Dans les rues glaciales d’une grande ville, Liv, une jeune femme sans-abri, vit déguisée en garçon pour échapper aux agressions. Casquette enfoncée, voix rauque, gestes durs : elle s’est construit une carapace, un nom d’emprunt, et une routine discrète faite d’ombre et de prudence. Mais une nuit, alors qu’elle cherche un abri dans un entrepôt abandonné, elle devient témoin d’un assassinat brutal orchestré par des hommes puissants et sans pitié. Elle pense être passée inaperçue. Elle se trompe. L’un des tueurs l’a repérée. Pire : il l’attrape et l'amène voir son boss L’homme sait qu’elle a vu, il veut savoir ce qu’elle compte faire. Elle cache plus qu’un visage. Elle cache une histoire. Et peut-être même… un danger. Le chef de l'homme ressent pour elle un trouble assez bizarre : comment se fait-il qu'il ressent une attirance pour un homme ? Il devient fou !
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Il pleut.
Pas une pluie douce ou mélancolique. Non. Une vraie pluie d’hiver, serrée, froide, brutale. Une pluie qui racle les trottoirs, détrempe les os, fait grincer les dents. Elle tombe en lames, droite, méthodique. Comme si le ciel s’acharnait à laver la ville de ses péchés.
Moi, je suis en dessous. Toujours en dessous.
Ma capuche me colle au crâne. Mes baskets prennent l’eau depuis des semaines. Mes doigts sont gelés malgré les gants troués.
Mais je marche. D’un pas rapide, rasant les murs, les mains dans les poches, le regard au sol.
Ne pas croiser les yeux. Ne pas répondre. Ne pas exister.
Je m’appelle Léo.
Quinze ans. Silencieux. Cassé. Un garçon de trop, un gosse de rien.
C’est ce que je montre. Ce que je joue. Parce que dans la rue, être un garçon, c’est déjà un peu moins dangereux. Moins vulnérable.
Être une fille, c’est une cible peinte sur le front.
Alors j’ai effacé Liv. Enterré ses cheveux, ses hanches, sa voix. J’ai appris à cracher par terre, à marcher les jambes écartées, à baisser la tête comme si j’étais prêt à cogner. Et souvent, ça suffit.
Ce soir encore, je suis ce garçon.
Le trottoir brille sous les néons blafards. Le froid mord. Les gens défilent, silhouettes fantômes, absorbées dans leurs mondes. J’aime cette foule sans visages. C’est là que je disparais le mieux.
Je longe les quais. Mon refuge n’est plus très loin. Un ancien entrepôt portuaire condamné, planqué derrière des containers rouillés. Personne ne vient jamais là-bas. Juste moi. Et parfois les rats. J’ai appris à les ignorer, eux aussi.
Mais ce soir, un détail m’arrête.
Le portail. Il est entrouvert.
Je me fige. Mon cœur fait un bond. Une ouverture, un souffle de lumière dans ma cachette.
Personne ne sait que je dors ici. J’en suis certaine. Je n’ai rien dit à personne.
Et pourtant…
Je m’accroupis dans l’ombre d’un lampadaire éteint. Mes doigts glissent sous ma veste. Je touche le manche de mon petit couteau. Pas grand-chose. Une lame émoussée. Mais c’est ma sécurité, ma frontière. Un reste d’instinct.
Je m’approche. Lentement. En silence. Mes semelles glissent sur le béton détrempé.
À l’intérieur, une lumière danse. Faible, mobile. Pas un feu. Pas une lampe de camping.
Les reflets sont ceux d’un phare de voiture.
Mais le moteur est coupé.
Non… je tends l’oreille.
Non. Il tourne encore. Faiblement. Un ronron comme un chat qui attend de bondir.
Je me plaque contre le mur. Mes doigts tremblent. Ma gorge est sèche.
Je m’accroupis à la hauteur d’une brèche dans le mur. Une ancienne fente d’aération. Parfaitement alignée avec la zone centrale.
Et là, je les vois.
Trois hommes.
Deux debout. Un à genoux.
Le dernier est attaché, les poignets entravés derrière le dos. La tête basse, les cheveux collés par la pluie. Il pleure. Il gémit.
Les deux autres sont calmes. Trop calmes.
L’un d’eux est massif. Un manteau long noir, bien taillé. Des gants. Des chaussures cirées. Il ne ressemble pas aux voyous de la rue. Trop précis. Trop net.
Il parle d’une voix grave. Un murmure coupant.
— Tu pensais qu’on te laisserait parler, hein ?
Une pause.
— Qu’on te laisserait trahir la famille sans conséquence ? Tu me déçois.
L’homme à genoux tente de bredouiller. Mais l’autre lève la main.
Et soudain, il sort une arme. Un silencieux.
Je me mords la lèvre. Je sais ce qui va venir.
— Pas un mot de plus, souffle-t-il.
Bang.
Le corps s’écroule.
Je recule. Je perds l’équilibre. Mon dos heurte une poubelle métallique. Un bruit. Léger, mais réel.
Merde.
Je me plaque au sol. Ma respiration se fait démente.
Ils m’ont entendue.
Non. Peut-être pas. Peut-être…
Des pas. Lents. Précis.
Je me lève et cours. Instinct. Terreur.
Je bondis derrière une benne. Je me recroqueville. Je retiens mon souffle.
Et la voix. Plus proche. Cette même voix.
— Tu peux sortir. Je sais que t’es là.
Mon cœur manque un battement.
Je serre mon couteau. C’est dérisoire. Je le sais.
— J’ai vu ton ombre. J’ai entendu ta chute. Et j’ai vu ton sac. Un sac d’enfant.
Il marque une pause.
Mon souffle se bloque. Je ne réponds pas.
Il approche encore.
— Tu te caches bien, le garçon. Tu as de la chance. Tu pourrais me servir.
Soudain, une main m’attrape.
Je hurle. Je tente de frapper. Il bloque mon poignet. Me plaque contre la tôle glacée.
Son visage est proche du mien. Il me jauge.
Il sourit. Froidement.
— Un petit témoin. Ma nuit est plus intéressante que prévu.
Je me débats. Je le griffe. Il grogne.
— Calme-toi, gamin. Je vais pas te tuer. Pas ce soir.
Il m’immobilise d’une seule main. L’autre fouille mes poches.
— Tu portes un couteau ? Brave petit. T’as pas froid aux yeux.
Il le jette plus loin, sans ménagement.
Ses yeux se posent sur moi. Intenses. Lents. Il scrute.
Je baisse les paupières. Je serre les dents.
Il dit :
— Tu es qui, au juste ?
Je ne dis rien.
— Ton nom.
Toujours rien.
Il approche sa bouche de mon oreille. Sa voix est un souffle :
— J’ai demandé ton nom, gamin.
Je mens.
— Léo.
Il répète doucement :
— Léo… Hm. Ça te va bien. Discret. Comme toi.
Il recule enfin d’un pas. Mais il reste là. Sa silhouette bloque la lumière. Et moi, je suis toujours coincée.
Il plisse les yeux.
— Alors, Léo… Tu vas m’écouter très attentivement maintenant. Parce que tu as deux choix : disparaître avec moi. Ou disparaître tout court.
LÉOJe n’ai même pas le temps de reprendre mon souffle que ses bras m’enserrent brutalement, me soulevant du sol comme si je ne pesais rien, et je me retrouve collée à lui, mon corps pressé contre le sien. La chaleur de Marko m’enveloppe, écrase toute raison, et je sens mon cœur battre si fort que j’ai l’impression qu’il va exploser dans ma poitrine.Il s’installe dans son fauteuil massif, moi toujours dans ses bras, et je me sens à la fois ridicule et terriblement vulnérable. Ridicule parce que je pèse visiblement trois fois moins qu’un paquet de farine, vulnérable parce que je suis entièrement à sa merci. Mais surtout… excitée, incapable de nier le frisson qui court le long de ma colonne vertébrale.— Tu crois que tu peux encore te cacher derrière ton petit masque ? murmure-t-il, ses lèvres frôlant les miennes, un souffle chaud brûlant sur ma peau.Je tente de reculer, mais ses mains sur mes hanches m’empêchent de bouger. Ses doigts, fermes et possessifs, me maintiennent contre lui,
LÉOLe silence qui suit le départ de ses hommes me paralyse encore quelques secondes. Chaque battement de mon cœur résonne comme un coup de tonnerre dans la pièce. Je sens son regard, lourd, brûlant, me sonder de part en part, comme s’il cherchait à deviner la vérité derrière mon masque.Il s'approche lentement, sans bruit, ses pas mesurés résonnant sur le parquet. Je recule instinctivement, mais mes pieds heurtent le bord du bureau, et je me fige. Il s’arrête à quelques centimètres de moi, et je sens la chaleur de son corps, la présence puissante qui m’enserre, m’étouffe presque.— Pourquoi ce déguisement encore ? murmure-t-il, sa voix basse, mais tranchante, chaque mot une lame contre ma volonté.Je lève les yeux, cachant derrière le tissu rêche le rouge qui monte à mes joues.— Je… je me sens mieux ainsi, souffle-je, la voix tremblante mais déterminée. Moins vulnérable, moins exposée…Il fronce les sourcils, un sourire presque cruel étirant ses lèvres.— Tu crois que tu peux jouer
LÉOJe passe de longues minutes à fixer mon reflet dans le miroir, mes mains tremblent légèrement en nouant le tissu rêche autour de ma poitrine, aplatissant mes formes, effaçant tout ce qui pourrait trahir que je ne suis pas l’ombre que je prétends être. Les cheveux coincés sous la casquette, le vieux pantalon trop large, la chemise ouverte sur un t-shirt usé, je redeviens ce garçon inventé, ce Léo que personne ne remarque, qui se fond dans le décor.Chaque pli du vêtement est une armure, chaque couture un mensonge. Mais c’est le seul qui me protège.Je prends une grande inspiration et sors de la chambre. Le couloir est vide, mais l’air sent le tabac froid et la poussière. Chaque pas m’éloigne un peu plus de cette pièce étouffante et me rapproche de lui.Son bureau est au fond, derrière une porte massive qui n’est jamais tout à fait fermée. J’entends les voix avant de pousser. Graves, rauques, avec ce ton de complicité brutale des hommes qui vivent dans la nuit et ne craignent plus r
LÉOJe l’entends avant de le voir, ses pas lourds dans le couloir, cette démarche qui ne cherche pas à se cacher, comme s’il voulait que je sache, que je l’attende, que je sois déjà prête à lui ouvrir, à lui céder. La poignée tourne, la porte s’entrouvre, et il est là, appuyé contre l’encadrement, son ombre plus large que la chambre. Marko. Sa présence remplit l’espace, fait vaciller l’air.Il s’avance sans rien dire, et je recule malgré moi, jusqu’à sentir le bois froid du lit heurter l’arrière de mes jambes. J’ai l’impression d’être piégée comme une proie, chaque geste de lui m’enferme un peu plus.Il tend la main, pas pour me frapper, pas pour m’ordonner, mais pour effleurer, pour m’atteindre. Ses doigts viennent saisir une mèche humide de mes cheveux, la caresser comme s’il voulait en tirer une réponse, et ses yeux, sombres, brûlants, se plantent dans les miens.— Tu n’as pas idée de ce que tu me fais, souffle-t-il.Il est proche, trop proche, et je sens l’odeur âcre de sa peau, c
LÉOJe reste longtemps assise sur le bord du lit, sans bouger, les cheveux encore humides, la serviette oubliée au sol, le vieux sweat plaqué contre ma peau comme une seconde chair. J’ai froid, mais ce n’est pas le froid qui me fait trembler. C’est ce nom qui résonne encore, planté dans mon crâne, Livia, Livia Arcoletti, comme une gifle qui m’arrache à la vie que j’essayais de bricoler, une existence faite d’ombres, de fuites, de silences.J’ai fermé la porte, mais ça ne change rien, les murs sont trop fins, sa voix peut passer à travers, son rire peut encore me heurter, je l’entends comme si Marko était assis juste à côté de moi. Je me demande combien de temps il faudra avant qu’il assemble les morceaux, combien de regards, de détails, de maladresses, avant que son cerveau affamé de calculs fasse le lien entre Léo, la fille paumée, et Livia, la fille à un million d’euros.Je ne peux pas compter sur son ignorance éternelle.Je pense au sac encore posé dans le coin, cette offrande empoi
MARKOJe reste immobile quelques secondes, le verre à la main, les yeux rivés à ce visage figé sur l’écran, et plus je le regarde, plus l’idée se dessine, nette, tranchante, irrésistible, une ligne droite vers quelque chose de gros, de vraiment gros, une de ces opportunités qu’on n’attend pas mais qui, quand elles apparaissent, exigent qu’on les saisisse à la gorge immédiatement.Le silence dans la pièce est presque lourd, juste le bourdonnement discret de la télé et le clapotis régulier de la glace qui fond dans mon verre. Je le repose lentement, sans quitter l’écran des yeux. J’avance d’un pas, m’accroupis devant la table basse où traîne mon téléphone, fais un arrêt sur image. L’angle est mauvais, la lumière trop forte d’un côté, mais on distingue assez. Le profil. Les yeux. La ligne du cou. Ce genre de détails qu’on imprime vite dans la mémoire quand on a appris à chercher des gens.Je prends la photo avec mon portable, juste une seconde, un petit clic discret. Mais c’est assez pou
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