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Chapitre 4 — Frissons Partagés

Auteur: Déesse
last update Dernière mise à jour: 2025-10-30 22:06:01

Alba

Le silence après son avertissement est lourd, palpable. Je fixe les motifs du tapis, mais je ne vois que lui. L'ombre du père de Samantha qui plane sur cette chambre, sur notre amitié, sur moi. Ce désir qui couve en moi est un feu dévorant, et j'ai désespérément besoin de comprendre ce qui m'arrive. De mettre des mots sur ce chaos intérieur.

Je relève la tête, mon regard cherchant le sien dans la pénombre.

— Parle-moi de toi, alors. Vraiment. Pas juste des béguins. De... de ce qui compte vraiment.

Samantha hausse un sourcil, un sourire énigmatique aux lèvres.

— De quoi veux-tu que je te parle, Alba ?

Je prends une inspiration profonde, sentant mon cœur battre à tout rompre.

— Tes aventures. Les vraies. Le... le sexe. Raconte-moi. Comment c'est, la première fois ?

Son sourire s'accentue, intrigué. Elle se lève du tapis et vient s'asseoir à côté de moi sur le lit. Sa présence est soudain plus intense, plus focussée.

— Pour cette question ? D'accord. Ma première fois, c'était avec Thomas. On avait seize ans. C'était dans une grange, près des bois. Ce n'était pas du tout comme dans les films. C'était... sauvage. Il était pressé, un peu brusque. Il m'a poussée contre le foin, ses mains étaient partout. J'avais un peu peur, mais c'était excitant aussi. C'était réel, tu sais ? Aucun filtre.

Un frisson me parcourt l'échine. Sauvage. Réel. Les mots résonnent en moi. C'est exactement l'intensité que je ressens, cette impression de vivre quelque chose de brut et de vrai.

— Et... et ça fait mal ?

— Un peu, oui. Au début. Comme une déchirure. Mais après... après, c'est comme une vague. Une chaleur qui envahit tout. Tu oublies tout, tu n'es plus qu'un corps. Tu ne penses plus, tu sens.

Je ferme les yeux une seconde, et dans l'obscurité, je le voux. Je sens ses mains d'homme, larges et affirmées. Je l'imagine me poussant contre un mur, son souffle sur ma peau...

— Et les garçons... ils sont comment ?

Samantha émet un petit rire.

— Ils sont souvent maladroits. Pressés. Ils pensent savoir, mais ils apprennent sur le tas. Le truc, c'est que quand un garçon te désire vraiment, tu le sens. Tout son corps le crie. Ses mains tremblent un peu, son regard change. Et toi, ton corps répond. Tu deviens toute mouillée, toute chaude. Tu te cambres vers lui sans même réfléchir. C'est instinctif.

Je sens une chaleur intense m'envahir, un témoignage physique de la vérité de ses mots. Mon corps sait. Mon corps répond à une présence absente.

— Comment on sait... quoi faire ? Je n'ai jamais... je ne connais rien.

Samantha se rapproche, son souffle chaud sur ma joue. Sa voix n'est plus qu'un murmure.

— Tu ne sais pas. Tu suis ton instinct. Ton corps guide le sien. L'important, c'est de ne pas avoir honte de ce que tu ressens. Si tu as envie de le mordre, mords-le. Si tu as envie de griffer, griffe. C'est ta peau, ton plaisir. La passion, la vraie, elle n'est pas polie.

Si tu as envie de le mordre. La phrase résonne en moi comme un écho lointain, puissant. Une image fugace me traverse l'esprit : mes dents s'enfonçant dans son épaule, un grognement étouffé... Je secoue la tête, confuse.

— Et si on a peur ?

— La peur fait partie du jeu, Alba. C'est ce qui rend tout plus intense. C'est quand tu as ce pincement au ventre, que tu sais que tu franchis une ligne, que tu te sens le plus vivante.

Elle me dévisage, et son expression change. La taquinerie fait place à une curiosité plus profonde.

— Pourquoi ces questions, tout d'un coup ? Il y a... quelqu'un ?

Son regard est trop perspicace. Je me sens mise à nu. Je détourne les yeux, me relevant brusquement.

— Non. C'est juste... la curiosité. Tu sais. On grandit.

Je marche jusqu'à la fenêtre, posant mon front contre la vitre froide. La forêt est une étendue sombre et mystérieuse. Quelque part, là-bas, il est. Et les mots de Samantha ont allumé une nouvelle série d'images dans mon esprit, plus audacieuses, plus charnelles.

Je sens son regard dans mon dos. Elle ne dit rien, mais je devine qu'elle sent mon trouble, mon agitation. Elle me laisse avec ces nouveaux frissons, avec cette conscience aiguë de mon propre corps et de ses désirs interdits.

La peur, comme elle l'a dit, n'était pas un avertissement. C'était une invitation. Une promesse d'intensité. Et je n'avais jamais autant brûlé d'impatience et d'appréhension mêlées.

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