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Author: C-D
last update Last Updated: 2025-10-14 08:03:03

« Bouge ta voiture, je t’en prie, je suis pressée ! » Ma voix tremblait d’agacement. Il s’était approché trop près, envahissant mon espace, et cette proximité m’oppressait. Je le repoussai d’un geste vif, brûlante de colère.

« Reconnais au moins que tu t’es trompé ! » lançai-je, hors de moi. Son regard s’assombrit davantage, prêt à exploser, mais avant qu’il n’ouvre la bouche, un couple s’approcha, visiblement alerté.

« Tout va bien ici ? Vous avez besoin d’aide ? » demanda l’homme avec une inquiétude sincère.

Je secouai la tête, forçant un sourire crispé. « Non, merci. Tout est sous contrôle. »

Ils échangèrent un regard, puis s’éloignèrent vers leur voiture garée juste à côté. Une minute plus tard, ils n’étaient déjà plus là.

L’homme me fixa encore, son visage déformé par la rancune. « Tu regretteras ça », cracha-t-il avant de tourner les talons et de s’engouffrer dans sa voiture. Il démarra brutalement, me laissant seule, le cœur battant à tout rompre.

Quel goujat ! Pas un mot d’excuse, rien qu’un mépris arrogant. J’étais furieuse, tremblante d’indignation.

Je pris une grande inspiration pour calmer la tempête en moi, puis me dirigeai vers ma voiture. J’ouvris la portière, m’assis derrière le volant et démarrai. Le silence du trajet jusqu’à la maison fut mon seul refuge.

Lorsque j’arrivai, la maison était encore vide. Tonton n’était pas rentré. J’allumai la télévision, m’affalai sur le canapé et laissai défiler les chaînes jusqu’à tomber sur un film déjà bien entamé. Ce fond sonore me berça distraitement jusqu’à ce que j’entende la clé tourner dans la serrure.

« Alors, Cait, comment trouves-tu la ville ? » demanda Tonton Paul avec un large sourire en s’installant près de moi.

« J’aime bien. C’est animé, mais agréable », répondis-je avec un sourire fatigué.

« Et ta journée ? »

« Éprouvante. J’ai failli me disputer avec un inconnu sur le parking », murmurai-je en haussant les épaules.

Il leva un sourcil amusé. « Tu as le chic pour les situations tendues. »

Je ris doucement avant de changer de sujet : « Et toi ? Tes collègues, ils sont sympas ? »

« Plutôt, oui. Une équipe sympa. »

Je pris un air malicieux. « Aucune collègue célibataire dans le lot ? »

« Caitlin ! » soupira-t-il en riant.

« Quoi ? Il serait temps que tu penses à toi », plaisantai-je.

Il leva les yeux au ciel avant de détourner la conversation. « Tu as ton entretien demain, non ? »

« Oui… j’espère vraiment décrocher ce poste », répondis-je, nerveuse.

Il posa une main rassurante sur mon épaule. « Tu es brillante, déterminée, et tu sais ce que tu veux. Ils ne pourront pas passer à côté. »

Je souris, touchée.

« File dormir maintenant. Demain, tu auras besoin d’être en forme. »

Je hochai la tête et lui souhaitai bonne nuit. Il effleura mon front d’un baiser, un geste familier et tendre.

Je montai dans ma chambre, m’allongeai et sombrai aussitôt dans le sommeil.

Le lendemain, le réveil sonna trop tôt. J’émergeai lentement, les yeux encore collés de fatigue. L’entretien ! Je bondis hors du lit, pris une douche rapide et enfilai ma tenue soigneusement choisie la veille.

Devais-je laisser mes cheveux libres ou les attacher ? Je descendis pour demander conseil.

« Tonton ! » criai-je depuis l’escalier.

« Bonjour, ma grande ! » répondit-il depuis la cuisine, occupé à retourner des crêpes.

« Salut, Tonton ! » dis-je en l’enlaçant brièvement.

« Qu’est-ce qui t’amène si tôt ? »

« Je ne sais pas comment coiffer mes cheveux. En chignon ou détachés ? »

Il prit le temps de me regarder, puis déclara avec un sourire : « Laisse-les détachés. C’est comme ça que tu es la plus confiante. »

« Merci ! » fis-je joyeusement avant de remonter me préparer.

Quelques minutes plus tard, il m’appela : « Le petit-déjeuner est prêt ! »

Je descendis, pris place et mangeai en vitesse.

« Tout est prêt pour ton entretien ? » demanda-t-il entre deux gorgées de café.

« Oui », répondis-je la bouche pleine.

Je terminai mon repas, attrapai mon sac et mes documents.

« Je file ! »

« Bonne chance, Cait ! Et sois prudente sur la route », me lança-t-il.

Je l’embrassai sur la joue. « Merci, Tonton. Promis ! »

Le trajet jusqu’à l’entreprise fut calme. Une fois garée, je vérifiai mon reflet dans le rétroviseur : rien ne dépassait, tout était parfait. J’étais en avance de dix minutes.

À l’accueil, une jeune femme m’indiqua poliment : « Deuxième étage, à gauche en sortant de l’ascenseur. »

Je la remerciai et suivis les instructions. En sortant de la cabine, je découvris une salle d’attente bondée. Des visages nerveux, des tailleurs impeccables, des mains crispées sur des dossiers identiques au mien.

Je m’assis, le cœur battant. Et si je n’étais pas à la hauteur ? Non. Hors de question. J’avais travaillé dur pour ce moment.

Mais au fond de moi, une autre inquiétude me rongeait : si j’obtiens ce poste, il faudra que je parte. Que deviendra Tonton sans moi ? Et moi, sans lui ? Il m’a tant donné, tant soutenue. Peut-être qu’en partant, je lui laisserai enfin la liberté de penser à lui-même.

« Mademoiselle Caitlin Snow ? » La voix de la réceptionniste m’arracha à mes pensées.

« Oui, c’est moi ! » répondis-je en me levant d’un bond.

« C’est à vous. »

Je pris une dernière inspiration. C’était le moment.

Et quelque part, dans un recoin de mon esprit, je ne pouvais m’empêcher de repenser à cet homme du parking. Cet inconnu au regard dur. J’avais comme l’intuition que nos chemins n’en resteraient pas là.

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