La nuit était tombée sur la ville, enveloppant les gratte-ciels dans une obscurité feutrée, ponctuée seulement par les lumières timides des fenêtres encore allumées. Malia était assise dans le salon du penthouse, ses mains jointes, ses pensées tournant à mille à l’heure. Aydan n’était pas encore rentré. Et cette fois, il n’avait pas prévenu.
Depuis leur dernière confrontation, les choses avaient changé. Aydan semblait de plus en plus tendu, plus distant, comme s’il portait un poids qu’il refusait de partager. Malia avait appris à lire les nuances de son regard, à repérer ces micro-signes qu’il ne montrait qu’à elle. Mais ces derniers jours, c’était comme s’il portait un masque impossible à percer.Un bruit de porte fit sursauter Malia. Elle se leva précipitamment. Mais ce n’était pas Aydan.C’était Sala.Il entra, calme et silencieux, comme une ombre. Depuis leur dernière conversation, il n’avait cessé de veiller sur elle, sans pour autant s’imposLe bureau était plongé dans l’obscurité, seules quelques lueurs de l’écran éclairaient le visage déterminé de Malia.Cela faisait plus de trois heures qu’elle écrivait, raturait, effaçait… puis recommençait.Ses mains tremblaient parfois. Pas de peur. Pas de doute. Mais de cette adrénaline nouvelle : celle de l’instinct de survie mêlé à l’amour féroce.Elle écrivait à ses ennemis. Elle écrivait à son enfant.Et à elle-même.•Dans le salon, Aydan passait en revue les relevés de surveillance récupérés par Charles.— Regarde cette caméra, dit-il en pointant l’écran. Il y avait bien quatre hommes dans l’entrepôt. Mais un cinquième est arrivé juste après notre départ.— Un chef ? demanda Charles.— Pire. Un spectre. L’image est floue, volontairement brouillée. Mais on voit une silhouette fine. Une femme.Malia s’approcha.— Une femme ? Tu crois que c’est…— Je n’en suis pas sûr. Mais elle port
Le soleil venait à peine de se lever, mais Malia était déjà dehors, assise sur les marches de la terrasse. Une tasse de café refroidissait entre ses mains.Elle avait à peine dormi. Ses rêves devenaient de plus en plus réalistes, presque prémonitoires. Et dans chacun d’eux, une constante : un homme, sans visage, qui s’approchait de l’enfant qu’elle portait.Elle savait ce que cela voulait dire.Le passé appelait.Et cette fois, il exigeait une réponse.•Charles, installé dans le salon avec Aydan, pianotait sur son ordinateur portable. Des lignes de code défilaient, entrecoupées de captures d’écran de réseaux sécurisés.— Tu cherches quoi exactement ? demanda Malia en rentrant.— Des traces. Des mouvements de fonds. Des noms de domaine relancés. Tout ce qui pourrait confirmer que Biocorp a été réactivée sous un autre nom.— Et ?Il se tourna vers elle, l’air grave.— J’ai trouvé un serveur act
Le matin se leva sur un ciel gris, chargé d’humidité. Malia ouvrit les yeux avec une boule au ventre. Ce n’était pas les nausées de la grossesse cette fois… mais un pressentiment. Une alerte sourde, viscérale.Aydan était déjà parti depuis l’aube pour un rendez-vous professionnel. Elle se leva doucement, frotta ses yeux, puis alla dans la chambre d’Ayden Junior. Vide. Il était chez sa cousine pour deux jours. Un hasard bienvenu, ou un silence trop parfait ?En descendant dans le salon, elle découvrit une enveloppe glissée sous la porte. Aucune adresse. Aucun tampon.Juste un prénom inscrit en lettres noires :Malia.Elle sentit ses mains trembler. L’ouvrit d’un geste sec.À l’intérieur, une feuille blanche. Un seul message, écrit à la main :“Tu portes un héritier. Mais tu ignores encore ce que cela signifie.”Elle recula d’un pas, l’air se faisant plus dense autour d’elle.Qui savait ? Et pourquoi main
— Tu n’as pas dormi, constata Aydan en entrant dans la cuisine.Malia, en pyjama, tournait lentement sa cuillère dans sa tasse de thé. Ses yeux trahissaient la fatigue, et ses lèvres, pincées, contenaient bien plus qu’un simple silence.— Pas vraiment, murmura-t-elle.Aydan s’approcha, déposa un baiser sur son front, puis attrapa une tasse à son tour.— Cauchemars ?— Pire. Des souvenirs. Ma mère. Et lui.Elle n’avait pas besoin de dire son nom. Le silence pesa aussitôt entre eux. Le souvenir du père biologique de Malia, leader d’une organisation aux desseins tordus, n’était jamais très loin. Même mort, il continuait à la hanter.— Ils sont loin, souffla Aydan.— Non. Ils sont dans mes gènes. Dans mes peurs. Dans ce que je pourrais transmettre.Elle posa une main sur son ventre, encore plat, mais déjà habité. Aydan s’assit face à elle, devinant ce qui la rongeait.— Tu penses que tu vas répéter
Malia fixait l’écran de son téléphone depuis vingt minutes.L’application du laboratoire lui indiquait que les résultats étaient disponibles.Elle n’arrivait pas à appuyer. Son pouce tremblait légèrement. Et dans sa poitrine, le cœur battait si fort qu’elle en avait mal aux côtes.Elle n’avait parlé à personne de ce test. Pas même à Aydan. Il y avait bien eu cette conversation dans la ruelle, mais elle n’avait rien confirmé. Parce qu’une part d’elle espérait, et une autre… redoutait plus que tout.« Et si je n’étais pas prête ? »Finalement, elle appuya.Le verdict s’afficha en une ligne, nette, brutale :Résultat : positif.•Le silence qui suivit fut assourdissant. Le monde extérieur semblait s’être mis sur pause. Plus de bruit de voiture, plus de chant d’oiseau, plus rien.Juste elle. Et cette nouvelle.Un petit être en train de pousser en elle. Une vie.Elle porta lentement sa mai
Trois mois plus tard. Le bruit de la pluie battante couvrait presque les voix dans la pièce. À l’intérieur d’un grand studio lumineux à Cocody, Malia tournait en rond, téléphone collé à l’oreille, un cahier de notes à la main. — Non, je ne peux pas accepter ce format. Je ne veux pas qu’on édulcore l’histoire. S’ils veulent mon accord, ils doivent respecter le message, le ton, les personnages… et surtout Malia. C’est non négociable. Elle raccrocha, inspira profondément, puis se laissa tomber dans le fauteuil blanc. Aydan entra à cet instant, le regard interrogateur. — Un autre refus ? — Oui. Ils veulent transformer mon roman en comédie romantique légère. Tu imagines ? Supprimer les parties sombres, les tensions, et même… toi. Il sourit, faussement vexé. — Supprimer moi ? Impossible. J’ai trop de charisme. — Et trop d’arrogance, marmonna-t-elle en rica