Un Contrat de Douleur

Blanche est descendue de voiture et s'est approchée délibérément d'Irène, un sourire provocant aux lèvres : « Désolée, j'ai pris ta place de parking. Ça ne te dérange pas, j'espère ? »Avant même qu'Irène ne puisse répondre, Fabrice est intervenu : « Cette place n'a jamais été réservée à qui que ce soit. Si tu veux te garer ici, personne n'a son mot à dire. »Il a lancé un regard avertissant à Irène.Lionel a renchéri, enthousiaste : « Tata Blanche, ne t'inquiète pas pour elle ! De toute façon, sa voiture est tellement nulle que j'ai honte qu'elle se gare là. »Les mots de Lionel ont glacé Irène. Quatre années de soins attentifs, et voilà qu'il prenait le parti de Blanche, allant jusqu'à lui lancer des piques aussi cruelles...Fabrice a pris le bras de Blanche, rayonnant : « Allez, viens voir la chambre que je t'ai préparée. Elle est juste à côté de la mienne. »Lionel a exulté : « Génial ! Enfin quelqu'un pour jouer avec moi ! Tata Blanche sait tout faire, contrairement à maman… Elle

Fabrice est resté interdit. Jamais Irène n'avait refusé la moindre de ses demandes, même les plus déraisonnables. Elle s'était toujours efforcée de satisfaire ses moindres caprices. L'entendre dire non était si rare...Un sourire narquois aux lèvres, Blanche s'est levée : « Désolée. Déjà que je m'impose chez vous, voilà que je réclame tes fameux filets de poisson... Tant pis ! » Sur ce, elle a fait mine de partir.Lionel a éclaté en sanglots, frappant Irène de ses petits poings : « Méchante ! Arrête de faire pleurer tata Blanche ! »Fabrice a retenu Blanche d'un geste vif avant de se tourner vers Irène, réprobateur : « Tu es encore fâchée à cause de ce matin ? Je t'ai déjà dit ! Elle venait juste chercher un chargeur. Pourquoi cette mesquinerie ? »« Je ne me sens pas bien. Pas la force de cuisiner », a répondu Irène d'un ton plat.« Tu es malade ? » s'est exclamé Lionel avant de se couvrir la bouche avec dégoût, « Fallait le dire avant ! Tata Blanche est fragile. Et si tu la contamina

En entendant ces mots, Fabrice a reporté immédiatement son attention sur Blanche, son regard trahissant une inquiétude encore plus vive qu'auparavant.Blanche, d'un ton entêté, a protesté : « Fabrice, ça va, c'est juste mon hémophobie qui se manifeste. Occupe-toi plutôt d'Irène, elle en a plus besoin que moi. »« Tata Blanche, tu es toute pâle ! Arrête de dire que ça va ! » s'est écrié Lionel.« Papa, ne reste pas là comme un idiot ! Emmène-la à l'hôpital ! La voiture a freiné à temps, de toute façon maman fait juste semblant pour attirer ton attention ! »Les paroles de Lionel ont fait naître un soupçon dans le regard que Fabrice a posé sur Irène. Les sourcils froncés, il semblait indécis.Quand Blanche a gémi à nouveau de douleur, toute raison l'a abandonné. Il l'a prise par les épaules pour la guider vers leur voiture.En passant devant Irène, il avait même le réflexe de couvrir les yeux de Blanche. Puis, se retournant, il a murmuré, visiblement gêné : « Blanche a toujours eu une sa

Ce soir-là, la société de Fabrice organisait une réception où chaque participant devait être accompagné d'un partenaire.Blanche, élégamment vêtue, a fait son entrée au bras de Fabrice. Bien qu'elle n'ait reçu aucune invitation, Irène s'y est rendue malgré tout, elle devait remettre le contrat d'abandon de garde parentale à Jennifer.Il ne lui restait plus que deux heures avant son vol. Le temps pressait.Elle a cherché Jennifer des yeux dans la foule. Soudain, les projecteurs se sont allumés sur scène, illuminant Fabrice prêt à prendre la parole, flanqué de Lionel et Blanche.Des murmures ont parcouru l'assistance :« Les rumeurs étaient donc vraies ! Fabrice est vraiment fidèle en amour, toujours avec la même femme. »« Je croyais qu'il était marié ? »« Cette femme ? Une paysanne sans éducation qui ne mérite pas de se montrer en public. Fabrice n'a jamais eu de sentiments pour elle. Blanche est son véritable amour. »Irène a ignoré ces commérages futiles et s'est dirigée vers l'esca

Les pupilles de Fabrice se sont dilatées sous le choc : « Quoi ?! C'est impossible ! Tu es sûr de ne pas te tromper ? »Son assistant a répondu d'une voix tremblante : « Nous avons vérifié plus de cent fois... Vous et Mme Gérin n'êtes légalement pas mariés. »À ces mots, Fabrice a senti toutes ses forces l'abandonner. Son téléphone a glissé de sa main et s'est écrasé au sol. Un vide absolu a semblé envahir son esprit.Comment était-ce possible ? Il avait bel et bien épousé Irène ! Comment pouvaient-ils ne pas être enregistrés à la mairie ?Soudain, une mémoire douloureuse a refait surface. Il s'est frappé le front de rage, martelant le sofa de ses poings.À l'époque, obsédé par Blanche, il avait sans cesse repoussé les demandes d'Irène pour officialiser leur union, prétextant un emploi du temps surchargé. Puis il avait fini par oublier complètement cette formalité.Les paupières closes, une vague de douleur l'a submergée alors qu'il prenait pleinement conscience de la situation.D'un c