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Chapitre 4 - Le masque tombe

Auteur: Laura Bella
last update Dernière mise à jour: 2025-07-25 15:07:18

Le claquement sec de la porte d’entrée fit sursauter Alayna. Elle venait à peine de franchir le seuil de la maison, les cheveux encore humides de la douche qu’elle avait prise à l’hôtel, la robe noire soigneusement pliée dans son sac. Elle pensait entrer discrètement, passer dans sa chambre, prétendre qu’elle avait dormi chez une amie. Mais elle n’eut même pas le temps de poser un pied dans l’escalier.

— TU TE FOUS DE MOI ?!

La voix grondante de Vincent emplit toute la maison. Il déboula dans le hall, le visage déformé par la rage. Clarisse, sa mère, le suivait de près, maquillée à outrance malgré l’heure matinale, les bras croisés, les lèvres pincées.

— Où étais-tu ?! hurla Vincent en s’approchant dangereusement. Tu crois que tu peux disparaître toute la nuit sans prévenir ?!

— Chez une amie, mentit Alayna, reculant instinctivement.

— Ne me prends pas pour un idiot ! Une réceptionniste de l’hôtel Vélana a appelé ce matin. Tu as laissé tomber ton téléphone là-bas. Elle a reconnu ta photo. Un cinq étoiles, Alayna ? Tu t’es prise pour qui, hein ?!

— Je... je voulais juste une nuit loin d’ici, murmura-t-elle.

— Avec quel argent ?! T’as pas un centime à ton nom

Clarisse s’interposa enfin, posant une main sur l’épaule de son mari.

— Doucement, Vincent. Laisse-la parler. Je suis sûre qu’il y a une explication.

Mais son regard vers sa fille était glacial, presque méprisant. Alayna serra les poings. Elle n’en pouvait plus de ces jeux d’hypocrisie.

— Une explication ? répéta-t-elle, la voix tremblante. Tu veux une explication, maman ? D’accord. Je suis partie parce que je suffoque ici. Parce que vivre avec vous deux, c’est comme dormir sur un champ de mines. Tu vois l’homme à côté de toi ? Il me terrorise. Il me contrôle. Et toi… tu fermes les yeux, comme si tu n’étais pas complice.

Clarisse blêmit.

— Comment tu oses me parler comme ça ?! C’est ton foyer ici ! On t’a tout donné après la mort de ton père !

— Ce n’est plus un foyer depuis qu’il est mort, cria Alayna. Tu l’as remplacé par un tyran en quelques mois et tu m’as abandonnée pour vivre ta petite vie de princesse en talons hauts !

Vincent s’avança d’un pas brusque. Ses yeux lançaient des éclairs.

— Alors tu préfères vendre ton cul à des inconnus dans des hôtels de luxe, c’est ça ?! Tu crois que j’ignore ce que tu trafiques ? Tu vas me faire passer pour un imbécile devant tout le quartier !

Alayna sentit le sol se dérober sous ses pieds. Elle aurait voulu qu’il la frappe. Juste une fois. Pour qu’elle puisse partir sans culpabilité. Mais non. Vincent était plus malin que ça. Il utilisait les mots comme des chaînes. Comme des coups invisibles.

— Tu n’as aucun droit de me parler comme ça, répondit-elle avec un calme dangereux. Je ne t’appartiens pas. Je ne suis pas ta chose.

— Tant que tu vis sous ce toit, tu suis MES règles, cracha-t-il.

— Alors je m’en vais.

Un silence glacial tomba dans la pièce.

Clarisse écarquilla les yeux.

— Quoi ?

— J’ai trouvé une solution. Quelqu’un qui m’offre une chance de respirer. De recommencer. Je pars ce soir. Que ça vous plaise ou non.

— Avec qui ?! Tu connais à peine ce type ! hurla sa mère. Et tu crois qu’il ne veut rien en échange ? Tu crois que tu vas t’en sortir avec tes grands discours de gamine blessée ?

— Peut-être qu’il me veut pour de mauvaises raisons, admit Alayna. Peut-être qu’il est dangereux. Mais il m’a écoutée. Il m’a respectée. Ce qui est déjà mille fois mieux que ce que j’ai ici.

Vincent serra les poings, prêt à exploser.

— Tu mets les pieds dehors ce soir, Alayna, et tu n’existes plus. Tu n’es plus ma belle-fille. Tu n’es plus RIEN. Compris ?

Elle le fixa, droite, le menton levé.

— Parfait. Parce que je ne suis déjà plus rien à vos yeux.

Et sans attendre leur réponse, elle monta les escaliers, le cœur battant à tout rompre, mais les épaules droites.

Elle avait choisi.

Ce soir, à minuit, elle partirait.

Et plus rien ne serait jamais comme avant.

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