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Chapitre 2– Entre les crocs du loup

Auteur: Déesse
last update Dernière mise à jour: 2025-02-26 17:14:11

Camille

Le silence s’étire entre nous, épais, menaçant. Lorenzo Valenti me regarde comme un prédateur jaugeant sa proie. Je devrais fuir, refuser, mettre un terme à cette folie avant qu’il ne soit trop tard. Mais mes doigts crispés sur le dossier devant moi trahissent une vérité bien plus troublante.

Je suis piégée.

Et une part de moi… brûle déjà de voir jusqu’où ce piège peut m’emmener.

Je ferme les yeux une seconde, essayant d’ordonner mes pensées. Victor Lambert. Un homme que j’avais défendu il y a trois ans, persuadée de son innocence. Aujourd’hui, il se retrouve mêlé à un réseau criminel et veut faire tomber Lorenzo. Pourquoi ?

Je relève la tête, mes yeux accrochant ceux de Lorenzo.

— Quelles preuves avez-vous contre Lambert ?

Il sourit, lentement, satisfait de me voir enfin poser les bonnes questions. Il sort un téléphone de sa poche, tape quelque chose sur l’écran, puis le pose face à moi.

— Écoutez.

J’appuie sur lecture.

Un enregistrement démarre.

"… Je m’en fiche qu’il soit dangereux. Je veux ce salaud hors de ma route. Je veux que son empire brûle. J’ai donné aux fédéraux tout ce qu’ils voulaient. Ils m’ont promis l’immunité."

Mon cœur rate un battement.

"— Et si Valenti découvre que c’est vous ?"

"— Il ne pourra rien faire s’il est en prison. Et il ne le saura jamais… tant que cette foutue avocate ne fourre pas son nez où il ne faut pas."

La voix de Lambert s’éteint. L’enregistrement s’arrête.

Je fixe Lorenzo.

— Comment avez-vous obtenu ça ?

Son sourire s’élargit.

— J’ai mes sources.

Je secoue la tête, mon cœur battant plus fort que je ne le voudrais.

— Il a raison sur un point. Si j’accepte de vous défendre, je vais devenir une cible.

Lorenzo pose ses coudes sur la table et me fixe, plus intense encore.

— Et c’est pour ça que je vous offre ma protection.

Je le fixe, interdite.

— Votre… protection ?

— Vous êtes officiellement impliquée. Lambert va chercher à vous faire taire.

Son ton est calme, posé, comme s’il énonçait une simple évidence.

— Et je suppose que vous avez déjà une solution toute prête ?

— Évidemment. Vous allez venir vivre sous ma protection.

Je m’étouffe presque avec ma propre salive.

— Pardon ?!

— Vous ne serez pas en sécurité seule, Camille.

Je ris, un rire nerveux, un peu hystérique.

— Et votre solution, c’est de m’emmener chez vous, comme si j’étais un colis fragile ?

Il ne rit pas.

— Oui.

Son sérieux me coupe net.

— Vous êtes fou.

Il hausse légèrement un sourcil.

— Peut-être. Mais je suis encore en vie, moi. Vous ne réaliserez l’ampleur du danger que lorsque vous aurez un pistolet sur la tempe.

Je frissonne. Pas à cause de la peur, mais parce que je sais qu’il a raison. J’ai touché quelque chose de trop gros.

Je ferme les yeux une seconde, prenant une longue inspiration.

— Et si je refuse ?

Lorenzo se penche légèrement.

— Vous n’êtes pas en position de refuser.

Un frisson glacé me traverse. Il n’a pas levé la voix, et pourtant, j’entends l’avertissement.

Il ne plaisante pas.

Je me lève brutalement, attrapant mon sac.

— Merci pour ce charmant dîner, mais je vais rentrer chez moi.

— Non.

Je m’arrête. Il s’est levé aussi, se tenant devant moi, son regard noir d’encre verrouillé sur le mien.

— Je vais vous ramener.

— Ce n’est pas nécessaire.

— Ce n’est pas une option.

Je me tends. Il joue avec mes nerfs. Il joue avec moi.

— Je suis une grande fille, je sais rentrer seule.

Il s’approche encore, réduisant l’espace entre nous. Sa voix descend d’un ton, grave, presque un murmure.

— Ce n’est pas une question de savoir-faire, Camille. C’est une question de savoir survivre.

Je déglutis.

L’air entre nous devient électrique, saturé d’une tension aussi inquiétante que… grisante. Pourquoi est-ce que mon cœur bat si fort ?

Il fait un signe discret de la main. Un homme en costume s’avance et murmure quelque chose à son oreille. Lorenzo hoche la tête et reporte son attention sur moi.

— On y va.

Je pourrais encore refuser. L’envoyer se faire voir. Mais au fond, j’ai déjà pris ma décision.

Sans un mot, je sors du restaurant à ses côtés.

---

Dans la voiture

L’intérieur du véhicule est plongé dans une obscurité silencieuse. Lorenzo est assis à côté de moi, bien trop près.

— Votre adresse.

Je croise les bras, défiant.

— Vous la connaissez déjà, non ?

Son sourire est lent, dangereux.

— Évidemment. Mais j’aime quand vous jouez à ce petit jeu avec moi.

Je serre les dents, mais je donne mon adresse. Il la répète à son chauffeur, puis reporte son attention sur moi.

— Dites-moi, Camille…

Je me raidis.

— Quoi ?

Il incline la tête légèrement, m’observant comme s’il me disséquait.

— Pourquoi avez-vous accepté de venir ce soir ?

Je détourne les yeux vers la fenêtre.

— Je voulais comprendre à quoi j’avais affaire.

— Et maintenant que vous comprenez ?

Je le fixe de nouveau.

— Maintenant, je veux savoir comment vous comptez me forcer à rester sous votre protection.

Lorenzo rit doucement.

— Camille… Vous êtes brillante, mais naïve. Ce n’est pas moi qui vais vous forcer. C’est la situation.

Je fronce les sourcils.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

La voiture ralentit. Mon immeuble apparaît dans mon champ de vision. Mais quelque chose cloche.

Des lumières rouges et bleues clignotent dans la nuit.

Des voitures de police.

Mon estomac se tord. Je reconnais l’un des agents qui monte les marches menant à mon appartement. Mon appartement.

— Qu’est-ce que…

La voiture s’arrête, mais avant que je ne puisse ouvrir la porte, Lorenzo pose une main sur mon poignet.

— Ne bougez pas.

Son ton est glacial, autoritaire. Je tente de me dégager, mais il resserre doucement sa prise.

— Regardez bien, Camille.

Je me tourne vers mon immeuble, mon cœur battant à tout rompre.

La police est là. Ils entrent chez moi.

Qu’est-ce qu’ils cherchent ?

Et soudain, un frisson me traverse.

Ou plutôt… qu’est-ce qu’on leur a dit d’y chercher ?

Je me tourne lentement vers Lorenzo. Son regard sombre brille d’une intensité troublante.

— C’est quoi, cette merde ?

— La preuve que vous ne pouvez plus rentrer chez vous.

Je me fige.

Son emprise sur mon poignet se relâche, mais il ne bouge pas.

— Alors, Camille…

Sa voix descend d’un ton, rauque, dangereuse.

— Vous venez avec moi ?

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