Chapitre 4 - danse avec le diable
**Richardson**
Isabella est fascinante.
Elle lutte contre moi avec une ferveur qui dépasse le simple cadre de notre affrontement judiciaire.
Elle veut me prouver qu’elle est mon égale, qu’elle peut me résister.
Mais je vois au-delà de ses mots, au-delà de son masque de contrôle.
Elle est sur la défensive, pourtant, elle est venue.
Elle est assise en face de moi, acculée mais toujours combattive.
Elle ignore encore que ce combat, je l’ai déjà gagné.
"Très bien, dis-je en m’appuyant contre le dossier de ma chaise. Oublions les hostilités un instant."
Elle arque un sourcil, méfiante.
"Oublier que vous êtes mon ennemi ? Impossible."
Je souris.
"Laissez-moi reformuler. Oublions le tribunal. Parlons d’autre chose."
Elle fronce légèrement les sourcils, incertaine.
"De quoi voudriez-vous parler, Richardson ?"
"De vous."
Elle rit, mais il n’y a pas de légèreté dans son amusement.
"Oh, je vois. Vous essayez une autre tactique."
Je prends une gorgée de vin.
"Est-ce une tactique de s’intéresser à son adversaire ?"
"Si l’intérêt est feint, alors oui."
Elle est vive.
"Isabella, je ne fais jamais rien sans raison."
Elle croise les bras, cherchant à comprendre où je veux en venir.
"Alors dites-moi. Quelle est votre raison ?"
Je pose mon verre et la fixe sans ciller.
"Vous."
Un silence s’installe.
Ses doigts se crispent légèrement sur la nappe.
Elle ne s’y attendait pas.
"Vous êtes fascinante, Isabella. Votre intelligence, votre ténacité… votre haine de moi."
Elle inspire lentement, cherchant à ne pas réagir à mes provocations.
"Vous pensez que je vous hais ?"
"Vous en doutez ?"
Elle me fixe intensément, puis secoue la tête avec un sourire froid.
"Vous êtes une pierre dans mon chemin, Richardson. Ni plus, ni moins."
"Une pierre qui vous obsède."
Elle ouvre la bouche, prête à répliquer, mais se ravise.
Je vois le conflit en elle.
Elle veut me haïr. Elle veut me combattre.
Mais une autre part d’elle… une part qu’elle refuse d’admettre…
Elle veut comprendre pourquoi je l’attire dans ce jeu.
Et bientôt, elle n’aura plus d’autre choix que d’y entrer.
**Isabella**
L’air est plus lourd qu’il ne devrait l’être.
Ce dîner n’a rien d’ordinaire. C’est une joute verbale, une bataille invisible où chaque regard, chaque silence, chaque sourire dissimule une attaque. Richardson veut jouer avec moi, tester mes limites, et je refuse d’être son pion.
Pourtant, il est indéniable que la tension entre nous est presque palpable.
Je croise les bras, refusant de baisser les yeux.
"Vous êtes persuadé que je suis fascinée par vous, dis-je avec un ricanement. L’arrogance est donc votre seule arme ?"
Richardson repose son verre avec une lenteur calculée.
"L’arrogance ne fonctionne que lorsqu’elle est fondée sur des faits."
Son regard sombre s’accroche au mien, et je sens un frisson me parcourir malgré moi. Il est dangereux. Pas seulement par son pouvoir ou son influence, mais par la manière dont il me pousse à réagir, dont il sait jouer sur mes nerfs.
Je refuse de lui laisser le moindre avantage.
Je me penche légèrement en avant, le défiant à mon tour.
"Dites-moi, Richardson, quel est votre but réel ce soir ? Vous distraire en me poussant à bout ?"
Il sourit. Lentement.
"Vous comprendre."
"Vous pensez que je vais me livrer à vous comme une idiote ?"
"Non. Mais je pense que vous êtes curieuse."
Mon cœur cogne un peu plus fort.
"De quoi ?"
Il passe un doigt sur le rebord de son verre, son regard fixé sur moi.
"De savoir ce qui arriverait si vous cessiez de me voir uniquement comme un ennemi."
Je me fige une seconde.
"C’est tout ce que vous êtes pour moi."
Il hausse un sourcil, amusé.
"Alors pourquoi êtes-vous encore assise ici ?"
Ma mâchoire se contracte.
Il joue avec moi, m’attire dans un piège où je devrais admettre quelque chose que je refuse même de penser.
Je refuse d’être influencée par lui.
Je refuse d’être tentée.
"Ce dîner est terminé, dis-je en me levant brusquement."
Mais sa main se pose sur mon poignet avant que je ne puisse partir.
Je me raidis instantanément.
Sa prise est ferme, mais pas brutale.
Sa chaleur contre ma peau me trouble plus que je ne veux l’admettre.
"Vous fuyez ?"
Ma respiration s’accélère.
Je déteste qu’il me touche, non pas parce que c’est inapproprié… mais parce que mon corps réagit.
Je serre les dents.
"Lâchez-moi."
Il relâche immédiatement sa prise, mais son regard ne quitte pas le mien.
"Vous avez peur, Isabella ?"
Je me penche vers lui, mes yeux lançant des éclairs.
"Peur ? Vous êtes une distraction irritante, Richardson. Rien de plus."
Il sourit.
"Et pourtant, vous tremblez."
Je baisse les yeux, furieuse.
Mes doigts sont légèrement crispés, trahissant mon trouble.
"Vous aimeriez que je perde le contrôle, pas vrai ?"
"Je veux simplement voir jusqu’où vous êtes prête à aller."
Il se lève à son tour, réduisant l’espace entre nous.
Mon souffle se bloque une seconde.
"Parce que moi, Isabella, je n’ai aucune limite."
Son murmure est un poison, une provocation insidieuse qui glisse sous ma peau.
Je déteste cet homme.
Je déteste ce qu’il me fait ressentir.
Je tourne les talons et quitte la salle sans me retourner, le cœur battant, la rage brûlant dans mes veines.
Je refuse de tomber dans son jeu.
Mais la vérité est là, implacable.
Richardson vient de me prouver qu’il a déjà une emprise sur moi.
Et ça, je ne peux pas le supporter.
IsabellaLa nuit s’étire comme une promesse brisée, et chaque pas me rappelle que ma liberté n’est qu’une illusion. L’air froid mord ma peau, mais je n’y prête pas attention. Ce qui compte, c’est la fuite.Je me faufile entre les ruelles, mon souffle court, le cœur battant comme un tambour de guerre. L’adrénaline pulse dans mes veines, un mélange de peur et de défiance. J’ai réussi à m’éloigner, à le semer, du moins je l’espère. Mais une part de moi sait que c’est trop facile.Dario Richardson n’est pas un homme qu’on sème. Il est une ombre qui s’infiltre dans chaque interstice de ma vie, un poison qui coule dans mes veines.Je le sais, et pourtant, je continue de courir.L’entrepôt abandonné est un abri temporaire, un répit dans cette chasse sans fin. À l’intérieur, le silence est pesant. Chaque recoin sombre semble cacher un piège. Je me recroqueville contre un mur, les bras entourant mes genoux. La poussière danse dans l’air, illuminée par les halos faibles des lampadaires filtrant
IsabellaJe ne sais pas pourquoi je suis surprise de ma propre décision. Pourquoi ai-je cru, un instant, que tout cela pourrait s’arrêter si je m’enfuyais, si je m’échappais de cette cage dorée où j’ai été prisonnière trop longtemps ? Je suis une idiote. Une idiote qui a cru pouvoir fuir les ombres de ce monde.Il y a quelque chose de pervers dans cette ville, dans ce lieu. Les murs semblent respirer, surveiller. Et moi, je cours, toujours plus loin, mais la réalité me rattrape à chaque pas.Je n’ai pas de plan, rien d’autre que l’instinct, cette idée folle que si je m’échappe une fois pour toutes, je pourrais retrouver ma liberté. Mais la vérité, c’est que je fuis dans l’inconnu, dans un monde qui ne me pardonnera pas. Dario me connaît trop bien. Il sait où je vais, ce que je fais, parce qu’il a toujours su. Et cette pensée me serre la gorge, comme un câble serré autour de mon cou.Je ne peux pas le laisser gagner. Pas cette fois.Mes pieds me mènent dans des rues inconnues, les ruel
RichardsonJe reste là, observant Isabella s’éloigner, ma silhouette se fondant dans l’ombre des murs qui semblent toujours plus lourds. Le silence qui suit sa sortie est presque assourdissant, un vide que je peine à combler. Elle m’a défié, et pour la première fois depuis longtemps, cela m’atteint d’une manière que je ne peux expliquer.Elle croit qu’elle peut me fuir. Elle pense que son esprit est plus fort que tout, plus fort que ce que j’ai mis en place. Mais elle ne voit pas la vérité. Elle ne voit pas que chaque tentative de fuite la renforce dans sa conviction qu’elle est toujours libre. Et c’est là que je la tiens. Elle est prisonnière de son propre esprit.Je laisse échapper un léger rire, mais il est amer. Je me dirige vers le bureau, où une pile de dossiers m’attend. Le travail ne cesse jamais, même quand mes pensées vagabondent vers elle, vers la rage qu’elle me fait ressentir, cette chose indescriptible qui brûle en moi chaque fois que je la vois se tenir tête.Elle me dé
IsabellaJe me tiens là, le cœur battant, un tourbillon de pensées qui s’entrelacent dans mon esprit. Il a raison, à sa manière. Je le déteste, mais je le veux. Il me domine, il me manipule, et pourtant, une partie de moi se sent irrémédiablement attirée par ce pouvoir qu’il exerce sur ma vie. Mon esprit hurle de résister, de fuir, mais mon corps, lui, semble ne plus écouter.Je suis perdue. Prisonnière de ce piège que j’ai moi-même ouvert.Ses mots résonnent encore dans ma tête, comme un écho qui refuse de s’éteindre. Il a raison sur certains points. Je n’ai plus d’issue. Tout ce que j’ai tenté jusqu’à présent n’a fait qu’empirer les choses, et le moindre mouvement que je fais pour m’échapper semble se retourner contre moi. Chaque tentative, chaque décision, m’enfonce un peu plus dans l’abîme qu’il a creusé pour moi.Mais je ne peux pas l’accepter. Je ne peux pas simplement m’incliner devant lui. Pas encore. Je dois continuer à me battre, à me défendre. Peu importe combien il me pous
RichardsonElle me défie. Ce regard qu’elle m’adresse, froid et déterminé, c’est une arme. Une arme que j’ai forgée moi-même. C’est fascinant. Elle croit qu’elle peut m’échapper, qu’elle peut s’en aller. Mais elle ne comprend pas encore qu’elle est déjà dans mon piège, qu’il n’y a pas de sortie. Pas pour elle.J’observe ses traits se tendre, chaque muscle de son corps prêt à se rebeller contre moi, contre cette vérité qu’elle refuse de voir. Elle se cache derrière des mensonges, des faux-semblants, mais je sais qu’au fond d’elle, elle le sait aussi. Elle est mienne. Pas de façon visible, mais d’une manière bien plus subtile. Je suis entré dans sa vie à un moment où elle ne pouvait pas anticiper ma venue. Je l’ai marquée sans qu’elle s’en rende compte, je l’ai façonnée à ma manière.Elle croit pouvoir fuir, croire qu’elle peut retrouver une liberté qu’elle n’a jamais eue. Mais elle ignore tout de la cage dans laquelle elle se trouve, et je suis la clé de cette prison. Elle m’appartient
IsabellaJe suis encore là, dans ce manoir. Un endroit qui, en apparence, devrait me sembler familier, mais qui me donne aujourd’hui la sensation d’être étrangère à moi-même. La chaleur étouffante de la pièce m’envahit, et je me surprends à être en proie à un tourbillon de pensées, désorientée. Richardson n’a pas quitté ma vue depuis notre dernier échange, ses yeux obsédants toujours sur moi, comme une lueur dans la nuit qui me refuse l’ombre où me cacher.Il me connaît trop bien, je le sais. Peut-être mieux que je ne me connais moi-même. Ses paroles résonnent encore dans ma tête, comme une cloche funeste annonçant la fin d’un cycle. Ce monde, c’est moi. C’est la vérité qu’il m’impose à chaque geste, à chaque mot, et je m’en sens écrasée, étranglée. Il a toujours réussi à me ramener à lui, comme un fauve qui me lierait à sa volonté par un fil invisible, fragile, mais puissant.Je n’ai pas de place ici, et pourtant, je suis prisonnière de cet espace. Prisonnière de mes propres émotions