Partie 5 : L’aube du prédateur
Le matin se leva sur la ville, voilé par un ciel grisâtre. Alex n’avait pas dormi. Pas une seconde. Ses yeux étaient rouges, mais son esprit brillait d’une lucidité glaciale. Il avait passé la nuit à dresser des plans, à revisiter ses souvenirs du futur comme un stratège analysant une guerre déjà vécue. Chaque événement, chaque trahison, chaque opportunité lui revenait avec une précision chirurgicale. Et maintenant, il avait une carte. En bas de son immeuble, il croisa le concierge, un vieil homme qui l’avait toujours regardé comme un gamin sans importance. Mais Alex lui rendit son sourire avec une assurance nouvelle. Ce n’était pas un simple échange banal. C’était un test. Et dans le regard du vieil homme, Alex vit ce qu’il voulait : une pointe de respect, née de l’assurance qu’il dégageait désormais. — Bonjour, monsieur Dupont, dit le concierge. Vous partez tôt aujourd’hui. — Une grande journée commence, répondit Alex en ajustant sa veste. Et il descendit la rue, le pas ferme, comme un général en marche vers la bataille. --- Les premiers pions Alex commença par ce qu’il maîtrisait : l’argent. Pas encore des millions, mais il savait où investir, quelles petites actions allaient exploser, quels marchés allaient s’effondrer. Il n’avait pas besoin d’être un génie, il avait déjà vu le film. Son premier objectif : se constituer un matelas solide. Rien de spectaculaire au départ, juste assez pour créer une illusion de réussite précoce. Il se rendit dans une petite agence bancaire, celle-là même où il savait que, dans dix ans, Marc viendrait un jour négocier un prêt avec arrogance. L’agent, une jeune femme blonde, le reçut avec un sourire mécanique. — Vous voulez ouvrir un compte épargne, monsieur Dupont ? — Pas seulement, répondit Alex. Je veux aussi placer une partie dans les fonds émergents. Elle fronça les sourcils. — Les fonds émergents sont très instables. Vous risquez de perdre… — Non, dit-il, tranchant. Je sais ce que je fais. Il planta son regard dans le sien. Elle se tut, déstabilisée. Là encore, il testait quelque chose : son pouvoir de persuasion. Et il marchait. Quelques signatures plus tard, Alex sortit de la banque avec la certitude qu’il venait de poser la première pierre de son empire. --- Marc, la première cible Plus tard dans la journée, il croisa Marc au café habituel. Le même café où, dix ans plus tard, il avait appris que Marc l’avait trahi sans remords. Marc était déjà là, souriant, jovial, comme toujours. — Alex ! Mon frère ! assieds-toi ! Il lui tendit une tasse de café comme s’il lui offrait un trésor. Alex prit place, le cœur calme. — Alors, quoi de neuf ? demanda Marc. Alex le fixa un instant, laissant planer un silence pesant. — J’ai réfléchi. Je crois qu’on devrait se lancer ensemble dans un projet. Les yeux de Marc s’illuminèrent aussitôt. L’appât avait mordu. — Un projet ? Quel genre ? Alex fit mine d’hésiter, puis sortit une feuille griffonnée de son carnet. Dessus, des idées volontairement exagérées, irréalistes, mais brillantes en surface. — Une startup dans le numérique, expliqua-t-il. C’est l’avenir. On peut lever des fonds, séduire des investisseurs… Marc se pencha sur la feuille, hypnotisé. Alex savait ce qu’il faisait : Marc était un opportuniste, toujours prêt à courir derrière un mirage. — C’est énorme, Alex ! On va devenir riches ! Alex sourit intérieurement. Oui, il allait devenir riche. Mais Marc, lui, ne récolterait que les miettes… et bientôt, le venin. --- Isabella, la reine prisonnière De son côté, Isabella préparait les derniers détails du mariage. Elle essayait sa robe, riait avec ses amies, mais son cœur n’était pas léger. Depuis quelques jours, elle sentait Alex… différent. Il ne parlait plus comme avant. Son regard était plus froid, plus assuré. Parfois, elle avait l’impression qu’il la jugeait, qu’il la voyait au-delà de son masque. — Tout va bien, Isa ? demanda une amie en ajustant le voile. — Oui… oui, répondit-elle, mais sa voix manquait de conviction. La nuit, lorsqu’elle s’allongeait à côté d’Alex, elle le sentait éveillé, tendu, comme s’il portait un secret. Elle essaya d’en parler, mais il éludait toujours. Un malaise grandissait en elle. Comme une intuition sourde : Alex n’était plus le même homme. --- Le masque social Malgré tout, Alex jouait son rôle en public. Il riait avec ses collègues, partageait des verres avec ses amis, embrassait Isabella avec tendresse en façade. Mais chaque geste était calculé. Il se surprit à apprécier ce masque. Car sous cette façade, il avançait ses pions, bâtissant une toile invisible. Le soir, il notait tout dans son carnet : les réactions de Marc, les doutes d’Isabella, les contacts à approcher. Tout devenait matière à exploiter. Son esprit fonctionnait comme une horloge infernale. Il n’était plus un mari, ni un ami. Il était un stratège. --- La première victoire Quelques semaines suffirent pour que son premier investissement explose. Ses fonds avaient doublé. Puis triplé. De quoi attirer l’attention. Marc, émerveillé, criait au génie. — Tu vois, je savais qu’on était faits pour ça ! Mais ce n’était qu’un amuse-bouche. Alex le nourrissait comme on engraisse une proie avant l’abattage. Dans l’ombre, il contactait déjà des investisseurs plus puissants, jouant un double jeu. Bientôt, Marc se rendrait compte qu’il n’était qu’un pantin. Et ce jour-là, Alex savourerait sa première vraie vengeance. --- Les ombres se resserrent Pourtant, une nuit, alors qu’il rentrait chez lui, Alex sentit quelque chose. Une présence. Comme si quelqu’un l’observait depuis une ruelle sombre. Il s’arrêta, balaya l’obscurité du regard, mais il n’y avait rien. Rien qu’un chat qui fila en silence. Pourtant, l’impression persistait. Dans son carnet, il nota : Quelqu’un me suit. Était-ce une illusion née de sa paranoïa ? Ou bien… une autre force, plus sombre, qui connaissait elle aussi l’avenir ? Un frisson glacé le parcourut. --- Le serment renouvelé De retour chez lui, il ralluma sa bougie et ouvrit son carnet. Il relut son serment, gravé quelques jours plus tôt. Et il ajouta une phrase, d’une écriture rageuse : > « Et si quelqu’un croit pouvoir m’arrêter… alors il périra avant même d’avoir compris mon nom. » Il reposa le stylo et ferma les yeux. Le monde dormait. Mais lui, Alex, venait de s’éveiller. Et il n’allait plus jamais fermer les yeux.Partie 5 : L’aube du prédateur Le matin se leva sur la ville, voilé par un ciel grisâtre. Alex n’avait pas dormi. Pas une seconde. Ses yeux étaient rouges, mais son esprit brillait d’une lucidité glaciale. Il avait passé la nuit à dresser des plans, à revisiter ses souvenirs du futur comme un stratège analysant une guerre déjà vécue. Chaque événement, chaque trahison, chaque opportunité lui revenait avec une précision chirurgicale. Et maintenant, il avait une carte. En bas de son immeuble, il croisa le concierge, un vieil homme qui l’avait toujours regardé comme un gamin sans importance. Mais Alex lui rendit son sourire avec une assurance nouvelle. Ce n’était pas un simple échange banal. C’était un test. Et dans le regard du vieil homme, Alex vit ce qu’il voulait : une pointe de respect, née de l’assurance qu’il dégageait désormais. — Bonjour, monsieur Dupont, dit le concierge. Vous partez tôt aujourd’hui. — Une grande journée commence, répondit Alex en ajustant sa veste. Et il
Partie 4 : Le serment dans l’ombre La nuit était tombée depuis longtemps sur la ville. Un silence épais enveloppait les rues désertes, brisé seulement par les aboiements lointains d’un chien errant. Dans son bureau faiblement éclairé, Alex contemplait une feuille blanche posée devant lui. Ses doigts tenaient un stylo, mais il ne bougeait pas. Ses pensées tourbillonnaient, plus sombres que jamais. Dix ans plus tôt, il avait été un homme brisé. Dix ans plus tard, il était mort dans la solitude, trahi, humilié, effacé de sa propre histoire. Mais aujourd’hui, il avait une seconde chance. Une seconde vie. Et il n’avait plus l’intention de la gaspiller. Le miroir de vérité Alex se leva et se dirigea vers la grande glace accrochée au mur. Il s’y regarda longuement. Les traits étaient les mêmes : le visage jeune, les yeux fatigués mais pas encore consumés par la douleur. Pourtant, il se sentait différent. Il approcha son visage du miroir et murmura : — Tu n’es plus Alex Dupont. Tu n’e
Partie 3 : Les premiers mouvements financiers Alex passa les jours suivants enfermé dans son bureau, le carnet toujours ouvert devant lui. Le monde extérieur semblait s’effacer : les appels d’Isabella restaient sans réponse, les visites de Marc se heurtaient à un silence glacial. Chaque heure, chaque minute était consacrée à écrire, calculer, prévoir. Il se souvenait parfaitement de certaines dates-clés, de ces événements qui avaient façonné son autre vie : L’ouverture d’une petite entreprise de technologie locale qui, en quelques années, deviendrait un mastodonte. La flambée des prix immobiliers dans un quartier encore méprisé. Le lancement d’un projet minier qui attirerait bientôt les investisseurs étrangers. À l’époque, il n’avait pas su en profiter. Il avait regardé, impuissant, pendant que d’autres s’enrichissaient. Pas cette fois. Le premier pas : un capital de départ Mais la connaissance ne suffisait pas. Il lui fallait de l’argent. Pas grand-chose, mais assez pour plac
Partie 2 : La double confrontation Le silence de la maison fut brisé par le claquement sec de la porte d’entrée. Alex releva la tête. Isabella entra, ses talons résonnant sur le parquet, chaque pas trahissant une nervosité contenue. Son visage, impeccablement maquillé malgré la nuit agitée, se crispa à la vue du carnet ouvert sur le bureau. — Tu écris maintenant ? demanda-t-elle d’une voix acide, cherchant à reprendre le dessus. Alex ne répondit pas immédiatement. Il referma calmement le cahier, posa le stylo, puis croisa les bras sur sa poitrine. Son silence pesa lourd, plus douloureux que n’importe quelle réplique cinglante. Isabella s’approcha, ses yeux scrutant les siens, cherchant une faille. Mais elle ne trouva qu’un mur glacé. — Alex… on peut parler ? dit-elle enfin, sa voix se radoucissant. Il esquissa un sourire amer. — Parler ? Comme on le faisait quand tu me disais que j’étais ton unique amour ? Ou comme quand tu passais tes nuits avec Marc ? Le coup fut direct, san
Partie 1 : Le chaos intérieur Alex resta longtemps debout dans la chambre, figé, comme si ses pieds s’étaient soudés au parquet. Isabella et Marc venaient de quitter la maison dans un silence de plomb, après cette confrontation où, pour la première fois, Alex n’avait pas cédé à ses tremblements intérieurs. Pourtant, dès qu’il fut seul, le masque de froideur qu’il avait réussi à maintenir se fissura. Un poids écrasant lui broyait la poitrine. Sa respiration était irrégulière, presque douloureuse, et ses mains tremblaient légèrement comme si ses nerfs s’étaient enflammés. L’image de son mariage passé – ce jour qu’il croyait être le début d’une vie éternelle de bonheur – revenait le hanter comme une farce cruelle. Les rires, les promesses, les regards… tout n’avait été qu’un théâtre où il avait tenu le rôle de l’idiot amoureux. Il se laissa tomber dans un fauteuil, les coudes appuyés sur ses genoux, la tête entre ses mains. Ses pensées se bousculaient sans ordre : la voix d’Isabella,
La pluie avait cessé, laissant derrière elle une odeur d’asphalte humide. Dans sa chambre d’adolescent, Alex observait la pile de feuilles qu’il avait noircies la veille. Ses notes sur le futur, son arme secrète. Chacune représentait une opportunité de bâtir un empire.Mais le temps pressait. Dix ans, c’était long… mais il devait agir dès maintenant.---Une nouvelle déterminationLe lendemain, il se rendit en ville. Ses pas le guidèrent presque machinalement vers un vieux cybercafé, encore populaire à l’époque. L’odeur de café rance, le cliquetis des claviers, les écrans massifs aux couleurs ternes… Tout cela le replongea dans une époque révolue.Il s’assit, alluma un poste et commença à rechercher les journaux financiers, les annonces économiques. Mais surtout, il écrivait des noms, des dates :Facebook allait exploser dans deux ans.Bitcoin serait presque inconnu aujourd’hui, mais deviendrait une révolution.Tesla encore balbutiante, Apple sur le point de renaître avec l’iPhone…Se