Le soleil filtrait à travers les volets.
Dans la cuisine, le calme était apparent. Mais tout, dans l’air, sentait la tension contenue.Malia observait Liora, installée dans son transat.Elle fixait un mobile suspendu. Mais ce n’était pas un regard de nourrisson.C’était concentré, curieux, presque… trop lucide. •— Tu regardes comme si tu comprenais, murmura Malia.Elle approcha son doigt. Liora le saisit immédiatement, avec une force anormale pour son âge. Puis, comme guidée par une mémoire inconnue, elle leva ses yeux vers sa mère… et sourit.Pas un sourire réflexe.Un sourire ciblé, presque complice.Malia sentit son cœur se serrer.— Tu sais. Tu sais des choses, n’est-ce pas ? •Aydan entra dans la pièce, les cheveux en bataille.— Charles a tout verrouillé, dit-il. Nouveau serveur, système de détection thermique, ligne cryptée. On est dans un bunker numérique.— Parfait,La serre abandonnée du Domaine Carvin s’étendait comme un squelette de verre, craquant sous le vent.Malia y arriva seule, vêtue simplement, les cheveux attachés, sans maquillage.Une sacoche contre elle, contenant le fruit de semaines de recherche : fichiers, journaux, preuves.Chaque pas sur le gravier résonnait comme une alarme dans sa poitrine.— Phoenix_0X arrivée sur site, murmura-t-elle dans le micro glissé sous sa veste.À l’autre bout, Charles confirmait :— Signal reçu. Pas d’interférence. Je reste en ligne.•À l’intérieur de la serre, la végétation avait repris ses droits.Le verre brisé laissait entrer une lumière crue. L’odeur était celle du silence et de la moisissure.Malia s’avança vers la table centrale, comme indiqué dans le message.Un homme l’attendait déjà.Grand, la cinquantaine, costume sobre, regard perçant.Il ne souriait pas.— Phoenix, je présume ?
Le soleil filtrait à travers les volets.Dans la cuisine, le calme était apparent. Mais tout, dans l’air, sentait la tension contenue.Malia observait Liora, installée dans son transat.Elle fixait un mobile suspendu. Mais ce n’était pas un regard de nourrisson.C’était concentré, curieux, presque… trop lucide.•— Tu regardes comme si tu comprenais, murmura Malia.Elle approcha son doigt. Liora le saisit immédiatement, avec une force anormale pour son âge. Puis, comme guidée par une mémoire inconnue, elle leva ses yeux vers sa mère… et sourit.Pas un sourire réflexe.Un sourire ciblé, presque complice.Malia sentit son cœur se serrer.— Tu sais. Tu sais des choses, n’est-ce pas ?•Aydan entra dans la pièce, les cheveux en bataille.— Charles a tout verrouillé, dit-il. Nouveau serveur, système de détection thermique, ligne cryptée. On est dans un bunker numérique.— Parfait,
Le ciel de Provence se teignait de doré.C’était une autre maison. Un autre lieu. Un autre nom sur la boîte aux lettres.Malia, Aydan, Ayden Junior et la petite Liora venaient de tout quitter.Adieu Paris. Adieu les souvenirs. Adieu les ombres.Désormais, ils vivaient dans une villa discrète, protégée, entre champs d’oliviers et vieilles pierres. L’endroit avait été choisi avec soin par Charles, sécurisé numériquement par ses soins.Mais la tranquillité apparente ne suffisait pas à apaiser les silences.•— Tu penses qu’on a bien fait ? demanda Malia, adossée au mur de la chambre.Aydan, occupé à monter un lit à barreaux, répondit sans se retourner :— On ne fuit pas. On avance.— Mais si on laisse les autres gagner du terrain pendant qu’on se cache…Il releva les yeux vers elle.— Alors on les forcera à venir là où on les attend.•Le soir, Malia relut ses propres notes.
Le ciel avait pris des teintes pastels. Dans la chambre silencieuse, seule la respiration régulière de Liora brisait l’immobilité.Malia, emmitouflée dans un pull trop large, tenait dans ses mains le petit carnet noir que Charles lui avait laissé.Jusqu’ici, elle l’avait ignoré. Repoussé. Oublié volontairement.Mais quelque chose, ce matin-là, l’appelait.Un instinct.Ou une peur.•Assise près de la fenêtre, elle ouvrit enfin la première page.Une écriture fine, presque élégante.Les premières lignes semblaient anodines.« Avril 2014. Lancement d’un nouveau programme éditorial. Objectif : recruter des plumes marginales, des esprits affûtés. »Puis, très vite, un changement de ton :« Il m’a approchée en 2015. Le docteur A. Deveraux. Il cherchait une collaboratrice discrète, intelligente, sans attaches. Je ne savais pas alors que j’allais signer pour un projet de manipulation humaine. »
La pluie tambourinait doucement sur les vitres de la chambre. Malia était allongée, un oreiller calé sous son dos, le regard perdu dans les mouvements presque imperceptibles du rideau beige.Liora dormait, installée dans un petit berceau transparent à sa gauche.Un sommeil paisible. Une respiration douce.Un miracle vivant.Mais dans l’esprit de Malia, les images ne s’étaient pas arrêtées.La pièce blanche.Le souffle coupé.Hélène.La douleur.Chaque contraction avait été comme une déchirure entre la peur et l’espoir. Et maintenant que tout était derrière… le vide semblait immense.•Aydan entra doucement dans la pièce, un plateau dans les mains.— Du thé à la verveine. Et des petits biscuits que Sala t’a envoyés.Malia eut un sourire fatigué.— Elle est passée ?— Elle a attendu dans la salle d’attente toute la nuit. Elle voulait juste être sûre que tu allais bien. Que vous a
Tout semblait calme. Trop calme.Depuis trois jours, aucune nouvelle lettre. Aucun message crypté. Aucun signal suspect.Même Charles, pourtant paranoïaque par nature, commençait à croire qu’ils avaient peut-être abandonné.Mais Malia, elle, savait.Le vrai danger ne fait jamais de bruit.Il attend. Il respire avec vous. Il dort dans vos silences.Et ce soir-là, il frappa.•Il était 22h03.Malia venait de sortir de la douche, le ventre arrondi sous sa robe de nuit. Aydan était à l’étage, en train de ranger des documents confidentiels qu’il comptait remettre à une journaliste spécialisée en enquêtes politiques.Un claquement sec, à peine perceptible.Puis un sifflement.Une vitre explosée.— Aydan ! cria-t-elle.Mais à peine avait-elle hurlé qu’un gaz noir envahit le salon.Elle recula, le cœur affolé, cherchant de l’air. Elle plaqua sa main sur son nez et s