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SPICY HOT 2
SPICY HOT 2
Author: Déesse

Chapitre 1 : L'Intrus

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-12-02 21:17:20

Reine

Le grondement du moteur d'une voiture qui s'arrête devant la maison me fait sursauter. Je m'éloigne de la fenêtre de la cuisine, essuyant mes mains encore humides sur mon jean. Richard a dit qu'il arriverait aujourd'hui. Il a dit « mon fils », avec cette fierté teintée d'une pointe d'inquiétude dans la voix. Il ne m'a pas dit « prépare-toi à un ouragan ».

Je les entends dans l'entrée. La voix douce et chaleureuse de mon mari, et une autre, plus grave, plus tranchante, qui répond par monosyllabes. Mon cœur bat un peu trop vite. Ce n'est que pour l'été, me rappelé-je. Trois mois. Je peux survivre à trois mois.

Quand je les rejoins, la scène est déjà figée. Richard, souriant, un bras tendu vers moi.

— Reine, voici Gabriel. Gabriel, voici Reine.

Le jeune homme se détache de l'encadrement de la porte, et le soleil de juin semble pâlit à côté de l'intensité de son regard. Il a les yeux de son père, cette même couleur noisette, mais là où ceux de Richard sont doux, les siens sont des silex. Il me toise, lentement, des cheveux attachés en désordre jusqu'à mes baskets usées. Je me sens nue, jugée, cataloguée en un instant.

— Enchanté, dit-il.

Sa voix est polie, mais le mot est une arme. Il ne le pense pas. Pas une seconde.

— Bienvenue, Gabriel, dis-je, espérant que ma voix ne tremble pas.

L'été s'étire soudain devant moi, interminable et lourd de menaces.

Les premiers jours sont un champ de mines. Nous vivons une danse étrange, évitant soigneusement tout contact dans les couloirs, nous observant à la dérobée. Gabriel est un spectre silencieux et moqueur. Il est partout. Dans l'odeur de son café trop fort qui envahit la cuisine le matin, dans le bruit de la guitare qu'il gratte le soir sur la terrasse, dans l'espace qu'il occupe, trop grand, trop présent.

Ce soir-là, le dîner est particulièrement tendu. Richard, heureux d'avoir sa petite famille réunie, ne voit rien.

— Et ce nouveau projet au bureau, Reine ? Tu devrais en parler à Gabriel, je suis sûr qu'il trouverait ça passionnant.

Je lance un regard à la dérobée à Gabriel. Il pousse les pois mange-tout dans son assiette avec sa fourchette, un sourire narquois aux lèvres.

— Je doute que cela intéresse qui que ce soit en dehors de nous, Richard.

— Tu as probablement raison, renchérit Gabriel sans me regarder. Les histoires de bureau… ça a tendance à m'endormir.

La pointe est précise, cruelle. Sous la table, je serre les poings. Richard rit, bonhomme.

— Vous deux ! Il va falloir apprendre à vous apprécier !

Le regard de Gabriel croise enfin le mien. Un éclair de défi y danse. Jamais.

Plus tard, alors que Richard s'est endormi devant la télévision, je me réfugie dans la cuisine pour un verre d'eau. La maison est silencieuse, bercée seulement par la respiration du sommeil de mon mari. Je me sens coupable de cette tension, impuissante.

Je sursaute en le voyant debout dans l'embrasure de la porte, appuyé contre le chambranle, un verre à la main. Il ne fait aucun bruit.

— Tu as peur ? demande-t-il, sa voix basse résonnant dans le silence.

— De toi ? Non.

— C'est pourtant ce que je vois dans tes yeux. La peur d'être démasquée.

Je pose mon verre avec un claquement sec.

— Je n'ai rien à cacher, Gabriel.

Il avance d'un pas. La cuisine semble rétrécir.

— Vraiment ? Une femme de quarante ans épouse un homme de soixante, riche et veuf depuis seulement deux ans. Fais-moi confiance, tout le monde voit ce qu'il y a à voir.

La colère monte en moi, chaude et familière.

— Tu ne sais rien de moi. Rien de ce que ton père et moi avons.

— Je sais le genre, rétorque-t-il en me contournant, si près que je sens la chaleur de son corps. Je l'ai vu avant. Tu n'es pas la première à penser que tu étais plus maline que les autres.

Son parfum, un mélange de bois et de quelque chose de sauvage, m'enveloppe. C'est une agression. Une revendication. Je déteste le fait que mon pouls s'emballe. Je déteste la façon dont mon corps réagit à sa proximité, trahissant mon cerveau.

— Tu es odieux, je murmure, le dos collé au plan de travail.

Il se penche, ses lèvres près de mon oreille. Son souffle est chaud sur ma peau.

— Et toi, Reine, tu es transparente.

Il se redresse, un sourire de victoire aux lèvres, et quitte la pièce sans un bruit, me laissant tremblante, humiliée, et étrangement… vivante. Plus vivante que je ne l'ai été depuis des mois. La haine est un feu, et il vient de jeter de l'huile dessus. Je ne sais pas encore que ce même feu peut consumer tout sur son passage, y compris la ligne fragile qui sépare la haine du désir.

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