Chapitre 4 – Un trouble persistant
LE POINT DE VUE DE Camille
Deux mois et vingt-trois jours.
C’est le temps qui s’est écoulé depuis mes dernières règles, et honnêtement, je commence à paniquer. Les crampes sont toujours là, sournoises et douloureuses. Mon ventre est constamment gonflé, au point où je me sens lourde et mal à l’aise dans mes propres vêtements. Et puis, il y a ces sautes d’humeur que je ne contrôle plus. Tout m’agace, tout m’épuise, et parfois, j’ai juste envie de disparaître sous une couette et de dormir pendant une semaine.
Mais le pire, ce sont les regards des autres.
On me juge sans savoir. Certains insinuent que je suis enceinte, d’autres me traitent de fille facile sous prétexte que j’ai des formes généreuses. Comme si être pulpeuse voulait forcément dire que je passais mon temps à collectionner les mecs. Si seulement ils savaient…
Je ne comprends toujours pas pourquoi ces arrêts. Mon cycle, qui a toujours été régulier, semble avoir décidé de faire une pause sans prévenir. Et pourtant, je suis vierge. Oui, vierge à 22 ans. C’est une fierté pour moi, même si je sais que beaucoup trouvent ça étrange. Mais c’est justement ça qui m’inquiète. Pourquoi ces irrégularités alors que je n’ai jamais eu de relations sexuelles ? Est-ce le stress ? Mon alimentation ? Mon corps essaie-t-il de me dire quelque chose que je ne comprends pas ?
Et puis, il y a cette prise de poids. Rien de dramatique, mais assez pour que je le remarque. J’ai commencé à aller à la salle de sport il y a quelques mois, pensant que ça m’aiderait à me sentir mieux dans ma peau. Mais même avec les séances régulières, je ne vois pas de grands changements. Peut-être que je suis trop dure avec moi-même. Ou peut-être que je cherche des réponses là où il n’y en a pas.
En parlant de réponses, je repense à ma dernière relation. Si on peut appeler ça une relation. C’était il y a un an. Je l’avais rencontré à une soirée, et il semblait parfait. Attentionné, drôle, charmant. Mais tout a changé quand il a compris que je ne voulais pas aller plus loin. Je me souviens encore de ses mots : _"Je ne peux pas être dans une relation sans sexe."_ Et juste comme ça, il est parti.
Je ne lui en veux pas. Enfin, pas vraiment. Chacun a ses besoins et ses attentes. Mais ça m’a fait mal. Pas parce qu’il est parti, mais parce qu’il n’a pas vu au-delà de ça. Comme si ma valeur se résumait à ce que je pouvais lui offrir physiquement. Depuis, je me suis promis de ne jamais compromettre mes valeurs pour quelqu’un. Être vierge à 22 ans, c’est une décision que j’ai prise, et je suis fière de m’y tenir. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est moi.
Peut-être que ces arrêts, cette prise de poids, et même mes souvenirs de cette rupture, sont liés. Peut-être que mon corps essaie de me dire que je dois m’écouter davantage, que je dois prendre soin de moi, pas seulement physiquement, mais aussi émotionnellement.
Voilà où j’en suis. Une jeune femme de 22 ans, vierge, un peu perdue, mais déterminée à comprendre son corps, son cœur, et peut-être même ce que la vie essaie de lui dire.
Je pousse la porte du cabinet et inspire profondément. L’odeur aseptisée du lieu m’accueille immédiatement, et une boule se forme dans mon ventre. Pas à cause du stress lié aux résultats.
Mais à cause de lui.
Dr Maël.
Je ne devrais pas ressentir ça pour mon gynécologue. Je le sais. Et pourtant… Il a quelque chose qui me trouble. Une voix grave et posée, un regard perçant qui semble toujours me scruter plus qu’il ne le devrait, une prestance qui me fait oublier que je suis ici pour des raisons médicales.
Je secoue la tête pour chasser ces pensées et m’avance vers l’accueil. L’assistante me salue avec un sourire poli.
— Bonjour, Camille. Vous avez rendez-vous avec le Dr Maël, c’est bien ça ?
J’acquiesce, la gorge un peu sèche.
— Oui… Il m’a demandé de revenir pour mes résultats.
— Il va vous recevoir dans quelques minutes, prenez place.
Je m’installe dans la salle d’attente, mon pied battant nerveusement contre le sol.
Quelques minutes plus tard, on m’appelle.Je me lève et traverse le couloir jusqu’à son bureau.
La porte est entrouverte, et en la poussant légèrement, je l’aperçois.
Il est là, assis derrière son bureau, concentré sur mon dossier. Son costume sombre épouse parfaitement sa silhouette élancée. Il lève les yeux en entendant mon entrée, et son regard vient aussitôt accrocher le mien.
— Camille, bonjour.
Sa voix m’enveloppe, chaude et grave.
— Bonjour, docteur, murmuré-je en refermant la porte derrière moi.
— Installez-vous.
Je m’assois en face de lui, tentant de garder mon calme tandis qu’il feuillette mes résultats.
— Comment vous sentez-vous depuis la dernière fois ? demande-t-il, relevant brièvement les yeux vers moi.
Je prends une inspiration.
— Honnêtement ? Pas terrible. J’ai toujours ces crampes, mon ventre gonflé, et… je ne me sens pas moi-même. Comme si mon propre corps m’échappait.
Il hoche la tête, analysant mes paroles.
— Je comprends. C’est une sensation déstabilisante, surtout quand on ne sait pas d’où ça vient.
Il tourne l’écran vers moi et commence à m’expliquer les résultats. Mais moi, tout ce que je ressens, c’est cette chaleur étrange qui monte en moi chaque fois que son regard croise le mien. Et je me demande si je suis venue ici seulement pour des réponses médicales… ou pour autre chose.
Chapitre 5 – Une frontière troublantePoint de vue de CamilleMon cœur bat trop vite.Je suis allongée sur la table d’examen, le haut de mon corps découvert, exposée sous le regard analytique du Dr Maël. Je devrais me concentrer sur l’examen, sur la raison pour laquelle je suis ici. Mais ce n’est pas ce qui occupe mon esprit en ce moment.C’est lui.Ses mains, grandes et chaudes, effleurent ma peau alors qu’il commence la palpation de ma poitrine. Un geste purement médical. Rien d’intime. Rien qui ne devrait éveiller en moi cette étrange chaleur qui se répand dans tout mon corps.Mais c’est plus fort que moi.Le contact de ses doigts sur ma peau me fait frissonner. Il presse délicatement, explore méthodiquement, mais chaque pression, chaque mouvement semble réveiller en moi une envie incontrôlable.Je ferme les yeux, incapable de lutter contre cette sensation. Ma respiration se fait plus lente, plus profonde. Sans m’en rendre compte, je passe ma langue sur mes lèvres.Et c’est là que
Chapitre 6 – Un trouble exquisPoint de vue de CamilleJe suis allongée sur le lit, nue, enveloppée dans la chaleur encore présente du corps de Maël. Mon souffle est saccadé, mes muscles détendus, mais mon esprit… mon esprit est en pleine tempête.Je devrais peut-être ressentir de la culpabilité, de l’appréhension, quelque chose qui ressemble à du doute. Mais non. Ce que je ressens, c’est un bonheur étrange, une plénitude que je n’avais jamais connue auparavant.Je repense à ses mains, à la manière dont il m’a touchée, à sa voix grave et rassurante qui m’a guidée à travers ce moment. Je repense à son regard brûlant posé sur moi, à la douceur contrastant avec la puissance de ses gestes.C’était intense. C’était magnifique.Je souris légèrement, encore envahie par cette sensation exquise qui flotte en moi. Une chaleur douce, une onde de satisfaction qui se répand dans mon corps.Mais soudain, mon estomac se noue.Une vague de nausée monte, imprévisible, violente.Je fronce les sourcils,
Chapitre 7 – Un bal sous tensionPoint de vue de CamilleLe faste du gala est à couper le souffle. La grande salle de réception, baignée de lumière dorée, vibre sous les lustres en cristal. Des tables élégamment dressées parsèment la pièce, couvertes de nappes immaculées et de coupes de champagne scintillant sous les reflets tamisés.C’est le genre d’événement où seuls les grands noms du pays sont conviés. Politiques influents, chefs d’entreprises puissants, héritiers de fortunes colossales… L’élite, dans toute sa splendeur.Ma famille et moi avons été invités grâce à mon père, un homme respecté dans son domaine. Ma sœur, comme toujours, semble parfaitement à l’aise parmi cette foule sélecte. Moi, en revanche… c’est une autre histoire.Vêtue d’une robe noire moulante qui met en valeur mes formes, je me tiens légèrement en retrait, une coupe à la main, le regard vagabondant sur les silhouettes élégantes qui animent la soirée. Mais en vérité, mon esprit est ailleurs.La nuit dernière ne
Chapitre 8: Une jalousie naissante LE POINT DE VUE DE Camille — Je vois… dit-il, sa voix posée mais légèrement plus froide que d’habitude. Je ne savais pas que tu étais invitée.Je me force à sourire légèrement, essayant de masquer mon trouble.— Oui, je suis venue avec mes parents.Maël hoche lentement la tête, comme s’il enregistrait l'information. Gabriel, lui, ne semble pas du tout gêné par notre échange. Au contraire, il affiche un air satisfait, presque amusé.— Camille m’a confié qu’elle venait souvent à l’hôpital Saint-Raphaël.Maël arque légèrement un sourcil, son regard passant de Gabriel à moi. Je déglutis, sentant le sous-entendu derrière ces mots.— Oui… pour mes consultations, précisé-je immédiatement.Gabriel esquisse un sourire.— Bien sûr, bien sûr… Mais j’espère que nous aurons bientôt l’occasion de discuter dans un cadre plus… détendu.Ses mots sont prononcés avec une certaine lenteur, une insinuation claire qui me fait frissonner d'inconfort. Je vois la mâchoire
Chapitre 9 : Une proximité troublanteJe venais à peine de sortir de mon cours de sport. Mon legging collait encore à ma peau chaude et humide, et je sentais mes cheveux en bataille malgré l’effort que j’avais fait pour les attacher correctement. Il faisait frais ce soir, l’air portait cette senteur d’asphalte mouillé et de ville agitée que j’aimais bien. J’allais traverser la rue quand je l’ai aperçu.Maël. Appuyé nonchalamment contre son 4x4 noir, les bras croisés, les yeux posés sur moi comme s’il m’attendait depuis longtemps. Mon cœur a raté un battement.Il portait une chemise bleu nuit retroussée aux avant-bras, dévoilant ses veines et ses poignets, ce genre de détails qui me faisaient toujours perdre un peu l’équilibre.— Tu termines à cette heure-là, d’habitude ? demanda-t-il, la voix calme, le sourire presque innocent.Je me suis forcée à rire légèrement, en passant une main sur ma nuque moite.— Tu passais dans le coin ?— Oui. Enfin… plus ou moins, répondit-il en ouvrant la
Chapitre 10 : Un aveu inattenduLE POINT DE VUE DE CAMILLE Je n’aurais jamais cru me retrouver seule avec Gabriel Valmère. Et pourtant, ce soir-là, à la fin d’un événement caritatif organisé par la fondation médicale nationale, il m’avait proposé de me raccompagner jusqu’à la voiture de ma sœur.Il faisait nuit, mais la rue était bien éclairée. On marchait côte à côte, dans un silence un peu étrange. Trop calme pour être naturel.Je sentais son regard se poser sur moi par moments, comme s’il cherchait le bon moment pour dire quelque chose. Moi, je fixais le trottoir, tentant d’ignorer le tambour que formait mon cœur dans ma poitrine.Et puis, il a parlé.— Camille… je voulais te dire quelque chose.Je me suis arrêtée. Il s’est arrêté aussi. Mon souffle s’est suspendu dans ma gorge.— Depuis la première fois que je t’ai vue… à ce gala… je n’ai pas cessé de penser à toi.Je n’ai rien répondu. J’ai senti mes joues me brûler, mes doigts tremblaient un peu. Il me regardait droit dans les
Chapitre 11 : Entre lignes et silencesLE POINT DE VUE DE MAEL La lumière de fin d’après-midi traversait les vitres du couloir principal de l’hôpital Saint-Augustin, étirant sur le sol les ombres nettes des stores. Je sortais d’une consultation, mon carnet de notes à la main, l’esprit encore accroché au sourire de Camille quelques heures plus tôt.Je ne m’attendais pas à croiser Gabriel.Mais évidemment, lui et son timing impeccable.Il discutait avec une cadre du service administratif quand il m’aperçut. Son sourire s’élargit d’un cran trop contrôlé pour être sincère. Il me salua d’un léger mouvement du menton, et laissa la femme partir avant de s’approcher de moi.— Maël, toujours aussi ponctuel, je vois.Je répondis d’un ton neutre, poli :— Bonjour, Gabriel. L’habitude du métier, tu sais bien.Il portait son éternel costume sur mesure, impeccable comme son brushing. Un homme qui ne laisse jamais rien au hasard. Pas même ses silences.Il s’arrêta à quelques pas de moi, les mains j
Chapitre 12 : l'arrivée chez MaelLE POINT DE VUE DE CAMILLE Je crois que j’ai passé la moitié de la matinée à faire les cent pas dans ma chambre, mon téléphone à la main, hésitant entre lui écrire un message ou débarquer directement. Mon cœur me criait d’aller le voir. Mon esprit me suggérait d’attendre. Mais ce matin, c’était mon cœur qui commandait.Je poussai un long soupir avant de sortir de ma chambre. Ma sœur était déjà au salon, affalée sur le canapé, en pyjama, une tasse de thé fumant entre les mains. Elle leva les yeux vers moi, un sourcil arqué, le regard plein de malice.— Oh, mademoiselle s’est faite belle aujourd’hui, dit-elle en me scrutant de haut en bas. T’as un date ou quoi ?Je roulai les yeux, mais un sourire se forma naturellement sur mes lèvres. Je portais une robe longue en maille beige, qui épousait parfaitement mes formes généreuses. Pas vulgaire, mais juste assez pour faire tourner la tête de celui que je voulais voir. J’avais pris le temps de me maquiller l
Chapitre 31 : ÉTEINDRE UNE FLAMME LE POINT DE VUE LYSAJe les observais à travers la vitre. Mael et Camille. Ils parlaient doucement, mais leurs gestes, leurs regards… tout criait ce que les mots n’avaient plus besoin d’exprimer. Ce lien entre eux, cette chose invisible et indestructible, elle n’avait jamais disparu. Je l’ai toujours su, au fond.Je me sentais figée, incapable de détourner les yeux. C’était comme assister à une scène que j’avais redoutée depuis longtemps, mais que j’avais refusé de m’avouer.Camille, avec ses yeux humides et sa voix tremblante. Mael, avec cette douceur dans le regard qu’il ne réservait qu’à elle. Je ne l’avais jamais vu comme ça avec moi. Jamais. Même dans les moments les plus intimes, il était toujours un peu ailleurs, un peu distant. Je pensais pouvoir combler ce vide à force de patience, de présence… d’amour. Mais on ne peut pas forcer un cœur à changer de cap.Je me suis surprise à serrer mes bras autour de moi. Un réflexe. Comme si je voulais me
Chapitre 30 : C'est ma filleLE POINT DE VUE DE MAELJe n’avais pas quitté la chambre de repos. Élodie dormait à nouveau, son visage paisible, encadré par ses cheveux bruns en bataille. J’étais resté assis là, à côté d’elle, le cœur encore serré mais étrangement apaisé. J’entendais encore sa voix m’appeler "Monsieur Maël", son petit sourire en coin. Elle avait ce quelque chose… cette lumière familière.Quand Camille est revenue dans la pièce, elle marchait lentement, comme si ses jambes portaient tout le poids du monde. Je me suis levé. Je devais lui parler. Je ne pouvais plus garder ça en moi.— « Camille… » ma voix tremblait légèrement. « Dis-moi la vérité. »Elle fronça les sourcils.— « La vérité ? » demanda-t-elle, les bras croisés comme pour se protéger.Je fis un pas vers elle. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression que les murs entiers pouvaient l’entendre.— « Élodie… est-ce que c’est ma fille ? »Ses yeux s’écarquillèrent, elle ouvrit la bouche, et je la vis se dé
Chapitre 29 : LE POINT DE VUE DE Camille Mon cœur battait à une cadence folle, et j’avais l’impression que mes poumons refusaient parfois de faire leur travail.Quand la porte du couloir s’est ouverte, j’ai sursauté.Le docteur est apparu, encore en tenue de bloc, un masque tiré sous le menton et des cernes profondes sous les yeux. Il s’est approché, un léger sourire sur les lèvres.— « Madame Camille ? »Je me suis levée d’un bond, presque en trébuchant, les jambes engourdies par le stress.— « Oui ? » ai-je dit, d’une voix fébrile.Il a hoché doucement la tête, et ces quelques mots sont sortis comme une libération :— « L’opération s’est très bien passée. Votre fille est en salle de repos. Vous pouvez aller la voir. »Mon cœur s’est arrêté une seconde, puis une vague de soulagement m’a submergée.— « Dieu merci… » ai-je soufflé en portant mes mains à mon visage, les larmes montant aussitôt.À côté de moi, Lysa a posé une main sur mon bras avec un sourire rassurant.— « Je t’avais d
Chapitre 28 : MA FILLE LE POINT DE VUE DE MAEL J’étais planté là, de l’autre côté de la vitre, figé, le regard rivé sur cette petite silhouette fragile allongée sur la table d’opération. Les battements de mon cœur suivaient le rythme des machines. Mon souffle était court, comme suspendu.Cette petite fille… elle avait l’air si paisible, malgré les fils qui la reliaient aux moniteurs, malgré la tension qui régnait dans la pièce. Ses longs cils reposaient sur ses joues rondes, et même là, au cœur de cette urgence, elle était magnifique.Est-ce que… est-ce qu’elle pourrait être de moi ?Je n’arrêtais pas de me poser la question depuis que j’avais vu Camille, puis entendu parler de cette enfant. Mais je n’osais pas laisser cette pensée prendre racine. Et puis…Le médecin a pris la parole, faisant les présentations aux autres membres de l’équipe.— « Patiente : Élodie Duvernay . Cinq ans. Troubles cardiaques sévères, urgence de pose de pacemaker. »Et puis, cette phrase, anodine pour eux
Chapitre 27 : Les coups du destinLE POINT DE VUE DE MAEL J’étais concentré… jusqu’à ce que je lève les yeux.Elle était là.Assise sur un banc, la tête baissée, les coudes posés sur ses genoux. Les mèches de ses cheveux noirs cachaient son visage. Mais mon cœur la reconnut bien avant mes yeux.— « Madame ? » appela le docteur en s’approchant d’elle. « Madame, je vous présente le docteur Mael Duvernay, le fabricant du pacemaker, et sa femme, Lysa. »Elle releva doucement la tête… et mon souffle se coupa net.Camille.Mon cœur se figea. Mon monde aussi.C’était bien elle. Mais elle n’était plus tout à fait la même. Ses traits s’étaient affinés, son corps avait changé. Elle était plus belle que jamais. Moins ronde, mais avec cette sensualité douce et naturelle que j’avais toujours aimée. Ses yeux, eux, n’avaient pas changé. Toujours aussi profonds. Mais aujourd’hui, ils étaient gonflés, rouges, humides. Elle avait pleuré. Longtemps.Mon cœur se mit à battre fort, irrégulièrement, doulo
Chapitre 26 : Merci Docteur LE POINT DE VUE DE Mael Je venais à peine de déposer ma valise dans la chambre d’hôtel que mon téléphone se mit à vibrer sur la table de chevet. J’étais littéralement vidé. Le vol avait été long, les douanes pénibles, et la seule chose à laquelle j’aspirais, c’était une douche chaude et une nuit complète de sommeil.Mais je ne pouvais pas ignorer cet appel. Le numéro de l’hôpital de Pékin s’affichait. J’attrapai le téléphone et répondis, déjà sur mes gardes.— « Allô ? »— « Bonjour, docteur Mael. Ici le docteur Sun du centre hospitalier de Pékin. Nous avons une urgence. Une petite fille de cinq ans a un trouble cardiaque sévère. Il lui faut un pacemaker pédiatrique cette nuit, sinon elle ne tiendra pas jusqu’au matin. »Je me redressai immédiatement sur le bord du lit, mon cœur battant un peu plus fort.— « Cette nuit ? » demandai-je, la voix un peu rauque. « Je viens à peine d’arriver à l’hôtel. Je suis exténué et la cargaison est encore au dépôt. Je pe
Chapitre 25 : L'inquiétude d'une mèreLE POINT DE VUE DE CAMILLE La nuit était tombée depuis quelques heures, et le silence régnait dans notre appartement, troublé seulement par le souffle régulier du vent contre les vitres. Je dormais profondément, exténuée par la journée. Mais un bruit, ou plutôt une absence de bruit, me tira lentement de mon sommeil. Ce n’était pas un cri… c’était plus instinctif. Comme si mon cœur avait senti quelque chose d’anormal.Je me redressai d’un coup dans le lit, une étrange angoisse me serrant la poitrine.— « Élodie… »Je sortis précipitamment de ma chambre, les pieds nus heurtant le parquet froid. La porte de sa chambre était entrouverte. Je poussai doucement, priant intérieurement que tout allait bien.Mais non. Mon regard se posa sur elle. Ma petite Élodie, recroquevillée dans son lit, le front en sueur, le souffle saccadé, ses mains serrant son pyjama contre sa poitrine. Je me précipitai vers elle, le cœur en feu.— « Bébé, maman est là… qu’est-ce
Chapitre 24 : Corps à corpsLE POINT DE VUE DE LISAJe ne sais pas vraiment comment on en est arrivés là. Peut-être que c’était la tension, le silence entre nous depuis plusieurs jours, ou simplement ce besoin irrépressible de se sentir vivant, de se sentir désiré. Tout ce que je sais, c’est que Maël est là, contre moi, et que son regard brûlant me fait oublier le reste du monde.Nous sommes allongés sur le lit, sa main glissant lentement le long de ma hanche, son souffle caressant ma peau. Je le sens hésitant, comme s’il portait un poids, comme s’il n’était pas totalement là. Mais il ne recule pas. Et moi non plus.Ses lèvres trouvent les miennes, d’abord doucement, presque timidement. Puis, plus profondément, avec une faim qu’il tente de contenir, mais que je sens vibrer en lui. Je m’accroche à sa nuque, mes doigts dans ses cheveux. Il a ce goût d’interdit, de fuite, de blessure mal refermée, et peut-être que c’est pour ça que je le laisse faire. Peut-être que c’est pour ça que je l
Chapitre 23 : Une journée avec ElodieLE POINT DE VUE DE CAMILLE Il était un peu plus de seize heures quand j’ai jeté un dernier coup d'œil à l’écran de mon ordinateur. Mes doigts pianotaient rapidement sur le clavier, finalisant un rapport que je devais envoyer avant de partir. Le soleil perçait à travers la baie vitrée de mon bureau, étirant ses rayons dorés sur les murs beiges. J’ai enregistré le document, puis je me suis levée, lissant d’un geste mon tailleur sable qui épousait mes courbes avec élégance. Mes escarpins beiges claquaient doucement sur le sol de marbre blanc alors que je quittais le bâtiment.Direction l’école. Direction mon monde. Ma vraie lumière : Élodie.Je me suis engouffrée dans ma voiture, une berline compacte et brillante, puis j’ai roulé à travers les rues animées, un sourire impatient aux lèvres. À l’arrière, sur la banquette, un siège-auto attendait sagement d’accueillir la petite tornade de mes journées.Le portail de l’école apparaissait déjà. Le même,