C'est vendredi, et les cours battent leur plein, une vague d'énergie traversant la salle malgré la fatigue accumulée. Je prends des notes avec ferveur, entourée par l'énergie du groupe : Nadia griffonne à mes côtés avec une ardeur presque fébrile. Emma écoute avec sa sérénité habituelle, un calme apaisant émanant d'elle, et Jade et Murielle échangent des sourires doux qui illuminent leurs visages. Asian tient les regards comme toujours, sa présence magnétique captant l'attention. Tout le monde à l'air content d'en finir, la semaine a été chargée, et l'anticipation d'un repos flotte dans l'air.
À la pause, l'ambiance change, un frisson d'excitation remplace la concentration. On se regroupe, et l'idée d'un vendredi soir animé surgit comme une étincelle. Gabriel, avec un sourire illuminant son visage, lance : « Et si on sortait ce soir ? Un peu de fun après cette semaine ! » Nadia approuve d'un hochement enthousiaste, proposant un bar en ville avec une énergie contagieuse, tandis que Murielle suggère d'y ajouter une soirée dansante, ses yeux pétillants d'idées. On commence à élaborer un plan : rendez-vous après les cours, un verre au « Rouge et Noir », puis une piste de danse pour lâcher prise. Eric plaisante sur les cocktails, imaginant des mélanges improbables, et même Emma, d'habitude réservée, sourit à l'idée, un éclat rare dans son regard. Je ris avec eux, mais au fond, je pense à Antoine, me demandant s'il approuverait. Mais je veux m'amuser pour une fois, une envie nouvelle qui me surprend. Gabriel s'approche, me glissant à voix basse : « T'en pense quoi, Alice ? Tu viens ? » Ses yeux bleus cherchent les miens, et je rougis, marmonnant un « peut-être », hésitante, mon cœur battant un peu plus fort. Il rit doucement, et ajoute : « Allez, je voudrais que tu viennes ! » Le groupe s'anime, planifiant cette sortie improvisée avec des éclats de voix et des rires, et je me surprends à sourire, partagé entre l'excitation et une pointe de culpabilité. J'appelle rapidement ma mère pour la prévenir que je sors avec des amis, sa voix surprise résonnant à travers le téléphone. Elle est étonnée, cela faisait longtemps que je n'étais pas sortie avec des amis, c'était toujours avec Antoine. Elle acquiesce et me fait promettre de ne pas rentrer trop tard. Nous sommes donc 13 à partir, un mélange d'enthousiasme et de curiosité guidant nos pas. Arrivés au bar, on commence à commander, l'ambiance vibrante du « Rouge et Noir » emplissant l'air de rires et de musique douce. Les gars commandent des bières, leurs voix graves résonnant avec enthousiasme, tandis que les filles optent pour des boissons plus légères, sauf Asian qui fait sa rebelle et se prend pour la fille qui tient l'alcool. Il y a un karaoké dans le bar, et je décide de chanter, une envie qui monte en moi comme une vague. J'ai toujours aimé chanter, doté d'une assez belle voix. En plus, chanter en public ne me dérange pas, danser non plus d'ailleurs, une liberté que j'aime saisir. Je prends le micro, sélectionnant une chanson d'amour, assez sensuelle. Ils se sont tus, comme si le temps s’était suspendu. Un silence dense, attentif, enveloppe la pièce tandis que je commence à chanter. Le regard de Gabriel accroche le mien, intense, brûlant d’une douceur étrange. Il ne détourne pas les yeux, et je sens une chaleur soudaine me monter aux joues. Je rougis. Je le regarde aussi, et mes yeux s’attardent sur ses lèvres. Il me sourit. Un de ces sourires qui désarment, troublants, presque irréels. Ma voix vacille légèrement, prise dans ce trouble, et cette fragilité donne à la chanson une émotion nouvelle, plus vibrante, plus nue. Les mots prennent un autre poids, chaque note résonne différemment. Je ferme les yeux, comme pour m’abandonner, fuir son regard — ou peut-être m’y abandonner encore plus. Et l’idée me traverse. Fugace. Violente. L’envie de l’embrasser, de poser mes lèvres sur les siennes, sentir son souffle, sa chaleur. Un fantasme interdit qui me foudroie de l’intérieur. Je le chasse d’un battement de cils, mais il reste là, suspendu dans l’air, se glissant dans mes intonations, teintant la mélodie d’une sensualité involontaire. Un frisson me parcourt l’échine. Puis, les applaudissements éclatent, me ramenant brusquement à la réalité. Je rouvre les yeux. Tout est redevenu bruyant, vivant, tangible. Je souris, un peu sonnée, le cœur battant plus vite qu’il ne devrait. Je regagne ma place sous les cris enthousiastes de ma bande, leurs encouragements chaleureux me ramenant peu à peu sur terre. Les blagues deviennent plus salaces, déclenchant un éclat de rire général. L’atmosphère se charge d’un léger frisson, comme si l’audace les excitait autant qu’elle les amusait. Certains sont étonnés, me croyant réservé et trop prude pour une chanson comme ça, leurs murmures curieuses flottant autour de moi. Après une heure, je décide de rentrer avec les autres filles, l'épuisement se mêlant à l'excitation de la soirée. Les garçons ont continué la soirée, ils veulent se bourrer la gueule comme ils disent. On se quitte chaleureusement, des accolades et des rires marquant notre séparation. J'ai un peu fui le regard de Gabriel, un peu honteuse de mon fantasme sur lui, mes joues encore brûlantes. La nuit, sur mon lit, je n'arrête pas de penser à cette soirée, cette semaine, et à Gabriel. Une semaine riche en émotions, un tourbillon qui m'a emportée. Une semaine qui a marqué le début d'un nouveau périple. Une semaine qui marque le début d'un amour naissant ? Ça me fait peur, qu'est-ce que je raconte ? Mon cœur s'agite, partagé entre la culpabilité envers Antoine et cette attitude confuse.La deuxième journée du voyage s’est déroulée plus tranquillement, une pause bienvenue après l’intensité des jours précédents. Nous avons exploré une petite ferme artisanale, collectant des données sur les techniques d’irrigation durable, sous un soleil moins accablant que la veille.Nous rentrons épuisées, nous affalant chacune sur nos lits dans le dortoir. Le ventilateur au plafond tourne paresseusement, dispersant une brise tiède qui ne parvient pas à chasser la fatigue collante de nos corps. Anouka s’étire avec un grognement théâtral, Nadia se laisse tomber en travers de son matelas, et Emma, fidèle à elle-même, sort déjà son carnet pour noter ses observations de la journée.— Je suis morte, gémit Anouka, les bras en croix. Mais on ne peut pas passer la soirée à végéter ici. On sort ?— Où ? demande Nadia, relevant la tête, ses cheveux en bataille encadrant son visage fatigué.— En ville ! Il y a un restaurant chinois dont j’ai entendu parler. On se fait un truc entre filles, juste
Le soleil grimpe dans le ciel, baignant le terrain vague derrière la cafétéria d’une lumière dorée. Après le petit-déjeuner, où les taquineries de Gabriel et des garçons ont allégé l’atmosphère, notre groupe se prépare pour un atelier de cartographie écologique en pleine forêt. M. Herman, armé d’une pile de cartes topographiques et d’un enthousiasme communicatif, nous explique comment recenser la végétation et les points d’eau dans la zone environnante. L’air sent l’herbe fraîchement coupée, et le bourdonnement des insectes accompagne nos pas. Pourtant, mon esprit vagabonde, encore ancré dans la nuit passée avec Gabriel – ses aveux, notre étreinte, ce lien qui se tisse à nouveau.Gabriel et moi avons tacitement décidé de garder nos distances pendant l’activité, pour nous concentrer et éviter les regards curieux du groupe. Il est à quelques mètres, penché sur une carte avec José et Raph, son crayon traçant des lignes précises. De temps à autre, il lève les yeux vers moi, un sourire dis
Je sors de la salle de bain commune, encore enveloppée par la vapeur chaude de la douche. L’eau a apaisé mes muscles, mais pas les pensées qui tourbillonnent dans ma tête – la nuit avec Gabriel, ses aveux, notre étreinte. Je m’habille rapidement, enfilant un short et un t-shirt léger, quand un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne et vois Asiane, adossée au mur, un sourire en coin illuminant son visage.— Tu es matinale, Alice, dit-elle, sa voix mielleuse cachant une pointe de curiosité malicieuse.— Bonjour, Asiane, réponds-je, prudente, sentant déjà une tension dans l’air.— Tu étais où cette nuit ? demande-t-elle, son sourire s’élargissant, comme si elle connaissait déjà la réponse.— Avec les mecs, pourquoi ? rétorqué-je, un peu plus sèchement que prévu, agacée par son ton inquisiteur.— Tu en es sûre ? insiste-t-elle, haussant un sourcil.Son assurance commence à m’irriter. Je redresse les épaules, refusant de jouer à son petit jeu.— Oui, et j’ai passé la nuit ave
Gabriel me serre dans ses bras, son souffle régulier contre mon cou, une chaleur rassurante qui m’enveloppe dans la pénombre de la chambre. La lueur argentée de la lune, filtrant par la fenêtre, dessine des ombres douces sur son visage endormi. Mon cœur, encore frémissant de notre étreinte, oscille entre une paix fragile et la crainte que tout ceci ne soit qu’un rêve éphémère.— Tu ne devrais pas rentrer dans ta chambre ? murmure-t-il, sa voix basse, presque hésitante, comme s’il redoutait ma réponse.Je proteste en me blottissant un peu plus contre lui. L’idée de quitter ce petit cocon, ce moment où nous sommes enfin réunis, me semble insupportable.— Pas tout de suite, soufflé-je, mes mots étouffés contre sa peau.Il rit doucement, un son chaud qui vibre dans sa poitrine.— D’accord, mais tu ne peux pas rester comme ça, dit-il, un sourire malicieux dans la voix. Tu t’habilles, sinon on va avoir des problèmes si les autres rentrent.Il se lève, fouille dans son sac et en sort un t-sh
Gabriel caresse doucement ma joue, ses doigts effleurant la peau encore sensible où la glace a laissé une fraîcheur persistante. Il ne dit rien, ses yeux plongés dans les miens, comme s’il cherchait les mots justes, ou peut-être une réponse à la tempête d’émotions qui nous enveloppe. Dans la lumière tamisée de la chambre, son regard est un mélange de tendresse et d’incertitude, un miroir de mon propre tumulte intérieur.— Donc, commencé-je pour briser le silence, tu as trouvé que nous deux, c’était trop intense, alors il fallait que tu t’éloignes.Il rit nerveusement, un son qui trahit son embarras, mais aussi une pointe de soulagement.— À y réfléchir, c’est un peu ridicule, admet-il, un sourire en coin. Si on simplifie, ce serait : je t’aime trop, donc je m’éloigne.Je baisse les yeux, un sourire timide naissant sur mes lèvres. Ses mots, même dans leur maladresse, portent une vérité qui fait vibrer quelque chose en moi.— Mais ce n’est pas aussi simple, poursuit-il, son ton plus sér
Il s’écarte légèrement, posant la glace sur ma joue. Le froid mordant contre ma peau me fait sursauter, un contraste saisissant avec la chaleur de son corps si proche. Je ferme les yeux, laissant la douleur s’atténuer sous le contact glacé, mais surtout, me laissant envelopper par la douceur inattendue de Gabriel. Ce geste, simple mais empreint de soin, ravive une tendresse que je croyais perdue, et mon cœur vacille entre méfiance et espoir.— Ça va aller, mon cœur, murmure-t-il, sa voix basse et apaisante, comme une caresse qui glisse sur mes blessures invisibles.Je savoure cet instant, cette tendresse qui m’a tant manqué, même si une partie de moi reste sur ses gardes, échaudée par ces semaines de distance. Ses mots, son ton, tout semble sincère, mais je ne peux m’empêcher de craindre une nouvelle blessure, un autre rejet déguisé sous cette douceur.— Je suis désolé, reprend-il, plus sérieux, son regard plongé dans le mien. Je sais que je t’ai blessée, à plusieurs reprises. Mais j’