait le plus Lucas.Un soir, alors qu’ils rentraient ensemble, Maïa avait brisé le silence.— Tu le sens aussi, n’est-ce pas ? demanda-t-elle doucement, sans le regarder.— Oui, répondit Lucas. Quel
Le lendemain matin, le bureau était calme. Pas un bruit de pas, pas de voix dans les couloirs. Même le cliquetis des claviers semblait atténué. Lucas et Maïa s’installèrent devant leurs écrans, l’esprit concentré. Chaque mouvement comptait. Chaque geste humain pouvait révéler celui qui contrôlait la situation.— « Aujourd’hui, » murmura Maïa, « on ne se contente plus de suivre ceux qui déplacent les documents. On doit trouver celui qui dirige tout. »Lucas hocha la tête, concentré. Victor ne ferait pas d’erreur évidente. Il jouerait prudemment, comme toujours. Mais Lucas et Maïa savaient que leur patience finirait par payer.Ils commencèrent par Béreng
Maïa resta un instant immobile après le récit de madame Duarte. Elle inspira profondément, comme pour rassembler toutes les pièces du puzzle. Les images, les mots, les vidéos commençaient à se recoller, mais la raison restait floue. Il manquait encore quelque chose pour voir tout le dessin.— « D’accord, » dit-elle enfin. « Elle a donné la clé à quelqu’un, mais pas parce qu’elle voulait faire du mal. On lui a demandé de rendre service. C’est le genre de chose qu’on demande à l’intendance. »Lucas hocha la tête, crispé.— « N’importe qui pouvait faire partie du plan sans s’en rendre compte. »Ils revirent les vidéos, plusieurs fois. Ils arrêtèrent l’image, agrandirent, ralentirent. Sur la séquence où la « dame au manteau » apparaît à la porte, rien d’évident au premier regard. Mais en zoomant, Maïa repéra un petit sac de toile. Un logo simple était imprimé dessus : celui d’une société de nettoyage que l’entreprise employait parfois. C’était un détail minuscule. Pourtant il disait beauc
Ils furent incapables de dormir. La nuit avait été courte, remplie de calculs muets et d’anticipations. Chacun dans leur coin, avant l’aube, ils avaient relu le message anonyme encore et encore : « Vous cherchez quelqu’un. … Réfléchissez à vos habitudes. »Ce qui avait changé depuis ce matin-là, c’était la certitude qu’on les regardait — non pas à distance, mais au ras de leurs gestes quotidiens. Et cette certitude brûlait.À six heures, le siège était encore endormi, mais leurs écrans clignotaient déjà. Lucas alluma son café, Maïa relisait les logs d’hier. Ils avaient convenu d’une règle simple : improviser l’imprévisible. Si A.V. lisait leurs mouvements, ils ne joueraient plus selon les mêmes routines, ils construiraient des leurres et laisseraient des app&
Le lendemain, le ciel semblait couvert d’une lourdeur presque symbolique. Une lumière grise filtrait à travers les vitres du siège, jetant sur les bureaux une teinte froide et métallique.Tout paraissait normal — trop normal.Les employés circulaient, saluaient, riaient même. Le rythme habituel d’une entreprise prospère. Mais pour Lucas et Maïa, chaque détail devenait suspect.Depuis qu’ils avaient découvert l’indice « V », la confiance s’était brisée, et ce matin-là, leur vigilance atteignait un niveau presque maladif.Victor, fidèle à lui-même, arriva à l’heure exacte. Il posa sa sacoche, salua quelques collègues d’un ton posé, puis se plongea aussitôt dans ses dossiers. Rien ne semblait trahir la moindre nervosité.Et pourtant, Maïa, depuis sa vitre







