Les premiers cours commencent, captivants les uns autant que les autres, comme des portes ouvertes sur un univers que j'ai toujours rêvé d'explorer. Monsieur Herman, notre professeur principal, un homme au regard perçant, dont la voix grave résonne dans la salle comme un écho solennel, nous parle du programme du semestre. Il est en charge de notre emploi du temps, des voyages d'étude et des stages. Il s'assure de notre progression, comme il le dit si bien, avec une autorité teintée d'une passion presque palpable. Il a un doctorat en agronomie, un détail qui donne à ses paroles une gravité inspirante.
Entre les cours, la plupart des étudiants se retrouvent sur la cour de notre bâtiment, l'air frais caressant nos visages tandis que les rayons du soleil dansent sur les pavés. On discute, on rit, une énergie légère et joyeuse flottant autour de nous. Gabriel lance une blague, une réplique tirée de Goldi, un humoriste assez connu, mais il faut être fan pour la saisir. Je suis la seule à rire, un éclat spontané qui m'échappe, tandis que les autres restent perplexes, leurs regards curieux posés sur moi. Il me lance alors un regard interrogateur, comme si mon rire l'avait surpris, ses yeux s'illuminant d'une curiosité soudaine. Il tente une autre réplique, et cette fois-ci je lui réponds avec une autre citation de Goldi. Les autres n'ont rien compris, mais ça les amusent de nous voir exploser de rire, nous trouvons juste bizarres, comme si on parlait une langue secrète qu'ils ne comprennent pas.
Le lendemain, Nadia est en retard. Gabriel s'assoit à côté de moi. Et mon Dieu, qu'il est beau, encore plus de près, son aura presque magnétique sous la lumière tamisée de la salle. Il a les cheveux noirs et ondulés, de longueur moyenne, tombant légèrement sur ses épaules avec une texture naturelle et un léger éclat sous la lumière matinale. Ses yeux bleus sont vifs, d'un ton clair et profond, qui accentuent son regard perçant. Sa barbe légère est soigneusement taillée, englobant une mâchoire carrée et nette, avec une peau légèrement hâlée qui capte la lumière. Aujourd'hui, il porte une chemise gris-bleu, épousant ses épaules larges et son torse musclé, avec un col rond qui complète son style décontracté mais soigné. Sa posture est droite, suggérant une confiance naturelle, et son expression reste calme, presque introspective, comme s'il portait des pensées profondes. Il me dit bonjour, avec un sourire espiègle qui fait naître une chaleur discrète en moi.
Nadia arrive, grognant qu'on lui prend sa place, son sac claquant contre la chaise dans un bruit sec. D'un revers de main, Gabriel lui explique : « Tu n'as pas l'exclusivité sur elle. » « Quoi ? » s'enquièrt Nadia, les sourcils froncés dans une moue surprise. J'écarquille les yeux, de quoi parle-t-il ? Il répète : « Tu n'as pas l'exclusivité sur cette place, il y a d'autres places libres. » Je souris, amusée malgré moi, un petit rire m'échappant. Nadia me regarde, mais avant qu'elle ne proteste, la prof entre et demande à Nadia de s'asseoir. Elle trouve une place ailleurs, lançant un regard faussement agacé qui trahit une pointe d'amusement.
Durant le cours, je suis à peine concentrée, troublée par son parfum enivrant et doux qui flotte autour de moi comme une caresse invisible. Il est sage pour une fois, n'ayant pas réagi une seule fois pendant le cours, lui qui est souvent si loquace, son silence contrastant avec son énergie habituelle. La prof est appelée au bout d'un moment. Profitant de son absence, il commence à me parler, sa voix basse et chaleureuse brisant le calme. Il me demande si je suis fan de Goldi, si j'ai vu tous ses spectacles, et lequel j'ai préféré. Il a apprécié trouver une complice, quelqu'un avec qui partage une passion, ses mots teintés d'une sincérité qui me touche. La matinée passe vite, trop vite, emportée par nos échanges animés. Nadia me rejoint pour le déjeuner, elle ne parle pas de l'incident, ce n'était rien au fond, mais son sourire complice me dit qu'elle a remarqué quelque chose, un secret tacite flottant entre nous.
La deuxième journée du voyage s’est déroulée plus tranquillement, une pause bienvenue après l’intensité des jours précédents. Nous avons exploré une petite ferme artisanale, collectant des données sur les techniques d’irrigation durable, sous un soleil moins accablant que la veille.Nous rentrons épuisées, nous affalant chacune sur nos lits dans le dortoir. Le ventilateur au plafond tourne paresseusement, dispersant une brise tiède qui ne parvient pas à chasser la fatigue collante de nos corps. Anouka s’étire avec un grognement théâtral, Nadia se laisse tomber en travers de son matelas, et Emma, fidèle à elle-même, sort déjà son carnet pour noter ses observations de la journée.— Je suis morte, gémit Anouka, les bras en croix. Mais on ne peut pas passer la soirée à végéter ici. On sort ?— Où ? demande Nadia, relevant la tête, ses cheveux en bataille encadrant son visage fatigué.— En ville ! Il y a un restaurant chinois dont j’ai entendu parler. On se fait un truc entre filles, juste
Le soleil grimpe dans le ciel, baignant le terrain vague derrière la cafétéria d’une lumière dorée. Après le petit-déjeuner, où les taquineries de Gabriel et des garçons ont allégé l’atmosphère, notre groupe se prépare pour un atelier de cartographie écologique en pleine forêt. M. Herman, armé d’une pile de cartes topographiques et d’un enthousiasme communicatif, nous explique comment recenser la végétation et les points d’eau dans la zone environnante. L’air sent l’herbe fraîchement coupée, et le bourdonnement des insectes accompagne nos pas. Pourtant, mon esprit vagabonde, encore ancré dans la nuit passée avec Gabriel – ses aveux, notre étreinte, ce lien qui se tisse à nouveau.Gabriel et moi avons tacitement décidé de garder nos distances pendant l’activité, pour nous concentrer et éviter les regards curieux du groupe. Il est à quelques mètres, penché sur une carte avec José et Raph, son crayon traçant des lignes précises. De temps à autre, il lève les yeux vers moi, un sourire dis
Je sors de la salle de bain commune, encore enveloppée par la vapeur chaude de la douche. L’eau a apaisé mes muscles, mais pas les pensées qui tourbillonnent dans ma tête – la nuit avec Gabriel, ses aveux, notre étreinte. Je m’habille rapidement, enfilant un short et un t-shirt léger, quand un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne et vois Asiane, adossée au mur, un sourire en coin illuminant son visage.— Tu es matinale, Alice, dit-elle, sa voix mielleuse cachant une pointe de curiosité malicieuse.— Bonjour, Asiane, réponds-je, prudente, sentant déjà une tension dans l’air.— Tu étais où cette nuit ? demande-t-elle, son sourire s’élargissant, comme si elle connaissait déjà la réponse.— Avec les mecs, pourquoi ? rétorqué-je, un peu plus sèchement que prévu, agacée par son ton inquisiteur.— Tu en es sûre ? insiste-t-elle, haussant un sourcil.Son assurance commence à m’irriter. Je redresse les épaules, refusant de jouer à son petit jeu.— Oui, et j’ai passé la nuit ave
Gabriel me serre dans ses bras, son souffle régulier contre mon cou, une chaleur rassurante qui m’enveloppe dans la pénombre de la chambre. La lueur argentée de la lune, filtrant par la fenêtre, dessine des ombres douces sur son visage endormi. Mon cœur, encore frémissant de notre étreinte, oscille entre une paix fragile et la crainte que tout ceci ne soit qu’un rêve éphémère.— Tu ne devrais pas rentrer dans ta chambre ? murmure-t-il, sa voix basse, presque hésitante, comme s’il redoutait ma réponse.Je proteste en me blottissant un peu plus contre lui. L’idée de quitter ce petit cocon, ce moment où nous sommes enfin réunis, me semble insupportable.— Pas tout de suite, soufflé-je, mes mots étouffés contre sa peau.Il rit doucement, un son chaud qui vibre dans sa poitrine.— D’accord, mais tu ne peux pas rester comme ça, dit-il, un sourire malicieux dans la voix. Tu t’habilles, sinon on va avoir des problèmes si les autres rentrent.Il se lève, fouille dans son sac et en sort un t-sh
Gabriel caresse doucement ma joue, ses doigts effleurant la peau encore sensible où la glace a laissé une fraîcheur persistante. Il ne dit rien, ses yeux plongés dans les miens, comme s’il cherchait les mots justes, ou peut-être une réponse à la tempête d’émotions qui nous enveloppe. Dans la lumière tamisée de la chambre, son regard est un mélange de tendresse et d’incertitude, un miroir de mon propre tumulte intérieur.— Donc, commencé-je pour briser le silence, tu as trouvé que nous deux, c’était trop intense, alors il fallait que tu t’éloignes.Il rit nerveusement, un son qui trahit son embarras, mais aussi une pointe de soulagement.— À y réfléchir, c’est un peu ridicule, admet-il, un sourire en coin. Si on simplifie, ce serait : je t’aime trop, donc je m’éloigne.Je baisse les yeux, un sourire timide naissant sur mes lèvres. Ses mots, même dans leur maladresse, portent une vérité qui fait vibrer quelque chose en moi.— Mais ce n’est pas aussi simple, poursuit-il, son ton plus sér
Il s’écarte légèrement, posant la glace sur ma joue. Le froid mordant contre ma peau me fait sursauter, un contraste saisissant avec la chaleur de son corps si proche. Je ferme les yeux, laissant la douleur s’atténuer sous le contact glacé, mais surtout, me laissant envelopper par la douceur inattendue de Gabriel. Ce geste, simple mais empreint de soin, ravive une tendresse que je croyais perdue, et mon cœur vacille entre méfiance et espoir.— Ça va aller, mon cœur, murmure-t-il, sa voix basse et apaisante, comme une caresse qui glisse sur mes blessures invisibles.Je savoure cet instant, cette tendresse qui m’a tant manqué, même si une partie de moi reste sur ses gardes, échaudée par ces semaines de distance. Ses mots, son ton, tout semble sincère, mais je ne peux m’empêcher de craindre une nouvelle blessure, un autre rejet déguisé sous cette douceur.— Je suis désolé, reprend-il, plus sérieux, son regard plongé dans le mien. Je sais que je t’ai blessée, à plusieurs reprises. Mais j’