Home / Loup-garou / SOUS SA LOI / Chapitre 6 : La morsure du regard

Share

Chapitre 6 : La morsure du regard

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-05-14 20:56:04

Elina

Je ne remonte pas dans les loges.

Pas tout de suite.

Pas maintenant.

Pas alors que mes jambes refusent d’obéir à autre chose qu’à cette brûlure silencieuse en moi.

Je reste figée dans le couloir, dos au mur, le cœur au bord des lèvres. Le mur est encore chaud de son passage. Comme s’il avait laissé une empreinte invisible. Une signature. Une morsure.

La musique continue. Les basses cognent. Les lumières s’écrasent contre les murs. Mais je suis ailleurs. Plus dans le spectacle. Plus dans mon corps. J’ai quitté la scène, mais c’est sur une autre que je viens de tomber.

Celle qu’il écrit avec son regard. Celle qu’il orchestre sans dire un mot de trop.

Aiden.

Ce prénom me claque à l’intérieur comme une gifle qui laisse une traînée de fièvre.

Il n’a rien fait.

Rien que me regarder.

Mais son regard m’a mise à nu.

Déshabillée sans retirer un seul vêtement.

Mon ventre se contracte au souvenir de sa voix, de ce timbre grave, plus dangereux qu’un couteau. Il m’a frôlée de mots, et mon corps a répondu.

Ma peau a réagi.

Ma bouche a tremblé.

Mon entrejambe a réclamé.

Je devrais partir.

Tourner les talons.

Fuir cette sensation-là, cette soumission terrible à une envie qui n’a pas de nom.

Mais je ne bouge pas.

Je pense à ses yeux. Froids. Incendiaires. Précis.

À la façon dont il me voit. Pas comme les autres. Pas comme un fantasme sur talons. Non.

Comme un défi. Une faille.

Un endroit à conquérir.

Et moi… j’ai peur.

Pas de lui.

De moi.

De cette part obscure qui veut le rejoindre. Qui le réclame déjà. Qui s’ouvre à lui comme si mon corps avait été programmé pour ça.

Je vacille enfin. Mes jambes me reprennent. Talons claquants, souffle trop court, je retourne vers les loges. Chaque pas me coûte. Chaque battement de cœur m’éloigne de ma carapace.

Je redeviens la femme. Pas l’effeuilleuse. Pas la comédienne.

Juste Elina.

Juste celle qu’il a regardée.

Quand j’ouvre la porte, c’est comme un coup de poing dans la poitrine.

Il est là.

Assis. Comme s’il n’avait jamais bougé. Comme s’il m’avait toujours attendue.

Ses jambes sont écartées, son torse détendu, ses doigts croisés. Mais tout chez lui crie la tension. La colère contenue.

Ou pire : le désir.

Ses yeux accrochent les miens. Il ne sourit pas.

— Aiden : Je t’ai dit que je partirais.

Sa voix est calme. Presque lasse. Mais je devine la lame en dessous. L’ironie qui tranche.

— Elina : Tu mens souvent comme ça ?

Un silence s’installe. Son regard se fait plus noir. Plus brûlant.

Puis un sourire. Lent.

Dangereux.

Un sourire qui ne promet rien de bon.

Un sourire de prédateur.

Il se lève.

Mon cœur s’emballe.

Je recule d’un millimètre.

Pas de peur.

D’anticipation.

D’excitation crue.

— Aiden : Tu penses pouvoir m’exciter, m’humilier, danser pour eux… et que je vais m’en aller ? Comme un client de plus ?

Je déglutis. Il s’approche. Son corps est une tempête. Son odeur me frappe de plein fouet.

— Elina : Tu n’es pas un client, je souffle.

Il s’immobilise juste devant moi. Sa voix est un murmure.

— Aiden : Non. Je suis le type qui va te faire oublier pourquoi tu danses.

Sa main monte. Frôle ma mâchoire.

Je ferme les yeux.

Mon souffle se bloque.

Je suis en chute libre.

Son pouce passe lentement sur ma lèvre inférieure.

Presque une caresse.

Presque une promesse.

— Aiden : Tu crois que tu peux jouer avec moi. Que tu peux m’allumer et m’échapper. Mais tu ne comprends rien encore, Elina.

Il mord ma lèvre. Juste assez fort. Pour me voler un soupir. Pour me faire trembler.

— Aiden : Je ne suis pas un jeu. Je suis la fin du jeu.

Je veux crier.

Je veux lui balancer mes vérités à la figure.

Lui hurler que je suis plus forte que ça, que je ne suis pas une proie.

Mais je ne dis rien.

Parce que mon corps me trahit.

Parce que mes hanches avancent.

Parce que mon dos se cambre.

Parce que mon ventre l’appelle.

Et lui… il le sait.

Son sourire s’élargit. Il devient cruel.

Il pose une main sur ma hanche nue.

Ses doigts s’ancrent dans ma peau comme s’il y posait un sceau.

Son autre main s’enfonce dans mes cheveux. Tire juste assez. Pour me forcer à le regarder.

— Aiden : Dis-le. Que tu veux que je te touche. Que je sois le seul à pouvoir le faire.

— Elina : Je ne te dirai rien.

Mais mes yeux le supplient.

Mon corps l’offre.

Ma bouche s’ouvre.

Et il le voit.

Il le sent.

Il le goûte déjà.

Il m’attrape par la nuque. Me colle à lui.

Son souffle brûle ma tempe quand il murmure :

— Aiden : Tu me supplieras, Elina. Un jour. Pas parce que je te le demanderai. Parce que ton corps le criera à ta place.

Et puis il s’éloigne.

Cette fois, pour de bon.

Je ne le retiens pas. Je ne peux pas.

Je suis en cendres. Je suis vide.

La porte claque.

Et le silence retombe.

Mais pas en moi.

Je suis nue sous mes paillettes.

Nue jusqu’à l’âme.

Et je le sens encore.

Sur ma peau.

Dans ma tête.

Entre mes cuisses.

Je suis foutue.

Parce qu’il ne m’a pas touchée.

Mais je le sens

partout.

Et ce soir, je ne dormirai pas.

Je me tordrai sous des draps froids.

Je me réveillerai avec son nom entre les dents.

Et je rêverai de lui.

Encore.

Encore.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • SOUS SA LOI   Chapitre 6 : La morsure du regard

    ElinaJe ne remonte pas dans les loges.Pas tout de suite.Pas maintenant.Pas alors que mes jambes refusent d’obéir à autre chose qu’à cette brûlure silencieuse en moi.Je reste figée dans le couloir, dos au mur, le cœur au bord des lèvres. Le mur est encore chaud de son passage. Comme s’il avait laissé une empreinte invisible. Une signature. Une morsure.La musique continue. Les basses cognent. Les lumières s’écrasent contre les murs. Mais je suis ailleurs. Plus dans le spectacle. Plus dans mon corps. J’ai quitté la scène, mais c’est sur une autre que je viens de tomber.Celle qu’il écrit avec son regard. Celle qu’il orchestre sans dire un mot de trop.Aiden.Ce prénom me claque à l’intérieur comme une gifle qui laisse une traînée de fièvre.Il n’a rien fait.Rien que me regarder.Mais son regard m’a mise à nu.Déshabillée sans retirer un seul vêtement.Mon ventre se contracte au souvenir de sa voix, de ce timbre grave, plus dangereux qu’un couteau. Il m’a frôlée de mots, et mon cor

  • SOUS SA LOI   Chapitre 5 : Sous tension

    ElinaJe suis en retard.Pas pour un rendez-vous formel, pas pour un entretien, pas pour une réunion autour d’une table froide où l’on feint d’être important. Non. Je suis en retard pour ce qui est devenu mon quotidien : la scène, les lumières tamisées, les regards qui glissent sur moi comme des griffes douces, les billets coincés entre mes cuisses ou glissés dans ma jarretière.Je suis en retard pour être ce que je déteste et ce que j’incarne à la perfection : une femme que l’on regarde, que l’on convoite, mais que personne ne touche vraiment.Le Velvet est déjà vivant quand j’arrive. Les néons rouges vibrent dans la pénombre, les basses grondent comme un cœur qui cogne trop fort. J’entre par la porte arrière, maquillée à la va-vite, le cœur au bord des lèvres. Pas à cause du trac. À cause de lui.Aiden.Il ne vient pas tous les soirs. Mais quand il est là, je le sais avant même de le voir. C’est comme une tension dans l’air. Une chaleur étrange sur ma peau nue. Une présence qui réve

  • SOUS SA LOI   Chapitre 4 – Frôler l’interdit

    ElinaJe ne trouve pas le sommeil.Il est presque deux heures du matin et je suis encore là, allongée dans mon lit, les yeux fixés au plafond, le cœur battant trop vite pour la nuit, trop fort pour le silence. J’ai pourtant tout essayé : la tisane, la douche chaude, la musique douce. Rien n’y fait. Mon esprit refuse de s’apaiser. Il tourne en boucle, obsédé par ce qui s’est passé aujourd’hui. Par lui. Par Aiden.Je ferme les yeux, espérant faire taire les images qui m’assaillent, mais c’est pire. Je le revois dans le couloir, son regard posé sur moi comme un feu lent, qui me consume sans même me toucher. Il ne m’a pas effleurée. Pas même un doigt sur mon bras, et pourtant… j’ai senti son emprise, comme si chaque mot qu’il prononçait s’imprimait sur ma peau.Et cette façon qu’il a de me regarder… Ce n’est pas seulement de l’intérêt. C’est autre chose. Quelque chose de plus profond, de plus dangereux. Comme s’il me connaissait déjà. Comme s’il savait exactement ce que je cache derrière

  • SOUS SA LOI   Chapitre 3 – L’ombre de la tentation

    AidenJe suis assis derrière mon bureau, l’ombre de la nuit tombée se faufilant à travers les rideaux. Le silence de ce bureau me pèse, presque autant que le poids de mes pensées. Il est tard, mais je ne peux pas décrocher. Pas encore. Pas après ce qu’il s’est passé. Elle est là, dans mon esprit, comme une empreinte laissée sur ma peau, impossible à effacer.Elina. Elle ne sait pas encore à quel point je la veux. À quel point chaque instant passé près d’elle, même celui où elle m’ignorait, a laissé une marque. Une marque brûlante que je ne peux ignorer. Elle est en moi, tapie dans un recoin de ma conscience, m’échappant encore, mais je sais qu’à chaque rencontre, elle deviendra de plus en plus présente, plus envoûtante, jusqu’à ce qu’elle occupe tout l’espace.Je pose mes mains sur le bureau, les doigts effleurant le bois poli. L’image de son visage, la façon dont ses yeux se sont baissés quand je lui ai parlé… C’était plus qu’une simple conversation. C’était un avertissement, pour el

  • SOUS SA LOI   Chapitre 2 – Confidences brûlantes

    ElinaL’eau chaude ruisselle sur ma nuque, glisse le long de ma colonne vertébrale, se faufile entre mes omoplates et s’échappe en douce, comme pour me rappeler qu’il y a un monde à l’extérieur de cette douche. Mais il n’est pas loin. Aidan. Il est là, dans ma tête, dans chaque pensée, chaque battement de cœur. Je ferme les yeux, essayant de me concentrer sur la chaleur de l’eau, sur ce besoin d’effacer cette tension qui me ronge. Mais le feu qu’il a allumé en moi brûle encore. Et je suis incapable de l’éteindre.Je me souviens de la sensation de ses doigts effleurant le nœud de mon peignoir. Lentement. Si lentement que j’avais l’impression qu’il prenait son temps, comme si chaque geste était une promesse, une promesse qu’il n’avait pas besoin de dire pour être entendue. Sa voix grave, son souffle contre ma peau. J’aurais voulu qu’il aille plus loin, et en même temps, j’avais peur de ce qu’il pourrait déclencher.L’eau continue de couler, mais je ne ressens plus rien. Je ferme les yeu

  • SOUS SA LOI   Chapitre 1 – La Danse de Minuit

    ElinaMinuit. L’heure où les corps deviennent des promesses. Où le regard des hommes ne pèse plus, il dévore.La musique bat comme un cœur sauvage. Mon talon claque sur la scène, une seconde avant que mes hanches ne glissent dans la lumière crue. Chaque mouvement est calculé. Mais ce soir, je ne joue pas. Ce soir, je m’offre. À lui.Je le sens avant de le voir. Dans l’ombre, il est là. Un bloc de silence. Une présence qui aspire l’air autour. Il ne bouge pas. Ne boit pas. Ne parle pas. Il regarde. Et sous son regard, je perds le contrôle.Mes doigts accrochent la barre. Je monte lentement, laisse mes cuisses se refermer autour du métal glacé. Mes cheveux me frôlent la nuque. La sueur perle entre mes seins. Le monde entier se resserre à l’intérieur de ses pupilles noires.Il ne réagit pas. Et ça me rend folle.Je pousse plus loin. Cambrure lascive. Langueur du bassin. Une langue qui effleure ma lèvre. Je veux qu’il cède. Je veux qu’il rompe sa posture glaciale et me dévore du regard. M

Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status