Chapitre 4

Adrien a commencé à transpirer légèrement sur le front, et en montrant Éléna du doigt, il a expliqué d'une voix qui se voulait calme : « Éléna est l'une des actionnaires de cet orphelinat, je suis simplement tombé sur elle aujourd'hui, totalement par hasard. »

Camille, sceptique, a répliqué sans détour : « Et quel rapport cela peut-il bien avoir avec l'adoption de Léa ? »

Le visage d'Adrien s'est immédiatement assombri, son ton est devenu plus dur : « Camille, comment ai-je pu ignorer à quel point tu pouvais être froide, insensible ? Léa est si mignonne, si malheureuse… tu ne ressens vraiment aucune pitié pour elle ? »

Froide ? Sans cœur ?

Pourtant, c'était elle qui avait été trompée, trahie, et qui s'était retrouvée injustement accusée d'être la méchante.

Avec un sourire doucereux, Éléna s'est avancée et a attrapé la main de Camille comme si elles étaient de vieilles amies.

« Camille, Adrien m'a dit que vous alliez adopter Léa. Je suis tellement heureuse pour vous. C'est la plus douce des enfants ici. »

Camille, ne pouvant plus se contenir, a demandé froidement : « Puisqu'elle est si parfaite, pourquoi ne l'as-tu pas adoptée toi-même ? »

La question a semblé la prendre de court ; Éléna a esquissé un sourire gêné, sans répondre.

Adrien s'est alors placé devant elle pour la protéger : « Qu'est-ce que tu racontes ? Éléna n'est même pas mariée. Comment veux-tu qu'elle adopte un enfant dans ces conditions ? »

Un pincement violent lui a traversé la poitrine. Adrien a toujours su penser à Éléna, mais il n'a jamais vraiment pensé à Camille. S'il était venu à adopter Léa, comment les autres auraient-ils pu penser de Camille ?

Pendant cinq années de mariage, Adrien avait toujours refusé qu'elle tombe enceinte, sous prétexte que sa carrière était à son apogée. De là, les rumeurs avaient fleuri.

On racontait que Camille avait eu une vie privée assez tumultueuse dans sa jeunesse, avec plusieurs interruptions volontaires de grossesse, ce qui l'aurait rendue incapable d'avoir des enfants.

D'autres affirmaient qu'elle souffrait d'une infertilité congénitale. Même sa belle-mère, entre les lignes, ne manquait pas de la railler en la traitant de « poule incapable de pondre ».

Chaque fois qu'elle avait essayé d'exprimer son chagrin, Adrien n'avait réagi qu'en lui offrant quelques articles de luxe, sans jamais la défendre en public.

S'il l'avait vraiment aimée, aurait-il pu rester aussi silencieux, alors que les rumeurs la détruisaient ?

S'ils avaient vraiment adopté un enfant de l'orphelinat, cela n'aurait-il pas fini par confirmer aux yeux de tous qu'elle ne pouvait pas avoir d'enfants ?

Dans un dernier espoir, Camille a murmuré : « Adrien, tu ne rêves donc jamais d'avoir un enfant qui soit de toi et de moi ? »

Adrien a baissé les yeux, évitant son regard. « On en aura un dans quelques années, d'accord ? Tu sais bien que la société se développe en ce moment… »

« Très bien. Comme tu voudras. » Camille l'a coupé sèchement. Son cœur s'était déjà vidé. Elle n'en attendait plus rien.

Adrien, tout heureux, l'a enlacée. « Camille, tu es toujours la plus gentille, la plus douce… »

En regardant par-dessus son épaule, Camille a vu la jalousie briller dans les yeux d'Éléna. À ce moment précis, elle a compris qu'Éléna ne voulait plus seulement être sa femme sur le papier. Elle voulait devenir la véritable Madame Caron, aux yeux du monde entier.

Dans la tête de Camille, la chanson « Je suis malade » de Serge Lama s'est soudain imposée, avec ces paroles : « Tu t'en vas, je suis fatigué, je suis épuisé, comme après un chagrin d'amour. »

Elle a soudain compris que cette relation brisée l'avait depuis longtemps vidée de toute énergie. Puisque certains avaient été prêts à ramasser ces débris, qu'ils l'aient fait donc, elle, elle n'est plus revenue en arrière.

Adrien est parti avec le directeur pour régler les formalités, laissant Camille seule avec Éléna au niveau de l'escalier.

« Camille, tu ne trouves pas que Léa ressemble un peu à Adrien ? À s'y méprendre, on croirait presque que c'est sa fille biologique… »

Camille a aussitôt saisi la sous-entendu dans ses paroles : « Vraiment ? On dirait que le destin y a mis du sien. »

Éléna a poursuivi avec insistance : « On ignore qui est la mère de Léa. J'imagine qu'elle devait être très belle. »

En relevant ses cheveux, elle a révélé une marque bien visible sur sa clavicule. « Désolée, mon copain est souvent un peu trop passionné… Adrien est-il aussi fougueux avec toi ? »

Camille a inspiré profondément. « Tu as déjà vu un chien enragé attraper sa proie ? »

Le visage d'Éléna s'est figé. Elle s'apprêtait à répondre, mais son regard a été attiré par une silhouette dans l'ombre du couloir.

« Alors voyons si ce chien attaque sa proie ou bien les gens autour. »

Camille n'a pas eu le temps de saisir le sens de ses paroles. La seconde suivante, Éléna, dos à l'escalier, a basculé brusquement en arrière…