La nuit avait fini par retomber, mais ce n’était pas un silence de paix qui enveloppait les survivants. C’était un silence pesant, chargé d’épuisement, de douleur et d’ombres menaçantes. Dans l’entrepôt désormais conquis, Kael se tenait debout au milieu des décombres, son regard balayait la scène comme s’il gravait chaque détail dans sa mémoire. Des hommes gémissaient, pansant leurs blessures, d’autres ramassaient les corps de leurs camarades tombés, les déposant avec une dignité solennelle.
Liora, assise sur une caisse éventrée, respirait avec difficulté. Elle avait des égratignures sur les bras et une coupure au front, mais son esprit restait alerte. Elle observait Kael, cet homme couvert de sang et de poussière, mais toujours debout, inébranlable. Elle savait que s’il montrait une faiblesse, ne serait-ce qu’une seconde, tout s’écroulerait autour d’eux.Il s’approcha d’elle, posa une main sur son épaule et murmura :— Tu tiens le coup ?— J’ai connuL’air glacé les frappa de plein fouet lorsqu’ils franchirent la lumière. Pendant un instant, Kael crut qu’il allait s’effondrer. Ses jambes tremblaient, son souffle était haché, et tout son corps semblait encore porter l’empreinte du combat titanesque qu’il venait de mener. Mais la brise fraîche, contrastant avec l’atmosphère suffocante du Sanctuaire, lui donna la force de tenir debout.Ils se trouvaient désormais sur une falaise immense. Le ciel au-dessus d’eux n’était plus obscurci par les ténèbres : il brillait d’une clarté presque irréelle, des nuages dorés se déchirant lentement pour laisser passer les rayons d’un soleil flamboyant. Le monde respirait à nouveau, comme si leur victoire venait de rétablir l’équilibre brisé depuis des siècles.Liora, le visage marqué par la fatigue mais illuminé par l’espoir, serra Kael dans ses bras.— C’est fini… murmura-t-elle, la voix brisée d’émotion.Ardan posa une main sur leur épaule, haletant mais souriant m
Le couloir rouge semblait vivant. Les parois palpitaient comme des veines géantes, un battement sourd résonnant dans leurs oreilles, semblable au cœur d’un titan endormi. Chaque pas en avant les faisait trembler, comme si le sol n’était qu’une mince couche séparant leur monde du gouffre des enfers.Kael avançait en tête, tenant toujours l’Éclat de Vérité dans sa main. La sphère brillait d’une lueur douce, contrastant avec l’ambiance suffocante du couloir. Sa lumière leur ouvrait un chemin, empêchant les ombres de s’écraser complètement sur eux.— On dirait… qu’on marche dans une artère, murmura Ardan, les traits crispés.— Alors, fit Liora en serrant les dents, nous allons droit vers le cœur.Ils atteignirent une vaste salle circulaire où tout semblait converger. Le sol était gravé d’un gigantesque cercle runique, et au centre, un trône d’obsidienne s’élevait. Sur ce trône, une silhouette immobile les attendait.C’était un homme, ou du mo
L’escalier s’enfonçait dans une obscurité oppressante. Les torches le long des murs s’allumaient une à une, dévoilant une descente vertigineuse qui semblait ne jamais finir. Le souffle lourd de la pierre vibrait autour d’eux, comme si chaque marche franchie réveillait quelque chose d’endormi depuis des siècles.Kael posait un pas après l’autre, sa main serrée dans celle de Liora. Ses yeux brillaient encore d’une étrange lumière, la marque du sacrifice qu’il venait de faire. Il respirait fort, et chaque inspiration ressemblait à une lutte contre le vide qui avait remplacé certains de ses souvenirs.— Ça va ? demanda Liora, le cœur serré.Il tourna la tête vers elle, esquissant un sourire faible mais sincère.— Je ne sais plus qui j’étais… mais je sais que je suis avec toi. C’est suffisant pour avancer.Elle sentit sa gorge se nouer. Une partie d’elle aurait voulu l’empêcher d’aller plus loin, l’arracher à ce Sanctuaire cruel. Mais une autre sav
La porte du Sanctuaire s’était ouverte dans un grondement qui avait résonné jusque dans leurs os. L’air derrière semblait plus ancien encore, chargé d’une odeur de pierre humide, de poussière et d’un parfum métallique qui n’annonçait rien de bon. Les survivants franchirent le seuil, leurs pas résonnant dans ce couloir taillé à même la roche, éclairé par des torches qui s’allumaient d’elles-mêmes à mesure qu’ils avançaient.Liora marchait aux côtés de Kael, sa main frôlant la sienne comme pour s’assurer qu’il restait bien là. Malgré la peur qui lui nouait la gorge, elle se surprit à ressentir une force nouvelle. Chaque épreuve qu’ils franchissaient ensemble les liait davantage. Elle savait pourtant que ce lien était aussi leur plus grande faiblesse : leurs ennemis n’auraient qu’à le briser pour les détruire.— Tu sens ça ? murmura-t-elle.Kael hocha la tête. L’Héritage vibrait en lui comme jamais. C’était comme si les murs du Sanctuaire eux-mêmes l’observai
Le vent hurlait dans les hauteurs des montagnes, charriant des rafales glaciales qui fouettaient les visages et mordaient la peau. La montée vers le Sanctuaire des Origines s’avérait encore plus dangereuse que les récits de l’érudit ne l’avaient laissé entendre. Les rochers s’effritaient sous leurs pas, et le vide béait à quelques centimètres seulement de leurs pieds.Kael avançait en tête, ses traits fermés, les yeux rivés vers le sommet invisible, caché dans un manteau de brume et de neige. Liora suivait de près, refusant de céder à la fatigue. Elle ne voulait pas lui montrer qu’elle peinait, qu’elle doutait. Pas maintenant.Ardan, lui, pestait entre ses dents.— Ces montagnes ne sont pas faites pour les vivants. On marche dans le tombeau de ceux qui ont osé avant nous.L’érudit hocha la tête, le souffle court.— C’est exactement ça. Chaque pas ici est une épreuve. Le Sanctuaire ne se révèle qu’à ceux qu’il juge dignes.Soudain, un grond
La nuit s’était installée, lourde et suffocante, comme si le ciel lui-même pesait sur leurs épaules. Dans le manoir en ruines, l’odeur âcre de la fumée et du sang flottait encore, et chacun savait que leur répit serait de courte durée.Kael, debout près de la grande fenêtre éventrée, observait l’horizon. Des lueurs rouges dansaient au loin, signe que les forces ennemies se regroupaient déjà. La confession qu’il venait de faire sur son héritage maudit résonnait encore dans la mémoire de tous. Certains n’osaient même plus croiser son regard.Liora, elle, ne l’avait pas lâché d’une semelle. Son visage trahissait la fatigue, mais ses yeux demeuraient vifs, brûlants de cette flamme qui la poussait à ne pas flancher. Elle s’approcha doucement de lui, posant sa main sur son bras.— Tu ne peux pas porter ça seul, Kael. Pas cette fois.Il tourna la tête vers elle, son expression se durcissant.— C’est mon fardeau. Si je tombe, je ne veux pas que tu soi