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Chapitre 4 – Frôler l’interdit

Penulis: L'invincible
last update Terakhir Diperbarui: 2025-05-06 19:47:06

Elina

Je ne trouve pas le sommeil.

Il est presque deux heures du matin et je suis encore là, allongée dans mon lit, les yeux fixés au plafond, le cœur battant trop vite pour la nuit, trop fort pour le silence. J’ai pourtant tout essayé : la tisane, la douche chaude, la musique douce. Rien n’y fait. Mon esprit refuse de s’apaiser. Il tourne en boucle, obsédé par ce qui s’est passé aujourd’hui. Par lui. Par Aiden.

Je ferme les yeux, espérant faire taire les images qui m’assaillent, mais c’est pire. Je le revois dans le couloir, son regard posé sur moi comme un feu lent, qui me consume sans même me toucher. Il ne m’a pas effleurée. Pas même un doigt sur mon bras, et pourtant… j’ai senti son emprise, comme si chaque mot qu’il prononçait s’imprimait sur ma peau.

Et cette façon qu’il a de me regarder… Ce n’est pas seulement de l’intérêt. C’est autre chose. Quelque chose de plus profond, de plus dangereux. Comme s’il me connaissait déjà. Comme s’il savait exactement ce que je cache derrière mes sourires polis, derrière mes silences prudents. Il me voit. D’une façon qui me trouble autant qu’elle me fascine. Et je déteste ça. Je déteste me sentir aussi vulnérable face à lui.

Je me redresse dans mon lit, repoussant la couverture avec agacement. L’air de la pièce est lourd. Étouffant. Comme s’il portait son odeur, sa présence. Tout me ramène à lui. Et c’est insupportable. Je ne devrais pas penser à lui. Je ne devrais même pas lui accorder une place dans mon esprit. C’est mon supérieur. Il n’y a rien à espérer, rien à construire. Juste une limite claire à ne pas franchir.

Et pourtant… je l’ai déjà franchie dans ma tête des dizaines de fois. J’ai imaginé ses doigts glisser sur ma peau, sa bouche prononcer mon prénom dans un souffle rauque. J’ai honte de l’avouer, même à moi-même, mais c’est la vérité. Je suis attirée par lui. Atrocement. Irrémédiablement.

Ce n’est pas juste une attirance physique. C’est plus insidieux que ça. Il me fait perdre mes repères. Me fait douter de mes certitudes, de ma logique, de mes principes. Il suffit qu’il entre dans une pièce pour que tout se brouille, pour que mon corps oublie ce que mon esprit s’acharne à lui rappeler.

Je me lève brusquement et vais jusqu’à la fenêtre. Dehors, la ville dort. Seule la lueur orangée des réverbères éclaire les trottoirs vides. Un chat traverse la rue, furtif, libre. Je pose mes mains contre la vitre froide, espérant calmer le tumulte intérieur. Ce n’est qu’une phase. Ce trouble va passer. Il doit passer.

Je ferme les yeux et j’inspire lentement. Je me rappelle ses mots. Sa voix grave, posée, chaque syllabe choisie avec soin, comme si parler était pour lui un art calculé. Rien n’est laissé au hasard avec lui. Et je crois que c’est ce qui me dérange le plus. J’ai l’impression qu’il sait exactement ce qu’il fait. Qu’il connaît l’effet qu’il produit sur moi. Et qu’il s’en amuse.

Et puis, il y a Sarah.

Elle m’a appelée ce soir.

Sa voix sonnait étrange, tendue, comme si elle savait quelque chose. Comme si elle avait vu quelque chose. Elle m’a posé des questions, détournées, mais précises. Tu es restée tard aujourd’hui ? Aiden était là ? J’ai menti. Bien sûr que j’ai menti. Ce n’était pas un mensonge total — il ne s’est rien passé. Pas vraiment. Mais j’ai senti sa méfiance. Comme si elle savait que j’étais sur le fil, à deux doigts de tomber.

Je retourne m’asseoir sur le bord du lit, les mains crispées sur mes genoux. J’ai envie de fuir. De partir loin de cet appartement, loin de cette ville, loin de lui. Mais je ne peux pas. Parce que malgré tout ce que je ressens, malgré la peur, malgré la confusion… une partie de moi a envie de voir jusqu’où ça ira.

Et c’est ça le pire. Ce n’est pas lui qui m’entraîne. C’est moi qui marche vers lui, volontairement, comme attirée par un précipice. J’ai conscience du danger, mais je ne freine pas. Parce que sous cette tension, il y a quelque chose de grisant. De vivant. Comme si, pour la première fois depuis longtemps, quelqu’un venait réveiller une partie de moi que j’avais oubliée.

Depuis combien de temps n’ai-je pas été regardée comme ça ? Pas simplement pour ce que je montre, mais pour ce que je suis, là-dessous, au fond. Aiden n’est pas un homme que l’on peut ignorer. Il est là, il impose, il fascine. Et je sens que plus je tente de me dérober, plus il resserre les fils invisibles entre nous.

Un bruit. Léger. Un claquement dans le couloir. Je me fige, tend l’oreille. Mon cœur s’emballe. Peut-être un voisin. Peut-être le vent. Mais une partie de moi espère, idiote que je suis, que ce soit lui. Qu’il soit là. Qu’il vienne. Qu’il traverse cette distance qu’on s’impose et qu’on brise à moitié, chaque fois que nos regards s’accrochent.

Mais personne ne frappe.

Et c’est peut-être mieux ainsi.

Ou peut-être pas.

Je reste là, encore longtemps, à écouter le silence. À sentir ce manque étrange m’envahir, ce vide qu’il a laissé sans même m’avoir touchée. C’est vertigineux. C’est absurde. Et c’est trop réel.

Je sais que ce n’est que le début.

Que ce qui s’est joué entre nous aujourd’hui n’était qu’une mise en bouche.

Un avant-goût.

Et que bientôt, très bientôt, la frontière entre nous ne sera plus qu’un souvenir.

Parce qu’il me trouble.

Parce qu’il me veut.

Et parce que je sens déjà que je suis en train de le vouloir aussi.

Bien plus que je ne l’aurais jamais cru.

Bien plus que je ne peux me l’avouer.

Et ce

tte nuit ne sera plus jamais tout à fait la même.

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