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Chapitre 2 – La montée vers la montagne

Penulis: Zuzu
last update Terakhir Diperbarui: 2025-05-21 02:24:17

Le froid était une présence vivante, une entité implacable qui s’infiltrait sous ma peau, mordait ma chair, et s’accrochait à mes os avec une patience cruelle. Le vent hurlait entre les sapins tordus, giflant mes joues, emportant avec lui mes prières muettes. Le traîneau glissait lentement sur la neige gelée, tiré par deux chevaux noirs dont la respiration formait des nuages épais dans l’air tranchant.

Je ne disais rien.

Assise à l’arrière, le manteau de laine qu’on m’avait donné serré autour de moi, je fixais l’horizon blanc, mon regard accroché à la ligne sombre de la montagne qui se découpait comme une lame dans le ciel. 

Le Mont Valnor.

On l’appelait aussi la Gorge du Dragon. Son sommet était perdu dans les nuages gris, et sa base encerclée par une forêt si ancienne que les cartes l’évitaient. Aucun village n’y était bâti. Aucun chemin ne le traversait vraiment. On disait que la terre elle-même refusait d’y vivre.

Les deux soldats, assis à l’avant, gardaient le silence. Le plus jeune celui aux traits doux et au regard fuyant lançait parfois un coup d’œil vers moi. Il ouvrait les lèvres, comme pour me parler, puis se ravisait à chaque fois, comme s’il avait peur de briser le fragile équilibre de cette nuit.

Le plus âgé, lui, ne regardait jamais en arrière.

Nous roulâmes ainsi pendant des heures, le traîneau s’enfonçant dans un monde irréel, où la neige tombait sans relâche, avalant tout ce qui l’entourait. Je me sentais comme une spectatrice d’un tableau figé dans le temps, où rien ne bougeait, où tout était suspendu.

Lorsque le traîneau s’arrêta enfin, la nuit tombait déjà, enveloppant le paysage d’un voile sombre.

— C’est ici, dit le plus vieux en sautant à terre.

Je descendis lentement, mes bottes s'enfonçant dans la neige jusqu'à la cheville. Devant moi, la montagne s’ouvrait en un large sentier de pierre, sculpté à même la roche. Des torches étaient plantées à intervalles réguliers, brûlant d’une flamme étrange, entre l’or et le bleu. Aucun vent ne semblait les éteindre, comme si la nature elle-même respectait ce seuil.

— Vous ne montez pas ? demandai-je, bien que je connaissais déjà la réponse.

Le soldat secoua la tête.

— Aucun homme ne franchit ce seuil. Pas vivant, en tout cas.

— Et les femmes ?

— Elles ne reviennent jamais. Mais… elles passent.

Il posa la main sur la garde de son épée, presque nerveusement, comme s’il avait peur que ses mots prennent forme et se réalisent.

— Tu dois marcher jusqu’au sommet. À pied. Il te verra venir.

Le plus jeune soldat sortit un paquet de tissu, hésita, puis me le tendit.

— C’est une couverture. Et… un peu de pain. Juste au cas où…

Je le pris, le regardant un instant, reconnaissante et désolée à la fois.

— Merci.

Il me regarda, les lèvres tremblantes, et je compris qu'il était trop jeune pour comprendre l’ampleur de ce moment. 

— Bonne chance, murmura-t-il, mais je savais qu’il n’y avait pas de chance. Pas ici.

Le sentier montait en spirale autour de la montagne. Chaque pas semblait plus lourd que le précédent. Le froid devenait un animal affamé, me mordant les jambes, le dos, les doigts. Le vent s’engouffrait sous ma robe de cérémonie — un tissu fin, inutile face à l’hiver mordant.

J’avais refusé de porter une armure, ou même un vêtement de voyage. Je voulais que le roi dragon voie. Qu’il voie que l’on n’envoie pas une guerrière. Ni une prêtresse. Mais une fille. Une simple fille que l’on sacrifie.

La neige s’épaississait, recouvrant les pierres, rendant chaque marche glissante. Mes jambes brûlaient, mes doigts devenaient bleus. Mais je continuais, haletante, la mâchoire serrée, déterminée à avancer.

Parfois, je m’arrêtais. Je levais les yeux.

La montagne semblait ne jamais finir.

Par moments, je croyais entendre des sons. Des chuchotements portés par le vent, des mots dans une langue que je ne connaissais pas, ou des rires. Ou des pleurs.

Je ne savais plus si c’était mon esprit qui cédait… ou si la montagne murmurait réellement.

Les heures passèrent. La lune monta haut dans le ciel, blafarde et glaciale. Je ne sentais plus mes pieds. Je marchais par automatisme, le souffle court, le regard vide. Il ne restait qu’une chose : avancer.

Puis, enfin, je le vis.

Un temple.

Sculpté à même la roche, immense, avec des colonnes de pierre noire incrustées de runes incandescentes. L’entrée était une gueule béante, un portail courbé comme les crocs d’un dragon, et tout autour, le sol était recouvert d’un marbre rouge veiné d’or.

La chaleur.

C’était la première chose que je ressentis.

Un souffle tiède, presque brûlant, s’échappait de l’ouverture. Je sentis des larmes d'émotion me monter aux yeux. La douleur de la chaleur sur ma peau gelée me fit chanceler. Mais je souris aussi, réchauffée par cette promesse de refuge.

J’étais arrivée.

Je m’arrêtai devant l’entrée, inspirant profondément.

Tu peux encore faire demi-tour.

La pensée était là, tapie dans un coin de mon esprit.

Mais je la chassai.

Je posai une main sur la paroi du temple. La pierre vibrait, comme vivante. Je fermai les yeux, sentant un pouls, profond et ancien, battre sous ma paume.

Je pénétrai dans l’obscurité.

L’intérieur du temple était immense, silencieux, et… vivant.

Des couloirs creusés dans la roche s’ouvraient dans toutes les directions, éclairés par une lumière rouge diffuse. Le sol était chaud sous mes pieds, et l’air sentait la cendre, la magie, et quelque chose d’indescriptible — une odeur ancienne, royale, presque divine.

Je marchai lentement, mes sens aux aguets. Chaque pas résonnait comme une promesse. Chaque souffle était plus lourd que le précédent.

Au loin, j’aperçus une salle plus large, baignée d’une lumière rougeoyante, comme celle d’un brasier.

Je m’avançai, le cœur battant.

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