Le lendemain matin, je me réveille avec un pincement au cœur, les souvenirs de la veille encore vifs dans mon esprit, comme des ombres dans la lumière pâle de l'aube. Antoine m'appelle tôt, sa voix chaude et familière résonnant à travers le téléphone, apaisant un instant mes doutes. Cela fait trois ans que nous sommes ensemble, une relation née au lycée, forgée sur des rires partagés et des promesses murmurées sous les étoiles scintillantes. Il est mon roc, avec son sourire rassurant qui me réchauffe et ses attentions délicates qui me font parfois rougir. Mais ces derniers temps, une distance s'est glissée entre nous, comme un voile invisible qui s'épaissit à chaque jour qui passe.
Son père dirige une entreprise commerciale, un empire familial qu'il chérit. Ses parents veulent qu'il commence assez tôt pour prendre un jour la tête de l'entreprise familiale, une responsabilité qu'il porte déjà sur ses épaules. Il a donc débuté un stage à mi-temps dans l'entreprise de son père, en plus de ses études en gestion. Il a opté pour une université en ligne, un choix pratique qui épouse mieux son emploi du temps chargé. Nous avons une relation très fusionnelle, je suis dingue de lui depuis le lycée, mon cœur battant au rythme de ses mots. Il a un caractère très protecteur, jaloux et possessif, un mélange qui me sécurise autant qu'il m'étouffe parfois. Et moi, tellement accro, je fait tout ce qu'il me dit. Sauf cette fois-ci. Comme on s'est promis un amour éternel, avec des projets de mariage plein la tête, il ne veut pas que je travaille. Il veut que je sois heureuse, que je ne me soucie de rien, du coup à quoi bon aller à l'université, selon lui. Mais je ne suis pas d'accord, j'ai toujours été la première de la classe, une fierté qui pulse en moi. Passer mon temps à la maison serait un gâchis, une cage dorée qui étoufferait mes rêves. En plus, j'ai des ambitions plein la tête, je veux relever des défis, une vie tranquille ne me irait pas.
Nos parents sont au courant de notre relation. Ma protectrice de mère pense que je suis trop jeune pour ça, son regard inquiet me suivant comme une ombre. Mais elle sait qu'elle n'y pourra rien alors elle a fini par l'accepter et l'a accueilli à la maison avec une réticence silencieuse. Sa famille par contre, je ne sais pas trop, ils sont assez froids, leurs silences pesants comme des jugements non dits. Je me dis que peut-être ils ne me trouvent pas assez bien pour leur fils, leur fils unique chéri, un trésor qu'ils protègent jalousement.
Pendant qu'il me raconte sa journée, je sens une tension naissante, un fil invisible qui se tend dans le silence entre ses mots. Il a mentionné hier soir qu'il a trouvé mes histoires sur la fac un peu lointaines, comme si je m'éloignais de lui, sa voix portant une pointe de frustration. Je lui assure que ce n'est pas le cas, mais au fond, je me demande si c'est vrai, un doute s'insinuant comme une brise froide. Nos emplois du temps ne s'alignent plus, et ses remarques sur mon choix piquent plus qu'elles ne devraient, laissant une marque légère mais persistante. Je tente de chasser cette pensée, me concentré sur sa voix douce et familière, mais un doute persiste : est-ce l'université qui me change, ou est-ce nous qui nous perdons ? L'après-midi, je reçois un message d'Antoine. Il propose de se voir ce week-end, un moment rare pour nous retrouver, et je souris, espérant que cela apaisera ces petites tensions qui commencent à s'installer.
La deuxième journée du voyage s’est déroulée plus tranquillement, une pause bienvenue après l’intensité des jours précédents. Nous avons exploré une petite ferme artisanale, collectant des données sur les techniques d’irrigation durable, sous un soleil moins accablant que la veille.Nous rentrons épuisées, nous affalant chacune sur nos lits dans le dortoir. Le ventilateur au plafond tourne paresseusement, dispersant une brise tiède qui ne parvient pas à chasser la fatigue collante de nos corps. Anouka s’étire avec un grognement théâtral, Nadia se laisse tomber en travers de son matelas, et Emma, fidèle à elle-même, sort déjà son carnet pour noter ses observations de la journée.— Je suis morte, gémit Anouka, les bras en croix. Mais on ne peut pas passer la soirée à végéter ici. On sort ?— Où ? demande Nadia, relevant la tête, ses cheveux en bataille encadrant son visage fatigué.— En ville ! Il y a un restaurant chinois dont j’ai entendu parler. On se fait un truc entre filles, juste
Le soleil grimpe dans le ciel, baignant le terrain vague derrière la cafétéria d’une lumière dorée. Après le petit-déjeuner, où les taquineries de Gabriel et des garçons ont allégé l’atmosphère, notre groupe se prépare pour un atelier de cartographie écologique en pleine forêt. M. Herman, armé d’une pile de cartes topographiques et d’un enthousiasme communicatif, nous explique comment recenser la végétation et les points d’eau dans la zone environnante. L’air sent l’herbe fraîchement coupée, et le bourdonnement des insectes accompagne nos pas. Pourtant, mon esprit vagabonde, encore ancré dans la nuit passée avec Gabriel – ses aveux, notre étreinte, ce lien qui se tisse à nouveau.Gabriel et moi avons tacitement décidé de garder nos distances pendant l’activité, pour nous concentrer et éviter les regards curieux du groupe. Il est à quelques mètres, penché sur une carte avec José et Raph, son crayon traçant des lignes précises. De temps à autre, il lève les yeux vers moi, un sourire dis
Je sors de la salle de bain commune, encore enveloppée par la vapeur chaude de la douche. L’eau a apaisé mes muscles, mais pas les pensées qui tourbillonnent dans ma tête – la nuit avec Gabriel, ses aveux, notre étreinte. Je m’habille rapidement, enfilant un short et un t-shirt léger, quand un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne et vois Asiane, adossée au mur, un sourire en coin illuminant son visage.— Tu es matinale, Alice, dit-elle, sa voix mielleuse cachant une pointe de curiosité malicieuse.— Bonjour, Asiane, réponds-je, prudente, sentant déjà une tension dans l’air.— Tu étais où cette nuit ? demande-t-elle, son sourire s’élargissant, comme si elle connaissait déjà la réponse.— Avec les mecs, pourquoi ? rétorqué-je, un peu plus sèchement que prévu, agacée par son ton inquisiteur.— Tu en es sûre ? insiste-t-elle, haussant un sourcil.Son assurance commence à m’irriter. Je redresse les épaules, refusant de jouer à son petit jeu.— Oui, et j’ai passé la nuit ave
Gabriel me serre dans ses bras, son souffle régulier contre mon cou, une chaleur rassurante qui m’enveloppe dans la pénombre de la chambre. La lueur argentée de la lune, filtrant par la fenêtre, dessine des ombres douces sur son visage endormi. Mon cœur, encore frémissant de notre étreinte, oscille entre une paix fragile et la crainte que tout ceci ne soit qu’un rêve éphémère.— Tu ne devrais pas rentrer dans ta chambre ? murmure-t-il, sa voix basse, presque hésitante, comme s’il redoutait ma réponse.Je proteste en me blottissant un peu plus contre lui. L’idée de quitter ce petit cocon, ce moment où nous sommes enfin réunis, me semble insupportable.— Pas tout de suite, soufflé-je, mes mots étouffés contre sa peau.Il rit doucement, un son chaud qui vibre dans sa poitrine.— D’accord, mais tu ne peux pas rester comme ça, dit-il, un sourire malicieux dans la voix. Tu t’habilles, sinon on va avoir des problèmes si les autres rentrent.Il se lève, fouille dans son sac et en sort un t-sh
Gabriel caresse doucement ma joue, ses doigts effleurant la peau encore sensible où la glace a laissé une fraîcheur persistante. Il ne dit rien, ses yeux plongés dans les miens, comme s’il cherchait les mots justes, ou peut-être une réponse à la tempête d’émotions qui nous enveloppe. Dans la lumière tamisée de la chambre, son regard est un mélange de tendresse et d’incertitude, un miroir de mon propre tumulte intérieur.— Donc, commencé-je pour briser le silence, tu as trouvé que nous deux, c’était trop intense, alors il fallait que tu t’éloignes.Il rit nerveusement, un son qui trahit son embarras, mais aussi une pointe de soulagement.— À y réfléchir, c’est un peu ridicule, admet-il, un sourire en coin. Si on simplifie, ce serait : je t’aime trop, donc je m’éloigne.Je baisse les yeux, un sourire timide naissant sur mes lèvres. Ses mots, même dans leur maladresse, portent une vérité qui fait vibrer quelque chose en moi.— Mais ce n’est pas aussi simple, poursuit-il, son ton plus sér
Il s’écarte légèrement, posant la glace sur ma joue. Le froid mordant contre ma peau me fait sursauter, un contraste saisissant avec la chaleur de son corps si proche. Je ferme les yeux, laissant la douleur s’atténuer sous le contact glacé, mais surtout, me laissant envelopper par la douceur inattendue de Gabriel. Ce geste, simple mais empreint de soin, ravive une tendresse que je croyais perdue, et mon cœur vacille entre méfiance et espoir.— Ça va aller, mon cœur, murmure-t-il, sa voix basse et apaisante, comme une caresse qui glisse sur mes blessures invisibles.Je savoure cet instant, cette tendresse qui m’a tant manqué, même si une partie de moi reste sur ses gardes, échaudée par ces semaines de distance. Ses mots, son ton, tout semble sincère, mais je ne peux m’empêcher de craindre une nouvelle blessure, un autre rejet déguisé sous cette douceur.— Je suis désolé, reprend-il, plus sérieux, son regard plongé dans le mien. Je sais que je t’ai blessée, à plusieurs reprises. Mais j’