Le lendemain soir, Genève vibrait d’une élégance feutrée. Les rues étincelaient sous les lampadaires, les voitures de luxe défilaient devant l’hôtel particulier de la Fondation Voss, vaste bâtisse aux façades illuminées de dorures.
Liora observait la scène depuis la voiture qui les transportait, sa main serrée dans celle de Kael. Elle portait une robe noire fluide, subtilement ouverte sur le dos, simple mais sophistiquée. Kael, quant à lui, avait revêtu un smoking parfaitement taillé, sa silhouette imposante attirant déjà les regards même avant de franchir les portes.— Tu es prête ? murmura-t-il, ses yeux d’acier rivés aux siens.— Je ne sais pas si on peut vraiment l’être… Mais oui, répondit-elle dans un souffle.Il pressa doucement sa main.— Souviens-toi. Quoi qu’il arrive, tu restes à mes côtés. Toujours.Elle hocha la tête, bien que son cœur battît si fort qu’elle avait l’impression qu’il résonnait dans tout l’habitacle.Le souffle de l’explosion résonnait encore dans leurs corps. Les flammes dévoraient la nuit, projetant des éclats rougeoyants qui dansaient dans le ciel. Pourtant, malgré l’ampleur du désastre, Kael n’avait d’yeux que pour Liora. Sa main serrée dans la sienne était la seule ancre qui l’empêchait de sombrer dans le chaos qui les entourait.Il inspira profondément, chassant la poussière et la suie qui lui brûlaient la gorge, et se força à se redresser.– Il faut partir, dit-il d’une voix ferme.Ezra, encore plié par la douleur de son épaule blessée, hocha la tête. Mira gardait son arme pointée vers les flammes, comme si elle s’attendait à voir surgir une nouvelle vague d’ennemis. Mais ce qui obsédait Kael, c’était l’image de l’homme encapuchonné, figé dans la lueur de l’incendie, comme une apparition.Un spectre.Un avertissement.– Tu l’as vu aussi, pas vrai ? demanda Mira, sa voix basse mais tranchante.– Oui, répondit Kael, son r
La sirène hurlait toujours, stridente, envahissant chaque couloir comme un cri d’alarme venu des entrailles de l’enfer. Des lumières rouges clignotaient sans répit, projetant sur les murs des éclats sanglants. L’air vibrait d’une énergie sourde, et Kael savait que ce n’était qu’une question de minutes avant que tout n’explose.– Plus vite ! cria-t-il en tirant Liora par la main.Ezra suivait, boitant, son épaule ensanglantée collée contre le mur pour ne pas ralentir. Mira fermait la marche, tirant sur les quelques gardes encore vivants qui tentaient de les arrêter.Chaque pas résonnait comme un compte à rebours.⸻Dans un couloir étroit, une première déflagration fit vibrer les parois. Des morceaux de plafond tombèrent dans un nuage de poussière. Liora trébucha mais Kael la rattrapa d’un bras ferme.– Ça va ?– Oui, va ! Je tiens, répondit-elle, le souffle court, ses yeux brillants d’un mélange de peur et de détermination.
La salle vibrait de tension, saturée par le cliquetis métallique des fusils qu’on armait. Chaque seconde paraissait étirée, chaque respiration trop forte, chaque battement de cœur un tambour de guerre.Le chef ennemi, campé dans l’ombre, fixait Kael avec un sourire carnassier. Ses cicatrices racontaient une histoire de batailles passées, et ses yeux, durs comme l’acier, ne clignaient pas. Autour de lui, une dizaine de gardes pointaient leurs armes vers le petit groupe.Kael, droit, ses poings serrés, se plaça instinctivement devant Liora. Son corps entier vibrait d’une énergie contenue. Derrière lui, Ezra et Mira échangeaient un regard, prêts à agir, mais conscients de la fragilité de leur situation.– Vous croyez vraiment pouvoir marcher ici et m’affronter dans ma propre tanière ? ricana le chef en levant une main.– Ce n’est pas une croyance, répondit Kael, la voix glaciale. C’est une certitude.Un silence mortel suivit ses mots, brisé seule
La nuit avait étendu son manteau opaque sur la ville, et les rues semblaient avalées par une obscurité presque étouffante. L’air portait encore l’odeur âcre des cendres, vestige des flammes que Kael et ses alliés avaient laissées derrière eux. Mais ce soir, il ne s’agissait plus de se cacher ni de survivre : il s’agissait d’avancer dans la gueule du loup.Le quartier général ennemi se dressait au loin, comme une forteresse moderne faite de béton et d’acier. De hautes grilles barbelées entouraient le bâtiment, surveillées par des projecteurs qui balayaient la cour comme des lames de lumière. Des hommes armés patrouillaient, leurs pas réguliers résonnant dans la nuit. C’était un repaire impénétrable pour quiconque aurait osé défier l’organisation.Kael, accroupi sur un toit délabré, observait attentivement les rondes, chaque geste, chaque intervalle entre les projecteurs. Ses yeux brillaient dans la pénombre, comme ceux d’un fauve prêt à bondir. Derrière lui, Liora,
La nuit s’était installée comme une chape lourde sur la ville en ruines. Les flammes du dépôt continuaient de lécher le ciel, projetant une lumière rougeâtre qui se reflétait sur les façades brisées et les flaques d’eau boueuses. Le feu, symbole de leur victoire, devenait aussi celui de leur condamnation : désormais, tous sauraient que Kael et son groupe avaient frappé.Ils s’étaient réfugiés dans un ancien atelier métallique abandonné, aux vitres cassées et aux poutres rouillées. Le souffle court, les muscles tendus, ils essayaient de reprendre leurs esprits. Le silence n’était interrompu que par les crépitements lointains des flammes et le sifflement du vent qui s’engouffrait par les fissures.Kael, debout au centre, ne disait rien. Son visage était couvert de suie, ses yeux d’un éclat sombre fixaient un point invisible, comme s’il calculait déjà le prochain mouvement.Ezra brisa le silence, essuyant la sueur et le sang sur son front.– Tu sais ce qu
L’aube venait à peine de se lever lorsque Kael ordonna au groupe de s’arrêter dans une zone reculée, entre deux immeubles effondrés. Le ciel, teinté de pourpre et d’orange, ne parvenait pas à effacer la lourdeur des heures passées. Liora observait Kael, dont la silhouette se découpait avec une force sombre au milieu de ce décor de guerre. Son dos droit, sa mâchoire serrée, son regard froid : tout chez lui criait détermination, mais aussi un danger imminent, comme s’il portait déjà sur ses épaules le poids des prochaines décisions.– Nous n’avons pas le luxe d’attendre, déclara-t-il enfin, sa voix résonnant dans l’air immobile. Ils croient que nous allons fuir encore une fois. Mais cette fois, ce sont eux qui vont courir.Ezra fronça les sourcils.– Tu veux dire que… nous allons les attaquer directement ?Kael hocha la tête.– Pas n’importe comment. Ils ont des points faibles, et nous allons les frapper là où ça leur fera le plus mal.Mira,