Le lendemain matin, Malia se réveilla en sursaut, le cœur battant à cause d’un rêve qu’elle ne se souvenait déjà plus. Le manoir était silencieux, comme figé dans une éternelle attente. Une notification clignotait sur son téléphone professionnel.
“Petit-déjeuner dans le salon ouest. 8h. Tenue sobre.” Elle consulta l’heure. 7h35. Sobre ? Qu’est-ce que cela signifiait, exactement ? Elle enfila un chemisier blanc et une jupe noire simple. Aucun bijou, pas de maquillage. Elle se regarda une dernière fois dans le miroir. Prête. Ou presque. • Le salon ouest ressemblait davantage à une salle de conférence qu’à un lieu convivial. Une longue table, de grandes baies vitrées, et bien sûr… lui. Aydan était déjà là, assis à l’une des extrémités de la table, une tablette en main. Il ne leva même pas les yeux lorsqu’elle entra. — En retard, dit-il simplement. Il n’était que 7h59. Malia serra discrètement les dents, mais ne répondit pas. Elle s’assit en silence. Une gouvernante déposa devant elle un petit-déjeuner complet : jus pressé, café, viennoiseries, fruits. Pourtant, elle n’avait pas faim. La tension dans la pièce suffisait à la nourrir. — Dites-moi, Malia, commença-t-il sans détour, les yeux rivés sur son écran. — Oui, monsieur ? — Pourquoi avez-vous accepté ce poste sans même voir mon visage ? Elle marqua un temps. — Parce que je n’avais pas le luxe de refuser. Et parce que… j’avais besoin d’un nouveau départ. Il reposa la tablette et la fixa enfin. — La pauvreté est une bonne motivation, mais elle rend souvent les gens faibles. Elle le regarda, droite, le menton relevé. — Ou très dangereux. Il eut un léger sourire, presque imperceptible. — Vous m’intriguez, Malia. Elle ne sut pas si c’était un compliment ou un avertissement. • Après le petit-déjeuner, il lui remit une clé USB. — Voici les premiers dossiers à traiter. Vous devrez réorganiser mon planning personnel, sécuriser certains transferts confidentiels, et surtout… ne jamais poser de questions. Elle prit la clé, ses doigts frôlant brièvement les siens. Un frisson lui parcourut l’échine. — Et si quelque chose me semble… illégal ? — Vous me le rapportez. Et vous attendez mes instructions. Rien de plus. • Les jours suivants suivirent un rythme étrange : des tâches administratives classiques le matin, puis des instructions plus floues l’après-midi. Un jour, elle devait effacer des historiques de navigation. Un autre, elle devait faire livrer une mallette fermée à un chauffeur inconnu. Le tout, sans jamais poser de questions. Mais le plus déroutant restait la présence d’Aydan. Toujours imprévisible. Parfois glacial, parfois troublant. Il passait de l’indifférence à une tension brûlante sans prévenir. Un soir, alors qu’elle venait déposer un dossier dans son bureau, elle le surprit torse nu, en train de changer de chemise. Elle recula instinctivement. — Pardon ! Je ne savais pas que… — Restez, dit-il calmement. Il termina de boutonner sa chemise lentement, conscient de l’effet que cela produisait. — Vous êtes facilement troublée, on dirait. — Pas du tout, répondit-elle, un peu trop vite. Il s’approcha, sans jamais la toucher. — Il faut apprendre à garder votre sang-froid, Malia. Ici, les émotions sont une faiblesse. — Et vous, vous n’en avez aucune ? Un silence s’installa. — J’en avais. Jusqu’à ce que le monde me les arrache. • Ce soir-là, elle rentra dans sa chambre avec une question lancinante dans la tête : Qui était vraiment cet homme ? Et jusqu’où pouvait-elle s’impliquer sans perdre son âme dans cette relation dangereusement floue ? • La nuit tomba sur le manoir. Malia n’avait pas fermé l’œil depuis des heures, quand un nouveau message apparut sur son écran : “Rendez-vous au jardin. Maintenant.” Elle hésita. Ce n’était pas une demande. C’était un ordre. Et malgré le danger, elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir le revoir. Elle enfila un gilet léger et descendit, pieds nus sur le marbre froid. Le jardin était baigné par la lumière de la lune. Aydan l’attendait, dos à elle, face à la fontaine centrale. — Vous n’avez pas peur de moi ? demanda-t-il sans se retourner. — Est-ce que je devrais ? Il se retourna lentement. — Tout le monde a peur de moi. Mais vous… vous êtes différente. Elle soutint son regard, déterminée à ne pas flancher. — Peut-être que je vous comprends. Un silence tendu s’installa, jusqu’à ce qu’il s’avance d’un pas. — Dans ce contrat, il y a une clause non écrite. — Laquelle ? Il s’approcha à quelques centimètres de son visage. — Celle où vous finissez par oublier où finit votre rôle… et où commence le vrai désir. Son souffle effleura sa joue. Puis, sans prévenir, il s’éloigna. — Bonne nuit, Malia. Et il disparut dans l’ombre du manoir. • Elle resta là, figée. Son cœur battait fort, sa respiration saccadée. Ce n’était plus seulement un emploi. C’était un piège. Un feu qu’elle était en train d’aimer. ⸻ 🖤 Merci d’avoir lu ce chapitre ! 💭 Aydan commence à tester les limites… Et Malia ? Résistera-t-elle ou cédera-t-elle ? 📌 Partage ton avis en commentaire et n’oublie pas d’ajouter l’histoire à ta bibliothèque !Le silence dans la voiture blindée était pesant. Malia n’avait pas prononcé un mot depuis qu’ils avaient quitté le lieu de l’attentat. Aydan, assis à côté d’elle, la regardait du coin de l’œil, inquiet. Elle gardait le regard rivé à la vitre teintée, observant les lumières floues d’Abidjan défiler. Mais elle ne voyait rien.Ce n’était pas la peur qui la rongeait. C’était autre chose. Une sensation plus profonde, plus sourde, comme un écho douloureux dans ses entrailles. Une sorte de trahison qui ne venait pas de l’extérieur… mais du sang même qui coulait dans ses veines.Son père. L’homme qui lui avait donné la vie… venait d’essayer de la lui retirer.— Malia, souffla doucement Aydan, tu n’as rien dit depuis qu’on est partis. Je sais que c’est violent, mais…— C’est pire que ça, murmura-t-elle. Je savais qu’il était derrière certaines choses. Je l’ai senti dès le début. Mais je ne voulais pas y croire. J’espérais qu’il y avait une explication. Une
Le lendemain de l’interview, le monde n’était plus le même.Les médias du monde entier reprenaient le discours de Malia, le disséquaient, l’analyisaient, l’amplifiaient. Dans les rues de Paris, de Rome, d’Abidjan ou de Berlin, des manifestants brandissaient des pancartes : “On ne fait pas taire la vérité”, “Je suis Malia”, “Projet Éclipse = Crime”.Mais derrière cette vague de soutien, un autre courant se levait. Invisible. Souterrain. Menaçant.•— Ils ont bougé, déclara Sala, devant son écran.Malia, Aydan et Charles se penchèrent.— Qui ?— Le Conseil Noir. La cellule stratégique du réseau Éclipse. Ils se réunissent à huis clos. Le lieu est sécurisé, mais j’ai intercepté un message codé : “Dernier point avant liquidation des anomalies.”— Les anomalies… c’est nous, souffla Aydan.— Non, répondit Charles. C’est elle.•Malia resta silencieuse.Elle avait cessé de se demander pourq
L’aurore étendait ses premiers rayons sur la surface tranquille du lac. Dans le silence de la maison-refuge, le monde semblait avoir suspendu sa course, juste pour eux.Malia était assise près du lit, veillant Aydan comme une gardienne obstinée. Il dormait encore, mais sa respiration était plus stable, ses traits moins crispés. Les marques sur son visage étaient autant de rappels du prix de la vérité… et de leur histoire.Elle lui tenait la main. Elle aurait voulu que le temps s’arrête là. Juste là.Mais la réalité frappa à la porte.•— Il faut partir, annonça Sala, entré sans bruit.Malia se leva, fatiguée.— Encore ?— Les serveurs sont attaqués de toutes parts. Le dossier est toujours en ligne, mais des clones commencent à circuler… falsifiés, déformés. Ils veulent retourner l’opinion contre vous.— On savait qu’ils frapperaient fort.— On ne s’attendait pas à ce qu’ils réécrivent l’histoire.
La vidéo d’Aydan enfermé tournait en boucle sur l’écran.Chaque seconde était un coup de couteau. Chaque grognement étouffé, une détonation dans le cœur de Malia.Elle n’avait pas dormi. Pas mangé. Elle s’était contentée de fixer ce visage ensanglanté et silencieux, cet homme brisé qu’elle aimait plus que sa propre liberté.Elle n’était plus dans la peur.Elle était passée dans un autre état.Le feu.— Je vais le récupérer, dit-elle calmement.Charles la regarda, inquiet.— Tu ne peux pas y aller seule.— Je ne serai pas seule.Elle ouvrit son téléphone, et appela.•Une heure plus tard, Sala entra, essoufflé, un sac sur l’épaule.— Je savais que tu ne resterais pas planquée.— Je ne peux pas. Pas cette fois.— Tu veux le sortir d’où, exactement ? On ne sait même pas où il est retenu.— Si. On sait.Elle posa une carte sur la table. Un
Le dossier était en ligne.Malia appuya sur “entrer” avec la solennité d’un juge rendant un verdict irrévocable. Le document, compilé depuis des semaines, enrichi par Charles, déchiffré avec Sala, filtré par Iris, venait d’être publié sur un serveur crypté et relayé à plusieurs médias internationaux.Des preuves d’expérimentations illégales sur des enfants. Des transferts d’argent vers des comptes offshore. Des connexions entre des hauts responsables politiques et la société pharmaceutique dirigée secrètement par… son père.— C’est fait, murmura-t-elle. Maintenant, on attend.Aydan se pencha sur l’écran. La page se chargeait lentement, déjà saturée de connexions. Plus de 10 000 vues en moins de dix minutes.— Le monde commence à regarder.Mais Malia ne souriait pas. Elle fixait un point invisible dans le vide.Elle avait rêvé de ce moment. Elle s’était battue pour lui. Et pourtant, maintenant qu’il était là, tout paraiss
Le matin se leva sans prévenir, comme si la nuit avait oublié de résister.Dans la maison forestière, un silence étrange régnait. Ce n’était pas le calme paisible de la nature, mais un silence tendu, suspendu, comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle.Malia descendit les escaliers en chaussettes, les cheveux en bataille et les pensées encore embrouillées. Elle trouva Aydan assis à la grande table en bois, le regard figé sur l’écran de son ordinateur.— Ça va ? demanda-t-elle en s’approchant.Il cliqua sur une vidéo qu’il venait de recevoir. Les images s’affichèrent : un laboratoire abandonné, filmé en contre-plongée, tremblant, comme si la personne qui tenait la caméra était en fuite.Au fond du couloir, un homme en blouse blanche criait.— C’est le labo de Veller, murmura Aydan.— Mon père ?— Non… mais quelqu’un fouille encore dedans. Quelqu’un qui cherche peut-être ce que vous avez failli détruire.