Accueil / Loup-garou / SOUS LA DOMINATION DE L'ALPHA / Chapitre 5 — Reflet Interdit

Share

Chapitre 5 — Reflet Interdit

Auteur: Déesse
last update Dernière mise à jour: 2025-10-30 22:06:35

Alba

La porte de ma chambre d'amis se referme dans un claquement sourd, coupant net le fil de la conversation avec Samantha. Le silence qui m'accueille est lourd, presque oppressant. Les mots de mon amie, ses confidences crues, résonnent encore en moi, mais ils se sont transformés. Ils ne parlent plus de garçons de notre âge, de maladresses juvéniles. Ils ont pris la forme, la voix, la présence de son père.

Mes doigts tremblent en défaisant les boutons de mon chemisier. Le tissu glisse de mes épaules et tombe en tas sur le sol de bois ciré. Un frisson me parcourt, mais ce n'est pas à cause de la fraîcheur de la nuit. L'air est doux, chargé du parfum de la forêt et du silence de la grande maison.

Je me tourne face au grand miroir accroché au-dessus de la commode. La lune, pleine et laiteuse, inonde la pièce d'une lumière fantomatique. Je me regarde.

Mon reflet me observe, une inconnue aux yeux trop grands, brillants d'une fièvre nouvelle. Mes cheveux châtains sont ébouriffés, comme si des mains invisibles s'y étaient déjà enfoncées. Mes lèvres sont légèrement gonflées, je les ai mordillées toute la soirée.

Mes doigts se posent sur ma clavicule, puis glissent lentement vers la courbe de mes seins. La peau est douce, pâle dans la lumière lunaire. Je suis mince, trop peut-être, mais mes formes sont là, arrondies, féminines. Je n'avais jamais vraiment vu mon corps ainsi. Comme un territoire inexploré, attendant d'être découvert. Possédé.

Ses mains, pense-je, et un souffle coupé m'échappe. J'imagine ses paumes, larges et callasseuses, couvrant la peau nue de mes épaules. Je les sens glisser le long de ma colonne vertébrale, l'une après l'autre, traçant un sillon de feu jusqu'au creux de mes reins. Ce ne serait pas une caresse hésitante, comme celles des garçons de mon âge. Ce serait une revendication.

Je fais tourner mes paumes sur mes seins, et mes mamelons durcissent instantanément sous le tissu fin de mon soutien-gorge. La sensation est si vive, si directe, que je ferme les yeux un instant. Quand je les rouvre, mon reflet a les joues empourprées.

Et s'il était ici ?

La pensée est une déflagration. S'il entrait sans frapper, maintenant, et me voyait ainsi, à moitié dévêtue, perdue dans mes pensées interdites. Son regard sombre, si intense, se poserait sur moi. Il ne détournerait pas les yeux, je le sais. Il boirait le spectacle, comme je l'ai vu boire un verre de whisky plus tôt, d'une traite, sans un mot.

Mes doigts se faufilent derrière mon dos, et d'un geste maladroit, je défais l'agence de mon soutien-gorge. Il tombe, libérant ma poitrine. L'air caresse ma peau, et je frissonne. Mes seins sont petits, fermes, les aréoles d'un rose foncé dans la pénombre. J'imagine sa bouche sur eux. Pas des baisers doux, non. Des morsures. Des succions qui marqueraient ma chair, qui me feraient mienne. Je pousse un gémissement étouffé, ma main remontant pour pincer un mamelon, exactement comme je l'imagine qu'il le ferait. Une douleur aiguë, délicieuse, se diffuse.

Ma main libre descend, hésitante, vers la ceinture de mon jean. La fermeture Éclair cède avec un bruit sec, trop bruyant dans le silence. Je pousse le tissu rugueux le long de mes hanches, il glisse à ses pieds. Je reste là, en petite culante, face à mon reflet. Une fille transformée, son corps offert au clair de lune et à un fantôme.

Je me tourne légèrement, observant la courbe de mes hanches, la longueur de mes jambes. Seraient-elles assez fortes ? La question absurde me traverse l'esprit. Assez fortes pour l'enlacer, pour résister à l'assaut de ce que je devine en lui ? J'imagine ses mains sur mes cuisses, les écartant, ses doigts trouvant le centre brûlant de mon désir, même à travers le coton de ma culotte. Je sens une moiteur immédiate, un appel muet.

Je me penche en avant, mes mains s'agrippant au bord de la commode. Mon dos est arqué, une invitation silencieuse et coupable. Dans le miroir, je vois la position, vulnérable, provocante. C'est ainsi qu'il me voudrait, une voix chuchote au fond de moi. Pas allongée docilement, mais active, offerte, participant à mon propre déshabillage.

Je me redresse brusquement, le cœur battant la chamade. Je ne devrais pas. Je ne devrais pas penser à ça, pas imaginer ça, pas ressentir ça. C'est mal. C'est dangereux. Cela pourrait tout briser.

Mais le désir est un poison doux, et je suis déjà intoxiquée.

Je me glisse finalement dans le lit, les draps froids contre ma peau nue. Je n'ai pas pu me résoudre à remettre un vêtement de nuit. Je me sens brûlante de l'intérieur. Chaque frottement du coton contre mes jambes, mon ventre, est un rappel de mon état.

Je ferme les yeux, et il est là. Dans l'obscurité derrière mes paupières, je le vois. Son ombre se penche sur moi. Je sens le poids de son corps alourdissant le matelas, la chaleur de sa peau contre la mienne. Son souffle dans mon cou, ses lèvres murmurant des mots que je ne comprends pas, mais dont le sens est clair.

Tu es à moi.

La pensée devrait me terrifier. Elle m'excite au-delà de toute raison.

Je tourne et me retourne, les draps s'enroulant autour de moi comme des liens. La maison est silencieuse, endormie. Mais moi, je veille, hantée par le reflet de mon corps dans le miroir et par l'image d'un homme qui, à quelques mètres seulement, repose peut-être, ignorant qu'il est le roi absolu de mes pensées les plus folles, les plus interdites.

La frontière entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas s'est estompée. Il ne reste que la pulsion, pure, sauvage, et l'attente insupportable de ce qui pourrait arriver.

Continuez à lire ce livre gratuitement
Scanner le code pour télécharger l'application

Latest chapter

  • SOUS LA DOMINATION DE L'ALPHA    Chapitre 12 — L'Éveil de la Bête

    AlbaLe loup argenté ne me quitte pas des yeux. Chacun de ses souffles est un vent chaud qui fait trembler l'étoffe de ma robe. Je devrais hurler. Je devrais fuir. Mais mes pieds sont enracinés dans cette terre ancienne, et un étrange calme m'envahit, comme si une partie de moi attendait ce moment depuis toujours.— Tu vois maintenant, murmure la voix d'Adriel dans mon esprit.Je ferme les yeux un instant, submergée par un flot d'émotions contradictoires. La peur, bien sûr. Une terreur primitive face à cette créature de légende. Mais aussi une fascination malsaine, une curiosité brûlante qui consume toute raison.Quand je rouvre les yeux, le loup a reculé d'un pas. Sa silhouette commence à changer, à se métamorphoser. Les os craquent dans un bruit horrifiant et fascinant. La fourrure argentée se résorbe dans la peau qui pâlit. La forme massive se redresse, prenant une stature humaine.Quelques instants plus tard, Adriel se tient devant moi, nu jusqu'à la ceinture, les muscles de son t

  • SOUS LA DOMINATION DE L'ALPHA    Chapitre 11 — La Danse des Ombres

    AlbaLa maison bourdonne d'une énergie étrange, électrique. Quelque chose se prépare. Quelque chose que je ne comprends pas.Je descends pour le dîner, encore remuée par l'incident dans les bois. Samantha semble nerveuse, évitant mon regard. Son sourire est trop large, trop brillant. Et lui... Adriel est assis à la tête de la table, imposant et silencieux. Son regard pèse sur moi plus lourdement que jamais.— Une fête aura lieu ce soir, annonce Samantha dans un tintement de couvert. Une tradition familiale. Dans les bois. Tu devrais venir, Alba.— Une fête ? je répète, hésitante.— Pour les jeunes de la communauté, précise Adriel.Sa voix est calme, mais elle résonne en moi comme un tambour. Je vois le regard qu'il échange avec sa fille. Quelque chose passe entre eux, une complicité qui me glace.— C'est... pour nos dix-huit ans, ajoute Samantha à voix basse. Une sorte de rite de passage.Quelque chose dans sa voix me fait froid dans le dos. Ses doigts tremblent en portant son verre d

  • SOUS LA DOMINATION DE L'ALPHA    Chapitre 10 — La Proie et le Territoire

    AdrielElle fuit à travers le sous-bois, légère comme une feuille emportée par le vent. Ses pas précipités crissent sur les feuilles mortes, un rythme affolé qui trahit la tempête en elle. Je reste immobile, l'odeur de sa peur et de son désir mêlés emplissant mes narines. Un parfum enivrant.Mon sourire s'élargit, lent, prédateur.La petite Alba. Si fragile en apparence, avec ses grands yeux pleins de rêves interdits. Elle croit cacher ses pensées, les enfouir au plus profond d'elle-même. Elle ignore que pour moi, elles crient. Elles hurlent.Je ferme les yeux un instant, laissant les images qu'elle a projetées m'envahir à nouveau. Les scènes qu'elle a imaginées contre cet arbre... si vives, si détaillées. La façon dont elle s'est abandonnée à moi dans son esprit, offerte, consentante, brûlante. Elle a honte, oui. Mais son désir est plus fort que sa honte. Bien plus fort.Et c'est exactement ce que je veux.Je rouvre les yeux, fixant l'endroit où elle a disparu. Mon territoire s'étend

  • SOUS LA DOMINATION DE L'ALPHA    Chapitre 9 — L'Écho du Mensonge

    AlbaJ’ouvre les yeux.Un vertige brutal me submerge, comme si on venait de me pousser du haut d’une falaise. Le tronc du chêne est rude et réel contre mon dos. La lumière filtre à travers les feuilles, inchangée. Le chant des oiseaux a repris, normal, insouciant.Il n’est pas là.Il n’a jamais été là.La scène tout entière , ses pas, sa voix, ses doigts sur ma joue, cette intimité brûlante et humiliante , s’est déroulée dans l’arène close de mon crâne. Un fantasme si vif, si charnel, qu’il a usurpé la réalité. Mon cœur bat à coups désordonnés, non pas de passion, mais de panique. Ma joue ne brûle que de honte. Mon corps tout entier est un leurre, trahi par ses propres pulsions.Je ferme les yeux un instant, essayant de chasser les derniers vestiges de l’illusion, mais ils résistent, collants comme de la toile d’araignée. Le goût de son nom sur ma langue. La sensation fantôme de sa main sur ma mâchoire. « À toi. » J’ai dit « À toi » à un homme qui n’était pas là. À mon amie. À la fill

  • SOUS LA DOMINATION DE L'ALPHA    Chapitre 8 — L'Ombre et la Proie

    AlbaLe jour se lève, lent, implacable. Une lumière grise et coupable filtre à travers les persiennes, striant le sol et mon corps épuisé. Je me sens vidée, comme après une longue maladie. Mais la fièvre, elle, couve toujours. Elle n’a pas quitté mes veines. Elle s’est contentée de se tapir, patiente, attendant son heure.Je m’habille mécaniquement, enfilant une robe légère qui me semble soudain trop lourde sur ma peau hypersensible. Chaque froissement du tissu est une caresse indécente, un rappel des mains qui m’ont possédée dans mes rêves. Mes propres mains.La maison est étrangement silencieuse quand je descends. Trop silencieuse. Je tends l’oreille, guettant le bruit de ses pas lourds, le timbre grave de sa voix. Rien. Seulement le tic-tac obsédant de la vieille horloge du couloir.Samantha est à la cuisine, le visage pâle et les yeux cernés.—Tu as bien dormi ? me demande-t-elle en poussant vers moi une tasse de café.—Comme un loquet, je mens, la voix rauque.Je prends la tasse.

  • SOUS LA DOMINATION DE L'ALPHA    Chapitre 7 — L'Appel du Sang

    AlbaJe recule d'un pas chancelant, puis deux, quittant le balcon comme on quitte le bord d'un précipice. La porte-fenêtre se referme dans un claquement sourd qui résonne comme un coup de feu dans le silence de ma tête. Le dos collé contre la paroi froide, je ferme les yeux, mais son image est incrustée au fond de mes paupières, plus vive que la réalité.Son torse.Dieu, son torse.Large, pâle sous la lune, strié de muscles qui dessinaient un relief de force pure. La toison sombre, une flèche sauvage traçant un chemin vers la ceinture de son pantalon, vers ce qui était caché, interdit. J'avais vu la puissance de ses bras, la carrure qui promettait de m'engloutir. Et ses yeux… ses yeux qui m'avaient déshabillée, possédée, bien plus efficacement que des mains.Un gémissement m'échappe, étouffé dans le silence de la chambre. Ma main presse le creux de mon ventre, où une douleur-aiguïsie, un besoin viscéral, s'est enracinée. C'est plus fort que la honte, plus fort que la peur. C'est un ap

Plus de chapitres
Découvrez et lisez de bons romans gratuitement
Accédez gratuitement à un grand nombre de bons romans sur GoodNovel. Téléchargez les livres que vous aimez et lisez où et quand vous voulez.
Lisez des livres gratuitement sur l'APP
Scanner le code pour lire sur l'application
DMCA.com Protection Status