J’emboitai le pas à Asher vers le couloir, admirant silencieusement le luxe des lieux. La famille Pavarotti était si riche: les maisons reluisantes, les voitures onéreuses, les voyages vers le paradis… c’était leur quotidien. Je ne savais pas que le secteur de l’import-export était si lucratif, pour de vrai quoi! Mais après, qu’est-ce que ça m’aurait apporté de le savoir?
Nous débouchâmes ensuite dans un grand séjour gardé par deux agents de sécurité et où une femme de la quarantaine, cheveux poivré sel nous attendait, majestueusement installée dans un canapé. Dès qu'elle nous aperçut, elle se leva immédiatement, tout sourire. —Enfin! s'exclama-t-elle dans un anglais raffiné. —Bonsoir mère, la salua sèchement Asher, évitant exprès de l'embrasser pour aller s'écraser dans un canapé. La femme ne fit aucun commentaire, affichant simplement un sourire triste, les bras levés devant elle. Touchée, j'allai prendre l'étreinte à la place du jeune homme avec enthousiasme. —Ophélia, comment allez-vous ? —Oh ma chérie ! fit-elle en me serrant dans ses bras, affectueusement. Je vais très bien et toi ? Nous nous séparâmes et elle prit le temps de me scruter de ses yeux semblables à ceux de mon époux. —Tu sembles avoir maigri depuis votre mariage, fit-elle remarquer. Qu'est-ce qui se passe ? Ça ne va pas ? —Mais non, tout va bien, contrai-je en souriant. C'est juste que... l'après-mariage peut souvent s'avérer stressant surtout dans mon cas. —Ça, je ne te le fais pas dire ! s'exclama-t-elle. Les premiers mois où j'ai été l'épouse d'Emilio, je croulais sous les dîners d'affaire, l'organisation des soirées, les journalistes, etc... Mais vous, vous êtes encore jeunes. Prenez du temps pour vous et essaies de trouver du positif dans toutes ces charges. —Merci beaucoup. En les quelques minutes que j'avais passé avec Ophélia le jour du mariage, j'avais trouvé en elle une figure maternelle qui me faisait défaut. Elle était gentille, chaleureuse et surtout, attentive. Ça me faisait mal de lui cacher que je n'étais pas sa véritable belle-fille mais Asher et son père m'avaient formellement interdit de l'ouvrir sous prétexte qu'elle n'avait pas besoin de le savoir. —Mais qu'est-ce que c'est ça ? s'enquit-elle en s'accaparant de mon avant-bras pour l'inspecter. Je baissai moi aussi le regard pour voir de quoi il s'agissait et je retins immédiatement ma respiration. Mes yeux se levèrent ensuite pour chercher ceux d'Asher mais il n'avait même pas notre temps, ayant déjà recommencé à pianoter sur son téléphone portable. —Seraient-ce des traces de doigts ? Qui t'a fait ça ? J'avalai difficilement ma salive, ne sachant quoi répondre quand une voix s'éleva derrière nous. —Mais qui avons-nous là ? Les nouveaux mariés ! Un homme aux cheveux noirs coupés courts vêtu d'une veste grise fit son entrée dans la pièce en souriant de toutes ses dents. Son teint foncé contrastait avec la blancheur de sa dentition alors que son apparence sportive lui conférait environ la cinquantaine. —Brad ! s'exclama la mère d'Asher. Regarde notre belle-fille, n'est-elle pas magnifique ? —Oui, très ! confirma-t-il en allant poser un trousseau de clés et une mallette sur une commode avant de venir vers nous. —Irina, je te présente Brad Spencer, mon mari. —Oh ! Je comprenais maintenant d'où venait le désaccord de la famille Pavarotti. La mère s'était remariée avec un autre : certainement était-elle celle qui avait quitté le couple puisqu'elle est devenue détestable aux yeux de ses enfants. —Chéri, Irina Pavarotti, la femme d'Asher, me présenta-t-elle. —Enchanté, Irina ! Heureux de faire ta connaissance. Il vint me faire la bise avant d'aller embrasser sa femme sur la joue. Je les regardai transpirer d'amour au moment où j'étais dans un mariage de guerre. —Désolé de ne pas avoir assister à votre mariage, s'excusa-t-il. —Ne vous en faites pas, je comprends. —Vous restez pour le dîner ? s'enquit-il. On mange italien ce soir. —Mais avec... —Non ! Nous sursautâmes presque face à ce refus féroce et nos regards convergèrent vers Asher qui s'était levé de son canapé, la mine renfrognée. —C'est quoi ton problème ? grommelai-je. —Ma femme et moi avons quelque chose de prévu pour ce soir, annonça-t-il sérieusement. Je l’ai juste emmenée parce que t’as insisté pour la voir et maintenant c’est fait. J'haussai un sourcil en faisant les gros yeux. Mais à quoi il joue ? —Oh je vois, sourit Brad. Bien sûr, c'est compréhensible. —Une prochaine fois alors ? proposa ma belle-mère. —Oui, avec plaisir ! Ravie de vous avoir rencontrés ! —Aurevoir ! Asher avait lâché cette salutation avec dégoût avant de m'entraîner avec lui vers la sortie, faisant abstraction de mes protestations. —Attends, eh ! Bonne soirée à vous ! —Portez-vous bien ! J'adressai rapidement un aurevoir de la main au couple alors que nous rejoignions le couloir pour prendre l'ascenseur. —Tu ne vas pas bien dans la tête ou quoi ? grondai-je, Asher. Ce sont tes parents quand même ! Les portes de l'élévateur s'ouvrirent et il me poussa dedans sans ménagement avant de m'attraper le cou avec brutalité. —Fais attention à ce que tu dis, me menaça-t-il. Fais très attention. —Lâche-moi, immédiatement ! Je ne suis pas ton esclave ! —En fait tu es bien moins que mon esclave; tu n'es RIEN ! Alors ne t'avises plus à contredire mes décisions: quand je dis qu'on ne dine pas avec eux, on ne dine pas, c'est tout ! —Mais moi je m'en fous ! crachai-je. C'est toi et toi seul qui as un problème avec eux ! Il s'écarta de moi en jurant puis sélectionnât l'option du rez-de-chaussée pour que l'ascenseur démarre sa descente. Je me massai le cou en respirant bruyamment sans manquer de lui jeter un regard noir quand son téléphone sonna soudain. Il le sortit rageusement de la poche de son pantalon avant de hurler presque un « Oui ! » dans le combiné —Sauvage, l'insultai-je à voix basse avant de lui faire dos...PDV ASHER PAVAROTTI―Ça fait exactement les cent douze mille dollars. Tous authentiques et non tracés. ―Super. Remettez-les au Blanchisseur, qu’il se charge de laver tout ça. ―Tout de suite, patron. La compteuse de billets se tut et j’entendis des bruits de talons puis une porte qui se ferme. Ma clope fixée entre mes doigts, je vis à peine mon cousin prendre place en face de moi. ―On dirait que t’as eu une longue nuit, railla-t-il en se servant un verre de cognac. Un problème avec Madame ? Mon cœur sursauta et je manquai de me brûler avec mon mégot. Flynn remarqua mon trouble en même temps et écarquilla les yeux. Rien ne lui échappe, c’est que j’aime et déteste en lui.―Merde, ne me dis pas que t’as pas pu te retenir ! s’écria-t-il.―Et comment aurais-je pu ? réagis-je sur le même ton. C’est elle qui m’a provoqué ! Il se redressa d’un bond dans son canapé et recracha son whisky.―Alors tu l’as tuée ?! s’étrangla-t-il. Tu… putain… quelqu’un t’a vu ? T’as planqué le cadav
Déconcerté, Asher ferma la porte et jeta sa veste sur le canapé non loin, sans me lâcher du regard.―Je peux savoir ce que tu fais en éveil à cette heure-ci ? grommela-t-il. Et dans ma chambre en plus ? Il avait les sourcils froncés et l’air vraiment agacé. Moi, j’avais le sang chaud.―Quoi ? raillai-je. Ça te gène que j’essaie de découvrir tes plans nocturnes ?―Je ne suis pas obligé de dîner à la maison, se justifia-t-il.―Deux semaines, Asher. Ça fait deux semaines que nous sommes revenus des Seychelles et que tu te comportes comme un parfait salaud ! Absent au dîner, fantôme au petit-déjeuner, froid et acerbe par-dessus le marché. Qu’est-ce que tu attends de moi ?―Que tu joues ton rôle sans faire de commentaires ! Me fais pas chier, Marya, suis pas d’humeur !―Eh bien, moi non plus, je ne suis pas d’humeur pour ta schizophrénie et ton manque de considération envers ma personne ! Tu ne m’as pas achetée, Asher ! Il plissa les yeux, acerbe.―C’est là le problème, bb. Tu me
―Merci beaucoup, Arminda. Je pris la tasse de thé que me tendait la domestique et j’en avalai une partie. Le breuvage tiède réchauffa ma gorge mais pas mon cœur pour autant.―Permettez-moi quand même d’insister sur le fait que vous devriez aller voir un médecin, fit-elle. Ce n’est pas bien que vous vous évanouissiez ainsi. ―Ne t’inquiètes pas, lui dis-je. Je vais bien. Elle eût une moue inconvaincue mais finit par capituler :―Si vous le dîtes. Je posai ma tasse au chevet du lit.―Il se fait tard, va te reposer, lui dis-je. J’ai besoin d’être seule.―Vous en êtes sûre ? s’enquit-elle. Je peux bien rester avec vous jusqu’au retour du patron. Ça ne me dérange pas. Je lui adressai un sourire faible et écartai les couvertures pour sortir du lit. ―Non, Arminda, ça ira, déclinai-je. Merci.―D’accord. Sans plus insister, elle récupéra son plateau.―Bonne nuit, Madame.―Bonne nuit. Elle sortit ensuite de la chambre et referma doucement la porte. Quant
―Bonjour, je suis Ethan Smith. Enchanté de vous rencontrer.―Bienvenu à vous, Ethan. Prenez place je vous en prie. Le jeune homme pris place dans le canapé en face du mien tandis qu’une employée nous servait du café. Grand, yeux bleus, cheveux châtains rassemblés en chignon, tout en muscles et tatouages, il n’était pas mal du tout. J’avoue que s’il décidait de dévier notre relation hors du plan professionnel, je n’hésiterai pas à le suivre. Après tout, je suis dans un faux mariage avec un homme aussi bipolaire que ma mère. Aujourd’hui, il joue la carte de la provocation, demain, il est froid. Aujourd’hui, j’ai tendance à croire qu’il ressent des trucs pour moi, demain, il me prouve le contraire. Je ne sais plus où donner de la tête avec lui. C’est vraiment compliqué comme histoire.―Comme vous le saviez déjà, je serai votre manageur personnel. Tout ce qui touche à l’image publique de Madame Pavarotti passera d’abord par moi. J’hochai la tête et pris ma tasse sur la table pour
Anxieuse, je descendis de la voiture et courus jusqu’à la porte d’entrée de la maison. Je l’ouvris et pénétrai dans un séjour vide, Asher sur les talons.―Maman ? appelai-je. Irina ? Pas de réponse. Je jetai mon sac dans un canapé et me dirigeai vers la cuisine. Personne. ―Maman ? Un bruit se fit entendre tout à coup à l’étage. Nous levâmes le regard de concert avant de nous observer avec suspicion. Mon cœur se mit à battre. Sans plus attendre, nous nous élançâmes dans les escaliers.―Maman ? Où est-ce que t’es ? Réponds-moi ! Nouveau bruit. Mais cette fois, suivit d’une plainte. ―Mon Dieu, maman ! m’alarmai-je. Je courus jusqu’à la porte de sa chambre. Cependant quand je voulus l’ouvrir, la main d’Asher se posa sur la mienne pour m’en empêcher.―Quoi ? Son visage était fermé et son air, plus que sérieux.―C’est pas la peine, me dit-il. Ta mère va bien. Très bien même. Je plissai les sourcils, confuse.―Pardon ? Il enfonça les mains dans les poches
―Bienvenus à vous. J’espère que le voyage a été agréable.―Ouais. Quels sont les nouvelles ? Carlos a rappelé ? Mon manteau serré autour de mon corps, j’essayai de mon mieux de suivre Asher et sa secrétaire intérimaire le long du chemin qui menait à notre voiture. Derrière, le moteur du jet ronflait encore. Il faisait si froid que c’en était presque écœurant. C’est comme si l’hiver continuait toujours de se manifester.―Oui mais Monsieur Flynn s’est déjà occupé de lui, répondit-elle. Néanmoins, j’ai besoin de votre signature pour valider la dernière commande de matière première. En courant presque, elle sortit un stylo de son sac et le tendit à mon mari afin qu’il signe ledit document. Cependant, il ne fit rien et rejoignit le SUV. Ce n’est que lorsque le garde du corps lui ouvrit la portière qu’il se tourna pour la regarder.―Je n’appose jamais ma signature sur un truc que je n’ai pas pris le temps de lire, mademoiselle Storm. La prochaine fois, je vous vire simplement.