Chapitre 1 – Isabella
L’adrénaline pulse dans mes veines alors que je franchis les portes du tribunal. L’air est chargé d’une tension presque palpable, un mélange de murmures feutrés, de regards scrutateurs et d’attente silencieuse. Je sens chaque paire d’yeux se poser sur moi, analysant la jeune avocate audacieuse qui ose défier l’un des hommes les plus puissants de cette ville.
«Richardson.»
Son nom suffit à imposer le respect… ou la crainte. Ce n’est pas un simple adversaire, c’est une institution à lui seul. Un empire bâti sur des décennies de pouvoir, de manœuvres stratégiques et de décisions impitoyables. Mais aujourd’hui, je suis prête à le défier. Je serre mon attaché-case, ancrant mes talons sur le marbre immaculé, et j’avance d’un pas assuré.
Je ne suis pas ici pour perdre.
Lorsque je lève les yeux, je le vois.
Assis à la table de la défense, il semble parfaitement à l’aise, comme si ce procès n’était qu’une formalité de plus à ajouter à son emploi du temps surchargé. Son costume, taillé sur mesure, épouse sa carrure imposante. Chaque détail de son apparence est calculé : la montre hors de prix qui brille sous les lumières de la salle, la posture décontractée mais contrôlée, le regard d’acier qui m’évalue avec une curiosité distante.
Je ne détourne pas les yeux.
Un sourire effleure ses lèvres. Il a déjà gagné mille batailles avant celle-ci, mais ce qu’il ignore encore, c’est que je ne suis pas une adversaire ordinaire.
Le juge entre, et la salle se lève dans un silence solennel. Une fois qu’il s’assoit, le procès commence.
"Maître Isabella Morelli, vous avez la parole"
Je me lève avec assurance, ajustant ma veste avant de poser mes mains sur la table. Ma voix, claire et maîtrisée, s’élève dans la salle.
"Votre Honneur, mesdames et messieurs de la cour, ce que nous avons ici n’est pas un simple litige commercial. C’est un abus de pouvoir flagrant, une manœuvre destinée à écraser les plus faibles au profit d’un empire insatiable"
Je marque une pause, laissant mes paroles s’imprégner dans l’esprit de chacun.
"Monsieur Richardson se cache derrière ses avocats, ses milliards et ses connexions. Mais aujourd’hui, nous avons les preuves. Aujourd’hui, la justice ne sera pas achetée"
Ma voix ne tremble pas, et pourtant, je ressens le poids de son regard posé sur moi. Brûlant. Intrusif. Il m’observe comme un prédateur analyse sa proie avant d’attaquer.
Puis vient son tour.
Richardson se lève lentement, prenant le temps d’ajuster les manches de son costume avant de croiser les mains devant lui. Son assurance est presque provocante, comme s’il s’amusait de la situation.
"Votre Honneur, Maître Morelli nous offre un plaidoyer passionné digne d’un grand spectacle. Malheureusement, l’émotion ne remplace pas les faits"
Sa voix est grave, mesurée, envoûtante. Il ne hausse pas le ton, il n’en a pas besoin. Il joue avec le silence comme un virtuose avec son instrument.
"L’entreprise que je représente agit dans la légalité la plus stricte. Nous avons suivi les protocoles, respecté les engagements. Ce que Maître Morelli appelle un abus de pouvoir n’est rien d’autre que du commerce"
Il tourne légèrement la tête vers moi, et je capte l’ombre d’un sourire. Un sourire qui promet un combat sans merci.
"Mais je comprends. Quand on est jeune et idéaliste, on a envie de croire aux belles histoires. Malheureusement, dans le monde réel, les faits priment sur les émotions"
Un rire étouffé fuse quelque part dans la salle, et je sens la tension monter d’un cran. Il essaie de me ridiculiser, de m’intimider.
Grave erreur.
Je m’avance lentement, prenant appui sur la table.
"Ce n’est pas de l’idéalisme, Monsieur Richardson. C’est une réalité que vous refusez d’admettre. Vos méthodes sont celles d’un homme habitué à dicter les règles, à écraser ceux qui se dressent sur son chemin. Mais aujourd’hui, ce ne sera pas aussi simple"
Nos regards s’affrontent. Je refuse d’être la première à baisser les yeux.
Le juge lève la main, rétablissant le calme.
"Les débats se tiendront dans le respect, Maître Morelli, Monsieur Richardson. Veuillez poursuivre"
Je me rassois, le cœur battant. Ce n’est que le début, mais je le sais déjà.
Cet homme sera mon plus grand défi.
Et peut-être aussi ma plus grande tentation.
**Richardson**
Je l’observe alors qu’elle s’assoit, le regard toujours braqué sur moi, défiant. Cette femme a du cran, c’est indéniable. Peu de gens osent me tenir tête, encore moins avec autant d’assurance. Isabella Morelli n’est pas qu’une avocate talentueuse, elle est une combattante.
Intéressant!
Le juge annonce une pause, et la salle commence à se vider lentement. Certains se dirigent vers la sortie, d’autres chuchotent en jetant des regards vers nous. Je referme mon dossier et me lève avec lenteur, savourant l’instant.
"Vous semblez bien sûre de vous, Maître Morelli"
Elle relève les yeux vers moi, son expression indéchiffrable.
"Je connais mon dossier, Monsieur Richardson. Je sais ce que je fais"
Je souris. Elle est arrogante et déterminée.
"Vraiment ? Alors vous savez aussi que vous êtes en train de perdre votre temps"
Elle se fige un instant avant de froncer légèrement les sourcils.
"Pourquoi pensez-vous cela ?"
Je glisse les mains dans les poches de mon pantalon, m’approchant juste assez pour la voir tressaillir, imperceptiblement.
"Parce que je ne perds jamais"
Son regard s’enflamme. Elle ne recule pas.
"Il y a une première fois à tout, Richardson"
J’aime la façon dont elle prononce mon nom, avec une pointe de défi et de mépris. Les femmes, d’ordinaire, s’adoucissent en ma présence. Elles minaudent, elles cherchent à plaire, à attirer mon attention. Isabella, elle, veut me voir tomber.
Et ça, ça me plaît.
"Vous pensez réellement pouvoir me battre ?"
Elle serre la mâchoire, se redressant légèrement.
"Ce n’est pas une question de pouvoir. C’est une question de justice"
Je laisse échapper un rire discret. Justice ? Adorable naïveté.
"La justice, Maître Morelli, est un luxe que peu peuvent se permettre"
Ses doigts se crispent légèrement sur son attaché-case. Elle est furieuse, et je peux presque entendre les rouages de son esprit tourner à toute vitesse, cherchant une réplique cinglante.
"Vous croyez pouvoir acheter tout le monde, n’est-ce pas ?"
Je me penche légèrement vers elle, mon sourire s’élargissant.
"Ce n’est pas une croyance, Isabella. C’est un fait"
Elle cligne des yeux, surprise que j’aie utilisé son prénom. Je la teste, j’observe ses réactions, et chaque petit tressaillement, chaque respiration plus courte me révèle quelque chose d’important.
Elle veut me haïr. Elle veut me voir comme un monstre. Mais je devine autre chose sous cette rage contrôlée.
Elle lutte contre quelque chose.
"Vous êtes pathétique, lâche-t-elle d’un ton froid"
Je me redresse, amusé.
"Pathétique ? Vous êtes la seule ici à penser que vous pouvez gagner alors que tout est contre vous"
Elle inspire profondément, tentant de retrouver son calme.
"Nous verrons bien qui gagnera, Richardson"
Et sur ces mots, elle tourne les talons et quitte la salle.
Fascinante.
Je l’observe s’éloigner, la démarche toujours aussi assurée, les épaules droites. Elle ne veut rien laisser paraître, mais je sais qu’elle est troublée. Elle ne l’admettra jamais, bien sûr. Elle se croit au-dessus de ça.
Je glisse mon téléphone hors de ma poche et envoie un message à mon avocat principal.
"Faites-moi un rapport complet sur Maître Isabella Morelli. Je veux tout savoir."
Parce que cette femme, je le sens, va être bien plus qu’une simple adversaire.
Et je compte bien découvrir exactement jusqu’où elle est prête à aller pour me vaincre.
IsabellaLa nuit s’étire comme une promesse brisée, et chaque pas me rappelle que ma liberté n’est qu’une illusion. L’air froid mord ma peau, mais je n’y prête pas attention. Ce qui compte, c’est la fuite.Je me faufile entre les ruelles, mon souffle court, le cœur battant comme un tambour de guerre. L’adrénaline pulse dans mes veines, un mélange de peur et de défiance. J’ai réussi à m’éloigner, à le semer, du moins je l’espère. Mais une part de moi sait que c’est trop facile.Dario Richardson n’est pas un homme qu’on sème. Il est une ombre qui s’infiltre dans chaque interstice de ma vie, un poison qui coule dans mes veines.Je le sais, et pourtant, je continue de courir.L’entrepôt abandonné est un abri temporaire, un répit dans cette chasse sans fin. À l’intérieur, le silence est pesant. Chaque recoin sombre semble cacher un piège. Je me recroqueville contre un mur, les bras entourant mes genoux. La poussière danse dans l’air, illuminée par les halos faibles des lampadaires filtrant
IsabellaJe ne sais pas pourquoi je suis surprise de ma propre décision. Pourquoi ai-je cru, un instant, que tout cela pourrait s’arrêter si je m’enfuyais, si je m’échappais de cette cage dorée où j’ai été prisonnière trop longtemps ? Je suis une idiote. Une idiote qui a cru pouvoir fuir les ombres de ce monde.Il y a quelque chose de pervers dans cette ville, dans ce lieu. Les murs semblent respirer, surveiller. Et moi, je cours, toujours plus loin, mais la réalité me rattrape à chaque pas.Je n’ai pas de plan, rien d’autre que l’instinct, cette idée folle que si je m’échappe une fois pour toutes, je pourrais retrouver ma liberté. Mais la vérité, c’est que je fuis dans l’inconnu, dans un monde qui ne me pardonnera pas. Dario me connaît trop bien. Il sait où je vais, ce que je fais, parce qu’il a toujours su. Et cette pensée me serre la gorge, comme un câble serré autour de mon cou.Je ne peux pas le laisser gagner. Pas cette fois.Mes pieds me mènent dans des rues inconnues, les ruel
RichardsonJe reste là, observant Isabella s’éloigner, ma silhouette se fondant dans l’ombre des murs qui semblent toujours plus lourds. Le silence qui suit sa sortie est presque assourdissant, un vide que je peine à combler. Elle m’a défié, et pour la première fois depuis longtemps, cela m’atteint d’une manière que je ne peux expliquer.Elle croit qu’elle peut me fuir. Elle pense que son esprit est plus fort que tout, plus fort que ce que j’ai mis en place. Mais elle ne voit pas la vérité. Elle ne voit pas que chaque tentative de fuite la renforce dans sa conviction qu’elle est toujours libre. Et c’est là que je la tiens. Elle est prisonnière de son propre esprit.Je laisse échapper un léger rire, mais il est amer. Je me dirige vers le bureau, où une pile de dossiers m’attend. Le travail ne cesse jamais, même quand mes pensées vagabondent vers elle, vers la rage qu’elle me fait ressentir, cette chose indescriptible qui brûle en moi chaque fois que je la vois se tenir tête.Elle me dé
IsabellaJe me tiens là, le cœur battant, un tourbillon de pensées qui s’entrelacent dans mon esprit. Il a raison, à sa manière. Je le déteste, mais je le veux. Il me domine, il me manipule, et pourtant, une partie de moi se sent irrémédiablement attirée par ce pouvoir qu’il exerce sur ma vie. Mon esprit hurle de résister, de fuir, mais mon corps, lui, semble ne plus écouter.Je suis perdue. Prisonnière de ce piège que j’ai moi-même ouvert.Ses mots résonnent encore dans ma tête, comme un écho qui refuse de s’éteindre. Il a raison sur certains points. Je n’ai plus d’issue. Tout ce que j’ai tenté jusqu’à présent n’a fait qu’empirer les choses, et le moindre mouvement que je fais pour m’échapper semble se retourner contre moi. Chaque tentative, chaque décision, m’enfonce un peu plus dans l’abîme qu’il a creusé pour moi.Mais je ne peux pas l’accepter. Je ne peux pas simplement m’incliner devant lui. Pas encore. Je dois continuer à me battre, à me défendre. Peu importe combien il me pous
RichardsonElle me défie. Ce regard qu’elle m’adresse, froid et déterminé, c’est une arme. Une arme que j’ai forgée moi-même. C’est fascinant. Elle croit qu’elle peut m’échapper, qu’elle peut s’en aller. Mais elle ne comprend pas encore qu’elle est déjà dans mon piège, qu’il n’y a pas de sortie. Pas pour elle.J’observe ses traits se tendre, chaque muscle de son corps prêt à se rebeller contre moi, contre cette vérité qu’elle refuse de voir. Elle se cache derrière des mensonges, des faux-semblants, mais je sais qu’au fond d’elle, elle le sait aussi. Elle est mienne. Pas de façon visible, mais d’une manière bien plus subtile. Je suis entré dans sa vie à un moment où elle ne pouvait pas anticiper ma venue. Je l’ai marquée sans qu’elle s’en rende compte, je l’ai façonnée à ma manière.Elle croit pouvoir fuir, croire qu’elle peut retrouver une liberté qu’elle n’a jamais eue. Mais elle ignore tout de la cage dans laquelle elle se trouve, et je suis la clé de cette prison. Elle m’appartient
IsabellaJe suis encore là, dans ce manoir. Un endroit qui, en apparence, devrait me sembler familier, mais qui me donne aujourd’hui la sensation d’être étrangère à moi-même. La chaleur étouffante de la pièce m’envahit, et je me surprends à être en proie à un tourbillon de pensées, désorientée. Richardson n’a pas quitté ma vue depuis notre dernier échange, ses yeux obsédants toujours sur moi, comme une lueur dans la nuit qui me refuse l’ombre où me cacher.Il me connaît trop bien, je le sais. Peut-être mieux que je ne me connais moi-même. Ses paroles résonnent encore dans ma tête, comme une cloche funeste annonçant la fin d’un cycle. Ce monde, c’est moi. C’est la vérité qu’il m’impose à chaque geste, à chaque mot, et je m’en sens écrasée, étranglée. Il a toujours réussi à me ramener à lui, comme un fauve qui me lierait à sa volonté par un fil invisible, fragile, mais puissant.Je n’ai pas de place ici, et pourtant, je suis prisonnière de cet espace. Prisonnière de mes propres émotions