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Chapitre 6 - La dernière tentative

作者: Laura Bella
last update 最終更新日: 2025-07-25 19:35:38

Le ciel du soir était chargé de nuages sombres, et une fine pluie s’écrasait sur les vitres de la maison. Dans sa chambre, Alayna fixait son reflet dans le miroir. Elle portait un pull large belge, un jean simple, et ses cheveux étaient noués en une queue basse. Rien d’extravagant. Mais ses yeux brillaient. D’un éclat nouveau. D’une décision ferme.

Son sac était prêt. Pas lourd. Juste l’essentiel : quelques vêtements, ses papiers, une brosse à cheveux, et un carnet abîmé contenant ses dessins et ses pensées. Son vrai trésor.

23h38.

Elle s’apprêtait à descendre quand quelqu’un frappa à sa porte.

— Alayna ? C’est maman… on peut te parler ?

La voix était douce. Trop douce. Alayna sentit l’alerte immédiatement. Elle inspira longuement, puis ouvrit.

Clarisse se tenait là, maquillée comme toujours, mais avec une expression douce, presque triste. Vincent était juste derrière, les mains dans les poches, le regard bas. Une mise en scène parfaite.

— Qu’est-ce que vous voulez ? demanda Alayna, sur la défensive.

— Juste discuter. Rien d’agressif, je te le promets, murmura Clarisse.

Elle hésita, puis recula légèrement pour les laisser entrer.

Ils s’assirent sur son lit. Elle resta debout.

— Tu vas vraiment partir ? demanda sa mère d’une voix brisée. Comme ça… sans même un vrai au revoir ?

— Tu veux dire comme vous m’avez laissée me noyer ici pendant des années ? Comme vous avez fermé les yeux pendant que lui me réduisait au silence ? lança Alayna froidement.

— J’ai été aveugle, je le reconnais, répondit Clarisse. Mais je suis ta mère, Alayna. Je t’aime. Et je veux qu’on répare les choses.

— En jouant la comédie à 23h passées ? ironisa-t-elle. Vous auriez dû penser à me “réparer” quand j’avais quinze ans, pas maintenant que j’ai un pied dehors.

Vincent prit enfin la parole, d’une voix grave, maîtrisée.

— J’ai été dur avec toi. Trop dur, peut-être. Mais ce n’était pas par cruauté. Je voulais que tu sois forte. Le monde ne fait pas de cadeau aux faibles.

Alayna le fixa longuement.

— Tu m’as prise pour une ennemie. Pas pour une fille. Tu as voulu me briser, pas me rendre forte.

— Je veux qu’on reparte sur de bonnes bases, poursuivit Vincent. Que tu restes encore un peu. Qu’on parle. Clarisse et moi, on est prêts à faire des efforts.

— Et pourquoi maintenant ? demanda-t-elle, croisant les bras.

Un silence. Puis Clarisse répondit, les yeux humides :

— Parce que j’ai peur. Peur que tu tombes sur un homme pire encore. Peur qu’il te fasse du mal. Tu ne le connais pas, Alayna. Tu ne sais rien de lui.

— Peut-être, répondit-elle calmement. Mais il m’a donné une chose que vous m’avez volée : le choix.

Vincent serra les mâchoires.

— Il t’a payé, c’est ça ? Combien t’a-t-il donné ? Tu crois qu’il va te protéger ? Tu n’es rien pour lui. Il t’utilisera, puis te jettera comme une vieille chaussette.

— Peut-être. Mais j’aurai au moins tenté. Et je préfère tomber loin de vous que vivre à genoux ici.

Clarisse se leva, furieuse.

— Tu es ingrate, Alayna. Tu ne réalises pas ce qu’on a sacrifié pour toi !

— Tu n’as rien sacrifié. Tu m’as vendue au silence. Et tu veux que je te remercie ?

Un klaxon discret résonna dehors. 23h59.

Elle mit son sac sur l’épaule, s’approcha de la porte, puis se retourna une dernière fois.

— Vous auriez pu être ma famille. Vous avez choisi de ne pas l’être. Maintenant, assumez que je parte sans vous regarder.

Et elle sortit.

En bas, une berline noire aux vitres teintées l’attendait. Un chauffeur en costume ouvrit la porte arrière sans un mot. Alayna grimpa à l’intérieur, sans trembler. Le moteur ronronna doucement, puis la voiture s’éloigna lentement de la maison.

Elle ne se retourna pas.

Assise dans le cuir noir, elle ferma les yeux. Son cœur battait fort, mais son esprit était clair. Williams Wexler l’attendait quelque part, avec ses règles, ses mystères, ses intentions floues.

Mais ce n’était plus la peur qui la guidait.

C’était la liberté.

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