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Chapitre 2 - L ' homme au regard d' acier

Author: Laura Bella
last update Last Updated: 2025-07-25 03:10:33

Le cœur d’Alayna battait si fort qu’elle craignait qu’on puisse l’entendre de l’extérieur.

La suite 807 de l’hôtel Vélana, l’un des plus luxueux de la ville, semblait flotter hors du monde. Moquette moelleuse, canapé en velours, murs crème décorés de cadres minimalistes. Le silence régnait, pesant. Une bouteille de champagne trônait sur la table basse, intacte. Personne n’en avait touché une goutte.

Elle se tenait debout, figée, incapable de s’asseoir. Son regard passait sans cesse de la porte d’entrée à l’horloge murale. 21h56. Il avait dit 22h.

Elle portait une robe noire simple, élégante mais pas provocante. Prêtée par une amie, trop grande pour elle, elle avait dû l’ajuster avec une épingle. Ses cheveux retombaient sur ses épaules. Aucun maquillage. Juste elle. Nue. Fragile. Prête à tout.

Un SMS avait confirmé le transfert bancaire sur un compte anonyme. L’argent était bien là. Une somme insensée. Mais la peur, elle, n’avait pas de prix.

Et puis… il frappa.

Un coup. Deux.

Elle inspira profondément. Tourna la poignée. Et ouvrit.

L’homme qui entra n’était pas ce qu’elle imaginait. Pas de costume extravagant, pas d’escorte ou de garde du corps. Il était grand, vêtu d’un manteau noir ajusté, un simple pantalon sombre et des bottines cirées. Son visage… Magnétique. Des traits fins mais fermes. Des yeux gris d’une froideur abyssale. Une mâchoire taillée au scalpel. Une beauté presque irréelle, mais intimidante.

Il entra sans dire un mot, refermant doucement la porte derrière lui. Son regard balaya la pièce, puis se posa sur elle. Longuement. Trop longuement.

— Tu trembles, dit-il simplement.

Sa voix était grave, posée, presque douce, mais autoritaire.

— Je suis juste… nerveuse, balbutia-t-elle.

Il hocha la tête, retira son manteau et le déposa sur le dossier d’un fauteuil. Il s’approcha ensuite de la fenêtre, mains dans les poches.

— Tu t’appelles Alayna, n’est-ce pas ?

Elle acquiesça en silence.

— Dix-neuf ans. Étudiante en art. Vivant avec ta mère et un homme que tu veux fuir. Tu ne bois pas. Tu ne fumes pas. Tu n’as jamais voyagé. Et tu n’as jamais eu de relation intime.

Voilà ce que tu m’as écrit.

Elle sentit son visage chauffer sous la gêne.

— C’est… la vérité.

Il se retourna, s’approcha doucement d’elle. Alayna recula instinctivement d’un pas.

— Je déteste les mensonges, Alayna. Je préfère un non que des faux-semblants.

— Je ne mens pas. J’ai tout dit.

Un silence. Son regard la scruta, comme s’il sondait son âme.

— Bien.

Il sortit un petit contrat de sa veste, un document bref, précis. Rien d’officiel. Juste des clauses simples : discrétion, pas de contact futur, aucun attachement émotionnel, et surtout consentement mutuel à tout moment.

— Tu peux lire. Rien ne te force à rester. Si tu refuses, tu gardes l’argent, et je pars. Mais je veux que tu comprennes une chose.

Il s’approcha encore. Alayna sentit son souffle, chaud mais mesuré.

— Ce n’est pas ton corps qui m’intéresse, Alayna. C’est ton choix. Ton courage. Ou ton désespoir.

Elle baissa les yeux, confuse.

— Alors… pourquoi m’avoir choisie ?

Kael sourit, à peine.

— Parce que tu n’avais rien de vulgaire dans ton message. Tu ne mendiais pas. Tu proposais. Avec dignité.

Le silence retomba. Elle prit le contrat, le lut. Chaque ligne résonnait dans sa tête comme un marteau sur une vitre. Puis elle leva les yeux.

— Est-ce que ça te fait te sentir… puissant ? D’acheter ce moment ?

Il haussa un sourcil.

— Non. Je suis puissant. Ce n’est pas une sensation, c’est un fait. Mais ce que je fais ce soir… ce n’est pas un caprice. C’est une décision. Comme celle que tu es sur le point de prendre.

Alayna resta figée. Les mots tournoyaient dans sa tête. Ce n’était pas ce qu’elle avait imaginé. Elle pensait tomber sur un homme vulgaire, dominateur, cruel. Mais Kael… était autre chose. Un prédateur silencieux. Patient. Intelligent.

— Je ne suis pas sûre d’être prête, murmura-t-elle.

Il hocha doucement la tête.

— Alors ne le fais pas. Tu peux partir. Ou on peut juste parler. Ce lit ne m’intéresse pas si tu y viens à contrecœur.

Elle le fixa, surprise. Puis elle murmura :

— Et si je restais… mais pas pour ça. Juste pour quelques heures. Pour respirer.

Un léger sourire apparut au coin des lèvres de Kael.

— Alors reste.

Et ce soir-là, dans une suite d’hôtel luxueuse, deux étrangers restèrent debout à parler jusqu’à l’aube. Aucun baiser. Aucun geste déplacé. Juste deux âmes brisées, l’une face à l’autre, cherchant dans le silence quelque chose qui ressemblait à la paix.

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