Le notaire Djibril avait fixé un délai : un mois. Un mois pour qu’Alia accepte de devenir la femme d’un inconnu désigné par son père, ou qu’elle renonce à tout.
Un mois pour que sa vie bascule. Le lendemain, dans la maison de sa tante La lumière du matin perçait à peine à travers les voilages fins. Alia était assise à la table de la cuisine, les mains serrées autour d’une tasse de café tiède, perdue dans ses pensées. Sa tante Cécile, à ses côtés, posait un regard doux, plein d’une tendresse mêlée d’inquiétude. — Tu sais, ma chérie, dit-elle doucement, ce que ton père a fait... c’est difficile à comprendre, mais tu ne peux pas laisser ça te détruire. — Comment ne pas être détruite, Tata ? murmura Alia, la voix tremblante. Il m’oblige à épouser un homme que je ne connais pas. Comme si j’étais un objet à vendre. Mais pourquoi? Quel est le rapport avec l'héritage ? — Ton cœur doit te guider, ma fille. Pas un papier, pas un contrat. Écoute-toi, vraiment. Alia détourna le regard, la gorge nouée. Elle voulait se battre, mais elle avait peur. Peur de perdre ce qui lui revenait, peur de se perdre elle-même. --- Les nuits étaient les pires. Assise sur son lit, elle scrutait le plafond, le visage inondé de larmes silencieuses. Son téléphone vibra. C’était Malik, son meilleur ami depuis l’enfance. — Je suis perdue Malik, des années qu'il agit comme si je n'existais plus pour lui et maintenant après sa mort il veut m'imposer un homme avant de me donner ce qui me revient de droit. Je ne sais pas quoi faire. Mais je sais une chose, je ne peux pas laisser toute sa fortune dans les mains de ces deux femmes. — Alia, il faut que tu m’écoutes, dit-il sans détour. — Je t’écoute, répondit-elle, la voix cassée. — Ce que tu traverses, ce n’est pas juste un choix. C’est un piège. Mais il y a une chose que tu peux faire : découvre qui est cet homme. Cherche à comprendre. — Tu crois que je devrais le rencontrer ? — Oui. Tu ne peux pas te battre contre l’ombre sans éclairer son visage. Un souffle d’espoir, fragile mais réel, vint chatouiller son esprit. --- Dans le vaste salon baigné de lumière, où les meubles luxueux et les œuvres d’art semblaient crier la richesse, Mireille et sa fille Séréna étaient réunies. Leurs regards se croisaient, lourds de rancune et d’ambition. — Ce testament, c’est un coup de tonnerre, murmura Mireille, le front plissé. Soixante pour cent à cette fille qu’on a ignorée toutes ces années… C’est inacceptable. — Elle ne mérite rien, répondit Séréna, serrant les poings. Elle n’a jamais été de la famille. — Nous devons l’empêcher de s’en sortir, coûte que coûte. Ce mariage ne doit pas avoir lieu — Et si elle décide de l'épouser? — ll faudra lui l'envoyer dissuader Un silence lourd s’installa, avant que Séréna n’esquisse un sourire cruel. — J’ai mes moyens, mère. Je peux être persuasive. Mireille hocha la tête, un sourire froid aux lèvres. — Ne t'inquiète pas ma fille. Je m'en charge personnellement. --- Quelques jours plus tard, dans le petit appartement de la tante Jeanne, la sonnette retentit soudain. Surprise, Alia elle alla ouvrir. Mireille se tenait là, impeccable dans une tenue élégante, le sourire poli mais calculateur. — Alia, dit-elle d’une voix douce, je suis venue en paix. — Toi ? s’étonna Alia, son regard se durcissant. Que viens-tu faire ici ? — Je veux discuter, t'offrir une chance de résoudre tout ça calmement. Mireille s’avança dans le salon, prenant un air faussement maternel. — Écoute-moi bien, Alia. Tu n’as pas besoin de ce mariage. Tu ne vad quand même pas épouser un inconnu. C'est injuste ma chérie Si tu renonces, je suis prête à t’offrir vingt pour cent de l’héritage. C’est une part juste, et une opportunité pour toi d’éviter des ennuis inutiles. Alia sentit une colère sourde monter en elle. — Veux tu me faire croire que tu te soucies de mon bien être? Et pui vingt pour cent ? Je ne suis pas une marchande, Mireille. Je ne vendrai jamais ma dignité pour un chèque. — Ce n’est pas une question d’argent, mais de raison. Tu dois comprendre ce qui est en jeu. Alia recula d’un pas, les poings serrés. — Je ne suis pas à vendre, et je ne céderai pas à tes menaces déguisées. Maintenant, tu peux partir. Sans un mot de plus, elle claqua la porte, laissant Mireille figée sur le seuil, son sourire se figeant en une expression de défaite . --- Le soir venu, le téléphone d’Alia vibra. — Bonjour Mademoiselle Bakary, c’est Maître Djibril. Je vous appelle pour vous informer que j’ai organisé une rencontre avec l’homme choisi par votre père. Vous aurez l’occasion de le rencontrer très prochainement. Alia sentit son souffle se couper un instant. — Merci, répondit-elle d’une voix ferme. Je serai là. Elle était prête à se battre, à dire à cet homme tout ce qu’elle pensait et surtout à savoir pourquoi son père voulait qu'elle s'unisse à lui .Alia entra chez elle, le cœur encore léger après la victoire éclatante du procès. Elle s’assit sur le canapé du salon, prit son téléphone et envoya un message à Idriss :— Nous avons gagné le procès ! Je suis maintenant propriétaire de 80 % des biens de mon père au lieu de 60 %.Quelques secondes plus tard, son téléphone vibra. Le message d’Idriss s’afficha :— Félicitations, Alia. Très heureuse pour toi. Je suis très occupé en ce moment, on se parlera plus tard.Alia esquissa un sourire et remit son téléphone sur la table. Elle aurait aimé une réaction plus chaleureuse, mais elle comprenait qu’Idriss avait ses obligations. Elle décida de ne pas insister pour le moment et se leva pour préparer un thé.Pendant ce temps, chez Mireille et Séréna, l’ambiance était tout autre. La défaite cuisait encore dans l’âme de la mère et de la fille. Séréna était particulièrement en colère.— 20 % ! s’exclama-t-elle en jetant violemment le journal où était mentionnée la décision du tribunal. Tout ça
Alia resta figée un instant, hésitant. Elle savait que ce document et cette clé pouvaient contenir quelque chose d’énorme, mais elle n’avait aucune idée de quoi exactement. Elle prit son téléphone et appela immédiatement un de ses avocats de confiance. — Allô ? demanda l’avocat. — C’est Alia, dit-elle d’une voix pressée. Je viens de trouver un dossier et… il y a une clé USB à l’intérieur. Il faut que vous veniez, c’est urgent. Quelques minutes plus tard, l’avocat arriva. Alia lui montra le dossier et le coffret contenant la clé USB. L’avocat le prit délicatement, examinant la clé avec attention. — Très bien, dit-il. Nous allons sécuriser ceci et préparer une stratégie. Le contenu de cette clé pourrait changer la donne, mais il faudra vérifier sa légitimité et son utilisation correcte devant le tribunal. Alia hocha la tête, sentant un mélange d’excitation et d’inquiétude. Elle savait que le procès allait devenir encore plus intense, mais cette fois, elle avait un atout mystérieux
La matinée était grise et pluvieuse lorsque Alia franchit les portes imposantes du tribunal. La pluie battante ne faisait qu’ajouter à son sentiment de nervosité et d’appréhension. Elle tenait fermement son sac et ses dossiers sous le bras, consciente que les prochaines heures allaient être décisives pour son héritage. Idriss l’avait accompagnée jusque dans le hall d’entrée, mais la foule et l’atmosphère solennelle les avaient séparés. Il devait ensuite passer dans une salle adjacente pour discuter stratégie avec ses avocats, tandis qu’Alia rejoignait la sienne. — Madame Alia, êtes-vous prête ? demanda l’un de ses avocats, un homme d’une cinquantaine d’années, sérieux et précis. — Aussi prête que je peux l’être, répondit-elle, la voix un peu tremblante malgré son effort pour paraître assurée. — Rappelez-vous, tout ce que vous direz doit être factuel. Pas d’émotions, pas d’attaques personnelles. Nous allons vous guider à chaque étape. Ils passèrent quelques minutes à revoir
Alia était assise dans son salon, la tête légèrement penchée, des papiers éparpillés devant elle. Le stress du procès à venir pesait lourd sur ses épaules. Elle respirait profondément, essayant de calmer son esprit, quand la sonnerie de la porte retentit. — Malik ! s’exclama-t-elle en ouvrant. — Salut, dit Malik avec son sourire habituel, apportant un peu de légèreté dans l’atmosphère lourde. Je me suis dit qu’un peu de compagnie pourrait te changer les idées. Ils s’installèrent dans le salon, et Malik commença à raconter ses histoires du travail, des anecdotes drôles et quelques petites bêtises pour faire rire Alia. Peu à peu, son stress sembla s’atténuer. Mais quelque chose dans le regard de Malik ce soir-là troubla Alia. Il y avait une intensité qu’elle n’avait jamais vraiment remarquée auparavant. La façon dont il la regardait, le léger sourire qu’il laissait échapper, tout semblait différent. Elle sentit son cœur battre un peu plus vite, mais avant qu’elle ne puisse se co
Alia se leva tôt ce matin-là, le cœur lourd mais déterminé. Elle avait rendez-vous avec les avocats qui allaient la représenter face à la plainte de Mireille. Dès son arrivée dans le cabinet, elle fut accueillie par deux avocats expérimentés, maîtres en droit des successions, qui avaient déjà préparé plusieurs cas semblables. — Bonjour, Alia, dit l’un d’eux en la saluant chaleureusement. Nous allons nous préparer sérieusement avant d’aller au tribunal. Il est important que vous soyez prête à répondre calmement et à défendre votre position. — Je sais… répondit Alia, la voix légèrement tremblante. Mais je… j’ai peur que ça ne se passe pas bien. — C’est normal, dit Idriss, qui était venu avec elle pour la soutenir. Mais tu n’es pas seule. Nous sommes là, et tu as toutes les chances de ton côté. Reste concentrée et forte. — Exactement, ajouta le second avocat. Nous allons simuler les questions que les avocats de Mireille pourraient poser. Ce sera intense, mais c’est pour ton bien. La
Des semaines avaient passé depuis le mariage, et malgré la victoire d’Alia sur l’héritage de son père, Mireille et Séréna n’avaient jamais vraiment digéré leur défaite. Chaque jour qui passait semblait renforcer leur frustration. Un matin, alors que le soleil filtrait à peine à travers les rideaux de son salon, Mireille s’assit à son bureau, le front plissé, le regard fixé sur une feuille blanche. La tasse de café qu’elle tenait à peine tremblait dans sa main. — Il faut que je trouve quelque chose… murmura-t-elle. Ce n’est pas possible… cette fille n’a jamais été à ses côtés, et elle hérite de tout ! Séréna, assise à côté d’elle, leva les yeux de son téléphone où elle prenait des notes. — Maman, si on conteste le testament, on pourrait récupérer une partie des biens. On peut le faire légalement, et personne ne pourra vraiment nous reprocher d’essayer… Mireille esquissa un sourire froid, presque cruel. — Exactement, ma chérie. Et cette fois, on ne laissera rien au hasard. Avocats,