Chapitre 3 – Un appel inévitable
Point de vue du Dr Morel
Assis à mon bureau, je fais tourner distraitement mon stylo entre mes doigts. La journée a été longue, rythmée par les consultations, les diagnostics, les analyses de dossiers. Tout aurait dû se dérouler comme d’habitude. Sauf qu’il y a Camille. Je soupire et jette un coup d’œil à son dossier, ouvert devant moi. Les résultats de ses analyses sont arrivés. Rien d’alarmant, rien qui justifierait un rendez-vous en urgence. Pourtant, je n’arrive pas à me convaincre de simplement lui envoyer un compte rendu par mail.
Je devrais. Mais je ne le fais pas.
Je prends mon téléphone et compose son numéro presque machinalement. L’écran clignote, le signal sonore résonne à mon oreille. Une part de moi espère qu’elle ne répondra pas, que je n’aurai pas à gérer ce trouble étrange qui s’installe chaque fois qu’elle est là.
Mais elle décroche.
— Allô ?
Sa voix est douce, légèrement hésitante.
— Camille, bonsoir. C’est le Dr Morel.
Un silence. Un très bref instant de flottement avant qu’elle ne réponde :
— Oh… Bonsoir, docteur.
Je me racle la gorge, retrouvant mon ton habituellement neutre.
— J’ai reçu vos résultats d’analyses. Ce serait mieux qu’on en discute en personne. Pouvez-vous passer au cabinet demain ?
Elle hésite. Je l’entends à sa respiration.
— Il y a un problème ?
— Non, rien de grave. Mais je préfère vous en parler directement.
Mensonge. Ou peut-être pas tout à fait. Disons qu’il y a des choses qui ne se disent pas par téléphone.
— D’accord… Je peux venir en fin d’après-midi ?
— 16h30, ça vous convient ?
— Oui.
Un silence de quelques secondes s’installe.
Je devrais raccrocher.
Je devrais dire « à demain » et couper court à cet échange. Mais ma main ne bouge pas, et je reste là, le téléphone contre l’oreille, comme si j’attendais qu’elle dise autre chose.
— Très bien. À demain alors, Camille.
— À demain, docteur.
LE Point de vue de Camille
Je raccroche lentement, les doigts toujours crispés sur mon téléphone. Mon cœur bat un peu trop vite, et je sens déjà le regard insistant de Lisa posé sur moi.
— C’était qui ? demande-t-elle d’un ton faussement innocent.
Je me mordille la lèvre, hésitant entre la jouer détachée ou esquiver totalement la question. Mais c’est ma sœur. Elle lit en moi comme dans un livre ouvert.
— Dr Morel, je finis par lâcher.
Lisa arque un sourcil, son sourire s’élargissant aussitôt.
— Oh. Intéressant.
Je lève les yeux au ciel et me dirige vers la cuisine pour me servir un verre d’eau, espérant qu’elle ne creuse pas plus loin. Peine perdue.
— Il t’a appelée à cette heure ? C’est pas un peu… inhabituel ?
Je hausse les épaules, tentant de garder mon calme.
— Il a reçu mes résultats d’analyses et veut qu’on en parle en personne.
Lisa siffle, l’air malicieux.
— Ah ouais ? T’as une maladie rare qui nécessite une consultation privée avec un médecin ultra-sexy, c’est ça ?
— Arrête.
Elle rit et s’appuie contre le comptoir, me détaillant de haut en bas.
— Non mais sérieusement, Camille… Tu crois pas que c’est un peu bizarre ? Normalement, il aurait pu juste t’envoyer un compte rendu, non ?
Je soupire et m’assois sur un tabouret, mal à l’aise.
— Je sais pas… Peut-être qu’il préfère s’assurer que tout va bien.
Lisa croise les bras, me scrutant avec amusement.
— Ou peut-être qu’il veut juste te revoir.
Je fronce les sourcils, mais mon estomac se tord à cette idée.
— N’importe quoi. Il est médecin, il a des centaines de patientes. Je suis juste… une parmi tant d’autres.
Lisa secoue la tête, l’air faussement exaspéré.
— Tu dis ça comme si t’étais banale, mais meuf, ouvre les yeux.
Elle s’approche et pince ma hanche avec un sourire taquin.
— T’es ronde, t’es pulpeuse, et tu le sais. T’as des formes qui feraient tourner la tête de n’importe quel mec.
Je rougis légèrement, même si je sais qu’elle a raison. J’ai toujours eu ce genre de silhouette qui attire le regard, une sensualité naturelle qui transparaît malgré moi. Des courbes généreuses, une poitrine pleine, des hanches marquées, et une manière de bouger qui, je le sais, ne laisse pas indifférent.
Mais Dr Morel ?
Je secoue la tête pour chasser cette pensée.
— C’est un médecin, Lisa. Il ne me voit pas comme ça.
Elle sourit en coin.
— Si tu le dis… Mais j’aimerais bien être une petite souris demain pour voir comment il te regarde.
Je ris malgré moi et lui envoie un coussin à la figure.
— T’es insupportable.
— Je sais.
Chapitre 35 : C'est bien de te revoir LE POINT DE VUE DE MAEL Je l’avais retrouvée. Pas simplement Camille, la femme. Mais Camille, la douceur, le feu, la faille et la force. Elle était là, devant moi, nue de tout — de vêtements, de défenses, de mensonges.Et moi… j’étais éperdu.J’ai effleuré sa peau comme si elle allait s’évanouir entre mes doigts. Comme si elle était faite de brume, de souvenir, de quelque chose que j’avais attendu mille nuits sans oser espérer. Mes lèvres ont glissé sur sa clavicule, puis son cou — ce parfum, c’était encore le sien, celui qui m’avait hanté.Elle a gémi doucement, la tête penchée, offerte, les yeux mi-clos.Je ne pouvais plus reculer. Je ne voulais plus.Mes mains ont retrouvé ses courbes avec une lenteur presque douloureuse. Je redécouvrais chaque creux, chaque frisson. Mes doigts ont glissé sur la ligne délicate de ses hanches, sur le ventre où avait grandi notre fille… et mon cœur s’est serré.— Tu es magnifique… ai-je soufflé contre sa peau.
Chapitre 34 : L'APPARTEMENT DE Camille Il n’y avait que la lumière du couloir, douce et dorée, qui s’échappait par la porte entrebâillée. Mael monta les marches lentement, presque religieusement, comme s’il entrait dans un sanctuaire. La porte était ouverte, comme elle l’avait dit. Mais en la poussant, ce ne fut pas seulement un appartement qu’il découvrit. C’était un morceau de la vie de Camille. De sa vie sans lui.Le salon était simple, chaleureux, aux teintes neutres et aux coussins dépareillés. Des jouets d’enfant rangés dans un petit coffre en bois, des dessins collés sur le frigo. Une odeur de vanille flottait dans l’air, légère et douce, presque maternelle. Il resta un instant figé, absorbant l’intimité du lieu.Il passa lentement dans le couloir, caressant du bout des doigts les cadres accrochés au mur. Des photos. Camille avec sa fille. Camille souriant. Il la reconnaissait dans chaque détail : dans le choix des rideaux, dans les livres alignés avec soin, dans les plantes v
Chapitre 33 : J'AIMERAIS LE REVOIR LE POINT DE VUE D'ELODIEJe somnolais à l’arrière de la voiture, blottie contre le coussin que maman avait glissé derrière ma tête. L’odeur du tissu sentait la lavande et le linge propre, une odeur qui me rappelait nos soirées d’hiver, quand elle me massait les tempes avec une huile naturelle parce que j’avais mal à la tête. Cette femme, ma mère… elle était tout pour moi. Et pourtant, ce soir, j’avais l’impression de la découvrir à nouveau.Le trajet depuis l’hôpital avait été silencieux. Ni lourd, ni gênant. Juste… calme. Comme si elle aussi avait besoin d’aligner ses pensées.Quand on est arrivées devant l’immeuble, elle s’est garée lentement, comme si elle hésitait à franchir cette étape. Elle est descendue d’un geste un peu mécanique et a contourné la voiture pour m’ouvrir la portière. J’ai levé les yeux vers elle.— Maman, tu es fatiguée ? lui ai-je demandé.Elle m’a offert un sourire doux, mais je voyais la fatigue dans ses yeux. Une fatigue d
Chapitre 32 : FAMILLE RÉUNIES MAEL Le silence avait envahi la chambre après le départ de Lysa.J’étais restée près du lit d’Élodie, assise dans ce fauteuil inconfortable, à caresser doucement les mèches blondes qui retombaient sur son front. Elle dormait profondément, paisible, loin de tous les drames qui secouaient nos vies. Je l’enviais presque, ma fille. Sa respiration régulière, son innocence. Elle n’avait rien demandé, mais elle était au centre d’un bouleversement immense.Puis Mael est revenu.Je l’ai senti avant même de le voir. Ce n’est pas une question de bruit de pas ou de mouvements. C’était autre chose. Cette énergie particulière qui flottait dans l’air quand il était là. Comme si tout mon corps reconnaissait sa présence avant mon esprit.Il est resté debout un instant, près de la porte. Silencieux.Je n’ai pas levé les yeux tout de suite. Je n’en avais pas le courage. J’avais trop peur de croiser son regard et d’y lire des choses que je n’étais pas prête à affronter. De
Chapitre 31 : ÉTEINDRE UNE FLAMME LE POINT DE VUE LYSAJe les observais à travers la vitre. Mael et Camille. Ils parlaient doucement, mais leurs gestes, leurs regards… tout criait ce que les mots n’avaient plus besoin d’exprimer. Ce lien entre eux, cette chose invisible et indestructible, elle n’avait jamais disparu. Je l’ai toujours su, au fond.Je me sentais figée, incapable de détourner les yeux. C’était comme assister à une scène que j’avais redoutée depuis longtemps, mais que j’avais refusé de m’avouer.Camille, avec ses yeux humides et sa voix tremblante. Mael, avec cette douceur dans le regard qu’il ne réservait qu’à elle. Je ne l’avais jamais vu comme ça avec moi. Jamais. Même dans les moments les plus intimes, il était toujours un peu ailleurs, un peu distant. Je pensais pouvoir combler ce vide à force de patience, de présence… d’amour. Mais on ne peut pas forcer un cœur à changer de cap.Je me suis surprise à serrer mes bras autour de moi. Un réflexe. Comme si je voulais me
Chapitre 30 : C'est ma filleLE POINT DE VUE DE MAELJe n’avais pas quitté la chambre de repos. Élodie dormait à nouveau, son visage paisible, encadré par ses cheveux bruns en bataille. J’étais resté assis là, à côté d’elle, le cœur encore serré mais étrangement apaisé. J’entendais encore sa voix m’appeler "Monsieur Maël", son petit sourire en coin. Elle avait ce quelque chose… cette lumière familière.Quand Camille est revenue dans la pièce, elle marchait lentement, comme si ses jambes portaient tout le poids du monde. Je me suis levé. Je devais lui parler. Je ne pouvais plus garder ça en moi.— « Camille… » ma voix tremblait légèrement. « Dis-moi la vérité. »Elle fronça les sourcils.— « La vérité ? » demanda-t-elle, les bras croisés comme pour se protéger.Je fis un pas vers elle. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression que les murs entiers pouvaient l’entendre.— « Élodie… est-ce que c’est ma fille ? »Ses yeux s’écarquillèrent, elle ouvrit la bouche, et je la vis se dé