Chapitre 8

Le domestique a réagi immédiatement et a commencé à ramasser tous les albums et cadres photos, petits et grands, pour les entasser dans le jardin, sur la pelouse.

Camille a ouvert plusieurs bouteilles du vin rouge précieux qu'Adrien collectionnait et l'a versé sur le tas.

Elle s'est servie un verre de vin, puis en a tendu un au domestique.

Le bruit des verres qui se sont entrechoqués résonnait comme celui de cinq ans de relation brisée.

Camille a allumé un briquet et l'a jeté sur le tas de déchets qui commençait à se consumer.

Sous la lueur des flammes, elle a vidé son verre d'un seul coup, les larmes coulant le long de ses joues, se faufilant dans son col.

Tout ce qui restait, c'étaient les cadeaux qu'Adrien lui avait offerts au cours des années : des sacs, des robes, des bijoux. Camille a tout emballé et mis en vente sur une plateforme en ligne, en modifiant son adresse pour qu'il soit dirigé vers un orphelinat.

Adrien a reçu un appel de son assistant : « Madame a mis en vente sur Internet tous les cadeaux que vous lui aviez offerts. »

Son visage s'est immédiatement assombri, et il a couru pour enfiler son manteau.

Pendant tout le trajet, Adrien a essayé d'appeler Camille, mais elle ne répondait pas. L'anxiété et la panique l'ont poussé à rouler vite, franchissant plusieurs feux rouges.

Le véhicule n'était même pas encore totalement arrêté qu'il avait déjà couru dans le jardin.

Camille était assise dans un fauteuil, un verre de vin à la main, entourée de bouteilles vides éparpillées autour d'elle. Ses joues étaient rouges, et elle fredonnait une mélodie qu'il ne connaissait pas.

Le cœur d'Adrien, qui était suspendu, finit par se détendre. Il s'approcha d'elle, se baissant près de ses pieds. « Camille, pourquoi n'as-tu pas répondu au téléphone ? Tu m'as fait peur. »

Camille a lentement tourné la tête pour le regarder. « Pourquoi m'aurais-tu fait peur ? »

Adrien a tendu la main pour caresser sa joue brûlante. « Parce que j'ai cru que tu étais fâchée contre moi et que tu t'étais cachée pour m'éviter. »

Sous l'effet de l'alcool, Camille a posé la question qui la tourmentait. « Adrien, y a-t-il quelque chose que tu me caches ? »

Le cœur d'Adrien s'est serré. Il a baissé les yeux, hésitant longuement. Lorsqu'il a relevé la tête, il avait adopté une expression innocente et sans remords. « Bien sûr que non, Camille. Nous sommes mariés, unis et sincères l'un envers l'autre. »

Camille a détourné son regard, fixant les cendres non loin de là.

Au fond d'elle, la dernière étincelle d'espoir s'est éteinte au moment où Adrien a une nouvelle fois choisi de dissimuler la vérité.

Adrien a remarqué la croûte sur sa paume. « Camille, comment t'es-tu blessée à la main ? »

Camille, prête à lui dire que c'était de sa faute, a tout à coup répondu : « C'est un chien qui m'a mordue. »

Adrien, avec un air désolé, a attrapé la trousse de premiers secours et s'est agenouillé pour lui désinfecter et panser la plaie. « Tu es tellement négligente. Je ne sais pas comment tu ferais sans moi. »

Camille a ri amèrement dans son esprit. Elle avait un jour cru qu'il serait l'abri contre le vent et la pluie, mais elle avait fini par comprendre qu'il était celui qui provoquait ces tempêtes.

« D'ailleurs, j'ai entendu dire par mon assistant que tu avais vendu tous les cadeaux que je t'ai offerts. »

Camille a détourné le regard. « Ce n'est rien, ces choses étaient vieilles. Je voulais juste les remplacer. »

Adrien a serré le pansement d'un nœud serré. « Si tu ne les aimes pas, j'en acheterai de nouveaux, encore mieux. »

Il s'est levé et l'a prise dans ses bras, soufflant près de son oreille. « Camille, lundi je veux organiser une fête de bienvenue pour Léa. »

Adrien, voyant qu'elle ne répondait pas, a continué : « Tu n'as pas cessé de dire que tu voulais aller voir les étoiles à Tenerife, en Espagne. Après la fête, nous pourrions y aller, toi, moi et notre petite fille, qu'en dis-tu ? »

L'île de Tenerife était l'un des meilleurs endroits pour observer les étoiles. Camille en avait toujours rêvé.

Mais hier, elle avait reçu un email venant d'Angleterre. « Madame Camille, nous avons le regret de vous informer que l'étoile bleue qui vous est attribuée va tomber dans trois jours. »

Ce qu'elle avait cru être un amour indestructible, était désormais réduit en mille morceaux.

Ce qu'elle avait pris pour une étoile éternelle, allait bientôt sombrer.

Adrien, la tirant de son étreinte, a dit : « Camille, si tu n'es pas heureuse, je peux annuler la fête de bienvenue... »

Camille, la tête un peu plus claire après l'alcool, a murmuré d'un ton détaché : « Mais bien sûr que si, la fête doit avoir lieu, et je vais m'occuper de tout. »

Les yeux d'Adrien se sont illuminés de surprise, et il l'a de nouveau serrée dans ses bras. « Tout ce que tu veux, Camille, je m'occupe aussi d'autres surprises pour toi. »

Adrien prévoyait de lui remettre ce jour-là l'acte de mariage officiel, celui qui leur garantirait un mariage reconnu par la loi, les rendant ainsi vraiment mari et femme.