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Chapitre 3 : Le Baptême

ผู้เขียน: Darkness
last update ปรับปรุงล่าสุด: 2025-11-26 21:24:09

Célian

Le « continuez » d’Elara résonna dans le silence blanc de l’appartement comme un coup de feu. C’était un ordre, une permission, une prière. Tout à la fois. La pression que j’exerçais sur son bras n’était plus un test, c’était devenu un dialogue. Le seul que nous semblions pouvoir avoir.

Je n’ai pas relâché ma prise. Au contraire, mon autre main est venue se joindre à la première, emprisonnant son avant-bras, cherchant à travers la peau et les muscles la preuve que j’existais, que nous existions. La douleur du monde était maintenant un lointain murmure, étouffé par l’intensité de ce moment. Je n’étais plus un réceptacle. J’étais un sculpteur face à un bloc de marbre trop parfait, avec l’envie brutale, vitale, d’y laisser mon empreinte.

— Je ne veux pas te faire mal, ai-je menti, la voix rauque.

Le tutoiement était venu naturellement, comme une évidence. Nous étions bien au-delà du « vous ».

— Ce n’est pas ça, a-t-elle répondu, son regard toujours rivé au mien. Fais ce dont tu as besoin.

Ses mots m’ont libéré. Une énergie sombre et contenue depuis trop longtemps a jailli en moi. Je l’ai poussée. Pas brutalement, mais avec une fermeté qui ne laissait aucune place au doute. Son dos a heurté le mur nu avec un bruit sourd. Elle n’a pas crié. Ses yeux se sont simplement écarquillés, et cette lueur que j’y avais vue s’est intensifiée, devenant presque une flamme. De la surprise ? Non. De la reconnaissance. Comme si elle attendait ce choc depuis toujours.

Mes lèvres ont trouvé les siennes. Ce ne fut pas un baiser. Ce fut une collision. Une affirmation. Quand j’ai senti la chair de sa lèvre inférieure céder sous mes dents, le goût du sang, métallique et chaud, a inondé ma bouche. C’était un goût réel, vrai, qui appartenait à cet instant précis, à cet échange. Il n’appartenait à personne d’autre. La dernière trace de la migraine du poissonnier s’est évaporée. Le silence en moi était devenu total, absolu, religieux.

Je l’ai dévêtue avec une urgence frénétique, arrachante. Le tissu de son pull a cédé avec un bruit de déchirure qui me fit l’effet d’un roulement de tambour. Sa peau était d’une pâleur laiteuse, une toile vierge offerte à ma folie. Je suis devenu un artiste de l’affliction. Mes ongles ont tracé des stries écarlates sur ses côtes, mes dents se sont enfoncées dans la courbe tendre de son épaule, laissant une marque violacée qui, je le savais, mettrait des jours à s’effacer. Chaque marque était un mot que j’écrivais sur elle, un sceau qui scellait notre pacte étrange. Chaque élancement que je provoquais était un baume sur ma propre âme en lambeaux.

Elle ne résistait pas. Au contraire, son corps commençait à répondre par de minuscules frémissements, des ondes de choc à mes assauts. Elle cambrait le dos, non pour fuir, mais pour s’offrir davantage, pour recevoir plus profondément la preuve de son existence. Ses mains se sont agrippées à mes épaules, ses doigts enfonçant dans ma chair à leur tour, comme pour m’ancrer dans ce moment, comme pour me dire qu’elle était là, pleinement, enfin.

— Regarde-moi ! ai-je grondé contre son oreille, ma voix n’était plus qu’un râle sauvage.

— Je te vois, a-t-elle haleté.

Et je l’ai crue. Dans ses yeux noyés d’une émotion nouvelle, je me suis vu reflété non pas comme un monstre, mais comme un dieu faillible et nécessaire. Comme la seule force capable de la faire sortir du néant.

Je l’ai retournée, pressant son front et ses mains à plat contre la surface froide du mur. Mon corps épousait le sien, et dans ce mouvement, je sentais toute la tension, tout le poison que j’avais accumulé, monter en moi comme une lave, cherchant désespérément une issue. Je me suis abandonné à la vague. La douleur du monde que j’avais portée si longtemps s’est déversée en elle, dans un flux violent et purificateur. Je n’étais plus qu’un conduit, un fleuve charriant ses eaux troubles vers l’océan impassible de son être. J’ai crié, un son rauque et primal, tandis que je me vidais de toute cette noirceur, que je me purgeais de toute cette souffrance étrangère.

Puis ce fut la chute. L’effondrement. Je me suis écroulé sur elle, épuisé, vidé, anéanti. Le silence dans ma tête n’était plus seulement une absence de bruit. C’était une plénitude. Une paix profonde, dorée, que je n’avais jamais connue. Il n’y avait plus que le son rauque de notre respiration qui peu à peu retrouvait un rythme normal, le battement furieux de mon cœur qui ralentissait contre son dos.

Je me suis retiré, tremblant de tous mes membres. Mes yeux se sont posés sur son corps, et le souffle m’a manqué. C’était un champ de bataille. Des zébrures rouges, des hématomes qui naissaient en bleu et violet sur la porcelaine de sa peau, la trace de mes dents, de mes ongles, de ma possession. C’était horrible. C’était d’une beauté à vous fendre l’âme. C’était la preuve tangible, indéniable, de notre union.

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