Le vent soufflait avec une force presque surnaturelle, soulevant les feuilles mortes et les branches dans une danse effrénée. La pluie, glaciale, cinglait leurs visages tandis qu’ils couraient à travers la forêt. Kael tenait toujours la main de Liora, refusant de la lâcher, comme si ce simple contact pouvait les maintenir en vie.
Chaque pas était une lutte. Le sol détrempé glissait sous leurs pieds. Le tonnerre gronda, illuminant par éclairs les troncs tordus des arbres qui semblaient se refermer sur eux.— Par ici ! cria Kael pour couvrir le bruit de la tempête.Il la tira derrière un rocher couvert de mousse. Liora tomba à genoux, haletante. Son cœur battait si fort qu’elle en avait mal à la poitrine. Kael scrutait les alentours, son arme toujours en main, les muscles tendus à l’extrême.— Tu crois qu’ils nous ont perdus ? demanda-t-elle dans un souffle.— Pas encore. Ces hommes sont entraînés. Ils ont sûrement des chiens.— AlLa pluie continuait de tomber sans relâche, noyant la ville dans un rideau d’eau glacée. Kael et Liora couraient dans les ruelles sombres, leurs vêtements trempés collant à leur peau. Le souffle court, ils cherchaient un abri, n’importe où, loin du brasier qu’ils laissaient derrière eux.Ethan les suivait de près, le visage couvert de suie. Le grondement des explosions résonnait encore dans leurs oreilles, comme un rappel brutal de ce qu’ils venaient de perdre.— Par ici ! cria Ethan, en pointant une ruelle plus étroite.Ils s’y engouffrèrent, glissant sur le sol boueux. Le vent siffla entre les bâtiments, emportant avec lui des cendres brûlantes venues du quartier en flammes. Liora chancela, mais Kael la rattrapa avant qu’elle ne tombe.— Tiens bon, souffla-t-il. On y est presque.Ils débouchèrent sur un vieux hangar abandonné, dont la porte grinçait sous la tempête. Kael la força à demi ouverte et fit signe aux autres d’entrer. Une fois
Le silence régnait dans la pièce. Kael, debout près de la fenêtre, observait la pluie qui tombait à verse sur la ville. Chaque goutte frappait la vitre avec une régularité presque apaisante, mais dans son regard brûlait une tempête qu’aucune averse ne pouvait éteindre. Derrière lui, Liora s’approcha lentement, ses pas étouffés par le tapis épais.— Tu devrais te reposer, murmura-t-elle, la voix tremblante mais douce.— Comment veux-tu que je dorme ? Après tout ce qu’on vient de découvrir ?Il tourna la tête vers elle, les yeux sombres, chargés d’émotions qu’il tentait vainement de dissimuler. Liora, les bras croisés sur sa poitrine, soutint son regard sans fléchir.— Je sais… Mais t’épuiser ne changera rien. Tu as besoin de force pour affronter ce qui arrive.Kael esquissa un rictus amer.— Affronter ? Tu crois qu’on a encore le choix ? On est déjà pris dans un piège qui nous dépasse.Liora s’approcha jusqu’à poser une main s
L’aube n’était pas encore levée sur le royaume que déjà les torches s’éteignaient une à une, comme si la lumière refusait d’éclairer ce qui s’apprêtait à se produire.Dans les couloirs sombres du palais, Liora avançait à pas feutrés. Ses doigts tremblaient encore autour de la clé qu’Elyas lui avait remise. Chaque pas résonnait dans son esprit comme un rappel du danger qui l’entourait.Le plan était simple : rejoindre Kael avant le lever du jour, avant que le Conseil ne proclame officiellement Arien comme nouveau roi.Mais rien n’était jamais simple dans ce palais maudit.Elle longea un couloir dissimulé derrière une tapisserie. Les murs transpiraient l’humidité et la poussière, témoins silencieux de secrets oubliés. Soudain, des voix s’élevèrent non loin. Liora s’aplatit contre le mur.— « Le chancelier a ordonné qu’on prépare la salle du trône, » disait une voix grave. « L’autre croit encore qu’il aura droit à un procès… »— « Qu’on en fi
La salle du Conseil vibrait d’un murmure froid et glacial. Les torches vacillaient sous les courants d’air qui s’infiltraient par les hautes fenêtres, jetant sur les visages des ombres mouvantes. Au centre, Kael et Liora se tenaient côte à côte, défiant d’un même regard cette assemblée d’hommes qui prétendaient juger leur destin.Les membres du Conseil, assis dans leurs sièges sculptés, fixaient le couple avec une froideur presque inhumaine. Chacun d’eux portait un masque doré, symbole de leur autorité absolue. Personne ne pouvait lire leurs émotions, ni savoir lequel d’entre eux préparait le coup fatal.— « Vous êtes audacieuse, Dame Liora, » lança l’un d’eux d’une voix mielleuse. « Entrer ici sans convocation… défendre un homme que vous avez contribué à corrompre. »Liora serra les poings. Son regard flamboya.— « Ce que vous appelez corruption, moi je l’appelle amour. Ce que vous nommez trahison, c’est la vérité qu’aucun de vous n’a jamais osé affro
Le silence tomba dans la pièce, lourd comme un voile de plomb. Kael se tenait là, immobile, les yeux rivés sur la porte qui venait de se refermer derrière Liora. Il sentait encore son parfum dans l’air, mélange d’orage et de douceur, et cette empreinte invisible lui lacérait le cœur.Depuis des jours, il sentait que tout basculait, que les lignes de confiance qu’ils avaient tissées avec peine commençaient à se défaire. Pourtant, il refusait d’admettre que tout pouvait s’effondrer à nouveau. Pas après tout ce qu’ils avaient traversé.— « Seigneur Kael… » murmura une voix derrière lui.C’était Maelis, son bras droit. Elle s’avança lentement, tenant dans ses mains un dossier scellé du sceau royal.— « Un message urgent, venu du Conseil. Ils veulent une audience ce soir. »Kael releva la tête, les traits tirés, la mâchoire crispée.— « Encore eux… Toujours eux. »Il arracha le sceau d’un geste sec, déplia le parchemin et parcouru
La lumière blanche des néons nimbait la pièce d’une froideur presque irréelle. Liora, assise dans un coin de la salle d’urgence, n’avait pas bougé depuis des heures. Ses mains étaient encore tachées du sang de Kael. Ses yeux, rougis, fixaient le vide. Chaque battement du moniteur cardiaque résonnait dans son crâne comme une pulsation d’espoir fragile.Kael était allongé, pâle, branché à une dizaine de câbles. Des médecins passaient et revenaient, échangeant à voix basse. Mais Liora n’entendait plus rien. Tout ce qu’elle percevait, c’était ce fil ténu entre eux — la vie de Kael suspendue au bord du gouffre.Elle murmura faiblement :— Tiens bon, Kael… je t’en supplie.Elle se leva lentement, approcha du lit, prit sa main glacée et la serra fort. Le visage de Kael semblait paisible, presque endormi, mais Liora savait. Elle sentait cette tension invisible. Il se battait, quelque part entre la lumière et l’ombre.Elle ferma les yeux, la gorge serr