เข้าสู่ระบบAlba
La porte de ma chambre d'amis se referme dans un claquement sourd, coupant net le fil de la conversation avec Samantha. Le silence qui m'accueille est lourd, presque oppressant. Les mots de mon amie, ses confidences crues, résonnent encore en moi, mais ils se sont transformés. Ils ne parlent plus de garçons de notre âge, de maladresses juvéniles. Ils ont pris la forme, la voix, la présence de son père.
Mes doigts tremblent en défaisant les boutons de mon chemisier. Le tissu glisse de mes épaules et tombe en tas sur le sol de bois ciré. Un frisson me parcourt, mais ce n'est pas à cause de la fraîcheur de la nuit. L'air est doux, chargé du parfum de la forêt et du silence de la grande maison.
Je me tourne face au grand miroir accroché au-dessus de la commode. La lune, pleine et laiteuse, inonde la pièce d'une lumière fantomatique. Je me regarde.
Mon reflet me observe, une inconnue aux yeux trop grands, brillants d'une fièvre nouvelle. Mes cheveux châtains sont ébouriffés, comme si des mains invisibles s'y étaient déjà enfoncées. Mes lèvres sont légèrement gonflées, je les ai mordillées toute la soirée.
Mes doigts se posent sur ma clavicule, puis glissent lentement vers la courbe de mes seins. La peau est douce, pâle dans la lumière lunaire. Je suis mince, trop peut-être, mais mes formes sont là, arrondies, féminines. Je n'avais jamais vraiment vu mon corps ainsi. Comme un territoire inexploré, attendant d'être découvert. Possédé.
Ses mains, pense-je, et un souffle coupé m'échappe. J'imagine ses paumes, larges et callasseuses, couvrant la peau nue de mes épaules. Je les sens glisser le long de ma colonne vertébrale, l'une après l'autre, traçant un sillon de feu jusqu'au creux de mes reins. Ce ne serait pas une caresse hésitante, comme celles des garçons de mon âge. Ce serait une revendication.
Je fais tourner mes paumes sur mes seins, et mes mamelons durcissent instantanément sous le tissu fin de mon soutien-gorge. La sensation est si vive, si directe, que je ferme les yeux un instant. Quand je les rouvre, mon reflet a les joues empourprées.
Et s'il était ici ?
La pensée est une déflagration. S'il entrait sans frapper, maintenant, et me voyait ainsi, à moitié dévêtue, perdue dans mes pensées interdites. Son regard sombre, si intense, se poserait sur moi. Il ne détournerait pas les yeux, je le sais. Il boirait le spectacle, comme je l'ai vu boire un verre de whisky plus tôt, d'une traite, sans un mot.
Mes doigts se faufilent derrière mon dos, et d'un geste maladroit, je défais l'agence de mon soutien-gorge. Il tombe, libérant ma poitrine. L'air caresse ma peau, et je frissonne. Mes seins sont petits, fermes, les aréoles d'un rose foncé dans la pénombre. J'imagine sa bouche sur eux. Pas des baisers doux, non. Des morsures. Des succions qui marqueraient ma chair, qui me feraient mienne. Je pousse un gémissement étouffé, ma main remontant pour pincer un mamelon, exactement comme je l'imagine qu'il le ferait. Une douleur aiguë, délicieuse, se diffuse.
Ma main libre descend, hésitante, vers la ceinture de mon jean. La fermeture Éclair cède avec un bruit sec, trop bruyant dans le silence. Je pousse le tissu rugueux le long de mes hanches, il glisse à ses pieds. Je reste là, en petite culante, face à mon reflet. Une fille transformée, son corps offert au clair de lune et à un fantôme.
Je me tourne légèrement, observant la courbe de mes hanches, la longueur de mes jambes. Seraient-elles assez fortes ? La question absurde me traverse l'esprit. Assez fortes pour l'enlacer, pour résister à l'assaut de ce que je devine en lui ? J'imagine ses mains sur mes cuisses, les écartant, ses doigts trouvant le centre brûlant de mon désir, même à travers le coton de ma culotte. Je sens une moiteur immédiate, un appel muet.
Je me penche en avant, mes mains s'agrippant au bord de la commode. Mon dos est arqué, une invitation silencieuse et coupable. Dans le miroir, je vois la position, vulnérable, provocante. C'est ainsi qu'il me voudrait, une voix chuchote au fond de moi. Pas allongée docilement, mais active, offerte, participant à mon propre déshabillage.
Je me redresse brusquement, le cœur battant la chamade. Je ne devrais pas. Je ne devrais pas penser à ça, pas imaginer ça, pas ressentir ça. C'est mal. C'est dangereux. Cela pourrait tout briser.
Mais le désir est un poison doux, et je suis déjà intoxiquée.
Je me glisse finalement dans le lit, les draps froids contre ma peau nue. Je n'ai pas pu me résoudre à remettre un vêtement de nuit. Je me sens brûlante de l'intérieur. Chaque frottement du coton contre mes jambes, mon ventre, est un rappel de mon état.
Je ferme les yeux, et il est là. Dans l'obscurité derrière mes paupières, je le vois. Son ombre se penche sur moi. Je sens le poids de son corps alourdissant le matelas, la chaleur de sa peau contre la mienne. Son souffle dans mon cou, ses lèvres murmurant des mots que je ne comprends pas, mais dont le sens est clair.
Tu es à moi.
La pensée devrait me terrifier. Elle m'excite au-delà de toute raison.
Je tourne et me retourne, les draps s'enroulant autour de moi comme des liens. La maison est silencieuse, endormie. Mais moi, je veille, hantée par le reflet de mon corps dans le miroir et par l'image d'un homme qui, à quelques mètres seulement, repose peut-être, ignorant qu'il est le roi absolu de mes pensées les plus folles, les plus interdites.
La frontière entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas s'est estompée. Il ne reste que la pulsion, pure, sauvage, et l'attente insupportable de ce qui pourrait arriver.
AlbaJe lève les yeux vers lui. Je vois la fatigue, la tension, et une lueur de défi qui n’y était pas avant.— Elle me hait maintenant. Vraiment.— Elle craignait l’ombre que tu projetais avant même que tu ne saches toi-même que tu en avais une, répond-il. Ce n’est pas toi qu’elle hait. C’est la lumière que tu reflètes.Il retire sa main, se tourne vers le brocard.— Va te laver. Repose-toi. Nous parlerons plus tard.Je fais un pas, puis deux. Mes jambes sont de plomb. Le froid du matin s’infiltre enfin sous ma peau, remplaçant le feu de la course.Je jette un dernier regard à la porte close de la remise.Je suis rentrée en conquérante, chargée du poids d’une bête et d’une nouvelle peau.Mais une autre chasse vient de commencer. Une chasse silencieuse, dans les couloirs de pierre, où les armes sont des sourires et des sous-entendus, et où la proie, c’est moi.SamanthaLe cognac brûle, mais c’est un feu glacé. Il ne réchauffe rien, il calcine. Il calcine cette image, imprimée au fer r
AlbaLa forêt recule, pas à pas, derrière nos épaules. Elle nous relâche, comme à regret.Entre nous, suspendu à une branche solide, le brocard se balance. Son poids rythme notre marche. Une cadence lente et conquérante. La chaleur de son flanc mort cède déjà à la fraîcheur de l’air matinal. Mon propre corps est une seule vibration. Une corde tendue qui n’a pas encore fini de résonner. Le sang sur mes mains est une seconde peau, collante, métallique, vraie.Chaque pas vers le manoir est une affirmation.Je ne sais pas ce que je suis devenue, là-bas, entre les arbres. Je sais seulement que je ne rentre pas en ayant fui. Je rentre en ayant pris.À mes côtés, Adriel marche. Son silence n’est plus un ordre, ni une mise à l’épreuve. C’est un écho. Il porte l’autre bout du fardeau, et notre synchronie est palpable, physique. Le monde semble réduit à la largeur du sentier, à la solidité du sol sous nos bottes, à la créature que nous rapportons.Le manoir émerge des brumes de l’aube. Il sembl
AlbaLa forêt nous a avalés.Il n’y a plus de temps, plus d’heures. Seulement le mouvement et l’écoute. Le lien. Je ne vois presque plus Adriel. Je le devine. Une ombre plus dense que les autres, un silence qui commande au mien.Chaque pas est une décision irréversible. Chaque respiration, une prise de risque.La trace du brocard devient plus nette. Elle n’est plus une hypothèse, mais une certitude. Une chaleur animale qui flotte dans l’air, mêlée à la sève et à la mousse. Mon cœur ralentit, comme s’il comprenait enfin ce qu’on attend de lui. Il ne bat plus pour fuir. Il bat pour traquer.Adriel s’accroupit brusquement. Je m’immobilise dans le même souffle, sans réfléchir. Devant nous, le sous-bois s’ouvre sur un terrain plus meuble. Une zone de passage. Une coulée.Il lève lentement la main.Arrêt.Je reste figée, muscles bandés, équilibre parfait. Le silence devient si dense qu’il bourdonne dans mes oreilles. Puis je l’entends. Le frottement lourd d’un corps puissant contre les foug
AlbaJe dépose mon front contre son sternum, écoutant le battement régulier de son cœur, ce métronome de puissance animale.— J'ai peur, admis-je, la voix étouffée par son torse.— Bien, dit-il, ses bras se refermant autour de moi. La peur est l'aiguillon. Sans elle, il n'y a pas de courage, seulement de la stupidité. Ta peur, demain soir, tu la donneras à la forêt. Tu la transformeras en attention. En acuité.La veille de la pleine lune, il n'y a plus d'entraînement. Il m'emmène aux thermes, la même salle de bain où tout avait basculé. L'eau est chaude, parfumée aux mêmes huiles. Mais il n'entre pas avec moi. Il reste sur le rebord, me regardant.— Demain, tu ne seras plus Alba, la femme. Tu ne seras pas non plus la promise de l'Alpha. Tu seras un prédateur. Une moitié d'un tout. Oublie tout le reste. Oublie les regards, les jugements, Samantha, Boran. Il n'y aura que la forêt, la lune, moi, et la proie.Je m'enfonce dans l'eau, laissant la chaleur pénétrer mes muscles endoloris.— E
AlbaLes jours avant la pleine lune sont une forme d'entraînement brutal et intime. Adriel ne me prépare pas à chasser un cerf ou un sanglier. Il me prépare à chasser avec lui. La nuance est tout.Il m'emmène chaque après-midi dans une clairière isolée, loin des yeux de la meute. Ici, il n'est plus seulement l'Alpha. Il est un prédateur qui démonte sa propre mécanique pour moi.— Ce n'est pas une question de force, dit-il la première fois, en tournant autour de moi comme un loup autour d'une proie curieuse. C'est une question de perception. Tu dois sentir la forêt avant de la voir. Entendre le silence qui parle.Il m'apprend à écouter le vent non pour sa force, mais pour ce qu'il porte : l'odeur de la terre humide, la trace lointaine d'un animal, l'alerte subtile des oiseaux. Il me fait fermer les yeux, plaçant ses mains lourdes sur mes épaules.— Respire , pas avec ta poitrine. Avec ton ventre. Jusqu'aux racines. Maintenant, dis-moi. Que sens-tu ?Je lutte contre la frustration, cont
AlbaLes jours qui suivent la déclaration sont un champ de bataille froid et silencieux. Le manoir, autrefois simplement hostile, devient une forteresse d'hostilité passive. On s'incline quand je passe, mais les courbures sont trop raides, les yeux fuient le mien, ou pire, s'y attardent avec un mépris glacé. Je suis un spectre en robe noire, la présence indésirable de l'Alpha.Adriel est partout et nulle part. Il règne, distant comme un sommet enneigé, m'impliquant dans les affaires de la meute d'une manière qui ressemble à une initiation brutale. Il exige ma présence lors des audiences, m'assigne la lecture des anciens traités, me confie la gestion des réserves domestiques , des tâches insignifiantes en apparence, mais qui me placent sous le feu des regards de ceux dont j'ébranle l'ordre.Samantha m'évite. Quand nos chemins se croisent, c'est comme passer à côté d'une statue de givre. Son silence est plus lourd que des cris. Kieran est parti pour les frontières, mais son départ n'est







