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L'homme derrière le voile

Author: Adek
last update Last Updated: 2025-08-12 10:39:04

Le jour de la rencontre s’était levé sur un ciel bas, presque menaçant. Alia sentait ses mains moites et son cœur tambouriner dans sa poitrine comme une batterie furieuse. Toute la nuit, elle avait tourné et retourné dans son lit les mots, les scénarios, les excuses qu’elle pourrait sortir.

Devant elle, ce n’était pas seulement un mariage imposé. C’était sa dernière barrière contre la perte totale, sa lutte pour garder ce qui, de droit, lui appartenait.

Le lieu choisi par le notaire était un café discret, à l’écart du tumulte de la ville, aux murs ornés de tableaux abstraits et aux fauteuils de velours rouge sombre.

Aila était d’une beauté qui ne passait pas inaperçue. Grande et élancée, elle dégageait une élégance naturelle renforcée par ses traits fins et harmonieux. Sa peau douce et lumineuse contrastait avec la profondeur de ses yeux sombres, où brillait une lueur de détermination. Toujours impeccablement vêtue, elle portait ce jour-là une robe ajustée qui soulignait sa silhouette avec goût, accompagnée d’accessoires discrets mais raffinés. Son allure respirait l’assurance… et la femme qu’elle était savait qu’elle ne devait rien au hasard.

Elle arriva la première, son sac serré contre elle, les yeux cherchant dans chaque visage celui qu’elle allait bientôt affronter.

Puis il entra.

Grand, élancé, la démarche assurée, il avait ce port altier que seuls les hommes habitués à commander peuvent avoir. Un visage sculpté, presque froid, aux traits anguleux, une mâchoire carrée soulignée par une barbe de trois jours soigneusement taillée. Ses yeux, d’un noir glacé, la dévisageaient avec une arrogance presque provocante.

Il portait un costume parfaitement ajusté, gris anthracite, qui soulignait sa silhouette élancée sans effort apparent. Sa voix, lorsqu’il prit la parole, était basse et mesurée, presque détachée.

— Vous devez être Mademoiselle Bakary, dit-il, un léger sourire en coin. Je suis Idriss.

Alia prit une inspiration profonde, le défiant du regard.

— Alia. Je suis là pour comprendre qui vous êtes. Qui êtes-vous, vraiment ? demanda-t-elle, la voix ferme mais trahissant une pointe de nervosité.

Il haussa un sourcil, amusé.

— Un vieil ami de votre père, un homme qui connaissait ses secrets mieux que quiconque.

— Un vieil ami ? Vous m'avez l'air pourtant très jeune pour être le vieil ami d'un vieil homme .

Il pencha la tête, un éclat d’ironie dans le regard.

— Écoutez mademoiselle, venez en aux faits, je suis un homme assez occupé.

Alia sentit un frisson d’agacement.

— Que savez-vous du testament ? Cette condition absurde qu’il m’impose ?

— Je la connais. Je ne suis pas d’accord ,mais je n'ai pas vraiment eu mon mot à dire.

— Vous donc refusez de vous marier ?

Il la fixa, sérieux cette fois, comme si une vérité plus grande venait de s’imposer.

— Absolument. Je refuse de me plier à ce genre de contrat. J’ai encore beaucoup de choses à vivre, d’aventures à tenter et je vais certainement pas me marier à la première venue . Et pour être honnête avec vous, le mariage n'a jamais été dans mes plans, encore moins un mariage arrangé.

Un rire amer s’échappa d’Alia.

— Je vous comprends moi aussi, j’aimerais être libre, faire ce que je veux. Mais je dois garder la fortune de mon père loin des griffes de ma belle-mère et de sa fille.

Il la dévisagea, cherchant à lire au-delà des mots.

— Et alors ? Cela ne me concerne en rien. Votre père a voulu cela mais je ne suis pas tenu de l'accepter.

Elle fronça les sourcils, cherchant à capter une faiblesse.

Un silence s’installa, lourd, chargé d’attentes et de méfiance.

— Écoutez je partage votre avis mais il me faut vraiment sécuriser mon héritage et j'ai besoin de votre coopération. Faisons un mariage contractuel. On ne peut pas se séparer avant deux ans, c’est écrit dans le testament. Je propose donc un contrat de mariage de deux ans. Sans amour, sans attaches. Juste un accord entre deux adultes qui veulent garder ce qui leur revient. Vous pourrez continuer à disposer de votre temps et faire votre vie comme d'habitude. Tout ce que je veux c'est mes 60 %.

Idriss se redressa brusquement, sa chaise raclant le sol.

— Vous me prenez pour quoi ? Un pantin ? Je ne suis pas un homme à enchaîner sa vie pour un caprice posthume d’un mort.

Il se leva, fixa Alia un instant, un rictus de mépris sur les lèvres.

— Vous feriez mieux de réfléchir à ce que vous êtes prête à perdre en jouant à ce jeu.

Alia se redressa à son tour, les yeux brûlant de colère.

— Et vous croyez que je suis ravie de devoir passer un accord avec un homme aussi odieux que vous ? Je n’ai jamais voulu ça, jamais !

Un éclair de rage traversa le visage d’Idriss.

— Alors pourquoi perdre votre temps à me supplier de jouer ce rôle ? Vous jouez une comédie, et ça me fatigue.

— Je ne supplie personne ! Je me bats pour ce qui m’appartient, et vous êtes juste une pierre sur mon chemin !

Leurs voix montaient, les mots devenaient des projectiles.

— Vous ne comprenez rien ! hurla Idriss.

— Vous ne savez rien de moi ! cracha Alia.

Un silence lourd s’installa, puis Alia, haletante, secoua la tête avec dédain.

— Oubliez toute cette histoire. Je ne veux plus rien avoir à faire avec vous.

Sans attendre sa réponse, elle attrapa son sac et sortit en claquant la porte derrière elle, laissant Idriss seul, figé, la mâchoire serrée mais avec un petit sourire en coin.

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