La journée avait filé lentement, entre silence et observation. Alayna n’avait croisé personne depuis son passage à la piscine. Le manoir semblait vide, ou peut-être que chacun savait rester à sa place. Elle avait passé l’après-midi dans la grande bibliothèque, tentant de lire un roman poussiéreux, mais son esprit revenait sans cesse à la sensation étrange qu’elle avait eue en quittant l’eau. Cette impression d’être observée. Elle n’avait pourtant rien vu. Rien entendu. Et pourtant… il y avait eu quelque chose. Quand vint le soir, elle décida de descendre dîner. Ruth lui avait fait comprendre que les repas étaient pris librement, chacun à son rythme. Mais ce soir, pour une raison qu’elle n’expliquait pas, elle se sentait… observée. Attendue, même. Et elle ne s’était pas trompée. Assis seul à la longue table de la salle à manger, Williams leva les yeux lorsqu’elle entra. Il ne portait pas de costume comme les autres fois, mais un pull noir moulant à col roulé et un pantalo
L’après-midi était étrangement calme. Aucun bruit dans la maison, aucun personnel dans les couloirs. Alayna, après avoir longuement hésité, avait décidé de profiter de la piscine intérieure que Ruth lui avait montrée la veille. Elle en avait besoin. Le stress accumulé depuis des mois, les douleurs de son passé, la tension encore présente dans ses muscles… tout criait pour une pause. Elle avait trouvé un maillot de bain une-pièce noir dans la penderie, simple mais élégant, comme tout ce qu’on lui avait donné depuis son arrivée. Elle attacha ses cheveux en une tresse lâche et quitta sa chambre pieds nus, une serviette sur les épaules. La piscine était aussi magnifique que dans ses souvenirs. L’eau bleu clair scintillait sous les vitres du plafond, reflétant les rayons doux du soleil filtré par la verrière. Le silence y était presque sacré. On entendait à peine le doux clapotis de l’eau contre les rebords. Alayna entra lentement, frissonnant au contact de la fraîcheur. Puis e
Le lendemain matin, Alayna fut réveillée par une odeur alléchante de pain chaud et de café. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, il lui fallut quelques secondes pour se rappeler où elle était. Le lit immense, les draps de soie, le silence feutré… Ce n’était pas un rêve. Elle se leva lentement, encore un peu engourdie. Une tenue propre avait été posée au pied du lit. Un jean noir et un pull belge douillet, simples mais élégants. Elle s’habilla rapidement, noua ses cheveux en un chignon désordonné et quitta la chambre. Dans le couloir, elle trouva Ruth qui l’attendait, comme si elle savait qu’elle se lèverait à cet instant précis. — Bien dormi ? demanda la femme avec un sourire calme. — Mieux que je ne l’aurais imaginé, répondit Alayna en hochant la tête. Ruth fit un signe de la main. — Suis-moi, je vais te faire visiter un peu. Histoire que tu ne te perdes pas dans cette jungle. La maison, ou plutôt le manoir, était encore plus vaste qu’elle ne l’avait cru. Les couloirs semblai
Cela faisait deux jours qu’Alayna avait disparu. Deux jours que la maison résonnait d’un silence inhabituel, presque inquiétant. Pour la première fois, Vincent ne trouvait aucune porte à claquer, aucune voix tremblante à écraser. Et Clarisse ne pouvait plus déverser sa frustration sur sa fille. Le vide laissé par Alayna n’était pas paisible… il était menaçant. Vincent tournait en rond dans le salon, les traits tendus. Il avait déjà fumé plus de cigarettes qu’il ne le faisait en une semaine. Son téléphone à la main, il envoyait des messages, appelait ses contacts. Rien. — Elle m’échappe… cette sale petite garce me file entre les doigts, grogna-t-il, les mâchoires serrées. Clarisse, assise sur le canapé, les ongles rongés jusqu’au sang, essayait de garder contenance. — Peut-être qu’elle est simplement allée se réfugier chez une amie. Elle reviendra. Elle fait toujours ça, elle dramatise, elle veut attirer l’attention… — Tu crois que je suis stupide ?! siffla Vincent en se tournan
Lorsque les premiers rayons du soleil vinrent caresser son visage, Alayna crut un instant qu’elle rêvait encore. Le lit était immense, d’un confort presque irréel. Les draps sentaient le linge propre et le bois ciré. Aucun bruit. Aucun cri. Pas de hurlements venant de la cuisine. Pas de pas lourds dans le couloir. Le silence la réveilla. Elle s’étira lentement, presque avec méfiance. Puis elle se redressa, regarda autour d’elle : la chambre était sobre mais élégante. Meubles en bois clair, murs belges, grande fenêtre donnant sur le parc. Une salle de bain attenante, où elle découvrit des serviettes douces, des produits luxueux, et même des vêtements à sa taille soigneusement posés sur un fauteuil. Elle les observa longuement, surprise. Une robe simple, fluide, couleur ivoire. Un pull, un pantalon, des ballerines. Neufs. Sans étiquette. Elle les enfila après une douche rapide, toujours aussi méfiante. Elle n’était pas ici pour être dorlotée. Elle était là parce qu’elle avait
La voiture roulait depuis près de quarante minutes quand elle quitta enfin la route principale pour s’engager sur une allée privée bordée d’arbres immenses, presque irréels. La lumière des phares dansait sur le feuillage épais, dessinant des ombres mouvantes qui semblaient l’observer en silence. Alayna n’avait pas prononcé un mot du trajet. Le chauffeur non plus. Il portait un costume sobre, noir, assorti à la berline, et semblait presque irréel tant il était silencieux, presque effacé. Elle ne savait pas ce qu’elle imaginait. Un appartement luxueux ? Une maison de ville moderne ? Ce qu’elle découvrit dépassa ses attentes… et ses craintes. Au bout de l’allée, une immense grille s’ouvrit automatiquement, révélant un domaine aussi vaste qu’un petit village. À gauche, un jardin taillé avec une précision chirurgicale. À droite, un bâtiment de verre et de pierre, à la fois sobre et majestueux. Moderne. Sombre. Étrangement froid. La voiture s’arrêta devant un escalier de marbre clair.