Chapitre 7 – La Ligne Rouge
Isabella Je m'assieds derrière mon bureau, les mains tremblantes malgré mes efforts pour rester calme. Le dossier s’étale devant moi, mais mes pensées s'égarent encore vers la rencontre de la veille. Les mots de Richardson résonnent dans ma tête, comme une mélodie obsédante. "Ce jeu, c'est moi qui le mène." Ces mots, lourds de menaces et de défi, me rappellent pourquoi je ne peux pas l’ignorer. Pourquoi je ne peux pas simplement le laisser jouer avec les ficelles de ce monde sans réagir. Mais plus je réfléchis, plus je sens le poids de ce que je viens de m'engager à affronter. Je sais qu’il n’est pas le genre d’homme à se contenter de simples provocations. Non, il attend une réponse. Il attend que je réagisse. Mais à quel prix ? Une sonnerie me tire de mes pensées. Le téléphone. C’est un numéro que je ne reconnais pas. Mes doigts hésitent une seconde avant de décrocher. — Oui ? La voix au bout du fil est calme, mais il y a quelque chose de glacial dedans. — Isabella, j'espère que vous êtes prête. Vous allez avoir besoin de toute votre intelligence pour naviguer dans ce qui vous attend. Un frisson me parcourt. Je sais exactement de qui il s'agit. — Qu'est-ce que vous voulez encore, Richardson ? Un léger rire s’échappe de l'autre côté du fil. — Oh, je n'ai pas encore eu l’honneur de vous voir à l'œuvre, Isabella. Mais je suis impatient de voir comment vous allez vous en sortir. Tout est question de timing, vous savez ? Et pour l'instant, c'est moi qui détient l'heure. Il raccroche avant que je n’aie eu le temps de réagir. Je pose le téléphone avec une dureté excessive, les yeux fixés sur le dossier devant moi, mais mon esprit est ailleurs. Je me sens prise au piège dans son jeu. Pourtant, je sais que je ne peux pas me permettre de faiblir. Pas maintenant. Richardson Je l'observe discrètement depuis la porte entrouverte de mon bureau. Elle est belle, déterminée, mais aussi vulnérable d'une manière qu'elle ne laisse jamais transparaître. Isabella est une adversaire digne de ce nom, mais je vois bien qu'elle est encore en train de chercher sa place dans cette danse complexe. Je me dirige vers elle, mes pas silencieux sur le parquet. Elle ne m'a pas entendu approcher, mais elle sent ma présence avant que je ne parle. — Vous pensiez vraiment pouvoir vous en sortir sans moi ? Elle se retourne lentement, son regard se durcissant instantanément. — Richardson, si tu es là pour m'intimider, c'est raté, je suis loin d'être impressionnée par tes menaces. Je m'arrête à quelques pas d'elle, un sourire en coin, amusé par sa résistance. — Oh, je ne viens pas vous intimider, Isabella. Je viens vous offrir une opportunité. Elle plisse les yeux, ne me croyant pas une seconde. — Une opportunité ? Pour me piéger encore davantage ? Je hoche la tête lentement, comme si je la comprenais parfaitement. — Peut-être. Ou peut-être que c'est l'occasion pour vous de faire preuve de plus de créativité, plus de... souplesse. Je sais que vous avez l'esprit aiguisé, vous n’êtes pas simplement une avocate. Vous êtes quelqu'un qui aime jouer avec les règles. Mais parfois, il faut savoir enfreindre certaines règles pour aller plus loin. Elle détourne le regard, manifestement déstabilisée par mes paroles, mais elle garde un contrôle extérieur parfait. J’admire cela chez elle, cette capacité à masquer ses émotions. — Je n'ai besoin de personne pour me donner des leçons, Richardson. J’ai mes propres méthodes, et elles fonctionnent. Je fais quelques pas de plus, rapprochant notre distance. Il y a cette tension dans l'air, presque électrique, comme si l'on pouvait presque toucher le fil qui sépare l'intimité de l'affrontement. — Alors, pourquoi êtes-vous si tendue ? Si c'était si facile, vous ne seriez pas aussi... nerveuse. Elle serre les poings sur son bureau, mais je peux lire la lutte dans ses yeux. Elle veut me repousser, me haïr, mais il y a quelque chose d'autre. Quelque chose qu'elle refuse de voir. — Je ne suis pas nerveuse. Je suis juste fatiguée de ton jeu. Et de toi. Je souris, appréciant sa franchise. C’est rare, chez elle. — Vous devriez être plus prudente avec vos mots. Vous ne savez pas à quel point ce jeu peut être dangereux. Elle lève enfin les yeux vers moi, un éclat de défi dans son regard. — Et toi, tu crois que tu peux jouer avec moi comme ça, impunément ? Je m'approche d’elle, mon regard se plongeant dans le sien. Elle est belle, terriblement belle, mais aussi redoutable. Chaque mouvement qu'elle fait, chaque parole qu'elle prononce, est calculée. C’est une combattante. Mais la question est : jusqu’où est-elle prête à aller ? — Je crois que je peux tout faire, Isabella. Parce que je connais les règles mieux que vous. Et je sais exactement comment les utiliser contre vous. Elle fronce les sourcils, mais je vois le doute s’insinuer dans ses yeux. Je l’ai touchée. Elle le sait. Et moi aussi. Elle est prête à m’affronter, mais je suis prêt à la pousser à ses limites. Un silence lourd s'installe. Elle ne répond pas tout de suite, mais je sais qu’elle réfléchit. Peut-être qu'elle essaie de trouver une manière de me surpasser, de me manipuler. Mais je suis plus fort. Et je ne la laisserai pas partir si facilement. Isabella Je respire profondément, essayant de remettre de l’ordre dans mes pensées. Il est là, à quelques centimètres de moi, et son regard est presque suffocant. J’ai l’impression que chaque parole, chaque souffle qu’il prend a un pouvoir sur moi. Mais je ne peux pas me permettre de fléchir. Pas maintenant. — Je ne suis pas intéressée par tes manipulations, Richardson. J’ai déjà bien plus à gérer que tes jeux d'esprit. Il recule légèrement, mais un sourire malicieux étire ses lèvres. — Vous êtes loin d'être aussi désintéressée que vous le prétendez. Mais c’est bien ce qui vous rend... intéressante. Je détourne le regard, mes doigts se crispant sur le dossier devant moi. Ce n’est pas seulement un jeu d'intelligence. C’est plus complexe que ça. Il cherche à me briser, à me forcer à lui céder. Mais je ne le laisserai pas. Pas cette fois. Je ferme le dossier d’un coup sec. — Tu te trompes. Je ne suis pas comme toutes les autres. Il se rapproche de nouveau, ses yeux scintillant d’un éclat de défi. — J’espère bien. Parce que je suis certain que ce monde a besoin d’une femme comme vous. Il me fixe encore un instant, un dernier sourire sur les lèvres, avant de tourner les talons et de quitter la pièce, laissant derrière lui une atmosphère lourde de non-dits. Je ferme les yeux un instant, cherchant à retrouver mon calme. Mais je sais que ce jeu est loin d’être fini. Et ce n’est pas lui qui le mène. C’est moi.IsabellaLa nuit s’étire comme une promesse brisée, et chaque pas me rappelle que ma liberté n’est qu’une illusion. L’air froid mord ma peau, mais je n’y prête pas attention. Ce qui compte, c’est la fuite.Je me faufile entre les ruelles, mon souffle court, le cœur battant comme un tambour de guerre. L’adrénaline pulse dans mes veines, un mélange de peur et de défiance. J’ai réussi à m’éloigner, à le semer, du moins je l’espère. Mais une part de moi sait que c’est trop facile.Dario Richardson n’est pas un homme qu’on sème. Il est une ombre qui s’infiltre dans chaque interstice de ma vie, un poison qui coule dans mes veines.Je le sais, et pourtant, je continue de courir.L’entrepôt abandonné est un abri temporaire, un répit dans cette chasse sans fin. À l’intérieur, le silence est pesant. Chaque recoin sombre semble cacher un piège. Je me recroqueville contre un mur, les bras entourant mes genoux. La poussière danse dans l’air, illuminée par les halos faibles des lampadaires filtrant
IsabellaJe ne sais pas pourquoi je suis surprise de ma propre décision. Pourquoi ai-je cru, un instant, que tout cela pourrait s’arrêter si je m’enfuyais, si je m’échappais de cette cage dorée où j’ai été prisonnière trop longtemps ? Je suis une idiote. Une idiote qui a cru pouvoir fuir les ombres de ce monde.Il y a quelque chose de pervers dans cette ville, dans ce lieu. Les murs semblent respirer, surveiller. Et moi, je cours, toujours plus loin, mais la réalité me rattrape à chaque pas.Je n’ai pas de plan, rien d’autre que l’instinct, cette idée folle que si je m’échappe une fois pour toutes, je pourrais retrouver ma liberté. Mais la vérité, c’est que je fuis dans l’inconnu, dans un monde qui ne me pardonnera pas. Dario me connaît trop bien. Il sait où je vais, ce que je fais, parce qu’il a toujours su. Et cette pensée me serre la gorge, comme un câble serré autour de mon cou.Je ne peux pas le laisser gagner. Pas cette fois.Mes pieds me mènent dans des rues inconnues, les ruel
RichardsonJe reste là, observant Isabella s’éloigner, ma silhouette se fondant dans l’ombre des murs qui semblent toujours plus lourds. Le silence qui suit sa sortie est presque assourdissant, un vide que je peine à combler. Elle m’a défié, et pour la première fois depuis longtemps, cela m’atteint d’une manière que je ne peux expliquer.Elle croit qu’elle peut me fuir. Elle pense que son esprit est plus fort que tout, plus fort que ce que j’ai mis en place. Mais elle ne voit pas la vérité. Elle ne voit pas que chaque tentative de fuite la renforce dans sa conviction qu’elle est toujours libre. Et c’est là que je la tiens. Elle est prisonnière de son propre esprit.Je laisse échapper un léger rire, mais il est amer. Je me dirige vers le bureau, où une pile de dossiers m’attend. Le travail ne cesse jamais, même quand mes pensées vagabondent vers elle, vers la rage qu’elle me fait ressentir, cette chose indescriptible qui brûle en moi chaque fois que je la vois se tenir tête.Elle me dé
IsabellaJe me tiens là, le cœur battant, un tourbillon de pensées qui s’entrelacent dans mon esprit. Il a raison, à sa manière. Je le déteste, mais je le veux. Il me domine, il me manipule, et pourtant, une partie de moi se sent irrémédiablement attirée par ce pouvoir qu’il exerce sur ma vie. Mon esprit hurle de résister, de fuir, mais mon corps, lui, semble ne plus écouter.Je suis perdue. Prisonnière de ce piège que j’ai moi-même ouvert.Ses mots résonnent encore dans ma tête, comme un écho qui refuse de s’éteindre. Il a raison sur certains points. Je n’ai plus d’issue. Tout ce que j’ai tenté jusqu’à présent n’a fait qu’empirer les choses, et le moindre mouvement que je fais pour m’échapper semble se retourner contre moi. Chaque tentative, chaque décision, m’enfonce un peu plus dans l’abîme qu’il a creusé pour moi.Mais je ne peux pas l’accepter. Je ne peux pas simplement m’incliner devant lui. Pas encore. Je dois continuer à me battre, à me défendre. Peu importe combien il me pous
RichardsonElle me défie. Ce regard qu’elle m’adresse, froid et déterminé, c’est une arme. Une arme que j’ai forgée moi-même. C’est fascinant. Elle croit qu’elle peut m’échapper, qu’elle peut s’en aller. Mais elle ne comprend pas encore qu’elle est déjà dans mon piège, qu’il n’y a pas de sortie. Pas pour elle.J’observe ses traits se tendre, chaque muscle de son corps prêt à se rebeller contre moi, contre cette vérité qu’elle refuse de voir. Elle se cache derrière des mensonges, des faux-semblants, mais je sais qu’au fond d’elle, elle le sait aussi. Elle est mienne. Pas de façon visible, mais d’une manière bien plus subtile. Je suis entré dans sa vie à un moment où elle ne pouvait pas anticiper ma venue. Je l’ai marquée sans qu’elle s’en rende compte, je l’ai façonnée à ma manière.Elle croit pouvoir fuir, croire qu’elle peut retrouver une liberté qu’elle n’a jamais eue. Mais elle ignore tout de la cage dans laquelle elle se trouve, et je suis la clé de cette prison. Elle m’appartient
IsabellaJe suis encore là, dans ce manoir. Un endroit qui, en apparence, devrait me sembler familier, mais qui me donne aujourd’hui la sensation d’être étrangère à moi-même. La chaleur étouffante de la pièce m’envahit, et je me surprends à être en proie à un tourbillon de pensées, désorientée. Richardson n’a pas quitté ma vue depuis notre dernier échange, ses yeux obsédants toujours sur moi, comme une lueur dans la nuit qui me refuse l’ombre où me cacher.Il me connaît trop bien, je le sais. Peut-être mieux que je ne me connais moi-même. Ses paroles résonnent encore dans ma tête, comme une cloche funeste annonçant la fin d’un cycle. Ce monde, c’est moi. C’est la vérité qu’il m’impose à chaque geste, à chaque mot, et je m’en sens écrasée, étranglée. Il a toujours réussi à me ramener à lui, comme un fauve qui me lierait à sa volonté par un fil invisible, fragile, mais puissant.Je n’ai pas de place ici, et pourtant, je suis prisonnière de cet espace. Prisonnière de mes propres émotions