Dans un royaume ravagé par la guerre et la famine, nous n’avons qu’une solution pour survivre : offrir des tributs au Roi Dragon, cette créature mi-homme, mi-dragon, que nous craignons et vénérons. Chaque année, une jeune fille est choisie et envoyée au sommet de la montagne sacrée. On dit qu’aucune d’entre nous n’est jamais revenue. Je m’appelle Ayla, une orpheline rebelle aux yeux d’or, et cette année, c’est moi qui suis désignée comme le prochain tribut. Au lieu d’être dévorée comme je le croyais, je découvre un roi solitaire, tourmenté par une malédiction ancestrale. Le roi dragon ne s’attendait pas à rencontrer une humaine aussi farouche que moi... ni à ce que je devienne l’unique flamme capable de briser sa malédiction.
Lihat lebih banyakLe vent hurlait au-dessus du village d’Ellenor, et je pouvais presque sentir les âmes en peine qui s’accrochaient à ses rafales. La fumée noire des cheminées s’élevait dans le ciel d’hiver, s’amalgamant aux flocons de neige qui tombaient en silence, recouvrant peu à peu les traces de vie. Tout semblait figé. Même le temps. Même les cœurs.
Je me tenais à l'écart dans la place centrale, observant la foule rassemblée. Les hommes étaient raides comme des piquets, les femmes serraient leurs enfants contre elles avec une force désespérée, et les jeunes filles baissaient les yeux, priant pour que le sort les oublie. Au centre de ce cercle humain, l’urne noire attendait, posée sur un socle de pierre. Ancienne. Marquée du sceau du Dragon.
La voix du doyen, ce vieil homme aux doigts noueux et à la barbe de givre, s’éleva au-dessus de la foule, résonnant comme un glas :
— Le roi réclame son tribut. Que la paix demeure sur nos foyers.
Un murmure inquiet parcourut les rangs. Chacun connaissait le rituel. Chaque année, une jeune fille était choisie. Une offrande pour le Roi Dragon. Nul ne savait ce qu’il faisait d’elles. Aucun nom choisi par l’urne n’était jamais revenu.
La peur s’insinuait dans mon estomac, mais je la réprimais. J’avais appris à dompter ma peur, à la tordre en une colère silencieuse. Fille d’un meunier mort depuis deux hivers, j’avais été élevée par la vieille Rema, une femme rude et sèche qui m’avait appris à ne compter que sur moi-même.
Les rumeurs sur le roi dragon me parvenaient souvent, des histoires de monstre ailé, de prince immortel, de démon vengeur. Mais je ne croyais qu’à ce que je pouvais toucher, et le feu des rumeurs n’avait jamais consumé ma réalité.
Jusqu’à aujourd’hui.
Le doyen tira un dernier papier. Son regard pâlit.
— Ayla. Fille de Naren.
Un silence glacial tomba sur la place. La neige continua de tomber, comme pour mieux couvrir les battements de cœur arrêtés. Tous les visages se tournèrent vers moi, et je sentis leur regard pesant sur mes épaules.
Je ne bougeai pas. Un frisson courut le long de ma nuque, mais je ne détournai pas le regard. Une partie de moi s’y attendait. Je savais que j'étais seule. Sans lien. Sans puissance. Le choix était cruel, mais logique.
— Non ! s’écria une voix. C’est une erreur ! Vous devez recommencer !
Marlen, le père d’une autre fille en âge d’être tirée, se précipita vers le doyen, la colère dans les yeux. D’autres le suivirent, élevant la voix dans un tumulte grandissant.
— C’est injuste ! cria une femme. Elle n’a rien ! Elle ne doit rien !
— Le roi ne l’aura pas, hurla un autre. On la cachera !
Je restai droite, entendant les cris, les protestations qui me parvenaient comme des échos lointains. Tout ce que je ressentais, c’était cette étrange lucidité qui précède les décisions irréversibles.
Je fis un pas en avant.
— C’est assez.
Le tumulte se figea. Tous les regards se tournèrent vers moi à nouveau, incrédules, comme si je venais de briser un sort.
— J’irai.
Rema s’avança, posant une main tordue sur mon bras.
— Ne dis pas ça. Tu ne sais pas ce que tu dis, petite.
Je tournai vers elle des yeux secs, clairs comme l’eau glacée du puits.
— Si je fuis, ils choisiront une autre. Peut-être Elin. Peut-être Lora. Est-ce que je peux vivre avec ça ? Je suis seule. Je ne laisserai pas quelqu’un d’autre porter ce fardeau à ma place.
Un silence respectueux accueillit mes paroles. Même le doyen parut ébranlé, comme s’il voyait en moi quelque chose de plus grand que la peur.
Puis, comme un seul homme, le peuple s’inclina devant moi.
Ce n’était plus une offrande. C’était une élue.
Cette nuit-là, la neige recouvrit le village d’un voile blanc. Je m’enfermai dans la petite maison près du moulin, mon ancien foyer. Je regardai les objets ordinaires, mes mains posées sur la vieille table en bois. Tout était calme. Trop calme.
Je rassemblai peu de choses : une robe chaude, une écharpe tricotée par Rema, un pendentif de pierre bleue que ma mère m’avait laissé avant de mourir. Je ne pleurai pas. Les larmes ne viendraient pas. Pas encore.
Rema entra sans frapper, tenant un petit sac de cuir et une bouteille.
— Bois. Ça brûle, mais ça aide.
Je m’exécutai. Le liquide coula dans ma gorge comme un feu liquide, me faisant tousser.
— Tu es trop jeune pour ça, marmonna Rema, mais t’as plus le temps de grandir.
Elle posa le sac sur la table.
— De la nourriture sèche. Et ça, c’est un talisman. Je l’ai volé à un sorcier il y a quarante ans. Ça te protègera peut-être. Ou pas.
— Merci, murmurai-je.
Rema me fixa de ses yeux perçants.
— Écoute-moi bien. Le roi dragon… ce n’est pas juste une bête. Il se souvient. Il choisit. Si ton nom est sorti, ce n’est pas par hasard.
Je fronçai les sourcils, perplexe.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Mais Rema secoua la tête.
— Trop tard pour poser les bonnes questions. Et trop tôt pour entendre les réponses.
Le matin venu, deux hommes du royaume, vêtus d’armures grises et de capes noires, arrivèrent à l’aube avec un traîneau tiré par des chevaux noirs. Ils ne parlèrent pas. Ne demandèrent rien. Ils savaient déjà.
Je montai sans un mot, le cœur lourd. Les villageois s’étaient de nouveau rassemblés. Cette fois, il n’y avait ni cris, ni protestations. Juste un silence lourd et respectueux.
Un vieil homme s’agenouilla et déposa un bouquet de fleurs glacées sur le sol.
— Que la flamme ne te consume pas, murmura-t-il.
Et puis, le traîneau s’ébranla. Je partis vers la montagne, vers mon destin, le poids du monde sur mes épaules.
La nuit n’avait pas de forme dans le palais du roi dragon. Elle tombait comme une brume invisible, étouffant les contours du monde sans jamais tout à fait l’obscurcir. Je ne dormais plus vraiment. J’attendais.Ce soir-là, quelque chose changea dans l’air. Je le sentis avant même de le voir. Une tension électrique, une chaleur sous ma peau, comme si la pièce elle-même retenait son souffle.Je me redressai, les draps glissant sur ma peau. Le silence n’était plus tout à fait le même.Puis je le vis.Kael.Il se tenait à l’entrée de ma chambre, immense et immobile. Une ombre vivante. La lumière dorée accrochait ses écailles noires comme l’onyx, ses cheveux d’encre, ses yeux d’or. Il n’était plus la bête majestueuse de notre première rencontre. Pas totalement homme non plus. Une créature entre deux mondes, splendide et effrayante, faite pour hanter les récits oubliés.Mais ce soir, il semblait... las.Brisé, presque.— Tu n’as pas peur, dit-il enfin.Sa voix était grave, rauque, chargée d’
Ce fut la première chose que je ressentis en revenant à moi. Pas la douleur. Pas le froid. Mais un silence écrasant, si total qu’il semblait vivant.J’ouvris lentement les yeux.J’étais allongée dans un lit immense, aux draps noirs, soyeux, si doux qu’ils en devenaient presque dérangeants. La lumière dorée d’un lustre suspendu au plafond se reflétait sur les murs... non, pas des murs. Des parois sculptées, entièrement recouvertes de feuilles d’or, incrustées de pierres précieuses. Rubis, émeraudes, saphirs scintillaient comme mille yeux dans l’ombre.Où suis-je ?Un rêve ? Un tombeau ?Je me redressai d’un coup, le souffle court. La robe de soie noire que je portais la veille avait été changée pour une tunique légère, presque transparente. Je ne m’en souvenais pas. Quelqu’un m’avait touchée pendant mon sommeil.Mon cœur cogna dans ma poitrine. Je jetai les draps de côté et descendis du lit.Le sol était glacé. De marbre noir, orné de motifs en spirale. Je me dirigeai vers une porte ha
Le silence était absolu.Je me tenais au centre d’une salle circulaire, les bras le long du corps, droite malgré la fatigue qui pliait mes jambes. Le sol, lisse et noir comme du verre, reflétait la faible lumière des torches rouges qui dansaient autour de moi. Au-dessus, la voûte semblait flotter dans l’obscurité, parsemée de gemmes rouges qui pulsaient lentement comme un cœur endormi, créant une atmosphère à la fois mystique et oppressante.L’air était chaud, dense, chargé d’une magie que je ne comprenais pas. Je ne savais pas ce que j’attendais. La mort, peut-être. Ou quelque chose de pire. Mais je ne tremblais pas.On m’avait lavée dans une source brûlante, escortée par des servantes silencieuses aux yeux sans pupilles. Elles m’avaient tressé les cheveux, revêtue d’une robe de soie noire fendue sur le côté, si fine qu’elle caressait ma peau. Le tissu s’accrochait à moi, révélant plus qu’il ne cachait. Une provocation. Une offrande. Je pouvais presque entendre leurs murmures, leurs
Le froid était une présence vivante, une entité implacable qui s’infiltrait sous ma peau, mordait ma chair, et s’accrochait à mes os avec une patience cruelle. Le vent hurlait entre les sapins tordus, giflant mes joues, emportant avec lui mes prières muettes. Le traîneau glissait lentement sur la neige gelée, tiré par deux chevaux noirs dont la respiration formait des nuages épais dans l’air tranchant.Je ne disais rien.Assise à l’arrière, le manteau de laine qu’on m’avait donné serré autour de moi, je fixais l’horizon blanc, mon regard accroché à la ligne sombre de la montagne qui se découpait comme une lame dans le ciel. Le Mont Valnor.On l’appelait aussi la Gorge du Dragon. Son sommet était perdu dans les nuages gris, et sa base encerclée par une forêt si ancienne que les cartes l’évitaient. Aucun village n’y était bâti. Aucun chemin ne le traversait vraiment. On disait que la terre elle-même refusait d’y vivre.Les deux soldats, assis à l’avant, gardaient le silence. Le plus je
Le vent hurlait au-dessus du village d’Ellenor, et je pouvais presque sentir les âmes en peine qui s’accrochaient à ses rafales. La fumée noire des cheminées s’élevait dans le ciel d’hiver, s’amalgamant aux flocons de neige qui tombaient en silence, recouvrant peu à peu les traces de vie. Tout semblait figé. Même le temps. Même les cœurs.Je me tenais à l'écart dans la place centrale, observant la foule rassemblée. Les hommes étaient raides comme des piquets, les femmes serraient leurs enfants contre elles avec une force désespérée, et les jeunes filles baissaient les yeux, priant pour que le sort les oublie. Au centre de ce cercle humain, l’urne noire attendait, posée sur un socle de pierre. Ancienne. Marquée du sceau du Dragon.La voix du doyen, ce vieil homme aux doigts noueux et à la barbe de givre, s’éleva au-dessus de la foule, résonnant comme un glas :— Le roi réclame son tribut. Que la paix demeure sur nos foyers.Un murmure inquiet parcourut les rangs. Chacun connaissait le
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